Le dogme, qui proclame que tout se vaut – chaque opinion, chaque morale, chaque culture –, s’est imposé comme une vérité incontestable, un totem devant lequel il faudrait s’incliner.
Mais loin d’être une simple mode intellectuelle, ce relativisme est une subversion profonde des repères qui fondent toute civilisation.
Car il désarme l’esprit critique et paralyse la quête de vérité.
Ce relativisme ouvre la voie à un chaos démocratique où plus rien ne tient debout.
Sous ses airs de tolérance infinie, le dogme relativiste devient une dictature sournoise qui menace notre capacité à distinguer le bien du mal, le vrai du faux, et où la raison céde la place au pouvoir brut.
Une doctrine sacrée : la fin des jugements.
Le relativisme n’est pas une nouveauté.
Mais ce qui était autrefois une réflexion académique s’est mué en un credo populaire, porté par une élite intellectuelle et médiatique.
Aujourd’hui, affirmer qu’une idée, une pratique ou une culture pourrait être supérieure à une autre est devenu un sacrilège. « Qui es-tu pour juger ? » clame-t-on, comme si le jugement lui-même était une faute morale.
Cette injonction répétée a fini par s’incruster dans les esprits, au point de faire du relativisme une arme pour neutraliser toute tentative de hiérarchisation ou de discernement.
Prenons un exemple concret : la tolérance absolue, pilier du discours progressiste, est brandie comme un idéal suprême.
Mais à force de tout tolérer au nom de la diversité, on finit par excuser l’inexcusable.
Condamner certains actes apr exemple de mutilation sexuelle devient suspect : ce serait faire preuve d’arrogance ou d’intolérance culturelle ou intellectuelle.
Ainsi, le relativisme, sous couvert d’ouverture, paralyse notre capacité à dire le juste et l’injuste.
Il transforme la tolérance en un laissez-passer pour une tyrannie indéfendable !
Quand le respect des différences tue la vérité.
Un autre symptôme de cette dictature du relativisme se manifeste dans le refus de condamner des pratiques destructrices au nom du soit disant «respect des différences».
La vérité étayée par des preuves, se noie dans un brouhaha où tout vaut tout.
Par exemple, on observe cela dans les discussions sur le genre ou la sexualité. Affirmer qu’il existe des réalités biologiques devient une hérésie, car la perception subjective de chacun doit primer sur les faits objectifs.
La vérité n’est plus une boussole, mais une variable ajustable selon les sentiments du moment.
Et ce phénomène n’est pas anodin.
Il traduit une inversion perverse : ce qui était autrefois un outil de dialogue – le respect mutuel – devient une arme pour étouffer la raison.
Joseph Ratzinger, avant de devenir Benoît XVI, avait vu juste en dénonçant le relativisme dans un sermon de 2005. Pour lui, ce courant ne libère pas l’homme, mais le prive de fondations solides. Et ériger l’absence de certitude en vertu, favorise une forme d’intolérance paradoxale : celle qui censure toute tentative d’affirmer une vérité.
Quiconque ose dire «ceci est vrai» ou «cela est faux» est immédiatement accusé de dogmatique, voire de fasciste. Ainsi, le relativisme, qui prétend abolir les hiérarchies, instaure en fait sa propre tyrannie : celle du vide de sens.
Des exemples qui parlent : genre et histoire sous le joug relativiste.
Pour illustrer cette dérive, penchons-nous sur deux terrains où le relativisme fait des ravages : les débats sur le genre et la réécriture de l’histoire.
- Sur la question du genre, le relativisme a transformé une réalité biologique – l’existence de deux sexes – en un champ de bataille idéologique.
Dire qu’un homme est un homme et une femme une femme, en s’appuyant sur la science, est aujourd’hui perçu comme une violence par certains.
À la place, on impose l’idée que le genre est une pure construction subjective, détachée de toute matérialité.
Cette vision, poussée à l’extrême, nie non seulement les faits, mais aussi la possibilité même de les discuter rationnellement.
La vérité devient une affaire de pouvoir : celui qui crie le plus fort ou qui mobilise le plus d’émotion l’emporte.
- La réécriture de l’histoire suit une logique similaire.
Sous prétexte de décolonisation ou de justice sociale, des pans entiers du passé sont jugés à l’aune des valeurs contemporaines, sans égard pour le contexte.
Des statues sont déboulonnées, des figures historiques vilipendées, non pas parce qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises, mais parce qu’elles ne cadrent plus avec la sensibilité actuelle.
Le relativisme historique prétend que chaque époque a sa vérité, mais dans les faits, il impose une seule grille de lecture : celle du présent.
Ce faisant, il efface la complexité du passé et réduit la vérité à une question de mode ou de rapport de force.
Le chaos démocratique et l’ombre de la technocratie.
Cette dissolution des repères a des conséquences profondes sur la démocratie.
Une société où aucune valeur ne peut s’imposer est condamnée à l’impuissance. Si tout se vaut, comment trancher un débat ? Comment définir des lois, des priorités, des interdits ?
Le relativisme, en sapant les critères communs, transforme la délibération collective en un dialogue de sourds. Chacun campe sur sa vérité personnelle, et le bien commun s’efface au profit d’intérêts particuliers.
On le voit dans les polémiques et manipulations incessantes qui rythment notre époque et cachent les vrais enjeux : du port du voile à la légalisation de telle ou telle pratique, les discussions tournent en boucle, faute d’un socle partagé pour les ancrer.
Mais ce chaos n’est peut-être qu’une étape. Derrière l’écran de fumée du relativisme, une menace plus froide se profile : celle d’une technocratie autoritaire.
Quand plus rien ne fait sens, quand la raison s’épuise à force de relativiser, qui décide ?
Les experts, les algorithmes, les puissants.
Dépourvus de repères transcendants, les citoyens deviennent des proies faciles pour ceux qui savent manipuler les données ou imposer leurs choix sous couvert d’efficacité.
Le relativisme, en vidant l’espace public de toute substance, prépare paradoxalement le terrain à un ordre imposé d’en haut, où le débat n’a plus sa place.
On pense ici aux dérives des géants technologiques, qui censurent au nom d’une morale fluctuante, ou aux bureaucraties supranationales, qui dictent des normes sans jamais les soumettre à une légitimité populaire.
Sortir de l’impasse : une piste de résistance.
Face à cette dictature du relativisme, faut-il baisser les bras ? Non, mais la résistance exige de renouer avec des fondations solides.
Retrouver des critères transcendants – qu’ils soient spirituels, philosophiques ou simplement rationnels – est une urgence.
Cela ne signifie pas revenir à un dogmatisme rigide, mais réhabiliter l’idée qu’il existe des vérités qui dépassent nos caprices individuels.
La justice, la beauté, la vérité : ces notions ne sont pas de simples conventions, mais des phares qui ont guidé les civilisations à travers les âges. Les ignorer, c’est se condamner à errer dans un désert moral.
Sur le plan spirituel, des penseurs comme Ratzinger invitent à redécouvrir une transcendance qui donne sens à l’existence.
Sans forcément adhérer à une religion, on peut s’inspirer de cette quête d’absolu pour sortir du relativisme ambiant.
Philosophiquement, des figures comme Aristote ou Kant rappellent que la raison elle-même repose sur des principes universels, accessibles à tous.
Politiquement, cela implique de réaffirmer des valeurs communes, non comme des slogans, mais comme des balises exigeantes qui obligent à trancher, à juger, à choisir.
Conclusion : dire non au vide.
La dictature du relativisme n’est pas une fatalité. Elle prospère parce que nous l’avons laissée s’installer, par paresse ou par peur de déplaire.
Mais en refusant de distinguer le bien du mal, le vrai du faux, nous abandonnons ce qui fait de nous des êtres humains : la capacité à penser, à juger, à construire.
Luttons, luttons, luttons !
Affirmons nos positions !
Dire non au vide, c’est oser affirmer des certitudes, même imparfaites, et redonner à la vérité sa place légitime.
Dans un monde où tout vaut tout, rien, au fond, ne vaut plus rien.










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