Alain Peyrefitte : confiance, liberté et développement humain pour une vision constructive de nos sociétés.

Alain Peyrefitte : confiance, liberté et développement humain pour une vision constructive de nos sociétés.

“Sous la malice : seul celui qui fait confiance triomphe”  

Entretien avec ALAIN PEYREFITTE par OLAVO DE CARVALHO – Version complète.  

Original ici.

NB – Cet entretien a été publié dans la revue “Republicada” de juillet 1998, mais quelque peu amputé pour tenir dans l’espace disponible. 

C’est pourquoi j’ai décidé de reproduire ici, dans son intégralité, les enseignements de l’un des hommes les plus intelligents du monde.  

« Il n’existe qu’une seule et unique formule  

pour faire d’un homme un homme authentique :  

la formule qui prescrit l’absence de toute formule.  

Nos ancêtres avaient un beau mot, qui résumait tout : la confiance. »  

Franz ROSENZWEIG.

Introduction:

L’affection des Français pour les révolutions et les coups d’État n’a pas empêché que, de ce peuple si mal à l’aise dans l’ordre démocratique, naissent, peut-être en compensation, certaines des intelligences les plus aptes à saisir l’essence de la démocratie et à diagnostiquer les dangers qui la menacent. 

Il n’est pas surprenant que ces hommes aient si peu été prophètes dans leur propre pays.  

Parmi ces prédicateurs dans le désert, le plus connu est Alexis de Tocqueville, le premier à observer, au sein même de la démocratie américaine naissante, la contradiction – encore irrésolue à ce jour et de plus en plus aiguë – entre égalité et liberté. 

Juste après lui vient Frédéric Bastiat, pionnier dans le diagnostic de la nature vorace et tyrannique de l’État moderne. 

Moins connu, mais hautement respecté par ceux qui le connaissent, Bertrand de Jouvenel, intelligence implacablement réaliste, a démoli le mythe des libertés croissantes, en démontrant au contraire l’expansion illimitée du pouvoir et l’écart toujours plus grand entre gouvernants et gouvernés.  

Ces trois penseurs partagent un pessimisme historique, l’appréhension de démocrates sincères qui voient la liberté s’éteindre et, regardant autour d’eux, ne trouvent aucun moyen de la défendre face à la marche écrasante du pouvoir.  

Mais celui que je vais vous présenter maintenant, s’il partage avec eux la crainte des dangers, se distingue, de manière surprenante, par l’optimisme avec lequel il envisage l’avenir. 

Alain Peyrefitte n’est cependant pas un rêveur. 

Il suffit de voir ses yeux pour remarquer que, sous son sourire affable, se cache un observateur redoutable, que seul un fou tenterait de tromper.  

L’optimisme de Peyrefitte, bien équilibré par une dose de scepticisme, est d’un type différent de l’habituel. 

Il ne repose pas uniquement sur l’espoir, mais sur la simple constatation d’un fait : la liberté de décision humaine, qu’aucun déterminisme n’a jamais réussi à abolir, que ce soit pour instaurer la nécessité du mal ou la fatalité d’un bien croissant. 

Peyrefitte est optimiste pour la simple raison que le pessimisme est une illusion déprimante fondée sur la présomption de connaître déjà l’avenir. 

L’avenir appartient à Dieu, et Dieu serait un véritable idiot s’il créait des êtres capables de décider sans leur laisser au moins une part de responsabilité dans cet avenir. 

Peyrefitte est optimiste parce qu’il comprend que, plus ou moins, il est toujours possible d’agir. Et qui pourrait prouver le contraire ?  

Mais je vais trop vite en besogne. Permettez-moi d’abord de dire qui est Alain Peyrefitte. Membre de l’Académie française, diplomate de carrière, homme d’État, historien, politologue, journaliste, il fut collaborateur, ami et homme de confiance du général Charles de Gaulle pendant trois décennies, député dans toutes les législatures de la Ve République et plusieurs fois ministre : de l’Éducation, de la Justice, de l’Intérieur, du Plan, de la Culture, de la Recherche scientifique. 

Il préside aujourd’hui le conseil éditorial du “Figaro”, encore le quotidien français le plus influent. Sa pensée sociale et politique a fait l’objet de nombreuses thèses, articles et colloques, y compris à l’Institut de France, dont aucune nouvelle n’est parvenue jusqu’à nos contrées.  

Le premier signe que nous ayons perçu de l’existence de cet esprit extraordinaire fut donné l’année dernière par la maison d’édition Jorge Editorial, qui a publié “L’Empire immobile ou le choc des mondes”, traduit par Cylene Bittencourt. 

Mais, aussi fascinant soit-il, ce récit de l’expédition de George Macartney en Chine en 1792, s’il nous révèle tout sur le mal chronique d’un empire paralysé par la suspicion généralisée, ne nous dit pas grand-chose sur sa propre articulation avec les conceptions plus générales de son auteur sur la nature et le fonctionnement de la société humaine, dont il constitue une exemplification fondée sur l’étude méticuleuse d’un cas particulier. C’est pourquoi, ou à cause de la léthargie proverbiale qui frappe notre presse culturelle depuis quatre décennies, elle n’a même pas signalé la publication de cette œuvre maîtresse de la science historique, où la rigueur de la méthode, loin de s’afficher dans le jargon pesant du pédantisme universitaire, se dissimule élégamment sous un style narratif vivant, vibrant et cinématographique.  

Coïncidence ou non, l’auteur lui-même n’a pas commencé par exposer ses conceptions, mais par les illustrer à travers un cas concret, celui de son propre pays, dans “Le Mal français”, publié en 1976. 

Devenu un classique, ce livre dresse le portrait d’une nation rongée par la suspicion, toujours en quête d’un gouvernement fort pour se protéger d’elle-même et d’un leader autoritaire ou révolutionnaire pour se protéger de ce gouvernement fort. 

Les Chevaux du lac Ladoga”, en 1981, montrait les racines idéologiques et culturelles de la criminalité juvénile, que ceux qui les avaient semées cherchaient à dissimuler sous un discours conventionnel contre le système économique (ce film, nous l’avons déjà vu, n’est-ce pas ?). 

Dans ces travaux et d’autres, partant tantôt de l’exemple français, tantôt de l’exemple chinois (qu’il a connu de près en 1971, en tant que chef de la première mission officielle occidentale admise en Chine pendant les années de la Révolution culturelle), Peyrefitte a tracé le profil historique, sociologique, politique et administratif de la «société de défiance», ce Léviathan paralysé par la panique et les doutes paranoïaques à l’égard de lui-même.  

Cette différence apparaît d’abord dans les idées, l’imaginaire, la culture. 

Ensuite, elle se consolide dans les lois et les coutumes. 

Enfin, elle porte ses fruits dans l’économie : richesse, progrès, développement.  

Le protestantisme a contribué, certes, à ce résultat, mais moins par ses conceptions théologiques et morales explicites soulignées par Weber – prédestination, éthique de l’épargne – que par le simple fait de stimuler la liberté et la variété, libéré du poids excessif d’une vieille bureaucratie contrôlante. 

Et si, pendant ce temps, le catholicisme a retardé le développement économique dans d’autres parties du monde, ce n’était pas non plus à cause du contenu de sa foi, économiquement neutre en soi, mais simplement parce que la hiérarchie, effrayée, au lieu de surmonter créativement les oppositions, s’est raidie dans une attitude paranoïaque et défensive, ne pensant qu’à davantage de contrôle, de centralisme, de bureaucratie. 

Dans certains pays, le développement économique a été favorisé par l’absence de contrôles. 

Dans d’autres, il n’a pas seulement été défavorisé : il a été arrêté, interdit, étouffé dans l’œuf par des autorités qui l’ont tragiquement confondu avec les démons qu’il servait. 

En Espagne, au Portugal, en Italie et partiellement en France, le développement n’a jamais été un ennemi de l’Église : il a été le bouc émissaire des culpabilités catholiques et anticatholiques. 

En le condamnant, le catholicisme s’est fait un tort immense, dont il cherche aujourd’hui à se racheter. 

Mais en exagérant l’expiation, il tombe dans l’extrême opposé, l’adhésion aux progressismes de gauche qui, comme toujours avec les opposés, le ramène à l’erreur originelle : le culte du centralisme inhibiteur, désormais en version socialiste.  

La thèse est si évidente, si patente, que l’auditeur ne peut s’empêcher de se demander : «Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ?»  

La thèse elle-même répond : nous n’y avons pas pensé parce que nous étions infectés par le matérialisme historique, qui nous mettait sur une fausse piste. 

Nous cherchons d’abord les causes économiques et refusons obstinément d’explorer d’autres hypothèses, même lorsque la persévérance dans le dogme nous obligeait à adopter des explications mutuellement contradictoires : l’Angleterre s’est développée parce qu’elle avait du charbon, le Japon, parce qu’il n’en avait pas. 

Comme ensorcelés, nous projetions sur des causes externes la responsabilité de nos actions, et nous ne voyons nulle part la cause la plus évidente de tout ce qui nous arrive : les décisions humaines, fondées sur des croyances et des valeurs.  

Le cadeau que l’œuvre de Peyrefitte offre à l’humanité est multiple et d’une richesse incalculable. 

Elle lui enseigne les conditions du développement économique, réunit les matériaux historiques qui les démontrent, lui dévoile le seul obstacle réel, qui réside dans son âme même, lui montre les moyens de le surmonter, apaise les antagonismes religieux qui la paralysent et, de surcroît, la libère de l’obsession la plus oppressante et sclérosante de toutes : le matérialisme historique, le déterminisme économique.  

Dans les milieux intellectuels européens, rares sont ceux qui, même à contrecœur, n’éprouvent pas une certaine gratitude envers ce défricheur de la forêt des idées. 

Seuls quelques Américains restent quelque peu dédaigneux, peut-être mécontents qu’un Latin ait mieux compris le capitalisme qu’eux-mêmes.  

Si le Brésil est malin, il ne fera pas la fine bouche, en se croyant supérieur, mais ira s’asseoir humblement pour écouter une leçon qui est pour le bien de tous et le bonheur général des nations.  

Texte complet de l’entretien :

CONFIANCE : 

C’EST UN BEAU MOT,

PEUT-ÊTRE LE PLUS BEAU, 

JUSTEMENT PARCE QU’IL N’EST PAS SEULEMENT UN MOT.

Un de vos premiers essais portait déjà le titre “Le Sentiment de confiance”. Il a été publié en 1947. Avez-vous eu des expériences personnelles, dans votre enfance ou votre jeunesse, qui ont attiré votre attention sur l’importance décisive de la confiance dans les relations humaines ?  

L’idée que la confiance est la condition première de tout développement humain n’est pas une hypothèse scolaire. Elle n’est donc pas sortie de mon cerveau comme Athéna est née toute armée du cerveau de Zeus. 

Et il ne s’agit pas d’une expérience privilégiée, réservée à quelques-uns. L’importance de la confiance dans les relations humaines est telle que, d’une manière ou d’une autre, tout le monde y est confronté dès la petite enfance. 

Dès qu’il vient au monde, le petit homme est confié à ses parents, à des éducateurs, à des médecins. 

La confiance qu’on lui donne ou qu’on lui refuse, celle qu’il acquiert en lui-même, celle qu’il accorde aux autres, en somme le climat de défiance ou de confiance dans lequel il évolue, constitue l’élément vital de son développement. 

L’apprentissage de l’autonomie et de la responsabilité est la découverte parallèle de la confiance en soi et de la fiabilité de l’autre. 

Cette découverte, bien sûr, n’est pas nécessairement explicite. 

Quelqu’un est-il conscient de l’air qu’il respire ? 

La confiance, comme l’air, est si vitale qu’on ne remarque son importance que lorsqu’elle vient à manquer. 

La défiance avait empoisonné la fin de la IIIe République. 

La France trahissait la confiance de ses compatriotes, mais aussi celle de ses alliés. 

Ce fut peut-être l’échec de mon pays, sourd à l’appel tchécoslovaque, et la fausse confiance inspirée par les accords de Munich qui m’ont révélé l’importance capitale de la confiance.  

Sans doute, mes parents, professeurs passionnés par leur métier et leurs élèves, avaient éveillé en moi la confiance dans les vertus du travail, de la loyauté, de la constance. 

Mais je crois vraiment que ce furent les drames de notre nation qui m’ont servi de réveil. Et puis, il y eut de Gaulle : celui qui a forcé le destin par une confiance surhumaine en la France et en la liberté, celui qui, au pire moment du désastre, a cru en l’inversion de la défaite en victoire.  

Je me demande si Franz Rosenzweig, que vous citez, n’a pas trouvé sa conception de la confiance précisément dans l’enfer des tranchées, par une sorte de sursaut salutaire, en voyant que l’humain, sous la pluie des bombes, était réduit à une matricule obéissant à des ordres sans appel et à des formules inauthentiques. 

Or, la confiance n’est pas une formule vide : c’est un geste uni à la parole, un point d’appui et de départ, à la fois stable et dynamique. 

Confiance : c’est un beau mot, peut-être le plus beau, justement parce qu’il n’est pas seulement un mot.  

TOUTE POLITIQUE DIGNE DE CE NOM 

EXIGE LA CONFIANCE

EN CEUX QUI LA DIRIGENT  

Carl Schmitt définissait la politique comme la confrontation ami-ennemi, au-dessus de toutes les valeurs qui lui servaient de prétexte. 

Sous cette perspective, une « politique de confiance » ne serait-elle pas une contradiction dans les termes ? Comment définissez-vous la politique ? 

Carl Schmitt a exalté la confrontation ami-ennemi à un point qui me semble inacceptable. 

Voyez-le citer Saint-Just : « Entre le peuple et ses ennemis, rien n’est commun, sauf la gloire. » 

Pour Carl Schmitt, le mal est irrémédiable, la confrontation armée est à la fois une raison et un moyen de vivre. 

Il a même écrit, en 1947, alors qu’il était en prison, attendant un éventuel jugement à Nuremberg : « Malheur à celui qui n’a pas d’ennemi. »  

Schmitt a fait de la guerre une fatalité, non pas au sens malthusien où « une bonne guerre nous ferait du bien », mais dans un sens presque providentiel, quasi théologique. C’est dans “Théologie politique” qu’il a écrit : « On ne pourrait éliminer du monde l’inimitié entre les hommes en interdisant les guerres à l’ancienne entre États, en propageant une révolution mondiale et en essayant de transformer la politique mondiale en politique du monde. » 

Sans doute avait-il en tête l’échec de la Société des Nations et de son pacifisme irresponsable. Mais il me semble totalement pervers de penser la politique internationale en termes nécessairement conflictuels.  

Je définis la politique comme la mobilisation des énergies individuelles autour d’un objectif commun. 

Toute politique digne de ce nom suppose une confiance en ceux qui la dirigent. 

Une politique internationale ne mérite pas le nom de politique si elle ne vise pas une forme de coopération en vue d’un objectif commun et bénéfique pour tous – ce qui n’exclut nullement une saine concurrence dans la gestion des moyens pour y parvenir. Sinon, la politique n’est qu’une guerre larvée, et la guerre, selon la formule de Clausewitz, est la continuation de la politique par d’autres moyens – une continuation inévitable et même, en soi, nécessaire du point de vue de Schmitt.  

LE VÉRITABLE LIEN POLITIQUE

EST CELUI DE LA CONFIANCE-ESPÉRANCE, 

LA CONSTRUCTION D’UNE ŒUVRE COMMUNE 

Toujours sous cet angle, Hobbes disait que l’État était né de la peur, ou, ce qui revient au même, de la défiance. 

Hobbes s’est-il trompé, ou l’avènement de ce phénomène nouveau appelé « développement » entraîne-t-il un changement dans la nature même de l’État ?  

Carl Schmitt n’a jamais caché son admiration pour Hobbes. 

Dans “La Notion du politique”, il le qualifie de « grand esprit politique » et proclame son adhésion à la conception hobbesienne de l’ état de nature qui conduit à la guerre de tous contre tous : “bellum omnium contra omnes”. 

Le raisonnement de Hobbes repose sur deux principes, dont Schmitt admire le développement : 

  • 1° chacun a un droit illimité sur tout ce qu’il désire ; 
  • 2° les hommes ont une inclination naturelle à se nuire les uns les autres.  

Il en résulte « des soupçons et des défiances continuelles » (“De Cive”, I:XII), d’où la guerre perpétuelle. 

Seule la peur de mourir (“timor mortis”), la crainte pour son propre corps, pousse les hommes au désarmement et à la conclusion d’un pacte. 

Hobbes prétend que de ce pacte peut naître une confiance mutuelle. 

Mais il méconnaît sa précarité. 

La confiance, pour lui, n’est qu’une défiance désarmée, une confiance par défaut, parce qu’il n’y a plus rien à craindre.  

Le véritable lien politique est celui de la confiance-espérance, la construction d’une œuvre commune, le développement d’une entreprise concertée, dans laquelle les acteurs ont le sentiment de gagner, et non seulement de sauver leur peau. 

Le présupposé de la doctrine de Hobbes est sans doute l’idée d’une pénurie relative, qui oblige les hommes à pactiser s’ils ne veulent pas s’entretuer. 

Mais le véritable moteur de l’association humaine doit être, comme vous le suggérez, l’espoir d’un développement, d’une augmentation des ressources et des services, grâce à une coopération contractuelle d’initiatives libres, innovantes et responsables. 

C’est davantage du côté de Locke que de Hobbes qu’on trouvera les fondements d’une politique de confiance.  

C’EST TOUJOURS DES INDIVIDUS

QU’ON FAIT ABSTRACTION, POUR LES NOYER  

DANS UNE STATISTIQUE GÉNÉRALE 

Celui qui a eu le courage de souligner l’action de l’individu dans la production de l’Histoire ne peut que considérer les « causes » et les « lois » de l’Histoire comme une sorte d’idole à laquelle les hommes attribuent magiquement l’autorité de leurs propres actions. Êtes-vous d’accord avec Eric Voegelin lorsqu’il dit que l’hégélianisme et le marxisme sont des formes de « magie noire », une auto-aliénation des pouvoirs de l’homme aux puissances abstraites ?  

De tous les cultes destructeurs, le plus pervers est le culte de l’abstraction. 

Et c’est toujours des individus qu’on fait abstraction, pour les noyer dans une statistique générale, une configuration d’ensemble, une analyse structurelle. 

Je ne nie pas les services rendus par l’histoire sérielle, l’histoire quantitative, l’évaluation statistique. 

Toutes ces techniques permettent d’affiner la description des phénomènes sociaux et économiques. 

Mais elles n’en fournissent pas l’explication. 

Ni l’avènement de l’Esprit absolu, ni le mouvement du concept, ni la lutte des classes, ni la loi de la baisse tendancielle du taux de profit n’expliquent quoi que ce soit.  

Marx prétendait avoir remis sur ses pieds la dialectique hégélienne, débarrassée de sa gangue mystique. 

Et pourtant, la superstition théorique n’est pas moindre chez Marx que chez Hegel. Souvenez-vous, par exemple, que l’expropriation de la bourgeoisie, qui a exploité le travailleur indépendant, est conçue comme une « négation de la négation » et se produit, selon Marx, « avec la même nécessité qui préside aux métamorphoses de la nature ». 

Je ne suis pas sûr que Hegel aurait autant investi dans ce nécessitarisme que Marx. N’oublions pas que Hegel était un grand lecteur d’Adam Smith, et ses “Leçons sur la philosophie de l’Histoire” dévoilent, au milieu des ruses interminables de la raison, l’audacieuse initiative de l’individu humain.  

Dans La Société de confiance, vous avez dit que l’encyclique Mater et Magistra reconnaissait l’initiative individuelle dans la promotion du développement. 

Pourquoi alors le pontificat de Jean XXIII et le Concile Vatican II ont-ils fini par favoriser à ce point les courants gauchistes et socialistes de l’Église ?  

Dans “Mater et Magistra”, on affirme principalement que tout dans le monde économique résulte de l’initiative personnelle des particuliers, qu’ils agissent individuellement ou en association pour la poursuite d’intérêts communs. 

Son exaltation du « génie créateur des individus » contrastait évidemment avec le modèle structuraliste alors à son apogée.  

Mais, comme le magistère mentionnait le principe de la destination universelle des biens et condamnait l’injuste répartition des moyens de production, la revendication de «l’initiative personnelle et autonome en matière économique» a fini par être éclipsée au profit d’une théologie de la libération qui consiste, de fait, à se libérer de toute théologie. 

L’Église a jugé inutile de réitérer sa condamnation du matérialisme historique. 

Mais il ne s’agissait pas d’un silence d’approbation. 

Évidemment, les apôtres du marxisme chrétien l’ont compris autrement : « Qui ne dit mot consent. » Et la “pourpre cardinalice” a été enrôlée de force sous la bannière rouge.  

LE MATÉRIALISME DES NEUROSCIENCES  

INDIQUE QUE LES SCIENTIFIQUES  

ONT PEUR DE L’INITIATIVE INDIVIDUELLE 

Le matérialisme historique, discrédité en tant que théorie, reste très fort en tant que présupposé inconscient chez les intellectuels. 

À votre avis, cela va-t-il durer encore longtemps ?  

Il est étonnant de voir le matérialisme survivre aux démentis sanglants que lui inflige l’histoire et à la ruine matérielle des sociétés qu’il a construites, c’est-à-dire détruites. Mais le prestige du matérialisme reste intact parmi les intellectuels. 

Son pouvoir simplificateur continue de fasciner les esprits : il est séduisant parce qu’il est réducteur.  

Certes, plus personne n’ose parler ouvertement des forces productives, des rapports de production, des contradictions dialectiques du capital ou de la lutte des classes. 

Mais, dans la construction du marché mondial, on ne parle que de structures, d’institutions, d’uniformisation. 

De même, le développement des neurosciences dans une direction strictement matérialiste indique la peur qu’ont les scientifiques de la capacité d’initiative de l’individu. 

Qu’on le veuille ou non, ce sont les hommes qui font l’histoire, et non l’histoire qui les fait. Mais une mode intellectuelle, courante dans les sciences humaines, considère cette assertion comme une hérésie. 

Si nous nous abandonnons à cette mode, ces sciences ne seraient humaines que de nom. Il faudrait les appeler sciences de la matière humaine.  

Il me semble que Bergson a très bien expliqué cette tendance de l’intelligence humaine à la raideur géométrique, cette prédilection pour les organigrammes impersonnels, cette rechute de l’énergie spirituelle dans l’inertie matérielle.  

LE MANICHÉISME 

A ENCORE 

DE BEAUX JOURS DEVANT LUI.

La force persuasive du matérialisme historique étant en grande partie due à l’imprégnation de l’imaginaire collectif par les arts et les spectacles, ne pensez-vous pas qu’une nouvelle vision des choses restera inefficace tant qu’elle n’influence pas la mentalité des artistes ?  

Croyez-vous vraiment que “Le Cuirassé Potemkine” ou les Chœurs de l’Armée rouge ont contribué à imprégner les esprits des thèses du matérialisme historique ? 

La dernière scène de “Potemkine” exalte la contingence de l’adhésion fraternelle libre à la Révolution. 

Quant aux Chœurs de l’Armée rouge, ils chantent les exploits de Tchapaïev en traversant l’Oural ou ceux de Koutouzov face aux armées de Napoléon. 

Ils se produisent dans le monde entier : ce sont l’une des rares institutions à avoir survécu au régime communiste. 

Ce sont de belles voix de basse en uniforme, mais ce ne sont pas des arguments en faveur de la dialectique du marxisme-léninisme. 

Je crois plutôt que la force persuasive du matérialisme historique est latente dans tous les esprits. 

Elle exprime la sécurité d’un schéma immuable, le culte d’une science prétendument «pure», le mythe de l’infaillibilité, la peur de l’innovation et, en fin de compte, la tendance à la défiance. 

Je ne nie pas que les cinéastes et les romanciers se délectent des intrigues de la lutte des classes. Mais est-ce leur faute si le public les apprécie encore ? 

Le manichéisme a encore de beaux jours devant lui.  

NOUS SOMMES TOUS

DES MATÉRIALISTES HISTORIQUES  

INCONSCIENTS.  

Le libéralisme, vainqueur dans le domaine économique, ne risque-t-il pas de sombrer si la culture reste sous l’hégémonie socialiste ? 

Le libéralisme ne serait-il pas victime d’un matérialisme historique inconscient ? 

Votre suggestion est pertinente, et je la souscris volontiers. 

Nous sommes tous, à divers degrés, des matérialistes historiques inconscients. 

Même lorsque nous sommes persuadés du contraire, nous adhérons à la thèse du primat de l’infrastructure économique et matérielle sur la superstructure culturelle et spirituelle. 

Cette tendance innée offre une sécurité intellectuelle et un alibi contre l’exigence de responsabilité et le défi de l’adaptation continue.  

Encore une fois, l’hégémonie culturelle socialiste n’est pas, en soi, une fatalité. Il faut croire que le public des démocraties trouve une certaine satisfaction dans cette hégémonie et y soulage, par ce moyen, un fort sentiment de culpabilité face aux responsabilités qu’il n’a pas assumées. 

Privée de son ennemi héréditaire (le communisme), l’économie de marché doit gérer seule la création et le partage des richesses. 

Elle doit relever le défi d’un développement humain et équitable, fondé sur des initiatives libres et compétitives.  

LE LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE 

NE PEUT SURVIVRE  

SANS UN LIBÉRALISME CULTUREL. 

Dans la même ligne de pensée : n’est-ce pas une erreur tragique de supposer que la libéralisation de l’économie est la condition nécessaire et suffisante de toutes les autres libertés ? 

N’est-il pas concevable qu’un État puisse être libéral en économie et dictatorial en tout le reste ? 

Par exemple, aux États-Unis, le libéralisme est hégémonique en économie, l’étatisme recule, mais l’intervention de l’État dans la vie privée des citoyens croît.

Le structuralisme d’inspiration marxiste, dans la lignée d’Ernest Labrousse, a formulé une nouvelle « loi des trois états » : l’économique commande le social, et le social commande le mental. 

S’il en était ainsi, il suffirait de libéraliser l’économie pour libéraliser la société et la culture. 

Vous citez, à juste titre, l’exemple des États-Unis.  

On peut dire que les États-Unis sont «libertariens» sur le plan économique, mais «communautariens» sur le plan social. 

Tout se passe comme si l’extrême déréglementation de l’emploi, des prix, des salaires était compensée par un surcroît de contrôle social.  

La prophétie de Tocqueville se confirme donc avec une précision stupéfiante. 

En tant qu’acteurs de la vie économique, les Américains « tournent sans relâche autour d’eux-mêmes pour obtenir de petits plaisirs vulgaires. 

Chacun d’eux, retiré dans son coin, est comme étranger au destin de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment, pour lui, toute l’espèce humaine. 

Quant aux privations que subissent ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas. En revanche, en tant que citoyens des États-Unis, ils sont soumis à un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort, ne cherchant qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance » (“De la Démocratie en Amérique”, T. II, partie 4, chap. 6).  

En Chine, nous avons un autre cas du slogan « l’économie d’abord » pour éviter que l’expression culturelle et psychologique des frustrations matérielles accumulées pendant quarante ans de communisme ne compromette une transition progressive et prudente vers une libéralisation culturelle. 

Les « Cent Fleurs » ont rendu les Chinois prudents. 

Mais, contrairement à ce qui se passe aux États-Unis, le contrôle social rigoureux s’assouplit progressivement, alors qu’aux États-Unis, nous assistons à une régression presque infantile.  

Dans tous les cas, le libéralisme économique ne peut s’étendre et survivre sans un libéralisme culturel et psychologique, c’est-à-dire sans une culture et un climat de confiance : confiance dans la compétition des initiatives responsables, confiance dans la mobilité intellectuelle, géographique, professionnelle, pari sur l’adaptation, l’innovation, les échanges.  

L’IDÉOLOGIE GAY  

EXPRIME UNE DÉFIANCE 

ENVERS L’AUTRE SEXE. 

Les nouveaux courants d’opinion nés après la dernière guerre mondiale (féminisme, négritude, idéologie gay, etc.) ne sont-ils pas de nature à favoriser davantage la défiance que la confiance ?  

Ces nouveaux courants d’opinion sont nés du choc des deux guerres mondiales. L’émancipation des femmes, par exemple, a commencé au lendemain de la Première Guerre : les infirmières et les ouvrières de l’armement ne voulaient pas rentrer chez elles comme si rien ne s’était passé. 

De même, les colonies africaines, sollicitées par l’effort de guerre, ont pris conscience que leurs « devoirs » impliquent la reconnaissance de « droits ». 

La décolonisation est le produit des deux guerres.  

Mais, à côté de ces justes revendications, ou au sein même de celles-ci, s’expriment des tendances au repli, à la volonté de chacun d’être lui-même sans l’autre, de rester « entre les siens », sans mélange, sans capacité d’intégration, sans effort d’adaptation. 

C’est une réaction comparable à la régression endogamique qui affecte certaines sociétés « primitives ».  

On peut se demander si l’idéologie gay, qui se dit tolérante, ouverte, etc., n’exprime pas, dans bien des cas, une défiance envers l’autre sexe, une peur de la différence sexuelle. La véritable confiance, en revanche, n’est ni un enfermement en soi ni une fusion et une perte de soi.  

PEU IMPORTE DE TUER DES INNOCENTS  

AU NOM DU PROLÉTARIAT  

OU DE LA RACE SUPÉRIEURE.

Une chose qui m’a beaucoup frappé depuis mon arrivée en France la semaine dernière, c’est que tout le monde semble associer très facilement le Front National de M. Le Pen à l’histoire des crimes nazis, tout en s’obstinant à ne faire aucune association analogue entre l’extrême gauche et les crimes incomparablement plus grands du régime communiste en URSS, en Chine, etc. 

Pourquoi est-il si facile d’être gauchiste sans jamais être tenu responsable des maux du stalinisme, alors que l’homme de droite est toujours menacé d’être associé au néofascisme ? 

Pourquoi est-il si facile de diriger la défiance contre les hommes de droite ?

La fascination des intellectuels pour l’idéologie marxiste a introduit deux poids et deux mesures dans l’évaluation des crimes contre l’humanité. 

On dirait que les millions d’homicides perpétrés par l’Union soviétique ne sont pas de même nature que ceux commis par l’Allemagne nazie.  

Torturer et tuer un innocent au nom du prolétariat ou de la race supérieure ne devrait faire aucune différence. 

Parodiant une formule célèbre, on pourrait dire qu’il vaut mieux se tromper avec Staline qu’avec Hitler. 

Pourtant, la biologie aryenne et la biologie soviétique sont des impostures du même niveau. 

Et même en supposant que le marxisme-léninisme soit « scientifiquement supérieur », aucun savoir, aucun programme ne justifie l’élimination physique ou morale d’un seul individu. 

Il est temps, comme l’a dit Hannah Arendt, de comprendre que les extrémistes de droite et de gauche sont solidaires dans le crime.  

En revenant aux soubresauts de la politique française, il faut souligner l’évidente mauvaise foi d’une gauche qui se fait passer pour une vierge effarouchée par les « voix du Front National », alors que personne ne s’émeut des voix du Parti communiste, sans parler de l’extrême gauche encore plus dure. 

Reconnaissons, toutefois, que les déclarations troubles, peut-être perverses, du président du FN sur les inégalités des races, sur le « détail » des crématoires, et la position fluctuante qu’il maintient entre le contrôle légitime de l’immigration et un déchaînement de pulsions xénophobes, tout cela facilite l’association du FN à l’histoire des crimes nazis.  

De manière plus générale : si la droite accepte de renoncer à toute alliance avec l’extrême droite, tandis que la gauche conserve son droit de s’allier avec qui elle veut (même avec l’extrême droite), la droite ne risque-t-elle pas de se suicider ? 

Que sera la politique française demain, selon vous ? 

Les élections régionales et cantonales de 1998 se sont déroulées dans une atmosphère de pièges et de chantage. 

La gauche est parvenue à intimider la droite et à lui dicter son comportement face aux électeurs.

Elle a prétendu donner des leçons de républicanisme en brandissant le FN comme un épouvantail (elle, qui a toujours traficoté le mode de scrutin pour diviser la droite, favorisant le FN). 

Il est urgent de sortir de cette logique des alliances et des mariages d’occasion, de ces anathèmes républicains et de ces excommunications.  

Les droites peuvent et doivent se rassembler. Elles sont majoritaires dans le pays. 

Elles doivent reconquérir, pour un programme de droite, toute leur base électorale, y compris les électeurs du FN, qui n’appartiennent ni à la gauche qui s’en sert pour discréditer la droite, ni à la droite classique qui a besoin de leurs voix. 

Les électeurs qui ont voté pour le FN n’appartiennent qu’à eux-mêmes. 

S’ils succombent aux sirènes du racisme et de la xénophobie, nous ne voulons pas de leur soutien. S’ils acceptent une politique de droite respectueuse des droits humains, nous devons la leur proposer. 

Leur exaspération est aussi respectable que la colère des partisans de la Ligue communiste révolutionnaire. 

La seule issue pour la politique française est de lever l’anathème qui pèse sur les électeurs du FN et de leur proposer une véritable politique de droite, sans haine ni vengeance, une politique d’exigence, de respect, de solidarité et d’entreprise, en somme : une société de confiance.  

LE COMMUNISME ET LE NAZISME  

ONT EXPLOITÉ LE RESSENTIMENT  

DES MINORITÉS ETHNIQUES. 

La confiance n’a-t-elle pas, parmi ses présupposés indispensables, l’unité ou la cohérence de la culture, c’est-à-dire des sentiments et des valeurs ? 

Comment envisagez-vous une politique de confiance dans les conditions du « multiculturalisme » ?  

La confiance est à la fois cause et effet de la cohésion culturelle. 

Sans langue commune, sans valeurs partagées, sans points de référence collectifs, pas de confiance. 

Mais, sans confiance, les points de référence s’effondrent, les valeurs divergent en fonction d’intérêts particuliers. 

La langue elle-même cesse d’être un instrument de transmission et de cohésion pour devenir un critère de ségrégation, voire d’exclusion. 

Elle était une voie de communication : elle devient une barrière. 

Nos sociologues ont décrit ce phénomène de sclérose, auquel ils ont eux-mêmes cédé. Dans “Ce que parler veut dire” ou “La Reproduction”, Pierre Bourdieu a mis en évidence le rôle discriminatoire des usages linguistiques, mais il l’a fait dans une langue qui, elle-même, est rarement accessible au commun des mortels.  

Il aurait dû en tirer la conclusion qui s’impose : la perte, chez un peuple, de son identité nationale constitue une menace pour la confiance sociale indispensable. 

Les expériences de bilinguisme officiel ont montré qu’on ne change pas de culture comme on change de chemise.  

Goethe disait que celui qui ne connaît pas de langue étrangère ne connaît pas vraiment sa langue maternelle. Je le crois aussi. 

Mais le contact et l’échange avec l’autre n’impliquent ni fusion, ni interchangeabilité, ni indifférenciation. 

D’ailleurs, l’universalisme forcé prépare le lit des séparatismes, des revendications agressives, comme l’ont montré les ex-fédérations des Républiques socialistes.  

N’oublions pas que Staline a commencé sa funeste carrière comme commissaire aux nationalités, ni que le régime nazi a exploité systématiquement les frustrations des minorités ethniques.  

Les ethnies sont comme l’Etna. Elles semblent avoir perdu tout caractère vital, et leur activité semble se réduire à quelques numéros folkloriques, survivances d’un lointain passé d’éruptions et de conflits. Mais si l’on tente d’éteindre ces manifestations de surface, elles reviennent avec force, vomissant des laves ardentes. 

Le cosmopolitisme, lorsqu’il perd le respect de l’âme des peuples, ressemble à un édifice construit au-dessus de la bouche d’un volcan. 

Le concert des nations doit rester une polyphonie, où de nombreuses voix, aux timbres variés, se joignent et se superposent dans des rythmes différents mais harmonisés, où les refrains et les couplets se répondent d’un côté à l’autre. 

Une monotonie forcée engendrerait la dissonance et la discorde. 

L’unisson forcé produit la désunion.  

Il faut donc prendre le multiculturalisme au sérieux. 

Loin d’être un obstacle à pulvériser, il pourrait bien constituer un point d’appui nécessaire à l’Organisation des Nations Unies, comme l’a pressenti Claude Lévi-Strauss. 

Unies ne veut pas dire uniformes, ni réduites à l’identique. 

Le mythe d’une identité universelle se révèle aussi dangereux que la culture systématique des particularismes locaux.  

Personne ne détient le monopole de l’humain, et surtout pas une institution qui prétend représenter les aspirations de tous les hommes sans demander leur avis.  

LE NOUVELLE ORDRE MONDIAL : 

UNE BUREAUCRATIE EN HAUT, 

LE CHAOS ET LE BANDITISME EN BAS.  

Dans un monde où les organisations criminelles, comme la mafia russe, répandent partout une atmosphère de secret et de conspiration, tandis que, d’un autre côté, se constitue quelque chose comme un État mondial, ou du moins une police globale pour les affronter, les facteurs de défiance ne tendent-ils pas à devenir incomparablement plus forts que les facteurs de confiance ? 

Comment envisagez-vous une société de confiance à l’échelle mondiale ? 

Le nouvel ordre mondial risque fort de ressembler à un édifice très instable. 

À la surface et en hauteur, une bureaucratie universaliste sûre de l’exactitude de ses plans. 

Mais, dans les sous-sols de l’édifice, un réseau souterrain de luttes d’influences, de marchés clandestins.  

La seule alternative au développement du banditisme est l’application vigilante du principe de subsidiarité, le refus de concentrer l’organisation de la société, des échanges, des prix agricoles, à un niveau trop élevé. 

La confiance se vit dans la relation bilatérale d’échange de biens et de services, dans le respect des spécificités locales. 

Elle ne se décrète pas d’en haut, car la confiance ne s’ordonne pas. 

C’est elle qui ordonne tout.  

C’est à partir de micro-sociétés de confiance – entreprises, associations culturelles, groupements d’intérêts économiques – que se construit une société de confiance à l’échelle mondiale, et non l’inverse.  

Le « Parti de l’Amérique » d’Elon Musk : une initiative populiste dans un jeu d’influence complexe.

L’annonce du « Parti de l’Amérique » par Elon Musk, le 5 juillet 2025, a suscité des réactions contrastées, oscillant entre enthousiasme et méfiance.
Pour certains, Musk incarne une force disruptive, un outsider défiant l’establishment bipartisan pour représenter les « 80 % du centre » – une majorité frustrée par la polarisation politique et l’endettement national de 33 trillions de dollars.
Cependant, une exploration critique de cette initiative suggère qu’elle pourrait être davantage motivée par des intérêts stratégiques que par un pur élan altruiste.
Cet article examine les objectifs du parti, ses implications dans la lutte entre le complexe industriel technologique et le complexe industriel financier, ainsi que les tensions internes au sein de l’écosystème de Musk, notamment autour de X et de Grok.

Une rhétorique populiste : un levier pour mobiliser ou manipuler ?
Avec une fortune estimée à 350 milliards de dollars et un contrôle sans précédent sur X, Elon Musk dispose d’un pouvoir considérable pour façonner l’opinion publique.
Le « Parti de l’Amérique » s’appuie sur une rhétorique populiste, promettant de démanteler un système bipartisan perçu comme corrompu et inefficace.
Selon un sondage récent, 62 % des Américains s’inquiètent du déficit national, un point que Musk met en avant pour rallier les électeurs.
Sur X, il a critiqué un projet de loi soutenu par Donald Trump, un plan de dépenses de 5 trillions de dollars qui, selon lui, menace l’économie tout en favorisant les intérêts financiers.

Cependant, le parti n’a pas encore proposé de plan détaillé pour réduire la dette, ce qui soulève des questions sur la sincérité de son discours.
Pour les partisans de Musk, cette posture reflète une volonté de rompre avec un système dysfonctionnel.
Pour les sceptiques, elle pourrait masquer des objectifs plus pragmatiques : protéger les subventions de Tesla (500 millions de dollars annuels pour les crédits de véhicules électriques) et de SpaceX (1 milliard de dollars via des contrats du Pentagone), tout en prônant une déréglementation favorable au secteur technologique.
Cette ambiguïté illustre les limites du populisme : si Musk parvient à galvaniser une base électorale, il risque de perdre en crédibilité s’il ne traduit pas ses promesses en actions concrètes.

Une guerre de territoire : complexe technologique contre complexe financier.
Le « Parti de l’Amérique » s’inscrit dans une lutte plus large entre le complexe industriel technologique, représenté par Musk, et le complexe industriel financier, incarné par des géants comme BlackRock.
Ces deux sphères, bien que collaborant au sein du complexe techno-politico-sécuritaire, entrent en concurrence lorsque leurs intérêts divergent. Tesla et SpaceX dépendent fortement des budgets gouvernementaux, ce qui place Musk dans une position paradoxale : il critique les dépenses publiques tout en cherchant à préserver les subventions de ses entreprises.
Une réduction sélective des budgets pourrait détourner les fonds des projets favorisant les marchés obligataires (soutenus par le complexe financier) vers des programmes de recherche et développement bénéficiant au secteur technologique.

En parallèle, une déréglementation – souvent associée à l’austérité budgétaire – pourrait réduire les coûts de conformité de Tesla face à des agences comme l’Agence de Protection de l’Environnement, économisant potentiellement des milliards. Cependant, cette stratégie comporte des risques. Une coupe trop drastique des dépenses publiques pourrait nuire aux revenus de Tesla et SpaceX, ce qui soulève la question : Musk cherche-t-il réellement à équilibrer le budget ou à remodeler les priorités pour favoriser son secteur ?

BlackRock : un acteur dominant dans l’ombre.
BlackRock, avec un portefeuille obligataire de 2 trillions de dollars et 100 milliards de dollars d’entrées dans ses fonds négociés en bourse en 2024, joue un rôle clé dans cette dynamique. Soutenant le projet de loi de Trump, favorable aux intérêts financiers, BlackRock profite également du chaos politique orchestré par Musk.
Une fracture au sein du Parti républicain, alimentée par le « Parti de l’Amérique », pourrait provoquer une crise du plafond de la dette, comme en 2023, générant une volatilité des rendements obligataires dont BlackRock tire profit. De plus, avec 7 % de parts dans le complexe technologique (y compris Tesla) et 8 % dans le complexe militaro-industriel (comme Lockheed Martin), BlackRock adopte une stratégie de couverture tous azimuts, lui permettant de gagner quel que soit le vainqueur de cette bataille.

Tensions internes : le départ de Linda Yaccarino et les risques pour X et Grok.
Un facteur souvent négligé dans cette équation est la récente démission de Linda Yaccarino, ancienne PDG de X Corp, qui pourrait refléter des désaccords stratégiques avec Musk.
Selon certaines spéculations, Yaccarino aurait exprimé des réserves sur l’engagement politique de Musk, notamment sur l’utilisation de X comme outil de campagne pour le « Parti de l’Amérique ».
Cette orientation pourrait exacerber un biais idéologique sur la plateforme, influençant la modération de contenu et, par extension, la base de connaissances de Grok, l’IA développée par xAI. Si X devient perçu comme un outil partisan, cela pourrait compromettre la neutralité de Grok, limitant sa crédibilité auprès des utilisateurs recherchant des réponses objectives.

Un autre point critique concerne les accords de non-divulgation (NDA) signés par xAI, notamment avec Pfizer et potentiellement d’autres entreprises. Ces partenariats, bien que stratégiques pour financer le développement de Grok, soulèvent des questions sur l’indépendance de xAI.
Si Musk utilise X et Grok pour promouvoir ses ambitions politiques tout en jonglant avec des accords commerciaux, il risque de créer des conflits d’intérêts.
Par exemple, un biais dans les réponses de Grok, influencé par des partenaires comme Pfizer, pourrait alimenter les critiques sur la fiabilité de l’IA, surtout dans un contexte où Musk cherche à se positionner comme un champion de la transparence.

Une bataille historique revisitée ?
L’affrontement entre Musk et le complexe industriel financier rappelle les luttes du XIXe siècle entre Andrew Carnegie et JP Morgan. Carnegie utilisait des campagnes publiques pour affaiblir les financiers tout en sécurisant des contrats gouvernementaux.
Musk adopte une stratégie similaire, mais il fait face à un adversaire structurellement plus puissant.
Le complexe industriel financier, avec ses ressources et son influence institutionnelle, semble mieux positionné pour maintenir son emprise.
Cependant, Musk dispose d’un atout unique : X, une plateforme capable de mobiliser des millions d’utilisateurs. Reste à savoir si cet avantage suffira à compenser la puissance financière de BlackRock.

Perspectives : un impact limité mais stratégique.
Le « Parti de l’Amérique » pourrait remporter un ou deux sièges au Congrès, suffisamment pour perturber le Parti républicain, mais probablement pas assez pour redessiner le paysage politique.
Une crise budgétaire, comme un blocage du projet de loi de Trump, pourrait profiter à BlackRock tout en permettant à Musk de préserver certaines subventions ou d’obtenir des assouplissements réglementaires. Cependant, les ambitions de Musk pourraient être contraintes par les limites du populisme.
En jouant sur plusieurs tableaux – politique, technologique, médiatique –, il risque de s’aliéner des alliés clés, comme en témoigne le départ de Yaccarino, ou de diluer la confiance dans ses entreprises.

À l’international, Musk pourrait se tourner vers des marchés comme la Chine, où le complexe industriel technologique rencontre moins d’obstacles.
Cependant, les accords comme ceux avec Pfizer et les tensions autour de X et Grok pourraient compliquer cette expansion, surtout si la perception d’un biais idéologique s’intensifie.

Conclusion.
Le « Parti de l’Amérique » d’Elon Musk est une initiative complexe, mêlant populisme et calcul stratégique.
D’un côté, il répond à une frustration réelle envers le système bipartisan, mobilisant les électeurs autour de la dette et de la corruption perçue.
De l’autre, il sert les intérêts du complexe industriel technologique dans une lutte contre le complexe industriel financier.
Les tensions internes, comme le départ de Yaccarino et les accords de xAI, ajoutent une couche d’incertitude, tout comme les risques de biais sur X et Grok. Si Musk parvient à tirer parti de sa plateforme et de son charisme, il pourrait remporter des victoires modestes.
Mais face à la puissance de BlackRock et aux limites du populisme, l’histoire semble pencher en faveur du complexe industriel financier, comme à l’époque de Carnegie et Morgan.

Le “marxisme culturel” en France, ses origines, ses concepts, ses auteurs et ses implications. BONUS 🎁 Vidéo courte d’Alain Soral qui mélange et ne comprend pas les concepts et que j’analyse 🫣🤣

Résumé :
Le marxisme culturel français tisse une toile complexe, où les luttes d’idées se substituent aux combats des usines.
Loin des barricades et des chaînes de production, il s’inscrit dans une bataille pour l’imaginaire collectif, où le récit devient une arme, où la mémoire façonne les consciences.
Comme le disait Aristote, l’intelligence ne s’exerce pas directement sur les données brutes des sens, mais sur les formes ordonnées et conservées dans la mémoire.
Cette mémoire, bien plus que les livres d’histoire, est la Haute Culture, ce réservoir vivant de la vie commune, cette trame où s’entrelacent les récits, les symboles et les combats d’une nation.

C’est dans ce terreau que le marxisme culturel, porté par des penseurs comme Ernesto Laclau, a germé, transformant la lutte des classes en une stratégie d’hégémonie discursive.
Cet article explore les origines, les concepts, les auteurs et les implications de ce courant.

Les origines du marxisme culturel : une mutation du marxisme orthodoxe.
Le marxisme culturel trouve ses racines dans une remise en question du marxisme classique, celui de Karl Marx et Friedrich Engels.
Ces derniers voyaient dans la lutte des classes – l’antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat – le moteur de l’histoire.
Dans “Le Manifeste du Parti communiste » (1848), Marx écrivait : «l’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes.»
Cette vision matérialiste, où les rapports de production déterminent la superstructure idéologique et culturelle, a dominé la pensée socialiste jusqu’au XXe siècle.
Cependant, les échecs des révolutions prolétariennes, l’essor du capitalisme organisé et les bouleversements sociaux des années 1960 ont conduit à une révision profonde de cette doctrine.
(https://www.maxicours.com/se/cours/la-vision-marxiste-des-classes-sociales-et-les-conflits-de-classes/)

En France, berceau des idées révolutionnaires, ce virage s’est opéré dans le sillage des événements de Mai 68.

Les émeutes étudiantes, loin de se limiter à une révolte ouvrière, ont révélé une pluralité de luttes : féministes, écologistes, anticoloniales, culturelles.
Ces mouvements, souvent détachés des stricts cadres économiques, ont mis en lumière l’insuffisance du marxisme orthodoxe, accusé de déterminisme économique et de réductionnisme.
C’est dans ce contexte que des penseurs comme Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, dans leur ouvrage “Hégémonie et stratégie socialiste“ (1985), ont proposé une refonte théorique, baptisée «post-marxisme».

Ce courant ne rejette pas Marx, mais le reinterprète, déplaçant le champ de bataille des usines vers les arènes symboliques de la culture et du discours.

Le marxisme culturel, dans sa variante française, s’inspire également de figures comme Antonio Gramsci, dont le concept d’hégémonie a révolutionné la compréhension des rapports de pouvoir.

Pour Gramsci, l’hégémonie n’est pas seulement une domination économique ou militaire, mais une conquête des esprits par la culture, les idées et les récits.
La classe dominante maintient son pouvoir non seulement par la force, mais par le «consentement» des dominés, obtenu via des institutions culturelles comme l’école, les médias ou la littérature.
Cette intuition, reprise et amplifiée par Laclau et Mouffe, a donné naissance à une nouvelle stratégie socialiste, où le contrôle du narratif devient central.
(https://www.cairn.info/revue-reseaux-2015-4-page-87.htm)

Ernesto Laclau : la stratégie d’hégémonie et le pouvoir du récit.
Ernesto Laclau, philosophe argentin exilé en Europe, est l’une des figures majeures du post-marxisme.
Avec Chantal Mouffe, il a redéfini la lutte socialiste dans “Hégémonie et stratégie socialiste”, un ouvrage qui marque une rupture avec le marxisme orthodoxe.

Laclau rejette l’idée que la lutte des classes soit l’antagonisme central de la société, proposant à la place une vision pluraliste où divers antagonismes sociaux – qu’ils soient de classe, de genre, de race ou autres – s’articulent autour de «signifiants vides».
Ces signifiants, comme «justice», «liberté» ou «peuple», sont des concepts flous, capables d’unir des demandes sociales hétérogènes dans une chaîne d’équivalences.

Dans cet ouvrage, Laclau et Mouffe écrivent : «le fait que tel ou tel antagonisme soit considéré comme pertinent dépend d’une articulation contingente des identités sociopolitiques.»

Cette idée centrale rompt avec le déterminisme marxiste, qui voyait dans les rapports de production la cause ultime des conflits sociaux.
Pour Laclau, le social est indéterminé, construit par des pratiques discursives.
La société n’est pas un bloc monolithique, mais un champ de luttes où des récits concurrents s’affrontent pour imposer leur vision du monde.
Ainsi, la stratégie d’hégémonie socialiste ne vise plus à organiser une révolution prolétarienne, mais à construire un imaginaire collectif capable de fédérer des groupes disparates autour d’un projet commun.

Laclau s’inspire ici de Gramsci, mais va plus loin.
Si Gramsci ancre l’hégémonie dans les conditions matérielles de la lutte des classes, Laclau la détache de ce fondement, la rendant purement discursive.
«Le social est le résultat de l’articulation contingente d’éléments autour de certaines configurations sociales – blocs historiques – qui ne peuvent être prédéterminées par aucune philosophie de l’histoire», déclare-t-il dans une interview de 1988.

Cette approche, qualifiée de post-structuraliste, emprunte à la linguistique de Saussure et à la psychanalyse de Lacan pour penser le politique comme un jeu de significations, où le pouvoir se conquiert par la maîtrise des récits.
(https://www.contretemps.eu/post-marxisme-ernesto-laclau/)

La Haute Culture : mémoire vivante de la vie commune.
La Haute Culture, au sens où nous l’entendons ici, n’est pas seulement l’ensemble des chefs-d’œuvre littéraires ou artistiques, mais la mémoire vivante d’une communauté, le creuset où se forgent les récits qui donnent sens à la vie collective.

Cette mémoire n’est pas un simple dépôt d’archives, mais un processus dynamique, où les récits du passé et les espoirs du futur s’entremêlent pour façonner l’imaginaire collectif.
(https://www.cairn.info/revue-reseaux-2015-4-page-87.htm)

En France, cette Haute Culture s’incarne dans des figures comme Victor Hugo, dont “Les Misérables” ne raconte pas seulement l’histoire d’un peuple, mais forge un mythe national de justice et de rédemption.
Elle se retrouve dans les chansons de Brel, les films de Godard, ou les pamphlets de Voltaire, qui tous participent à une conversation séculaire sur ce que signifie être français.
Le marxisme culturel, dans sa quête d’hégémonie, s’est emparé de cette Haute Culture pour y insuffler ses propres récits.

Les luttes pour l’égalité des genres, la reconnaissance des minorités ou la défense de l’environnement ne se contentent pas de revendications matérielles ; elles cherchent à réécrire la mémoire collective, à faire émerger un nouvel imaginaire où ces causes deviennent universelles.

Laclau, dans “La Raison populiste” (2005), souligne l’importance des «signifiants vides» dans ce processus.
Un terme comme «peuple» peut rassembler des groupes aux intérêts divergents – ouvriers, étudiants, paysans – en leur offrant une identité commune face à un adversaire désigné, comme «l’élite» ou «l’oligarchie».
Ce mécanisme, qui trouve un écho dans les mouvements populistes comme Podemos en Espagne ou La France Insoumise, illustre comment le marxisme culturel transforme la lutte des classes en une lutte pour le contrôle du récit collectif.
(https://laviedesidees.fr/Le-peuple-selon-Ernesto-Laclau)

Les auteurs du marxisme culturel français.
Outre Laclau et Mouffe, plusieurs penseurs français ont contribué à l’essor du marxisme culturel. Stuart Hall, bien qu’anglais, a profondément influencé les cultural studies françaises par son usage du concept gramscien d’hégémonie.
Dans ses travaux, Hall analyse les médias comme des «sites de conflictualité» où s’affrontent des visions du monde.
«Les discours médiatiques constituent des pratiques signifiantes qui participent à forger les imaginaires sociaux», écrit-il.

En France, cette approche a inspiré des intellectuels comme Pierre Bourdieu, dont les travaux sur la domination culturelle et le capital symbolique prolongent l’idée que le pouvoir repose sur la maîtrise des représentations.
(https://www.cairn.info/revue-reseaux-2015-4-page-87.htm)

Louis Althusser, figure majeure du marxisme structuraliste, a également joué un rôle clé.

Sa théorie des «appareils idéologiques d’État» – école, médias, Église – montre comment la classe dominante reproduit son pouvoir par des mécanismes culturels.
Bien que critique de l’humanisme marxiste, Althusser a pavé la voie à une compréhension plus nuancée de l’idéologie, que Laclau et Mouffe ont reprise en la débarrassant de son déterminisme économique.
(https://www.cairn.info/revue-reseaux-2015-4-page-87.htm)

Enfin, des historiens comme Michel Vovelle ou Robert Mandrou ont enrichi le marxisme culturel en développant le concept de «mentalités».
Ce terme, inspiré par Marx mais influencé par l’École des Annales, désigne les structures collectives de pensée qui façonnent les comportements sociaux.
En étudiant les mentalités révolutionnaires, Vovelle a montré comment la Révolution française fut autant une transformation culturelle qu’économique, un précédent pour les stratégies d’hégémonie culturelle.
(https://journals.openedition.org/chrhc/239)

Critiques et limites du marxisme culturel.
Le marxisme culturel, et particulièrement l’approche de Laclau et Mouffe, n’est pas sans critiques.
Les marxistes orthodoxes, comme Atilio Borón, reprochent au post-marxisme d’abandonner la lutte des classes au profit d’un «réductionnisme discursif» qui dissout les réalités matérielles dans un jeu de signes.
«La lutte pour le socialisme se volatilise dans les méandres stériles d’un discours insipide sur une démocratie radicale», écrit Borón.
Cette critique pointe le risque d’une dépolitisation, où la transformation sociale cède la place à des batailles symboliques sans ancrage concret.
(https://blogs.mediapart.fr/jean-marc-b/blog/050318/crise-recomposition-ou-liquidation-du-marxisme-chez-laclau)

D’autres, comme Jean-Claude Michéa, estiment que le populisme de gauche, inspiré par Laclau, ne remet pas en cause la centralité de la contradiction entre travail et capital.
Michéa défend une articulation entre lutte des classes et populisme, refusant l’opposition binaire proposée par les post-marxistes.
Enfin, des voix conservatrices dénoncent le marxisme culturel comme une entreprise de division sociale, accusée de promouvoir la «haine des classes» sous couvert de luttes identitaires.
(https://comptoir.org/2017/04/10/jean-claude-michea-le-concept-marxiste-de-lutte-des-classes-doit-etre-remanie/)

La Haute Culture comme champ de bataille.
Revenons à la Haute Culture, ce lieu où la mémoire collective se forge et se dispute.

En France, elle est à la fois un héritage et un champ de bataille.
Les récits de la Révolution, de la Résistance ou de Mai 68 continuent de nourrir l’imaginaire national, mais ils sont constamment réinterprétés.
Le marxisme culturel, en s’emparant de ces récits, cherche à les orienter vers un projet émancipateur.
Les mouvements féministes, par exemple, ne se contentent pas de revendiquer des droits ; ils réécrivent l’histoire pour faire émerger des figures oubliées, comme Olympe de Gouges, dans le Panthéon National.

Cette bataille pour la mémoire est poétique autant que politique.
Elle mobilise des images, des chansons, des films, qui touchent le cœur autant que l’esprit.
Comme le disait Gramsci, «l’hégémonie n’est pas automatique ; elle est le résultat d’une pratique historique, longue et dialectique».
Le marxisme culturel, en investissant la Haute Culture, transforme cette pratique en un art, où chaque récit est une brique dans l’édifice d’un nouvel imaginaire.
(https://www.contretemps.eu/post-marxisme-ernesto-laclau/)

Conclusion : vers une nouvelle synthèse.
Le marxisme culturel français, porté par des penseurs comme Laclau, Mouffe, Hall ou Althusser, est une tentative audacieuse de réinventer la lutte socialiste dans un monde où les usines ont cédé la place aux écrans, où les classes se fragmentent en identités plurielles.

En déplaçant le combat vers le terrain de la culture et du discours, il reconnaît que l’histoire ne se fait pas seulement dans les rapports de production, mais dans les récits qui donnent sens à la vie commune.

La Haute Culture, mémoire vive d’une nation, devient ainsi le théâtre d’une lutte d’hégémonie, où chaque mot, chaque image, chaque symbole compte.

Répétons à nouveau que comme le suggérait Aristote, c’est dans la mémoire que l’intelligence trouve ses formes.
Le marxisme culturel, en s’attaquant à cette mémoire, cherche à sculpter un nouvel imaginaire collectif, où la justice et l’émancipation ne sont plus des abstractions, mais des récits vivants, portés par un peuple en quête de sens.
Si cette entreprise peut sembler utopique, elle n’en est pas moins nécessaire : car, comme l’écrivait Laclau, «sans hégémonie, il n’y a pas de politique possible».

Que la France, avec sa riche tradition de révoltes et de rêves, continue d’écrire ce chapitre, dans la prose de ses poètes et la ferveur de ses combats.

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BONUS 🎁 Vidéo courte d’Alain Soral qui mélange et ne comprend pas les concepts et que j’analyse 🫣🤣

Transcription de la vidéo : «La bourgeoisie du capital ce que l’on appelle aux États-Unis le marxisme culturel qui est un terme impropre, qui est en fait un anti marxisme culturel.
C’est ce que chez nous on appelait le freudo marxisme tu sais, idéologie du désir et toutes ces conneries. Cela a donné le moment où les philosophes français sont devenus fous, tu sais, avec l’anti Oedique, les dispositifs pulsionnels. En fait cette révolution délirante s’est passée dans la haute philosophie en France dans les années 60 70 et puis elle est devenue une idéologie de masse aux États-Unis avec la cancel culture dans cette dernière décennie.» Alain Soral.

Alain Soral mélange et ne comprend pas les concepts qu’il aborde dans cette vidéo et nous allons l’analyser ci-dessous.

Il semble effectivement qu’il utilise le terme marxisme culturel de manière peu orthodoxe et qu’il le confond avec d’autres courants idéologiques ou philosophiques.
Voici une réflexion:

1. Marxisme culturel comme terme impropre et antimarxisme:

Soral rejette l’étiquette marxisme culturel comme étant mal appliquée, suggérant qu’elle désigne en réalité un antimarxisme.

Cela pourrait refléter son point de vue selon lequel ce qu’on appelle marxiste culturel aux États-Unis (souvent lié à l’École de Francfort ou à des critiques conservatrices) s’écarte des principes marxistes originaux, centrés sur la lutte des classes et les rapports de production.

Cependant, l’usage de l’expression marxisme culturel chez Soral reste confus car le marxisme culturel n’est pas un concept marxiste autoproclamé, mais une expression popularisée par des critiques (notamment d’extrême droite) pour décrire une influence de la pensée marxiste sur la culture via des figures comme Adorno ou Marcuse.

Soral semble ignorer cette origine et la réinterpréter à sa manière.

2. Confusion avec le freudo-marxisme :

En liant le marxisme culturel au freudo-marxisme (une synthèse entre les idées de Marx et de Freud, notamment via Wilhelm Reich ou Herbert Marcuse), Soral fait un amalgame.

Le freudo-marxisme explore les pulsions et le désir comme facteurs sociaux, mais il n’est pas équivalent au marxisme culturel tel que défini par ses détracteurs.

Soral semble y voir une idéologie décadente (« toutes ces conneries »), ce qui reflète sa critique habituelle des mouvements progressistes, mais cela montre aussi une méconnaissance des nuances théoriques entre ces courants.

3. Les philosophes français des années 60-70 et l’anti-œdipe :

Sa référence aux « philosophes français devenus fous » avec l' »anti-œdipe » et les « dispositifs pulsionnels » pointe vers des figures comme Gilles Deleuze et Félix Guattari, auteurs de « L’anti-Œdipe » (1972).

Ce texte, influencé par Freud mais critique de la psychanalyse traditionnelle s’inspire aussi de Marx pour analyser le capitalisme comme une machine délirante.

Cependant réduire le marxisme culturel à une « révolution délirante » trahit une simplification car Deleuze et Guattari ne s’inscrivent pas dans le marxisme culturel au sens américain, mais dans un courant post-structuraliste français.

Soral semble projeter sur eux une continuité avec ses propres critiques, sans saisir leur cadre.

4. Exportation aux États-Unis et cancel culture :

L’idée que cette « idéologie » serait devenue une « idéologie de masse » aux États-Unis avec la « cancel culture » dans la dernière décennie (soit les années 2010-2020) montre une autre distorsion.

La cancel culture, phénomène social amplifié par les réseaux sociaux, est liée à des dynamiques identitaires et progressistes, mais elle n’a pas de lien direct avec le freudo-marxisme ou les philosophes français des années 60-70.

Soral semble ici reprendre une narrative conservatrice américaine qui associe toute critique culturelle à un complot marxiste, sans preuves solides.

Soral ne maîtrise pas pleinement les concepts qu’il évoque.
Son discours mélange des éléments hétérogènes (freudo-marxisme, post-structuralisme français, cancel culture) sans les articuler de manière cohérente, ce qui donne l’impression d’une critique intuitive plutôt que d’une analyse rigoureuse.
Cela pourrait être dû à son style polémique, qui privilégie l’impact émotionnel sur la précision intellectuelle.

Il semble projeter ses propres obsessions (rejet du libéralisme culturel, critique des élites) sur des termes qu’il utilise de façon approximative.

Cela dit, sa déclaration reflète une vision personnelle où il perçoit une dérive de la pensée critique (qu’il associe à un antimarxisme) comme responsable des transformations sociales qu’il dénonce, sans pour autant s’appuyer sur une compréhension académique des sources qu’il cite.

Quand les Bits tuent plus que les balles: exemples de stratégies numériques militaires. Par Xavier Azalbert & Antoine Bachelin Sena.

Résumé : les conflits modernes ne se limitent plus aux champs de bataille physiques. Les cyberattaques, combinées à des campagnes d’influence et à des technologies comme les drones, redéfinissent la souveraineté et la sécurité nationale. Ces stratégies, souvent invisibles, exploitent les vulnérabilités des sociétés hyperconnectées, avec des impacts économiques, sociaux, et humains majeurs.

Alors quand les bits redéfinissent la guerre, les stratégies numériques militaires doivent être explorées avec des cas documentés de guerres hybrides, leurs mécanismes techniques explorés, leurs conséquences évalués, et les contours d’une doctrine numérique adéquate évoquée.

Article disponible aussi sur France Soir ici,
Contexte Historique

Les cyberconflits émergent dès les années 1980 avec des virus comme Brain (1986), mais c’est Stuxnet (2010), une cyberarme américano-israélienne ciblant les centrifugeuses iraniennes, qui marque un tournant. Ce malware, découvert par Kaspersky Lab, a démontré la capacité des cyberattaques à causer des dommages physiques (destruction de 1 000 centrifugeuses) sans recours à la force conventionnelle (Kaspersky Lab, 2010). Depuis, les guerres hybrides, combinant cyberattaques, désinformation, et opérations physiques, se sont multipliées, impliquant des acteurs étatiques (Russie, Chine), non étatiques (Wagner, hacktivistes), et émergents (Turquie, Corée du Nord).

Cet article examine cinq cas emblématiques pour illustrer ces dynamiques.

Cas d’étude1. Estonie 2007 : le premier cyber-Choc

En avril 2007, l’Estonie subit une série d’attaques par déni de service distribué (DDoS) après avoir déplacé une statue soviétique à Tallinn. Les banques, médias, et sites gouvernementaux sont paralysés pendant trois semaines, avec des pertes économiques estimées à 1,2 milliard d’euros (Rapport OTAN, 2019). Une campagne de désinformation, orchestrée via des forums locaux, exacerbe les tensions ethniques, tandis que des manifestations pro-russes dégénèrent en émeutes. Un rapport déclassifié de l’OTAN attribue l’opération au GRU russe, mobilisant des botnets pour un coût estimé à 100 000 dollars (NATO CCDCOE, 2019).

  • Impact humain : la population estonienne, dépendante des services numériques (e-gouvernance), subit une perte de confiance dans l’État.
  • Contre-mesures : l’Estonie crée le NATO Cooperative Cyber Defence Centre of Excellence (CCDCOE) en 2008, devenant un modèle de résilience cybernétique (NATO, 2020).

Ukraine 2015 : une attaque sur les infrastructures critiques, le cyber Pearl Harbour

En décembre 2015, le groupe Sandworm, lié au FSB russe, orchestre une cyberattaque contre le réseau énergétique ukrainien. Le malware BlackEnergy coupe l’électricité à 230 000 foyers pendant six heures en plein hiver. Les attaquants, ayant infiltré les systèmes SCADA via des courriels de phishing, désactivent les disjoncteurs et effacent les données pour retarder la récupération (Dragos, 2017). Les pertes s’élèvent à 700 millions de dollars (ENISA, 2020).

  • Impact humain : les coupures d’électricité aggravent les conditions de vie, provoquant des hospitalisations liées au froid.
  • Contre-mesures : l’Ukraine renforce ses défenses avec l’aide de l’OTAN, formant 5 000 cyberdéfenseurs d’ici 2020 (Cybersecurity Capacity Portal, 2021).

NotPetya 2017 : une cyberarme aux effets mondiaux

En juin 2017, le malware NotPetya, attribué à la Russie, infecte un logiciel comptable ukrainien, se propageant à des entreprises mondiales (Maersk, Merck, FedEx). Ce wiper, conçu pour détruire les données, paralyse 45 000 ordinateurs chez Maersk en sept minutes, causant 10 milliards de dollars de dégâts globaux (Wikipedia). Une vulnérabilité zero-day Windows, acquise pour 2 millions de dollars, est exploitée (NSA, 2020).

  • Impact humain : les perturbations logistiques (ex. : ports de Rotterdam) affectent les chaînes d’approvisionnement, retardant des livraisons médicales critiques.
  • Contre-mesures : Microsoft neutralise la vulnérabilité via un patch urgent, et Five Eyes partage des renseignements pour identifier les serveurs russes (Microsoft, 2017).

Aramco 2019 : Une opération hybride et leçon d’asymétrie

En septembre 2019, les installations pétrolières saoudiennes d’Aramco sont frappées par une attaque combinant drones low-cost (15 000 dollars pièce), missiles de croisière, et une tentative de cyberattaque par le groupe APT33, lié à l’Iran. Les systèmes de défense antiaérienne sont ciblés via une faille dans le réseau informatique non sécurisé (CrowdStrike, 2020). Les pertes s’élèvent à 2 milliards de dollars, avec une hausse de 15 % du prix du baril (IEA, 2019).

  • Impact humain : la panique sur les marchés aggrave l’insécurité énergétique dans les pays dépendants du pétrole.
  • Contre-mesures : Aramco investit 1 milliard de dollars en cybersécurité post-attaque, adoptant les normes ISO 27001 (Aramco Annual Report, 2020).

Mali 2022 : Wagner et la guerre hybride avec l’ombre russe

En 2022, le groupe Wagner, affilié à la Russie, orchestre une campagne hybride au Mali. Des cyberattaques DDoS désactivent le site du ministère de la Défense pendant 48 heures, tandis que des pages Facebook financées par des proxys russes diffusent des vidéos accusant les forces françaises de Barkhane d’atrocités (ISS, 2023). Ces actions contribuent au retrait français.

  • Impact humain : les campagnes de désinformation exacerbent les tensions communautaires, alimentant la violence interethnique.
  • Contre-mesures : le Mali collabore avec l’Union africaine pour former 200 cyberdéfenseurs en 2023 (AU Cybersecurity Report, 2024).
Mécanismes Techniques

Les cyberattaques reposent sur :

  • Des vulnérabilités « zero-day » : vulnérabilité informatique n’ayant fait l’objet d’aucune publication et n’ayant aucun correctif connu, des failles inconnues, comme dans NotPetya, vendues jusqu’à 5 millions de dollars sur le dark web (Zerodium, 2021).
  • Des attaques de la supply-chain : compromission de logiciels tiers, comme SolarWinds (2020), affectant 18 000 organisations (EGE, 2021).
  • Botnets : des réseaux d’appareils infectés, comme Mirai (2016), générant 1,2 Tbps de trafic DDoS (Cloudflare, 2016).
  • Guerre psychologique : amplification de narratifs via les réseaux sociaux, comme les 2 millions de tweets russes lors de l’élection française de 2017 (EUvsDisinfo2018).
Impacts : des milliards en pertes, des vies en péril

Dans un monde hyperconnecté, les cyberattaques ne se contentent plus de pirater des données : elles paralysent des économies, plongent des populations dans le noir et sèment la méfiance. De l’Ukraine à l’Arabie saoudite, les « bits » redéfinissent la guerre, avec des conséquences bien réelles. Voici comment ces conflits invisibles bouleversent nos sociétés – et ce que nous pouvons faire pour y répondre.

Les cyberattaques coûtent cher, très cher. Selon Cybersecurity Ventures, elles drainent 6 trillions de dollars par an à l’économie mondiale, soit plus que le PIB de la France. L’attaque NotPetya de 2017, partie d’Ukraine, a paralysé des géants comme Maersk et Merck, causant 10 milliards de dollars de dégâts en quelques heures. Ports bloqués, livraisons médicales retardées : les dommages ne sont pas que financiers.

En Ukraine, en 2015, 230 000 foyers ont perdu l’électricité en plein hiver, victimes du malware BlackEnergy. « On n’avait ni chauffage ni lumière, et les hôpitaux étaient débordés », témoigne un habitant de Kiev cité dans un rapport de l’ENISA. Au Mali, en 2022, des vidéos truquées diffusées par le groupe Wagner sur Facebook ont attisé les tensions ethniques, contribuant à des violences communautaires. Ces attaques ne tuent pas directement, mais elles fragilisent les sociétés, exacerbant la pauvreté et l’insécurité.

La confiance, première victime

Quand les services numériques s’effondrent, la foi dans les institutions vacille. En Estonie, en 2007, une vague de cyberattaques a paralysé banques et sites gouvernementaux pendant trois semaines, coûtant 1,2 milliard d’euros. Dans ce pays pionnier de l’e-gouvernance, les citoyens ont vu leur quotidien bouleversé, remettant en question la fiabilité de l’État. « On s’est sentis vulnérables, comme si tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain », confie un fonctionnaire estonien au NATO CCDCOE.

Cette érosion de la confiance alimente les divisions. Au Mali, les campagnes de désinformation de Wagner ont exacerbé les tensions postcoloniales, précipitant le retrait des forces françaises. Ces manipulations, souvent amplifiées sur les réseaux sociaux, transforment l’information en arme.

Des rivalités géopolitiques amplifiées

Les cyberattaques ne se contentent pas de frapper localement : elles attisent les conflits mondiaux. L’attaque contre les installations pétrolières d’Aramco en 2019, attribuée à l’Iran, a fait grimper le prix du pétrole de 15 % en quelques jours, touchant les consommateurs du monde entier. Cette opération hybride, mêlant drones et piratage informatique, a révélé la capacité de puissances comme l’Iran à déstabiliser des adversaires sans engager de troupes.

Ces tensions s’inscrivent dans des rivalités plus larges. La Russie, avec son attaque NotPetya, visait initialement l’Ukraine mais a perturbé des chaînes d’approvisionnement mondiales. Ces « dommages collatéraux » montrent que personne n’est à l’abri dans un monde interconnecté.

Les obstacles : pourquoi sommes-nous vulnérables ?

Des armées mal préparées : les armées occidentales peinent à suivre. La France consacre seulement 10 % de son budget défense à la cybersécurité, contre 20 % pour la Chine, selon l’IFRI. Pendant ce temps, la Corée du Nord, avec ses 6 000 hackers du Bureau 121, rivalise avec des puissances bien plus riches. « Nous sommes en retard, et nos doctrines privilégient encore les chars aux algorithmes », alerte un expert de l’ANSSI.

Une chaîne d’approvisionnement fragile : les semi-conducteurs, cœur des technologies modernes, viennent à 80 % de Taïwan, une vulnérabilité stratégique majeure (CSIS, 2025). En 2011, l’Iran a piraté un drone américain MQ-9 Reaper via une attaque de GPS spoofing, prouvant que même les équipements les plus avancés restent fragiles.

Une pénurie de talents : les cyber combattants français gagnent 40 000 euros par an, trois fois moins que dans le privé, selon l’ANSSI. Recruter des hackers est un défi : un programme britannique de 2023 a vu 80 % des candidats refuser les contraintes militaires. « Les armées rebutent les génies du code », déplore un recruteur.

Un vide juridique : le droit international est dépassé. L’attaque NotPetya n’a entraîné aucune sanction, faute de cadre légal clair. Le Paris Call de 2018, soutenu par la France, reste ignoré par la Russie et la Chine, rendant la « paix numérique » illusoire.

Vers une défense numérique : cinq solutions concrètes

Pour contrer ces menaces, il faut agir vite et intelligemment. Voici cinq pistes pour un avenir plus sûr :

  • Fusionner les champs de bataille : intégrer cyber, espace et terrain, comme le fait le Commandement de l’Espace français. Des satellites offensifs pourraient neutraliser les réseaux ennemis avant qu’ils ne frappent.
  • Investir dans l’avenir : l’intelligence artificielle, comme le programme GARD de DARPA (détection des attaques en 0,3 seconde), et la cryptographie quantique, testée par la Chine, sont des priorités. La France doit suivre.
  • Attirer les talents : inspirons-nous d’Israël, où l’unité 8200 forme 1 000 cyber combattants par an. Des primes et des formations dans des écoles comme l’EPITA pourraient séduire les hackers.
  • Renforcer la résilience : la Finlande protège 90 % de ses réseaux grâce aux normes ISO 27001. La France pourrait former ses citoyens, comme la Suède, où 70 % des écoliers apprennent à repérer la désinformation.
  • Négocier une trêve numérique : renforcer le Paris Call et les coalitions comme Five Eyes peut limiter les cyberattaques. Le partage de renseignements a déjà neutralisé des serveurs russes en 2017.
Un défi éthique et humain

Les cyberattaques soulèvent des questions morales. Couper l’électricité à des civils, comme en Ukraine, ou perturber des hôpitaux, comme avec NotPetya, viole-t-il le droit humanitaire ? « Nous devons fixer des limites, sinon la guerre numérique deviendra incontrôlable », avertit le Comité international de la Croix-Rouge. Les citoyens, eux, ont un rôle à jouer : en s’éduquant contre la désinformation, ils deviennent les premiers défenseurs de la vérité.

L’émergence de nouveaux acteurs

Les cyberattaques ne sont plus l’apanage des grandes puissances. La Turquie, avec son Cyber Command créé en 2021, investit massivement dans des capacités offensives, tandis que la Corée du Nord, via son Bureau 121 et ses 6 000 hackers, rivalise avec des nations bien plus riches. Même des groupes non étatiques entrent dans la danse : en 2022, le collectif hacktiviste Anonymous a fuité 800 Go de données russes pour protester contre l’invasion de l’Ukraine.

« Tout le monde peut devenir un acteur dans ce champ de bataille numérique », explique un analyste de Recorded Future. Ces nouveaux joueurs compliquent la donne, rendant la cybersécurité plus imprévisible que jamais.

À quoi ressemblera la guerre de demain ?

D’ici 2035, l’intelligence artificielle (IA) pourrait transformer les conflits. Des deepfakes ultra-réalistes, capables de manipuler l’opinion publique en quelques clics, inquiètent déjà les experts. Les objets connectés (IoT), comme les thermostats ou les caméras domestiques, pourraient être détournés pour créer des botnets massifs, amplifiant les attaques comme celle de Mirai en 2016, qui a généré 1,2 Tbps de trafic. « Imaginez une ville entière paralysée par ses propres appareils », avertit un expert de CCDCOE. Les armes autonomes, drones ou robots, soulèvent aussi des questions : qui sera responsable si une IA déclenche une attaque incontrôlée ?

Pour rester en tête, les nations doivent investir dès maintenant. L’IA défensive, comme le programme GARD de DARPA, détecte les menaces en 0,3 seconde. La cryptographie quantique, testée par la Chine avec le satellite Micius, promet des communications inviolables. Mais ces technologies coûtent cher, et des pays comme la France, avec seulement 200 opérateurs hybrides, risquent de se laisser distancer.

Un combat collectif

Face à ces menaces, la réponse ne peut pas reposer uniquement sur les armées. Les citoyens ont un rôle clé. En Suède, 70 % des écoliers apprennent à repérer les fake news, une initiative que la France pourrait imiter. « Si on ne forme pas les gens, la désinformation gagne », insiste un expert de l’ANSSI. Pour garantir une approche neutre, des ateliers indépendants, libres de toute influence étatique ou idéologique, devraient être privilégiés afin d’éviter que l’État ne façonne l’enseignement selon ses propres intérêts.

Les entreprises privées, comme Microsoft, qui a neutralisé des botnets russes en 2022, sont aussi des alliés précieux. Mais cela exige une coopération inédite entre gouvernements, entreprises, et citoyens.

Sur le plan international, des coalitions comme Five Eyes (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) partagent déjà des renseignements pour contrer les cyberattaques. Le Paris Call, lancé par la France en 2018, cherche à établir des règles pour le cyberespace, mais sans la Russie ni la Chine, son impact reste limité. « C’est comme une table de négociation à moitié vide », ironise un diplomate.

Un conflit récent : la cyber-guerre Israël-Iran de juin 2025

Le conflit de 12 jours entre Israël et l’Iran, déclenché le 13 juin 2025 par des frappes israéliennes sur des sites nucléaires iraniens, a illustré la montée en puissance des cyberarmes. Alors qu’Israël déployait des drones et des missiles dans l’opération « Rising Lion », des groupes pro-israéliens comme Predatory Sparrow revendiquaient des cyberattaques dévastatrices, paralysant la banque Sepah et dérobant potentiellement 90 millions de dollars à l’échange crypto iranien Nobitex.

De son côté, l’Iran a riposté avec des salves de missiles et des tentatives de piratage contre des entreprises américaines et israéliennes, notamment via des campagnes de désinformation visant la campagne électorale de Donald Trump. Malgré un cessez-le-feu fragile, plus de 600 revendications d’attaques ont inondé Telegram en 15 jours, montrant que la guerre numérique ne s’arrête pas aux trêves. « Ces cyberopérations sont un prolongement du conflit, avec l’avantage de l’anonymat », explique un expert militaire en cyber opérations. Ce nouvel épisode souligne l’urgence d’une défense numérique robuste face à des menaces toujours plus sophistiquées, « la guerre entre Israël et l’Iran était un test de la domination technologique » écrit le Times of Israël.

La vérité comme rempart

Des pannes d’électricité en Ukraine aux ports bloqués par NotPetya, les cyberattaques redessinent la guerre. Le récent conflit de juin 2025 entre Israël et l’Iran en est la preuve : alors qu’Israël frappait des sites nucléaires, des hackers pro-israéliens paralysaient des banques iraniennes, tandis que Téhéran ripostait par des cyberattaques et des campagnes de désinformation visant la campagne de Trump. Malgré un cessez-le-feu, la guerre numérique se poursuit, avec 600 revendications d’attaques sur Telegram en 15 jours.

Ces conflits fracturent les sociétés, attisent les rivalités et menacent nos libertés. Pourtant, ils sont aussi une opportunité. En formant des cyberdéfenseurs, en sécurisant nos réseaux, et en éduquant les citoyens, nous pouvons bâtir un monde plus résilient.

La France, avec ses 200 opérateurs hybrides, doit accélérer la cadence pour ne pas se laisser dépasser. Dans cette guerre invisible, la vérité et la vigilance sont nos meilleures armes.

Pour plus d’information lire le rapport d’information de la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées.

Pourquoi la forteresse institutionnelle du système électoral français bloque-t-elle l’émergence d’outsiders ?

En France, le système électoral et politique tourne en circuit fermé. 

Dans d’autres pays des figures disruptives ont réussi à percer en défiant l’establishment et en s’attaquant à ce que certains appellent le « deep state », mais la France peine à produire des leaders de ce type. 

Les mêmes noms, les mêmes familles politiques et les mêmes profils – souvent des élites diplômées, des technocrates ou des « vieux aux cheveux blancs » – dominent le paysage politique depuis des décennies. 

Pourquoi ? 

Quels mécanismes structurels, culturels et institutionnels bloquent l’émergence d’outsiders en France ? 

Cet article explore en profondeur les raisons de cette stagnation, en s’appuyant sur une analyse des dynamiques électorales, des barrières institutionnelles, des facteurs socioculturels et des défis propres à la critique du « deep state » dans le contexte français.

Le système électoral français : une forteresse institutionnelle.

Le système électoral français, particulièrement pour l’élection présidentielle, est conçu de manière à filtrer les candidatures et à privilégier les acteurs établis. 

Voici les principaux mécanismes qui contribuent à ce verrouillage :

Les 500 parrainages : un obstacle majeur pour les outsiders.

Pour se présenter à l’élection présidentielle, un candidat doit recueillir 500 parrainages d’élus (maires, conseillers régionaux, départementaux, etc.). 

Ce système, instauré en 1962, vise à limiter le nombre de candidatures « farfelues », mais il constitue une barrière significative pour les outsiders. 

Les élus, souvent affiliés à des partis traditionnels (Les Républicains, Parti socialiste, etc.), sont réticents à parrainer des candidats non conventionnels, par peur de représailles politiques ou par fidélité partisane. 

En 1981, des figures d’extrême droite comme Jean-Louis Tixier-Vignancour ou Jean-Marie Le Pen ont échoué à obtenir ces parrainages, illustrant la difficulté pour des candidats hors système de franchir ce cap.

Des figures qui s’appuient sur un discours anti-élite et une mobilisation populaire, auraient du mal à convaincre des élus locaux, souvent intégrés dans des réseaux politiques établis, de leur apporter un soutien. 

Ce filtre institutionnel favorise les candidats issus de partis structurés, qui disposent de réseaux d’élus bien implantés.

Le scrutin majoritaire à deux tours : un frein à la disruption.

Le scrutin majoritaire à deux tours, utilisé pour les élections présidentielles et législatives, renforce la domination des partis traditionnels. 

Contrairement à un scrutin proportionnel, qui permettrait à des mouvements émergents de gagner des sièges avec un pourcentage modeste de voix, le système majoritaire favorise les coalitions et les partis ayant une forte implantation nationale. 

Les candidats outsiders, même s’ils mobilisent une base électorale importante, peinent à atteindre le second tour, car les électeurs, par stratégie, se tournent vers des « candidats sérieux » pour éviter un vote « perdu ». 

Ce phénomène, appelé « vote utile », marginalise les figures disruptives.

Par exemple, en 2002, Jean-Marie Le Pen a créé la surprise en accédant au second tour de la présidentielle, mais cet événement reste une exception. 

La bipolarisation implicite du système (gauche contre droite, puis centre contre extrêmes) étouffe les candidatures atypiques. 

Un outsider aurait du mal à fédérer un électorat suffisant dans un système où les électeurs se concentrent sur les favoris.

Le financement des campagnes : un avantage pour les insiders.

Le financement des campagnes électorales en France est strictement encadré. 

Les candidats doivent s’appuyer sur des dons privés limités (plafond de 4 600 € par personne) et sur un remboursement public basé sur leurs résultats électoraux (au moins 5 % des voix au premier tour pour un remboursement partiel). 

Les partis établis, qui disposent de ressources financières importantes et d’un historique électoral, partent avec un avantage considérable. 

Les outsiders, souvent dépourvus de structures partisanes solides, peinent à lever les fonds nécessaires pour mener une campagne d’envergure nationale.

En France, où les médias traditionnels jouent encore un rôle central, un contournement par l’utilisation massive des réseaux sociaux est plus difficile que dans d’autres pays. 

De plus, les plafonds de dépenses électorales (environ 16,8 millions d’euros pour le premier tour) limitent la capacité des outsiders à compenser leur manque de notoriété par des campagnes coûteuses.

La mainmise des élites et la culture politique française.

Au-delà des mécanismes électoraux, la culture politique française joue un rôle clé dans le blocage des outsiders. 

Contrairement à d’autres pays où des figures populistes ont su capitaliser sur la frustration populaire, la France possède une culture politique centralisée et élitiste qui décourage les candidatures disruptives.

L’ENA et la technocratie : une caste au pouvoir.

La France est marquée par une forte tradition technocratique, incarnée par l’École nationale d’administration (ENA, remplacée par l’Institut national du service public en 2022). 

De nombreux présidents, premiers ministres et hauts fonctionnaires sont issus de cette filière, qui forme une élite homogène et déconnectée des réalités populaires. 

Emmanuel Macron, lui-même énarque, incarne cette continuité. 

Cette « caste » contrôle les leviers du pouvoir et favorise des profils similaires, marginalisant les candidats qui ne correspondent pas à ce moule.

Un outsider serait perçu comme trop « exotique » dans un système où la légitimité politique repose sur des diplômes prestigieux et une rhétorique policée. 

Cette culture élitiste limite l’émergence de figures populistes capables de galvaniser les masses par un discours anti-système.

La méfiance envers le populisme.

En France, le terme « populisme » est souvent utilisé de manière péjorative, associé à la démagogie ou à l’extrémisme. 

Contrairement à l’Amérique latine, où le populisme a pu être perçu positivement comme une mobilisation des classes populaires contre les élites, en France, il est discrédité par les médias et les intellectuels. 

Cette stigmatisation rend difficile l’émergence d’outsider qui se présente comme un homme du peuple contre les « élites corrompues ». 

Les candidats qui adoptent un discours anti-élite sont souvent marginalisés par l’establishment médiatique et politique, qui les accuse de menacer la démocratie.

L’homogénéité des partis traditionnels.

Les partis politiques français, même ceux d’extrême droite ou d’extrême gauche, sont souvent dirigés par des figures issues de l’establishment. 

Le Rassemblement national, par exemple, malgré son discours anti-système, est devenu une institution en soi, avec une dynastie familiale (les Le Pen) à sa tête. 

De même, La France insoumise repose sur des cadres politiques aguerris comme Mélenchon, qui a une longue carrière derrière lui. 

Cette homogénéité contraste avec des figures d’autres pays sortant des structures partisanes traditionnelles grâce au charisme et à l’utilisation des médias numériques.

Le rôle du « deep state » et la difficulté de le critiquer.

Le concept de « deep state » (État profond), popularisé aux États-Unis par Trump et ses partisans, désigne une supposée hiérarchie parallèle de fonctionnaires, d’élites et d’institutions qui influencent les décisions politiques en coulisses. 

En France, ce concept est moins utilisé, mais il existe des parallèles avec la haute fonction publique et les réseaux d’influence technocratiques. 

Cependant, plusieurs facteurs rendent difficile l’émergence d’un discours anti-« deep state » en France.

La légitimité de l’État centralisé.

Contrairement aux États-Unis, où l’État fédéral est souvent perçu comme une entité distante, la France a une longue tradition d’État centralisé, perçu comme garant de l’intérêt général. Critiquer l’État ou ses institutions, comme le Conseil d’État ou la haute administration, est souvent vu comme une atteinte à la République elle-même. 

Un discours à la Trump, accusant les institutions d’être corrompues ou manipulées par un « deep state », aurait peu de résonance auprès d’un électorat habitué à vénérer l’État.

La faiblesse des réseaux sociaux comme outil de mobilisation.

En France, bien que les réseaux sociaux jouent un rôle croissant, les médias traditionnels (télévision, presse écrite) restent prédominants dans la formation de l’opinion publique. 

Les candidats outsiders, qui manquent souvent d’accès à ces canaux, peinent à atteindre une audience nationale. 

De plus, la régulation stricte des temps de parole pendant les campagnes électorales limite leur visibilité.

La fragmentation de l’électorat anti-système.

L’électorat français anti-système est divisé entre l’extrême droite (Rassemblement national), l’extrême gauche (La France insoumise) et d’autres mouvements plus marginaux. 

Cette fragmentation empêche l’émergence d’un leader unificateur capable de fédérer les mécontentements. 

De plus, la méfiance envers les institutions est souvent exprimée par l’abstention plutôt que par un vote pour un outsider. 

En 2022, l’abstention a atteint des niveaux records, avec 45 % des électeurs s’étant abstenus à certaines élections, signe d’une crise de la représentation, mais sans traduction en un mouvement populiste unifié.

Le vieillissement politique et la domination des « familles traditionnelles ».

L’une des critiques récurrentes en France est la persistance des mêmes « familles politiques » et des mêmes figures, souvent âgées, au pouvoir. 

Ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs.

La longévité des carrières politiques.

En France, les carrières politiques sont longues, et les élus cumulent souvent plusieurs mandats (maire, député, sénateur). 

Cette longévité renforce la domination des « vieux aux cheveux blancs » et limite le renouvellement. 

Contrairement à Milei, qui a émergé rapidement grâce à son discours radical, les jeunes leaders français peinent à s’imposer face à des figures établies comme Le Pen, Mélenchon ou Macron.

Le conservatisme électoral.

L’électorat français, particulièrement dans les zones rurales et périurbaines, privilégie souvent la stabilité et la continuité. 

Les partis traditionnels, même en perte de vitesse, conservent une base électorale fidèle, notamment parmi les électeurs âgés. 

Les figures d’outsiders trouvent moins d’écho en France, où l’électorat est plus conservateur dans ses choix.

L’absence de mobilisation autour des « valeurs traditionnelles ».

En France, les thématiques comme la famille, la religion ou le patriotisme sont moins prégnantes que dans d’autres pays. 

De plus, les débats sur les « valeurs traditionnelles » sont souvent absorbés par le Rassemblement national, qui peine toutefois à dépasser son image d’extrême droite pour séduire un électorat plus large.

Perspectives : un changement possible ?

Pour qu’un outsider émerge en France, plusieurs conditions devraient être réunies :

  • Une réforme électorale : un assouplissement des règles sur les parrainages ou une adoption partielle du scrutin proportionnel pourrait faciliter l’émergence de nouveaux acteurs.
  • Une mobilisation numérique : un outsider français devrait investir massivement dans les réseaux sociaux pour contourner les médias traditionnels.
  • Un discours fédérateur : un leader capable de rassembler les mécontentements de l’extrême droite, de l’extrême gauche et des abstentionnistes pourrait percer, à condition de dépasser les clivages traditionnels.
  • Une crise majeure : Comme en Argentine avec l’hyperinflation ou au Brésil avec la corruption, une crise profonde pourrait pousser l’électorat à se tourner vers un outsider.

Conclusion:

Le système électoral français, avec ses parrainages, son scrutin majoritaire et son financement encadré, constitue une forteresse qui protège les élites établies et freine l’émergence d’outsiders. 

À cela s’ajoutent une culture politique élitiste, une méfiance envers le populisme et une fragmentation de l’électorat anti-système. 

Contrairement à Milei, Trump ou Bolsonaro, qui ont su capitaliser sur des contextes de crise et des outils numériques, les candidats disruptifs en France se heurtent à des barrières institutionnelles et culturelles. 

Tant que ces mécanismes perdureront, la France continuera de voir les mêmes « familles » et « vieux aux cheveux blancs » dominer la scène politique, au détriment d’un renouvellement radical. 

Pour que cela change, il faudrait une conjonction de réformes, de crises et de leadership charismatique capable de briser ce carcan.

Lectures complémentaires ::  

Conseil constitutionnel, « Abstention : défaillance citoyenne ou expression démocratique ? »  

Conseil constitutionnel, « Les effets des réseaux sociaux dans les campagnes électorales américaines »  

Le futur du libéralisme, par Patrick Deneen.

Le libéralisme, dans sa forme contemporaine, est à la croisée des chemins. 

Alors que l’Occident célèbre encore les triomphes de la Guerre froide, où la diplomatie et la défense des valeurs de liberté ont prévalu contre l’idéologie communiste, une nouvelle menace émerge : celle d’un libéralisme devenu lui-même révolutionnaire, porteur d’un programme culturel et économique qui ébranle les fondations de nos sociétés. 

Dans son ouvrage Regime Change : Vers un futur post-libéral, Patrick Deneen, professeur de sciences politiques à l’Université Notre-Dame, propose une réflexion audacieuse sur cette crise et appelle à un retour à un ordre politique et social plus équilibré, inspiré par les traditions classiques et par une sensibilité conservatrice ancrée dans le bien commun.

Une crise du libéralisme moderne

Le libéralisme a promis la liberté individuelle et le progrès constant comme moteurs d’une société meilleure. 

Cependant, Deneen argue que cette vision a engendré une instabilité chronique, rompant avec l’idéal classique d’une constitution mixte, tel que défendu par Aristote. Selon ce dernier, un régime politique équilibré repose sur une harmonie entre les « nombreux » (le peuple) et les « peu nombreux » (les élites), où les vertus de chacun contrebalancent les vices de l’autre. 

Le libéralisme moderne, en revanche, privilégie une dynamique de transformation incessante, où le changement rapide devient une fin en soi, souvent au détriment des communautés et des traditions qui assurent la stabilité sociale.

Cette obsession du progrès a conduit à une double révolution : économique et culturelle. Sur le plan économique, le néolibéralisme, adopté tant par la droite que par la gauche, a promu une mondialisation effrénée, l’externalisation des industries, la financiarisation de l’économie et l’élimination des frontières, au profit d’une élite globalisée. 

Les classes populaires, en particulier dans les régions industrielles comme le Rust Belt américain ou les anciennes zones minières françaises, ont été les premières victimes de cette dislocation. 

Sur le plan culturel, le libéralisme a cherché à démanteler les normes traditionnelles, des lois sur la décence aux institutions familiales, au nom d’une liberté individuelle sans entraves. 

Le résultat, comme le souligne Deneen, est une société atomisée, où la solitude et l’anomie prospèrent, et où les institutions qui autrefois structuraient la vie communautaire – famille, église, associations locales – s’effritent.

La résurgence du populisme : un cri pour l’ordre.

Face à ce désordre, une réaction populaire émerge, souvent mal comprise par les élites. Le populisme, qu’il s’exprime à travers le Brexit, l’élection de Donald Trump ou la montée de figures comme Giorgia Meloni en Italie, n’est pas une aberration historique, mais une réponse naturelle à l’instabilité engendrée par le libéralisme. 

Deneen y voit une demande inarticulée, mais puissante, pour un retour à l’ordre, à la stabilité et à l’équilibre. Ce mouvement n’est pas intrinsèquement « de droite », comme le montrent les politiques de réindustrialisation ou de soutien aux travailleurs défendues par certains populistes, qui rappellent davantage les combats traditionnels de la gauche.

Pour comprendre cette dynamique, il faut revenir à Aristote, qui identifiait dans toute société une tension entre les « nombreux » et les « peu nombreux ». 

  • Les premiers, proches de la terre, incarnent des vertus de simplicité, de travail manuel et de mémoire collective, mais peuvent être vulnérables à la manipulation par des démagogues. 
  • Les seconds, dotés de loisirs, d’éducation et de raffinement, tendent à dominer par leur contrôle des institutions, mais risquent de sombrer dans l’élitisme cognitif et le mépris des masses. 

Une constitution mixte, selon Aristote, cherche à canaliser ces forces opposées pour créer un ordre politique vertueux, où les excès des uns sont tempérés par les qualités des autres.

Vers une constitution mixte moderne

Deneen ne propose pas un retour nostalgique à une époque révolue, mais une réimagination de cette constitution mixte pour le XXIe siècle. 

Il s’agit de restaurer un équilibre entre les élites et le peuple, en recentrant la politique sur le bien commun. Cela implique de repenser les institutions pour qu’elles servent non pas les intérêts d’une élite globalisée, mais ceux des communautés locales. 

Parmi les idées audacieuses avancées par Deneen, citons la décentralisation des institutions gouvernementales, en les éloignant des capitales cosmopolites pour les rapprocher des régions négligées, comme le propose son idée de déplacer les départements fédéraux américains vers le Rust Belt.

Sur le plan culturel, il appelle à réhabiliter les normes qui soutiennent la formation de familles solides et des communautés enracinées. 

Cela ne signifie pas un retour à un patriarcat rigide ou à l’exclusion des marges, mais une reconnaissance que la liberté individuelle, lorsqu’elle est poussée à l’extrême, peut dissoudre les liens qui donnent un sens à la vie. 

Comme l’a observé Alexis de Tocqueville dans les années 1830, l’Amérique a su combiner la liberté et la religion, permettant aux citoyens de s’autolimiter par des normes morales et communautaires, évitant ainsi la tyrannie ou le chaos.

Défis et perspectives.

Un des défis majeurs d’un tel projet est d’éviter que le « changement de régime » ne remplace simplement une élite autoproclamée par une autre, tout aussi intéressée. Deneen insiste sur la nécessité de former une nouvelle élite, orientée vers le bien commun et non vers ses propres privilèges. 

Cela passe par une éducation qui valorise non seulement les savoirs académiques, mais aussi les compétences pratiques, comme apprendre un métier, pour ancrer les élites dans la réalité du travail et des limites humaines.

En France, ces idées résonnent avec les débats sur la fracture territoriale et sociale, où des régions comme les Hauts-de-France ou la Lorraine se sentent abandonnées par une élite parisienne. 

La crise des Gilets jaunes, par exemple, peut être lue comme une demande d’ordre et de reconnaissance, similaire à celle décrite par Deneen. 

Une constitution mixte à la française pourrait impliquer une décentralisation accrue, un soutien aux petites entreprises locales et une réaffirmation des valeurs communautaires, sans pour autant rejeter les acquis de la modernité, comme l’égalité des sexes ou les droits des minorités.

Conclusion

Le futur du libéralisme, tel que l’envisage Patrick Deneen, n’est pas un rejet total de ses idéaux, mais une réorientation vers un équilibre qui donne la priorité au bien commun. 

En s’inspirant des traditions classiques et de l’observation tocquevillienne de l’Amérique, nous pouvons imaginer un post-libéralisme qui restaure la stabilité sans sacrifier la liberté. 

Ce projet, ambitieux mais nécessaire, exige un dialogue entre les élites et le peuple, entre la tradition et la modernité, pour bâtir une société où chacun trouve sa place dans un ordre harmonieux.

Pourquoi certains médias “alternatifs” caricaturent Donald Trump comme un pion de l’AIPAC et passent à côté de la réalité géopolitique.

Depuis son retour à la présidence des États-Unis en 2025, Donald Trump reste une figure clivante, suscitant des analyses divergentes dans les médias traditionnels et alternatifs.

Des plateformes comme GPTV, Le Média en 4-4-2, ainsi que des figures comme Youssef Hindi, Pierre Hillard, Pierre Jovanovic, et Mike Borowski, se présentent comme des voix dissidentes, mais adoptent une posture réductrice en dépeignant Trump comme un simple « employé » de l’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) ou des réseaux sionistes, notamment les Loubavitch.

En s’appuyant sur une grille de lecture simpliste, ces médias méconnaissent les dynamiques complexes du théâtre géopolitique de 2025, marqué par un réalignement stratégique impliquant le Conseil de coopération du Golfe (GCC), le secteur privé transnational (TPS), et des acteurs étatiques comme l’Iran et Israël.

Cet article analyse les raisons de cette caricature, ses limites, et en quoi la politique d’« America First » de Trump, loin d’être dictée par l’AIPAC, s’inscrit dans une transition vers une paix relative, faisant tomber à  l’eau les accusations de ces médias.


I. Le contexte des médias alternatifs : une quête de vérité entravée par des biais.

Les médias alternatifs comme GPTV, Le Média en 4-4-2, et des figures comme Youssef Hindi, Pierre Hillard, Pierre Jovanovic, et Mike Borowski se positionnent comme des contre-pouvoirs face aux récits homogénéisés des médias traditionnels.

Leur discours antimondialiste, qui dénonce les élites financières, les lobbies comme l’AIPAC, et l’influence des réseaux sionistes, répond à une méfiance croissante envers les institutions, exacerbée par des crises comme la guerre à Gaza et les tensions économiques.

Ces plateformes revendiquent une mission de « ré-information », cherchant à révéler les coulisses du pouvoir mondial.

Cependant, leur approche souffre d’une simplification excessive des dynamiques géopolitiques pour les rendre accessibles à leur public.

En qualifiant Trump de pion de l’AIPAC ou des Loubavitch, ils adoptent une narrative monocausale, où le « sionisme » devient l’explication universelle des décisions américaines.

Cette vision ignore les récents développements au Moyen-Orient, notamment l’entente saoudo-iranienne de 2023 et les purges ciblées de 2025, qui témoignent d’un réalignement stratégique orchestré par le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS), impliquant des acteurs bien plus larges que l’AIPAC.


II. La caricature de Trump comme pion de l’AIPAC.

L’AIPAC, puissant lobby pro-israélien, est souvent désigné par ces médias comme le maître d’œuvre de la politique étrangère américaine.

Pierre Jovanovic affirme que les décisions de Trump lors de son premier mandat – déplacement de l’ambassade à Jérusalem, reconnaissance des hauteurs du Golan, soutien à Benjamin Netanyahou – sont les preuves de sa soumission.

Youssef Hindi et Pierre Hillard évoquent l’influence des Loubavitch via Jared Kushner.

Mike Borowski, connu pour ses analyses critiques des élites globalistes sur GPTV (Geopolitique Profonde), renforce cette narrative en suggérant que Trump est sous l’emprise de réseaux sionistes.

Cette caricature passe à côté des dynamiques géopolitiques actuelles.

L’attaque israélienne du 13 juin 2025 contre des sites iraniens, rapportée par l’Atlantic Council, et l’élimination d’Ali Shamkhani, conseiller clé de l’ayatollah Ali Khamenei, montrent que les événements régionaux sont orchestrés par une coalition complexe impliquant le Conseil de coopération du Golfe (GCC), le secteur privé transnational (TPS), l’Iran et Israël.

Trump, loin d’être un exécutant, joue un rôle central dans cette transition, soutenant des négociations pour un cessez-le-feu et évitant une escalade militaire contre l’Iran, contrairement aux prédictions des médias alternatifs.


III. Les raisons de la caricature.

1. Une grille de lecture antimondialiste rigide.
Le discours de ces médias repose sur une vision antimondialiste attribuant un pouvoir démesuré à des entités comme l’AIPAC ou les Loubavitch.

Pierre Hillard voit en Trump un pion d’élites mondialistes, tandis que Pierre Jovanovic lie ses décisions à des réseaux financiers sionistes.

Mike Borowski, dans ses interventions, pointe régulièrement les influences globalistes et sionistes comme moteurs des politiques occidentales.

Cette approche, bien qu’elle puisse révéler certaines influences, devient problématique lorsqu’elle est appliquée systématiquement, ignorant les facteurs qui façonnent la politique de Trump : son électorat évangélique, soutenant Israël pour des raisons théologiques, ou ses calculs électoraux pour capter le vote pro-israélien.

L’entente saoudo-iranienne de 2023, médiatisée par la Chine et détaillée par l’Australian Institute of International Affairs, illustre la complexité des dynamiques régionales.

Cet accord a vu l’Iran réduire l’influence de ses proxies (Hezbollah, Houthis) en échange d’un accès économique, tandis que l’Arabie saoudite, via le Conseil de coopération du Golfe (GCC), consolidait son contrôle sur les marchés pétroliers.

Cette convergence d’intérêts étatiques, soutenue par le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS), contredit l’idée d’un Moyen-Orient dominé par le sionisme, rendant la caricature de Trump comme pion de l’AIPAC obsolète.

2. Hauteur et complexité.
Ces médias qualifient les actions d’Israël de « génocide » : GPTV diffuse des titres comme « Gaza : le génocide oublié ».

Pierre Jovanovic et Mike Borowski amplifient cette indignation en dénonçant les élites occidentales complices.

Ces discours reflètent une indignation tout à fait légitime contre une véritable épuration ethnique à Gaza.

Mais ces médias ensuite ne prennent pas de la hauteur pour analyser les différents acteurs de la région de façon plus globale.

Et des initiatives comme le projet « Palestine Émergente », lancé en mai 2024 par McKinsey et des financiers comme Larry Fink, Jamie Dimon et Stephen Schwarzman, montrent un pivot vers une reconstruction économique de Gaza, soutenu par le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS).

Trump, en appuyant ces efforts, contribue à une désescalade, contredisant l’image de pion belliciste dépeinte par ces médias.

3. Une méconnaissance des dynamiques géopolitiques.
Une grand part des médias alternatifs français projettent des grilles de lecture sur la politique américaine, méconnaissant ses spécificités.

Le soutien de Trump à Israël s’explique également en partie par son alliance avec les évangéliques chrétiens, représentant 25 % de l’électorat républicain et soutenant Israël pour des raisons eschatologiques.

Les purges de juin 2025, comme l’élimination d’Ali Shamkhani par Israël, montrent que les frappes visent à marginaliser les « hardliners » iraniens, dans le cadre d’une stratégie concertée avec le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS), et non une soumission à l’AIPAC.

L’accusation d’une influence des Loubavitch, relayée par Hindi, Jovanovic, et Borowski, repose sur des spéculations fragiles, comme les liens de Jared Kushner, qui ne suffisent pas à expliquer la politique de Trump.

4. Une stratégie de polarisation.
Ces médias prospèrent sur la polarisation, adoptant un ton provocateur pour se démarquer des médias traditionnels.

En présentant Trump comme un pion du sionisme, ils s’adressent à un public convaincu que les élites manipulent le monde.

Cependant, cette surenchère sacrifie la nuance, comme en témoigne leur silence sur les efforts de Trump pour un cessez-le-feu, prédit par Khaoula Hidawi sur X pour fin juin 2025, médiatisé par la Russie, le Conseil de coopération du Golfe (GCC), et les États-Unis.


IV. Les limites de cette approche.

1. Une perte de crédibilité face aux faits.
La caricature de Trump comme pion de l’AIPAC est ridiculisée par les faits.

En 2025, Trump a démontré que sa politique d’« America First » prime sur les intérêts israéliens.

Sa pression sur Netanyahou pour marginaliser des figures belliqueuses comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Yoel Smotrich, son soutien au projet « Palestine Émergente », et son refus d’escalader le conflit contre l’Iran montrent qu’il agit en fonction d’une stratégie globale.

Les Accords d’Abraham de 2020, normalisant les relations entre Israël et des pays arabes, et les négociations de 2025 pour un cessez-le-feu à Gaza contredisent les prédictions apocalyptiques de ces médias.

La chute d’Assad en décembre 2024, rapportée par RFE/RL, a affaibli l’« Axe de la Résistance » iranien, forçant Téhéran à adopter une coexistence pragmatique avec ses rivaux, soutenue par le Conseil de coopération du Golfe (GCC).

Ces développements montrent que Trump s’inscrit dans une dynamique régionale complexe, et non dans une soumission à l’AIPAC.

2. Une marginalisation du discours alternatif.
En versant dans des explications simplistes, ces médias ne font pas un travail d’analyse.

Les accusations contre les Loubavitch ou l’AIPAC, relayées par Hindi, Hillard, Jovanovic, et Borowski, bien qu’elles captent l’attention par le sensationnalisme en vogue dans les réseaux sociaux, tombent à l’eau.

On constate leur incapacité à reconnaître des dynamiques comme l’entente saoudo-iranienne ou la chute d’Assad.

3. Une occultation des avancées pour la paix.
En se focalisant sur le sionisme, ces médias passent à côté des efforts de paix orchestrés par le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS).

Le projet « Palestine Émergente », soutenu par des investissements massifs, vise à reconstruire Gaza et la Cisjordanie, marquant un pivot vers une « paix et prospérité » économique.

Trump, en soutenant ces initiatives, joue un rôle clé dans cette transition, contrairement à l’image de pion belliciste dépeinte par ces médias.


V. Vers une analyse plus rigoureuse.

Pour regagner en crédibilité, les médias alternatifs doivent abandonner les caricatures et raccourcis et se baser sur les faits des acteurs régionaux.

Ils devraient reconnaître la complexité des dynamiques géopolitiques, intégrant le rôle du Conseil de coopération du Golfe (GCC), du secteur privé transnational (TPS), et des négociations impliquant l’Iran et Israël.

Une critique légitime d’Israël ou de l’AIPAC est possible sans verser dans des accusations simplistes contre Trump.

Enfin, ils devraient saluer les avancées pour la paix, comme le projet « Palestine Émergente », tout en restant vigilants face aux défis, tels que la dénucléarisation iranienne ou la réaction des populations locales.


VI. Conclusion.

Les médias alternatifs comme GPTV, Le Média en 4-4-2, Youssef Hindi, Pierre Hillard, Pierre Jovanovic, et Mike Borowski jouent un rôle crucial en défiant les récits dominants, mais leur caricature de Trump comme pion de l’AIPAC ou des Loubavitch révèle leurs limites.

Leur grille de lecture rigide et leur méconnaissance des dynamiques régionales les conduisent à des analyses simplistes qui alimentent l’escalade et la polarisation plutôt que la compréhension.

Les faits – l’entente saoudo-iranienne, les purges ciblées, le projet « Palestine Émergente », et les efforts de Trump pour la paix – démontent leur vision d’un Trump soumis au sionisme.

Pour rester pertinents, ces médias doivent adopter une approche rationnelle non uniquement idéologique ou eschatologique, afin de prendre de la hauteur et de rendre justice à la complexité du théâtre géopolitique de 2025 et des avancées vers une paix relative au Moyen-Orient.

Gengis Khan et l’utilisation des réfugiés comme stratégie militaire au XIIe siècle : une perspective pour comprendre les programmes de réfugiés sponsorisés au XXIe siècle.

Introduction : Une stratégie ancienne dans un monde moderne.

L’histoire militaire regorge de stratagèmes ingénieux, et parmi les figures emblématiques, Gengis Khan se distingue par sa capacité à transformer des éléments apparemment faibles, comme les populations déplacées, en outils stratégiques. 

Au XIIe siècle, le chef mongol utilisait les réfugiés comme une arme psychologique et logistique pour déstabiliser ses ennemis et renforcer son empire. 

Cette approche soulève une question fascinante : peut-elle éclairer notre compréhension des programmes modernes de gestion des réfugiés, parfois soutenus par des forces militaires ou des acteurs privés au XXIe siècle ? 

Cet article explore comment Gengis Khan intégrait les réfugiés dans ses campagnes militaires, puis analyse si ces pratiques historiques offrent un cadre pour comprendre les dynamiques migratoires contemporaines, notamment celles influencées par des agendas militaires ou philanthropiques. 

À une époque où les flux migratoires alimentent des débats politiques et humanitaires, cette réflexion révèle des parallèles troublants entre le passé et le présent.

Contexte historique : l’ascension de l’Empire mongol.

Au début du XIIIe siècle, Gengis Khan (1162-1227), alors connu sous le nom de Temüjin, unifia les tribus mongoles pour créer un empire s’étendant de l’Asie centrale à l’Europe de l’Est. 

Sa réussite reposait sur des tactiques militaires brutales, une logistique exceptionnelle et une compréhension aiguë de la psychologie humaine. L’utilisation des réfugiés comme outil stratégique est une innovation notable (The Mongol Conquests, John Man, History Today, Section on Mongol military tactics, 2004, https://www.historytoday.com/archive/mongol-conquests).

Les réfugiés comme arme psychologique.

Gengis Khan utilisait les populations déplacées pour semer la peur et la confusion. 

Lors des sièges, il poussait les populations des régions environnantes à fuir vers les villes ennemies, surchargeant leurs ressources et affaiblissant leur moral. 

Ces réfugiés devenaient des outils pour déstabiliser l’ennemi, amplifiant la réputation terrifiante des Mongols. 

Cette tactique surchargeait les défenses ennemies, propageait la peur et permettait l’infiltration d’espions (Genghis Khan and the Making of the Modern World, Jack Weatherford, Crown Publishers, Chapter 8: The Mongol War Machine, 2004, https://www.penguinrandomhouse.com/books/76607/genghis-khan-and-the-making-of-the-modern-world-by-jack-weatherford/).

Intégration des réfugiés dans l’Empire mongol.

Gengis Khan ne se contentait pas d’utiliser les réfugiés comme une arme temporaire. Il intégrait les individus qualifiés, comme les artisans ou ingénieurs, dans son empire. 

Par exemple, lors de la conquête de la Chine du Nord, les ingénieurs chinois construisaient des machines de siège, tandis que les administrateurs lettrés géraient les territoires conquis. 

Cette approche pragmatique transformait une population potentiellement hostile en ressource productive (The Mongol Empire, Timothy May, Edinburgh University Press, Chapter 5: Administration and Integration, 2018, https://edinburghuniversitypress.com/book-the-mongol-empire.html).

Une stratégie d’échelle mondiale.

En déplaçant des populations entières, Gengis Khan affaiblissait les structures sociales de ses ennemis tout en renforçant son empire. 

Cette mobilité forcée, bien que cruelle, était un outil clé pour consolider son pouvoir (The Mongol Conquests, John Man, History Today, Section on Population Displacement, 2004, https://www.historytoday.com/archive/mongol-conquests).

Les migrations modernes : un phénomène complexe.

Les migrations massives, qu’elles soient dues à des conflits, des persécutions ou des crises climatiques, sont un enjeu majeur du XXIe siècle. 

Certains observateurs suggèrent que ces flux ne sont pas toujours spontanés, mais influencés par des agendas étatiques, militaires ou privés. 

Les conflits en Syrie, en Libye ou en Ukraine ont généré des vagues de réfugiés avec des répercussions géopolitiques majeures (The Global Refugee Crisis, Gil Loescher, Foreign Affairs, Section on Geopolitical Factors, 2017, https://www.foreignaffairs.com/articles/world/2017-06-13/global-refugee-crisis).

Les parallèles avec Gengis Khan.

Plusieurs parallèles émergent entre les tactiques de Gengis Khan et les migrations modernes. 

Tout comme il surchargeait les villes ennemies, les flux migratoires peuvent mettre sous pression les infrastructures des pays d’accueil, comme lors de la crise migratoire européenne de 2015 (Europe’s Migration Crisis, Edward P. Joseph, Foreign Policy, Section on Political Impacts, 2015, https://foreignpolicy.com/2015/09/11/europes-migration-crisis-syria-refugees/). 

Des États, comme la Turquie, ont utilisé les réfugiés comme levier dans des négociations géopolitiques (Turkey’s Refugee Strategy, Soner Cagaptay, Washington Institute, Section on Geopolitical Leverage, 2016, https://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/turkeys-refugee-strategy). 

Enfin, certains pays accueillent sélectivement des migrants qualifiés, à l’image de l’intégration par Gengis Khan (Migration and Economic Growth, Michael Clemens, Center for Global Development, Section on Selective Immigration, 2011, https://www.cgdev.org/publication/migration-and-economic-growth).

Les différences fondamentales.

Le contexte moderne, avec les États-nations, les droits humains et les organisations comme le HCR, diffère de l’époque mongole. 

Les migrations sont encadrées par des conventions internationales, contrairement aux déplacements forcés de Gengis Khan (The UNHCR and Global Refugee Policy, Alexander Betts, Refugee Studies Centre, Section on International Frameworks, 2010, https://www.rsc.ox.ac.uk/publications/the-unhcr-and-global-refugee-policy).

Le rôle des interventions militaires.

Les interventions militaires en Irak, en Afghanistan et en Libye ont généré des crises migratoires majeures. 

La guerre en Syrie, exacerbée par des puissances étrangères, a poussé des millions de personnes à fuir. 

Ces migrations peuvent être exploitées pour des objectifs géopolitiques, comme affaiblir l’unité européenne (Syria’s Refugee Crisis, David Miliband, International Rescue Committee, Section on Conflict-Induced Migration, 2016, https://www.rescue.org/article/syrias-refugee-crisis; The Geopolitics of Migration, Kelly Greenhill, Foreign Affairs, Section on Strategic Migration, 2016, https://www.foreignaffairs.com/articles/europe/2016-04-18/geopolitics-migration).

Les programmes de réfugiés sponsorisés et le rôle des financements privés.

Des programmes de réfugiés bénéficient de soutiens militaires, étatiques ou privés, notamment via des ONG financées par des philanthropes ou des institutions publiques. 

Ces initiatives, souvent humanitaires, soulèvent des questions sur leurs impacts stratégiques.

George Soros et l’Open Society Foundations : un acteur majeur.

George Soros, via l’Open Society Foundations (OSF), soutient des ONG pro-migratoires. 

En 2010, l’OSF a engagé 100 millions de dollars sur 10 ans pour Human Rights Watch, qui milite pour les droits des migrants (Open Society Foundations Announce $100 Million Commitment to Human Rights Watch, Human Rights Watch, Press Release, 2010, https://www.hrw.org/news/2010/09/07/open-society-foundations-announce-100-million-commitment-human-rights-watch). 

En 2014, l’OSF a versé 153 728 dollars à United for Intercultural Action, qui soutient les migrants en Europe (OSF Grants Database, Open Society Foundations, Grant Details, 2014, https://www.opensocietyfoundations.org/grants). 

L’Auberge des Migrants, active à Calais, a bénéficié de financements indirects via des partenariats avec des ONG soutenues par l’OSF (Migrant Support in Calais, L’Auberge des Migrants, Annual Report, 2016, https://www.laubergedesmigrants.fr/en/annual-report-2016/).

En septembre 2015, Soros a proposé d’allouer 15 000 euros par demandeur d’asile pour leur intégration en Europe (Rebuilding the Asylum System, George Soros, Project Syndicate, Opinion Piece, 2015, https://www.project-syndicate.org/commentary/rebuilding-refugee-asylum-system-by-george-soros-2015-09). 

En 2016, il a investi 500 millions de dollars dans des startups et initiatives pour les migrants (Why I’m Investing $500 Million in Migrants, George Soros, Wall Street Journal, Opinion, 2016, https://www.wsj.com/articles/why-im-investing-500-million-in-migrants-1474394005). 

En 2021, l’OSF a versé 140 millions de dollars à des groupes pro-migratoires, dont 1 million au Latino Victory Project (OSF Annual Report, Open Society Foundations, Financial Summary, 2021, https://www.opensocietyfoundations.org/annual-report-2021).

Cependant, certaines allégations, comme le financement de cartes de débit pour migrants en Grèce, ont été démenties par le HCR (UNHCR Statement on Prepaid Cards, UNHCR, Press Release, 2018, https://www.unhcr.org/news/press/2018/10/5bb7c7e94/unhcr-statement-prepaid-cards-migrants-greece.html).

Autres acteurs philanthropiques.

La Fondation Bill & Melinda Gates finance des initiatives liées à la santé des migrants, comme un projet en Moldavie pour le VIH/sida (Global Fund Partnership, Bill & Melinda Gates Foundation, Project Summary, 2020, https://www.gatesfoundation.org/our-work/programs/global-health/hiv). 

La Fondation Ford a investi 2,2 millions de dollars dans des programmes de l’ONU pro-migratoires (Ford Foundation Grants, Ford Foundation, Grant Database, 2018, https://www.fordfoundation.org/work/our-grants/).

Conclusion : Une réflexion intemporelle.

L’utilisation des réfugiés par Gengis Khan illustre la puissance des stratégies exploitant les mouvements de populations. 

Les programmes modernes, soutenus par des acteurs comme l’OSF ou l’UE, soulèvent des questions éthiques et géopolitiques. 

Les exemples de financements montrent que, si l’aide humanitaire est souvent l’objectif, les impacts stratégiques ne peuvent être ignorés. 

Une lecture critique des motivations derrière les flux migratoires est nécessaire pour privilégier des solutions fondées sur la solidarité et la transparence (The Global Refugee Crisis, Gil Loescher, Foreign Affairs, Section on Policy Recommendations, 2017, https://www.foreignaffairs.com/articles/world/2017-06-13/global-refugee-crisis).

C’est Nicolas qui paie.

Article publié aussi sur France Soir :

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/c-est-nicolas-qui-paie

Nicolas, symbole d’une France à bout de souffle. 

«Nicolas paie.» 

Nicolas, c’est cet homme ou cette femme d’environ 30 ans, honnête, laborieux, qui finance un système auquel il ne croit plus. 

Sur les réseaux sociaux, son nom est devenu un étendard, celui d’une révolte contre une fiscalité écrasante, une bureaucratie pléthorique et une redistribution perçue comme injuste. 

Ce cri «Nicolas qui paie» est devenu un slogan politique et l’écho d’une colère sourde. 

Celle d’une génération de Français qui travaille dur, paye ses impôts, et assiste, impuissante, à la lente dérive d’un pays qu’elle ne reconnaît plus.

Ce mouvement, qui s’est propagé jusqu’au Royaume-Uni, incarne une prise de conscience : la France, championne européenne des prélèvements obligatoires, étouffe ses citoyens les plus productifs. 

Avec un fait sidérant : la France compte plus de fonctionnaires par habitant que la Chine communiste, et 10 % des contribuables paient environ 75 % de l’impôt sur le revenu !

Voici l’histoire de Nicolas, de sa révolte, et de ce qu’elle dit de la France d’aujourd’hui.

Qui est Nicolas ? 

Le visage de la France laborieuse.

Nicolas, c’est l’archétype du Français moyen. 

Il se lève tôt, travaille dur, paye ses impôts et cotisations sociales sans broncher. 

Il est cadre, artisan, employé, indépendant. 

Il est celui qui fait tourner la machine, celui qui finance le « modèle social français » dont on vante les mérites, mais dont il ne voit jamais la couleur. 

Pas d’aides sociales pour Nicolas, pas de passe-droits. 

Il doit composer avec des services publics en déliquescence : une insécurité galopante, un système éducatif à la dérive, des hôpitaux au bord de l’implosion. 

Comme l’écrivait récemment l’éditorialiste Ivan Rioufol, Nicolas représente cette génération de trentenaires qui «travaille, ne demande rien à l’État, ne casse rien, mais doit toujours payer pour les autres… tout en étant traité de raciste !»  

Sur les réseaux sociaux, Nicolas a pris vie.

Le compte sur X @NicolasQuiPaie suivi par des dizaines de milliers de personnes, est devenu le porte-voix de cette exaspération. 

Des hashtags comme #JeSuisNicolas ou #NicolasQuiPaie pullulent, accompagnés de stickers, et même d’un pendant féminin @JulieQuiPaie l’épouse symbolique de Nicolas. 

Derrière l’humour et la dérision, il y a une colère profonde : Nicolas en a assez d’être le pigeon de service.

Une révolte fiscale dans la tradition française.

La révolte de Nicolas s’inscrit dans une longue histoire de frondes fiscales en France. 

Sous l’Ancien Régime, les paysans se soulevaient contre la taille ou la gabelle, ces taxes royales jugées insupportables. Mais ce que vit Nicolas aujourd’hui dépasse de loin les exactions d’antan. 

Avec un taux de prélèvements obligatoires de 44,8 % du PIB en 2023, la France détient le record européen, loin devant la moyenne de la zone euro (39,2 %). 

Ce fardeau fiscal, Nicolas le porte sur ses épaules, et il est à bout.

Cette vague de ras-le-bol s’est amplifiée grâce à des apparitions dans des médias comme CNEWS, 20 Minutes, Le Figaro et Valeurs Actuelles.

Le slogan s’est imposé comme un cri de ralliement pour tous ceux qui se sentent floués par un État dispendieux et inefficace.

Les cibles de Nicolas : un système à bout de souffle.

Mais qui sont les « coupables » aux yeux de Nicolas ?  

Le système de retraites par répartition : une injustice intergénérationnelle

Le système de retraites par répartition, pilier du « modèle social français », est une source majeure de frustration. 

Nicolas finance les pensions généreuses des générations précédentes, mais doute de bénéficier un jour d’une retraite équivalente. 

Avec une démographie déclinante (1,8 enfant par femme en 2023) et une économie en perte de vitesse (croissance de 0,9 % prévue en 2025), ce système est au bord de la rupture. 

Nicolas paie, mais pour combien de temps encore ?

Le gaspillage de l’argent public.

Nicolas pointe aussi du doigt le gaspillage de ses impôts. 

Le Pass Culture, qui subventionne l’achat de mangas ou de jeux vidéo, ou les dépenses pharaoniques des Jeux olympiques de 2024 (estimées à 8,9 milliards d’euros), lui semblent absurdes. 

Pendant ce temps, les services publics qu’il utilise – éducation, santé, sécurité – s’effritent. 

En 2023, le déficit public a atteint 5,5 % du PIB, et la dette publique flirte avec les 110 % du PIB. 

Chaque euro mal dépensé est une insulte à son travail.

L’immigration : un sujet brûlant.

Nicolas pointe également le coût de l’immigration, légale ou illégale. 

En 2023, l’Aide Médicale d’État (AME), qui finance les soins des immigrés en situation irrégulière, a coûté 1,2 milliard d’euros. Nicolas, qui ne bénéficie d’aucune aide sociale, se sent floué par un système qui semble privilégier ceux qui ne contribuent pas. 

Ce discours, souvent caricaturé comme extrémiste, reflète une frustration légitime face à une redistribution perçue comme inéquitable.

Des chiffres qui choquent : la France face à ses contradictions.

Nicolas n’est pas seulement en colère : il a des arguments chocs.  

La France compte plus de fonctionnaires par habitant que la Chine communiste. Avec 5,6 millions de fonctionnaires pour 67 millions d’habitants, la France affiche un ratio de 83 fonctionnaires pour 1 000 habitants, contre 50 en Chine. 

Cette bureaucratie pléthorique absorbe une part colossale des ressources, avec un coût estimé à 140 milliards d’euros par an (25 % du budget de l’État).  

Ce chiffre, souvent méconnu, illustre l’hypertrophie d’un État français qui pèse lourdement sur les contribuables comme Nicolas.  

En 2023, les 10 % des ménages les plus aisés (ceux gagnant plus de 4 000 € net par mois) ont supporté 75 % de l’impôt sur le revenu, selon les données de la DGFiP. 

Cette inégalité fiscale, où une minorité supporte l’essentiel de la charge, renforce le sentiment d’injustice. 

Nicolas, souvent dans cette tranche des 10 %, a l’impression de travailler pour un système qui le pressure sans lui rendre la pareille.

Ces chiffres ne sont pas de simples anecdotes : ils traduisent une réalité où l’État français, malgré son poids, échoue à fournir des services publics à la hauteur des sacrifices demandés. 

Nicolas, lui, n’en peut plus de payer pour un système qui semble le mépriser.

Nicolas n’est pas seul : un mouvement transnational.

La révolte de Nicolas dépasse les frontières. 

En Angleterre, son cousin Nick, 30 ans, partage les mêmes frustrations. 

Nick en a assez de payer pour des aides sociales qu’il juge mal distribuées, notamment à des populations qui, selon lui, ne contribuent pas à l’effort collectif. 

Sur X, Nicolas et Nick se tendent la main, rêvant d’un avenir meilleur. 

Ce mouvement, qui s’inspire des politiques audacieuses des baisses des dépenses d’État de Javier Milei en Argentine (son gouvernement ayant réduit le déficit public de 5 % à 2 % du PIB en un an) ou des prises de position d’Elon Musk avec le DOGE aux États-Unis, pourrait redessiner l’avenir économique de l’Occident.

Une révolte aux accents libertariens.

Réduire son mouvement à une étiquette serait une erreur. 

Nicolas, c’est avant tout un contribuable qui demande des comptes. 

Comme le Figaro de Beaumarchais, il « se presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer ». 

Derrière l’humour des mèmes et des slogans, il y a une détresse réelle, celle d’une génération qui se sent sacrifiée sur l’autel d’un modèle social à bout de souffle.

Et maintenant ?  

Nicolas ne doit pas être pris à la légère. Sa révolte, portée par les réseaux sociaux, est un symptôme d’un malaise profond. 

La question est de savoir si l’État français saura répondre à cette colère avant qu’elle ne se transforme en chaos. 

Réformer la fiscalité, rationaliser les dépenses publiques, restaurer la confiance dans les institutions : autant de défis colossaux pour une classe politique souvent déconnectée.

Conclusion : Nicolas, miroir d’une France en crise. 

Nicolas, c’est vous, c’est moi, c’est le voisin qui se lève chaque matin pour faire tourner un pays qui semble avoir oublié ses fondamentaux. 

Avec ses slogans, ses hashtags et ses T-shirts, Nicolas incarne une révolte fiscale et morale, celle d’une France qui ne veut plus être la vache à lait d’un système à la dérive. 

Les chiffres sont là pour le prouver : plus de fonctionnaires par habitant qu’en Chine communiste, 10 % des contribuables qui portent 75 % de l’impôt sur le revenu. 

Nicolas ne demande pas la lune, il veut simplement que son travail soit respecté, que ses impôts servent à quelque chose, que son pays retrouve un cap. 

À l’État, maintenant, de l’entendre avant qu’il ne soit trop tard.

Dieu, Patrie, Famille, Liberté.

Introduction : 

Pourquoi les valeurs qui ont structurées nos sociétés pendant des siècles sont-elles aujourd’hui stigmatisées voire rejetées comme des reliques d’un passé révolu ? 

En analysant en profondeur il est possible d’observer une fracture métaphysique profonde : l’homme moderne, en se proclamant mesure de toutes choses, s’est enfermé lui-même et a exclu la transcendance.

Comment cette fracture se forme et comment la guérir ? 

I. L’Inversion des valeurs : une laïcité sacralisée.

La laïcité, souvent présentée comme un pilier de la modernité, s’est transformée en un dogme, loin de son ambition initiale de neutralité. 

Sous prétexte de préserver la neutralité, l’État français impose une vision du monde où toute référence à la transcendance est suspecte.

L’interdiction des signes religieux dans les écoles ou les espaces publics, instaurée par la loi de 2004, illustre ce paradoxe. 

À l’inverse, des discours blasphématoires ou provocateurs, comme ceux publiés par certains médias satiriques, sont protégés au nom de la soit disante liberté d’expression.  

Un lycéen portant une croix ou un autre signe religieux risque des sanctions, tandis que des slogans consuméristes ou provocateurs sont tolérés, voire encouragés. 

Ce double standard révèle une vérité troublante : la laïcité moderne ne tolère pas la concurrence d’une vision du monde qui remet en question ses fondements. 

Elle s’est muée dans une forme qui, sous couvert d’une soit disante rationalité, rejette tout ce qui dépasse l’homme, mais n’est ce pas cela en fait l’extrémisme ?

La stigmatisation de Dieu.

Pourquoi le mot «Dieu» lui-même provoque-t-il un malaise dans nos sociétés ? 

Lorsqu’on évoque le slogan «Dieu, patrie, famille, liberté», c’est souvent le premier terme qui suscite des réactions hostiles. Dieu est perçu comme une menace, un symbole d’intolérance ou un vestige d’un passé obscurantiste. 

Pourtant, invoquer Dieu n’a rien d’extrémiste. 

Dans la tradition Dieu est le Logos, la source de l’ordre, du bon, de la beauté et de la vérité. 

Il est la raison transcendante qui éclaire les limites humaines et donne sens à l’existence.

Cette stigmatisation de Dieu s’inscrit dans une longue histoire d’inversion métaphysique promulguée dans certains cercles et cela a culminé lors de la Révolution française, lorsque la cathédrale Notre-Dame fut transformée en «Temple de la Raison» en 1793. 

Ce geste symbolique illustre une substitution : la laïcité, loin de séparer l’Église et l’État, a cherché à remplacer la transcendance divine par une rationalité autoproclamée souveraine. 

Et le point clé, crucial et terrible est le suivant, comme l’écrivait Dostoïevski, «si Dieu n’existe pas, tout est permis». 

Sans un principe transcendant, la morale devient relative aux rapports de force.

La famille et la patrie fragilisées.

L’inversion des valeurs englobe tous les domaines que ce soit dans la redéfinition des mots, l’imaginaire collectif, mais aussi la famille.

La famille, institution sacrée dans une société guidée par des principes transcendantaux, est aujourd’hui attaquée comme un modèle «rétrograde». 

En 2024, des campagnes publicitaires en France vantant le mariage ou la natalité ont été accusées d’être “rétrogrades” par certains médias progressistes. 

Cette stigmatisation de la famille, lieu d’amour et de transmission, fragilise les fondements mêmes de la société.

De même, la patrie, en tant qu’ancrage communautaire, est souvent réduite à un concept administratif ou dénoncée comme un ferment de haine contre la patrie voisine. 

Pourtant, la patrie n’est pas un repli sur soi, mais un lien vivant illustrant l’union de la famille au quartier et à la ville. En même temps, la patrie est une union entre les générations et elle donne un sens collectif à l’existence. 

En bannissant ces valeurs nos sociétés se privent de leurs piliers, laissant place à un vide spirituel et social.

II. L’Homme mesure de toutes choses : une illusion orgueilleuse.

L’Athéisme, dogme silencieux de la modernité est le symptôme d’une dérive sociétale.

L’athéisme s’est imposé comme une force structurante dans nos sociétés :

  • En France, le pourcentage de personnes sans affiliation religieuse est passé de 14 % en 2005 à 54 % en 2020, selon l’European Social Survey. 
  • Aux États-Unis, 29 % des adultes se disent sans religion en 2025, selon Pew Research Center. 

Cette montée de l’athéisme reflète une idée centrale : l’homme comme l’auteur de son propre sens sans transcendance. Et comme le note Henri de Lubac dans Le Drame de l’humanisme athée : «En rejetant Dieu, l’homme croit se libérer, mais il se forge une prison : il perd le mystère de son être.» 

Car sans transcendance, l’homme est condamné à errer dans un monde sans sens et sans horizon, où la liberté devient un fardeau terrible.

Une subversion ancienne.

L’idée que l’homme peut remplacer Dieu n’est en fait pas nouvelle du tout. 

Dès les origines du christianisme, la tentation de l’autonomie absolue est associée à la figure du Serpent dans la Genèse, promettant : «Vous serez comme des dieux» (Genèse 3:5). 

Cette promesse trouve un écho dans des hérésies comme le manichéisme, où le serpent est vu comme un libérateur apportant la connaissance pour affranchir l’homme d’un Dieu perçu comme oppresseur. 

Saint Augustin, ancien manichéen, dénonçait cette vision dans Contre les Manichéens

«Les Manichéens disent que le serpent était un envoyé du Principe de la Lumière, chargé de donner à Adam et Ève la connaissance pour les libérer du joug du Créateur.»

Cette inversion, cette ruse ou mensonge qui fait de Dieu un oppresseur s’est poursuivie à travers les siècles. 

À la Renaissance, l’humanisme de Thomas More, dans Utopie, imagine une île fictive où la société, débarrassée des contraintes traditionnelles, valorise les plaisirs terrestres et une forme de rationalité qui marginalise la religion.

L’humanisme de More s’inscrit dans un courant européen qui redécouvre les textes antiques (Platon, Cicéron) et valorise la raison humaine. Cependant, en plaçant l’homme au centre, l’humanisme érode discrètement et très subtilement la centralité de Dieu. 

C’est une vision qui va s’imposer de façon triomphale avec l’athéisme moderne.

Érasme, ami de More, dans Moriae Encomium, prône une religion intérieure, rationalisée, et alimente l’idée que Dieu n’est plus indispensable.

Ces soit disant humanistes militent pour un monde dans lequel Dieu devient inutile.

La science, idole moderne.

L’homme moderne, vit dans un paradoxe : il croit comprendre le monde parce qu’il le mesure.

En même temps, la science a remplacé l’émerveillement par l’analyse et la logique a pris le pas sur les perceptions. 

Comme l’écrivait Galilée, «le monde est un livre écrit en langage mathématique» et l’infini, dans la science moderne, n’est pas plus qu’un fini ajouté à un autre fini, lui-même ajouté à un autre fini, sans transcendance.

Cette réduction de sens s’inscrit dans une entreprise de rationalité close où la logique et la mécanique voulaient donner la définition de l’univers entier.

Kant, un siècle après Descartes, dans La Religion dans les limites de la simple raison, propose une religion réduite à de simples principes moraux, renforçant l’idée que l’homme peut se passer de Dieu. 

III. Dieu : la raison transcendante est une vision équilibrée.

Face à cette dérive, remettre Dieu au centre n’est pas un appel à l’obscurantisme, mais au contraire à la raison véritable. 

Dans la tradition c’est le transcendant qui est la source de l’ordre, de la beauté et de la vérité. Les grandes cathédrales en sont un témoignage : chaque pierre, chaque vitrail reflète une vision du monde où l’homme coopère avec le divin pour manifester le beau. 

Comparez ces édifices aux tristes immeubles modernes qui sont les symboles d’une époque où l’homme ne construit plus pour la gloire de Dieu.

Saint Thomas d’Aquin offre une réponse équilibrée à l’illusion moderne : là où Descartes et Kant placent la raison au-dessus de la foi, il affirme que l’homme, créature dépendante de son Créateur, trouve la vérité dans leur harmonie. 

Dieu a créé un monde intelligible qui réconcilie la raison et la transcendance. 

Comme l’écrivait Louis Lavelle, «l’homme n’est pas un absolu, mais un être en relation, appelé à se dépasser vers Dieu».

L’Infini est une source de liberté.

L’infini, loin d’être une abstraction, est une réalité poétique palpable : l’infini est dans le frisson d’une nuit étoilée, dans le silence d’une cathédrale, dans l’élan de l’âme qui cherche à comprendre le cœur de l’homme au-delà des époques. 

L’homme moderne, prisonnier de ses automatismes, a oublié cette poésie. 

Pourtant, l’infini est toujours là, patient, attendant que nous levions les yeux. 

Retrouver l’infini, c’est réapprendre à lire le monde comme un poème, où chaque instant est une parole de l’absolu.

La foi en Dieu nous enseigne l’humilité : nous sommes des créatures, non des créateurs. 

Cette acceptation de nos limites nous libère du fardeau de devoir tout être. 

Elle nous permet de trouver un sens dans un ordre plus grand, où la liberté n’est pas le droit de faire n’importe quoi, mais la capacité de vivre selon des valeurs transcendantes.

IV. La patrie, la famille et la liberté sont les piliers d’une société équilibrée.

La patrie, ancrage communautaire.

La patrie n’est pas un concept abstrait mais un lien vivant qui unit les générations, le sol où s’enracinent nos valeurs et le creuset où se forge une identité collective. 

Dans une société guidée par Dieu, la patrie est un lieu de fraternité, où l’individu s’inscrit dans une histoire plus grande que lui. 

Pourtant, aujourd’hui c’est l’universalisme abstrait qui est glorifié et cette inversion fragilise le sentiment d’appartenance, laissant les individus totalement isolés dans un monde globalisé.

La famille, lieu de transmission.

La famille est le premier espace où se transmet la transcendance. 

C’est le lieu de l’amour inconditionnel qui rappelle que Dieu est amour et qu’il est la stabilité et la continuité. 

Pourtant, la famille traditionnelle est attaquée comme un modèle dépassé et en glorifiant l’individualisme, nos sociétés sapent les fondations de la famille, créant un vide affectif et social. 

Remettre la famille au centre, c’est reconnaître son rôle irremplaçable dans la construction d’une société équilibrée.

La liberté, fruit de la transcendance.

La liberté véritable n’est pas l’absence de contraintes, mais la capacité de vivre selon des valeurs transcendantes, en harmonie avec le bien, le beau et le bon. 

Dans une société laïque la liberté est confondue avec le relativisme, où tout se vaut. C’est la dictature du relativisme et dans un monde où tout vaut tout, rien, au fond, ne vaut plus rien.

V. Sortir de l’inversion : un appel au courage.

Une laïcité dogmatique à questionner. 

Pour sortir de cette inversion, il faut respecter les convictions religieuses au lieu de les bannir. 

Cela implique de réintroduire la dimension spirituelle dans l’éducation, comme une ouverture au mystère de l’existence. 

En France, par exemple, l’enseignement de l’histoire des religions pourrait être enrichi pour inclure une approche spirituelle, plutôt que sociologique.

Une résistance spirituelle.

Dès les premiers siècles, les Pères de l’Église, comme Saint Athanase, nous montrent que la résistance est possible : «si le monde est contre la vérité, alors je suis contre le monde» (Athanase d’Alexandrie, De Incarnatione Verbi Dei, et actes du Concile de Nicée, 325).

Aujourd’hui, cette résistance peut prendre la forme d’un retour aux valeurs spirituelles, d’une défense courageuse de la famille et de la patrie, et d’une proclamation de la foi.

Un slogan pour l’avenir.

Le slogan «Dieu, patrie, famille, liberté» n’est pas un cri nostalgique, mais un appel à un avenir meilleur. 

Il invite à retrouver un équilibre entre la raison et la transcendance, entre l’individu et la communauté, entre la liberté et l’ordre. 

C’est un cri du cœur pour une société qui reconnaît l’homme comme un être spirituel, ancré dans une histoire, une famille et un sens plus grand que lui.

Conclusion : choisir la transcendance.

Nous sommes à un carrefour. 

  • D’un côté, la laïcité extrême et l’athéisme moderne nous conduisent à un monde désenchanté, où l’homme, prisonnier de ses propres limites, s’enlise dans l’angoisse, le scepticisme, le relativisme et autres perversions de l’Âme. 
  • De l’autre côté, la foi en Dieu, la défense de la patrie et de la famille, et une liberté ancrée dans la transcendance offrent un chemin de sens, de force et d’espérance.

Osons remettre en place ce qui a été perverti et “renverser l’inversion”. 

Osons proclamer que la laïcité qui bannit Dieu, nous éloigne de la raison. 

Osons affirmer que l’athéisme n’est pas une libération moderne, mais une ruse millénaire qui enchaîne l’homme dans l’illusion de sa toute-puissance. 

Et osons, avec simplicité et courage, faire résonner le slogan «Dieu, patrie, famille, liberté» comme une invitation à réparer la fracture métaphysique ou à redécouvrir l’infini, et dans le même temps à bâtir un monde où l’homme, humble et libre, s’élève.

Un théâtre géopolitique au Moyen-Orient : le réalignement inédit de 2025.

Introduction.

Alors que le Moyen-Orient traverse une période de bouleversements sans précédent, les événements des dernières semaines dessinent les contours d’un théâtre géopolitique soigneusement orchestré. 

Le 13 juin 2025, l’attaque israélienne contre des sites militaires et nucléaires iraniens, rapportée par l’Atlantic Council, a provoqué une hausse de 10 % des prix du Brent, bien que ces derniers soient restés en dessous des 80 dollars le baril. 

Cette retenue apparente des marchés, malgré les menaces iraniennes d’attaquer le détroit d’Ormuz, témoigne d’une confiance inhabituelle dans la stabilité régionale. 

Derrière cette escalade militaire se cache en fait un réalignement stratégique entre les puissances régionales et globales. 

Ce réalignement est orchestré par une convergence d’intérêts entre le Conseil de coopération du Golfe (GCC), le secteur privé transnational (TPS), et les dirigeants iranien et israélien, Ayatollah Ali Khamenei et Benjamin Netanyahu. 

Cet article explore cette dynamique fascinante tout en intégrant des perspectives sur la divergence entre États et proxies ainsi que sur les purges ciblées qui redéfinissent les leaderships régionaux.

Le virage inattendu de 2023 et la chute d’Assad.

Tout commence avec l’entente saoudo-iranienne de 2023, un accord médiatisé par la Chine et détaillé par l’Australian Institute of International Affairs. 

L’Arabie saoudite a offert un accès économique et une médiation régionale à l’Iran, tandis que Téhéran acceptait de laisser ses proxies – notamment le Hezbollah et les Houthis – s’éteindre progressivement. 

Cette entente a permis à l’Iran de surmonter ses difficultés économiques, exacerbées par les sanctions, tout en offrant au Conseil de coopération du Golf (GCC) un contrôle accru sur les marchés pétroliers et une influence indirecte sur les milices soutenues par Téhéran. 

Ce pivot de Khamenei vers des intérêts étatiques, au détriment des objectifs des proxies, a marqué une divergence stratégique majeure, un phénomène récurrent dans l’histoire géopolitique.

Ce réalignement a été amplifié par la chute spectaculaire du régime d’Assad en Syrie en décembre 2024, rapportée par RFE/RL. 

Cet événement a affaibli l’« Axe de la Résistance » iranien, privant le Hezbollah de ses routes d’approvisionnement via la Syrie, comme l’a reconnu Sheikh Naim Qassem en décembre 2024. 

Cette faiblesse a forcé Téhéran à repenser sa stratégie, abandonnant progressivement ses ambitions hégémoniques via ses proxies pour adopter une coexistence pragmatique avec ses rivaux régionaux, un tournant qui s’aligne avec la narrative d’une gestion contrôlée des conflits.

Une purge calculée : les éliminations de juin 2025.

Les récents événements militaires confirment cette transition. 

Le 14 juin 2025, l’armée israélienne (IDF) a éliminé Ali Shamkhani, conseiller clé de Khamenei depuis 2023 et ancien chef de la sécurité nationale iranienne, ainsi que 30 officiers supérieurs, dont des commandants de la Garde révolutionnaire, selon World Israel News. 

Ces frappes, menées dans le cadre de l’opération « Lion Ascendant », ne semblent pas viser une escalade incontrôlée, mais plutôt une purge ciblée des “hardliners” iraniens, un processus qui reflète une volonté de redéfinir les leaderships régionaux en phase avec les nouveaux objectifs étatiques. 

De même, les pressions croissantes sur Netanyahu pour écarter certaines figures de son cabinet, comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, suggèrent une coordination similaire en Israël, où les éléments les plus belliqueux sont progressivement marginalisés.

Cette série d’éliminations et de restructurations politiques ne relève pas du hasard. 

Ces actions s’inscrivent dans une «gestion de foule» orchestrée par le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS), visant à éliminer les éléments devenus des passifs dans la région. 

Les proxies iraniens et les faucons israéliens, autrefois utiles à leurs stratégies respectives, ont désormais dépassé leur date d’expiration. 

Les frappes israéliennes, loin d’être une déclaration de guerre, apparaissent comme un signal de l’accord de Netanyahu à rejoindre la table des négociations, aux côtés de Khamenei, pour une transition post-conflit.

L’émergence d’une nouvelle vision : le projet «Palestine émergente».

Parallèlement, une initiative économique inédite voit le jour : le projet «Palestine Émergente», lancé en mai 2024 par des directeurs de McKinsey et des titans financiers comme Larry Fink, Jamie Dimon et Stephen Schwarzman, selon Consultancy Middle East. 

Porté par le Palestinian Reconstruction and Economic Partnership (PREP), ce plan vise à reconstruire Gaza et la Cisjordanie, marquant un pivot du secteur privé transnational (TPS) – décrit comme une entité supranationale au service des profits militaires et financiers – vers une domination économique. 

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de « paix et prospérité », soutenue par des centaines de milliards de dollars d’investissements conjoints entre le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS).

Ce virage s’explique par la reconnaissance par le TPS de l’échec probable d’Israël à atteindre son objectif d’« épuration ethnique » en Palestine, un objectif qui menaçait de tarir les profits de l’industrie militaire (MIC) au Moyen-Orient. En anticipant cette impasse, le secteur privé transnational (TPS) a négocié avec le Conseil de coopération du Golfe (GCC) pour réorienter ses priorités, tamerant Netanyahu et alignant l’Iran sur une voie de dénucléarisation et de démilitarisation. 

Le résultat est une coalition improbable où Khamenei et Netanyahu, bien que rivaux historiques, agissent comme des exécutants d’une vision commune dictée par Riyad et les grandes firmes occidentales.

Un scénario chiffré : les prévisions et les dynamiques énergétiques.

Les signes concrets de cette transition ne manquent pas. 

Khaoula Hidawi, un observateur sur X, prédit un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël d’ici deux semaines, médiatisé par la Russie, le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et les États-Unis. 

Cette prédiction s’aligne avec les efforts historiques de l’Initiative pour la Paix au Moyen-Orient, lancée en 2003, qui a promu des dialogues interculturels et pourrait fournir un cadre pour ces négociations. 

Par ailleurs, l’Atlantic Council note que la résilience des infrastructures pétrolières et une surabondance mondiale ont limité la panique des marchés, malgré les menaces iraniennes. 

Cette stabilité suggère une coordination sous-jacente pour éviter une escalade énergétique, renforçant l’idée d’un théâtre géopolitique maîtrisé.

Le secteur privé transnational (TPS) joue un rôle clé dans cette choreography. 

En retirant son soutien aux ambitions militaires israéliennes et en poussant pour une solution à deux États ou une confédération multiethnique, il sécurise une nouvelle source de profits tout en préservant son influence. 

Netanyahu, conscient de l’effritement de sa coalition, voit dans cette transition une porte de sortie, évitant les poursuites internationales, tandis que Khamenei garantit la survie de son régime en échange de concessions stratégiques.

Une consolidation sans précédent dans le monde musulman.

Ce qui émerge de cette analyse est une consolidation sans précédent dans le cœur du monde musulman. 

Le jeu à quatre joueurs – Iran, Israël, le Conseil de coopération du Golfe (GCC) et le secteur privé transnational (TPS) – s’est effondré en un triptyque où le GCC et le TPS, alliés à Khamenei et Netanyahu, forment une entité dominante. 

L’« Axe de la Résistance » et le cabinet israélien hawkish, relégués au rang de seconds rôles, sont en voie de marginalisation. 

Ce processus, décrit comme un «nettoyage de maison», vise à purger les éléments militarisés tout en façonnant une narrative de « paix et prospérité ».

Cette transition soulève des questions éthiques et idéologiques. 

Certains critiquent le Conseil de coopération du Golfe (GCC) pour avoir « trahi » le monde musulman en s’associant au secteur privé transnational (TPS), tandis que d’autres y voient une opportunité de libération pour Gaza. Cependant, cette realignment reflète la nature pragmatique du pouvoir, où les intérêts étatiques l’emportent sur les idéologies. 

La chute d’Assad et les purges ciblées, comme celle de Shamkhani, illustrent cette priorité donnée aux objectifs nationaux sur les engagements proxys, un point clé de l’analyse géopolitique récente.

Les défis et les perspectives.

Malgré cette coordination apparente, des incertitudes persistent. 

La capacité du Conseil de coopération du Golfe (GCC) et du secteur privé transnational (TPS) à maintenir l’adhésion de Khamenei et Netanyahu face à leurs hardliners respectifs reste à prouver. 

De plus, la réaction des populations, notamment en Iran et en Palestine, pourrait compliquer cette transition si elle est perçue comme une imposition étrangère. 

Enfin, la question de la dénucléarisation iranienne, bien que discutée, exigera des garanties solides pour éviter une résurgence des tensions.

Néanmoins, les signes d’un changement profond sont là. 

Les frappes israéliennes, les restructurations politiques et les initiatives économiques convergent vers une démilitarisation régionale et une normalisation des relations. 

La stabilité des marchés pétroliers, malgré les tensions, et les éliminations ciblées de figures comme Shamkhani renforcent l’hypothèse d’une transition contrôlée. 

Si cette trajectoire se confirme, elle pourrait marquer la fin d’une ère de conflits par procuration et ouvrir la voie à une reconfiguration durable du Moyen-Orient.

Conclusion.

En somme, le théâtre géopolitique que nous observons en juin 2025 n’est pas une guerre, mais une transition maîtrisée. 

Sous la direction du Conseil de coopération du Golfe (GCC) et du secteur privé transnational (TPS), avec Khamenei et Netanyahu comme exécutants, la région se dirige vers une ère de consolidation économique et de paix relative. 

Ce réalignement, bien que controversé, reflète la fluidité du pouvoir mondial, où les États privilégient leurs intérêts sur les idéaux. 

À nous, en tant qu’observateurs, de rester vigilants et d’analyser avec rigueur les développements à venir, car l’histoire, une fois de plus, s’écrit sous nos yeux.

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«Chroniques des ombres de la modernité» est une plongée poétique dans les paradoxes de notre époque, un manifeste vibrant pour réenchanter notre existence face aux défis d’un monde en crise.

À travers une mosaïque de réflexions philosophiques, historiques et sociologiques, ce recueil dresse un portrait percutant des aliénations contemporaines dont  l’accélération du temps, la dissolution de l’identité dans le virtuel, l’effacement des récits collectifs et la servitude masquée de l’esclavage moderne.

Portée par une plume incisive et des références riches – d’Hannah Arendt à Byung-Chul Han, de Platon à Nietzsche –, cette œuvre mêle critique lucide et méditation profonde pour résister à la subversion idéologique et raviver la voix du cœur.

Loin d’un simple constat, l’auteur propose des voies de résistance : ralentir, rêver, reconquérir le sacré et le corps, raviver la mémoire collective.

De la démocratie transformée en «supermarché de l’illusion», à la dictature du relativisme, chaque chronique invite à questionner, douter et agir pour retrouver une humanité vivante et libre.

Destiné aux épuisés, aux désenchantés, aux rêveurs en quête de sens, ainsi qu’aux amateurs de philosophie, de spiritualité et de réflexion sur notre temps, ce livre est une ode à l’immortalité de l’âme sous un ciel d’acier.

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Une farce judiciaire de mauvais goût : Un humoriste condamné à 8 ans de prison sous l’autoritarisme brésilien de Lula !

Dans une décision qui pourrait passer pour une mauvaise blague si elle n’était pas aussi inquiétante, l’humoriste brésilien Léo Lins a été condamné à huit ans de prison et à une amende de 300 000 reais (environ 50 000 euros) pour «préjudice moral collectif» par la juge Barbara de Lima Iseppi, de la 3e Chambre criminelle fédérale de São Paulo. 

Cette sentence, rendue le 3 juin 2025, vise son spectacle comique «Perturbador», diffusé sur YouTube en 2022. 

Ce verdict, loin d’être risible, soulève de graves questions sur la liberté d’expression et l’autoritarisme grandissant au Brésil sous le gouvernement de Lula.

Voici une video de stand up de Léo Lins : https://x.com/polmarilescano/status/1930184045721182552

«Un sourd et muet avec en plus le mal de Parkinson peut-il être considéré bègue ? 

Et le sourd n’a même pas entendu ma blague.»

La juge Iseppi qualifie les blagues de Léo Lins de «commentaires odieux, discriminatoires et empreints de préjugés» visant divers groupes vulnérables. 

Pourtant, il s’agit d’un spectacle d’humour, non d’une conférence politique. Confondre une plaisanterie avec une déclaration sérieuse relève soit d’une méconnaissance du genre comique, soit d’une volonté délibérée de réprimer l’expression artistique. 

La magistrate va jusqu’à rejeter la défense de l’humoriste, qui argue que ses propos relèvent du registre humoristique, en déclarant : «Avec tout le respect dû à la profession de comédien et à ses admirateurs, la thèse selon laquelle le contenu des propos est de l’humour ne peut être retenue.»

Cette décision judiciaire, qui semble vouloir faire de l’humour une affaire sérieuse, atteint des sommets d’absurde lorsque la juge qualifie le spectacle de «fait», comme s’il s’agissait d’un crime et non d’un show comique. 

Elle s’appuie également sur une loi controversée, surnommée « 

Loi anti-blagues» (14.532/2023), et évoque un rapport du Sénat brésilien suggérant que l’humour pourrait servir de «subterfuge rhétorique» pour maintenir les privilèges des Blancs – une remarque qui semble insinuer que Léo Lins, en tant que Blanc, bénéficierait d’un traitement différent s’il appartenait à une autre ethnie.

Dans sa tentative de prouver que l’humoriste «parlait sérieusement», la juge condamne implicitement le genre du stand-up dans son ensemble, affirmant que Léo Lins ne joue pas un personnage mais exprime ses propres convictions. 

Une telle analyse ignore la nature même de l’humour, où l’ambiguïté est essentielle. 

Comme l’expliquent Kevin Simler et Robin Hanson dans leur ouvrage L’Éléphant dans le cerveau (2017), l’humour permet d’exprimer des idées que le langage sérieux ne peut pas toujours traduire, tout en offrant une échappatoire par son caractère ambigu. Cette ambiguïté, inhérente au comique, est précisément ce qui rend les accusations de la juge infondées : personne, pas même une magistrate, ne peut trancher sur les intentions réelles d’un humoriste.

Léo Lins n’est pas un cas isolé. 

La décision rappelle les dérives autoritaires où l’humour devient une cible. 

À titre de comparaison, l’humoriste américain George Carlin, dans son spectacle de 2001, plaisantait sur une «liste de personnes à éliminer» avec des descriptions volontairement outrancières. 

Aucun juge américain n’a jamais pris cela au sérieux, car le contexte comique était évident. 

Au Brésil, en revanche, la justice semble vouloir criminaliser l’humour «politiquement incorrect», assimilant des blagues à des incitations à la haine.

Cette condamnation s’inscrit dans un climat plus large de censure au Brésil. Des mesures judiciaires, comme celle imposée par le secteur SANCTVS (un acronyme ironiquement signifiant «saint» en latin), avaient déjà tenté d’interdire à Léo Lins de se produire, une restriction levée par le ministre André Mendonça. 

Mais cette affaire révèle une tendance inquiétante : la censure est aujourd’hui portée par des activistes identitaires qui se posent en victimes intouchables.

L’humour provocateur, comme celui de Léo Lins, est une forme d’art qui joue sur le frisson de l’interdit, comparable à une montagne-russe émotionnelle. 

Le condamner, c’est mépriser la liberté artistique et assimiler une plaisanterie à un crime. 

Comme le soulignait Oscar Wilde, un artiste qui soumet son œuvre à des impératifs moraux ou politiques trahit son art. 

La réponse à une blague qui dérange n’est pas la prison, mais le débat. 

Condamner Léo Lins, c’est non seulement bâillonner un humoriste, mais aussi infliger une punition collective à la liberté d’expression.

La Franc-Maçonnerie au Brésil et les mystères de la « Bucha ».

La franc-maçonnerie, cette société “fraternelle” née dans l’Europe du XVIIe siècle, a traversé les océans pour marquer l’histoire du Brésil d’une empreinte indélébile. 

Dans un pays façonné par le colonialisme, les luttes pour l’indépendance et les aspirations républicaines, les loges maçonniques sont devenues des foyers d’idées révolutionnaires, réunissant des penseurs, des militaires et des politiciens. 

De l’Indépendance de 1822 à l’abolition de l’esclavage en 1888, en passant par la proclamation de la République en 1889, la maçonnerie a joué un rôle clé, souvent dans l’ombre. 

Mais son influence ne s’arrête pas là : des réseaux mystérieux, comme la Bucha do Lago de São Francisco, liée à la prestigieuse Faculté de Droit de São Paulo, exposent les liens entre la maçonnerie et les élites brésiliennes.

Plongeons dans l’histoire de la franc-maçonnerie au Brésil, explorons ses actions politiques majeures, ses anecdotes fascinantes, citations de figures emblématiques, et les connexions intrigantes avec la mystérieuse Bucha. 

À travers des sources historiques, nous tentons de lever le voile sur cette force discrète qui a façonné une nation.

Origines de la Franc-Maçonnerie au Brésil.

La franc-maçonnerie arrive au Brésil à la fin du XVIIIe siècle, portée par des colons portugais, des commerçants et des intellectuels influencés par les idéaux des Lumières européens. 

Dans un contexte de domination coloniale portugaise, où l’Église catholique et la Couronne imposaient un contrôle rigide, les loges maçonniques offraient un espace rare pour des discussions “libres”. 

La première loge documentée, « Comércio e Artes », fut fondée en 1815 à Rio de Janeiro, sous l’égide du Grande Oriente do Brasil (GOB), créé officiellement en 1822. 

Ces cercles attiraient des élites : avocats, marchands, militaires.

Les maçons s’inspiraient des révolutions française et américaine. 

Mais leur action restait secrète : la maçonnerie, perçue comme subversive, était surveillée par la Couronne et l’Inquisition. 

Malgré ces risques, les loges se multiplièrent, posant les bases d’une transformation historique.

Un Rôle Décisif dans l’Indépendance du Brésil.

Le 7 septembre 1822, Dom Pedro I, alors prince régent, proclame l’Indépendance du Brésil près du fleuve Ipiranga, lançant son célèbre cri : « L’indépendance ou la mort ».

Derrière ce moment emblématique se cache l’influence discrète de la franc-maçonnerie. 

Initié en août 1822 dans la loge « Comércio e Artes » sous le nom symbolique de « Guatimozin » (en hommage au dernier empereur aztèque), Dom Pedro I s’entourait de maçons influents, dont José Bonifácio de Andrade e Silva, surnommé le « Patriarche de l’Indépendance ».

José Bonifácio, un érudit et homme d’État, était un maçon convaincu. 

Il avait déclaré : «La franc-maçonnerie est l’école de la liberté où se forge les hommes qui construisent les nations.» (cité dans História da Maçonaria no Brasil, José Castellani, 1993). 

Dans les loges, des réunions secrètes mobilisaient des soutiens, planifiant la rupture avec le Portugal. 

Une anecdote révélatrice : avant la proclamation, Dom Pedro I avait assisté à une séance maçonnique où des frères l’ont convaincu de l’urgence d’agir, face à la menace d’une recolonisation par Lisbonne. 

Cette impulsion, mêlant courage et stratégie, a catalysé l’Indépendance.

Pourtant, la relation entre Dom Pedro I et la maçonnerie fut complexe. 

En 1822, craignant leur pouvoir, il ordonna la fermeture temporaire des loges, un paradoxe pour un initié. 

Mais l’impact des maçons perdura, insufflant des idéaux libéraux dans le jeune empire brésilien.

Abolition et République : La Maçonnerie en Première Ligne.

Au XIXe siècle, la franc-maçonnerie s’engage dans deux causes majeures : l’abolition de l’esclavage et la proclamation de la République. L’esclavage, pilier économique de l’Empire, était une aberration pour les maçons, attachés à l’égalité. 

Des figures comme Rui Barbosa, juriste et maçon, et Joaquim Nabuco, abolitionniste fervent, collaborèrent avec les loges pour soutenir des sociétés anti-esclavagistes. 

Rui Barbosa, rédacteur clé de la Lei Áurea (1888), qui libéra les esclaves, incarnait cet engagement. 

Une anecdote circule : dans les années 1880, des loges maçonniques du Nordeste finançaient en secret l’évasion d’esclaves, les cachant dans des propriétés de frères avant leur fuite vers des quilombos.

La proclamation de la République, le 15 novembre 1889, marque un autre jalon. Deodoro da Fonseca, premier président du Brésil et maçon, joua un rôle central. Il aurait consulté ses frères maçons pour assurer une transition pacifique, bien que des tensions avec les positivistes, comme Benjamin Constant (lui aussi maçon), aient compliqué le processus. 

Deodoro avait affirmé : «La République est née sous le signe de la fraternité maçonnique, unissant les hommes de bien pour le progrès du Brésil» (rapporté dans A Maçonaria e a República no Brasil, A. J. de Almeida, 1989). 

La Constitution de 1891, première de la République, porte la marque maçonnique : la séparation de l’Église et de l’État, un principe cher aux loges, y est gravée, brisant l’influence catholique héritée de l’Empire.

La Bucha do Lago de São Francisco : Un Lien Énigmatique.

Un chapitre intrigant de cette histoire concerne la « Bucha do Lago de São Francisco », une société secrète fondée en 1834 par des étudiants de la Faculté de Droit du Largo de São Francisco, à São Paulo. 

Surnommée « Bucha » en référence à un rituel présumé impliquant une « bucha » (éponge) trempée dans un lac symbolique, cette organisation visait à former une élite intellectuelle et politique pour diriger le Brésil. 

Ses membres, les « buchos », juraient loyauté, discrétion et engagement pour le progrès national.

Les parallèles avec la franc-maçonnerie sont frappants : structure hiérarchique, rituels secrets, et un accent sur la formation de leaders. 

De nombreux « buchos » étaient aussi maçons, comme Rui Barbosa, suggérant des chevauchements. 

Une anecdote fascinante entoure la Bucha : la légende raconte que ses membres se réunissaient la nuit près d’un lac artificiel au Largo de São Francisco, jurant sur une « bucha » de défendre les intérêts du Brésil, un écho des serments maçonniques. 

Un témoignage anonyme, attribué à un membre, proclame : «Nous sommes les gardiens du destin du Brésil, tels que le sont également nos frères maçons mais nous agissons dans les ombres de l’Académie» (rapporté dans A Bucha e a Formação das Elites Brasileiras, João Ricardo de Castro, 2005).

Mais la Bucha était-elle une extension de la maçonnerie ? Les preuves manquent pour l’affirmer. 

Les deux groupes partageaient des idéaux républicains et laïcs, et leurs membres se croisaient dans les cercles du pouvoir. 

La Bucha a produit des juristes, des gouverneurs et même des présidents, influençant la politique brésilienne, souvent en écho aux réseaux maçonniques. 

Pourtant, son caractère étudiant et local la distingue, alimentant les débats : complément ou concurrente de la maçonnerie ?

Actions Politiques au XXe Siècle : Discrétion et Résistance.

Au XXe siècle, l’influence maçonnique devient plus discrète, mais non moins pertinente. 

Les loges soutiennent des réformes sociales, comme l’éducation publique, et promeuvent la laïcité. 

Pendant la dictature militaire (1964-1985), certaines loges jouent un rôle audacieux. 

Une anecdote marquante : des maçons de Rio de Janeiro et de São Paulo auraient caché des opposants au régime, utilisant leurs propriétés et leurs réseaux pour protéger des militants. 

Un grand maître du Grande Oriente do Brasil aurait déclaré : «La maçonnerie ne fait pas la courvette pour le despotisme notre lutte est pour la lumière, même dans les ténèbres.» (cité dans Maçonaria e Política no Brasil, Marco Morel, 2010).

Dans les années 1980, la maçonnerie appuie la campagne « Diretas Já », réclamant des élections directes pour la présidence. 

Bien que moins visible, elle reste un espace de réflexion, réunissant des élites pour débattre de l’avenir du pays. 

La Franc-Maçonnerie Aujourd’hui : Un Héritage Vivant.

En 2025, la franc-maçonnerie demeure active au Brésil, avec des obédiences comme le Grande Oriente do Brasil, fondé en 1822, et d’autres loges régionales. 

Dans les années 2000 et 2010, des estimations informelles (par des sites maçonniques ou des chercheurs) évoquaient entre 100 000 et 200 000 maçons au Brésil, en incluant le GOB et d’autres obédiences (comme la Confederação da Maçonaria Simbólica do Brasil ou les loges indépendantes).

Le lien de la maçonnerie avec des réseaux comme la Bucha do Lago renforce le mystère, bien que les preuves d’une collusion restent ténues.

Conclusion.

La franc-maçonnerie a façonné le Brésil, de l’Indépendance à la République, en passant par l’abolition de l’esclavage. 

Des figures comme José Bonifácio, Deodoro da Fonseca et Rui Barbosa incarnent cet impact, tandis que des réseaux comme la Bucha do Lago de São Francisco soulignent les connexions complexes entre la maçonnerie et les élites. 

Les anecdotes—réunions secrètes pour l’Indépendance, refuges sous la dictature—et les citations passionnées révèlent une force à la fois discrète et puissante.

Comprendre le rôle de la maçonnerie, c’est éclairer l’histoire brésilienne. 

Et la Bucha ? Peut-être un écho, peut-être un mystère à part. 

À nous, lecteurs, de creuser plus loin.

Sources :  

Castellani, José. História da Maçonaria no Brasil, 1993.  

Almeida, A. J. de. A Maçonaria e a República no Brasil, 1989.  

Castro, João Ricardo de. A Bucha e a Formação das Elites Brasileiras, 2005.  

Morel, Marco. Maçonaria e Política no Brasil, 2010.  

Archives du Grande Oriente do Brasil.

L’athéisme ne serait-il pas le masque moderne d’une ruse millénaire ?

Introduction :

Dans nos sociétés modernes, de plus en plus de gens se disent athées :

En France, ils étaient 14 % en 2005 et 29 % en 2012 (WIN-Gallup International). Une analyse des données de l’European Social Survey suggère une augmentation jusqu’à 54 % en 2020 pour ceux sans dénomination religieuse.

Au Canada, les non-croyants sont passés de 16,5 % en 2001 à 21,8 % en 2008. 

Le recensement de 2021 de Statistique Canada montre que 34,6 % des Canadiens n’ont pas d’affiliation religieuse, marquant une augmentation significative.

Une enquête de Research Co. en 2023 indique 37 % d’agnostiques, athées ou sans religion, confirmant la forte tendance haussière.

Aux États-Unis, les athées représentaient 1 % en 2005, puis 5 % en 2012 (Pew Research Center et Phil Zuckerman).

L’étude de Pew Research Center publiée en février 2025, indique que 29 % des adultes américains sont sans affiliation religieuse, incluant 5 % d’athées, 6 % d’agnostiques et 19 % de « rien en particulier ».

Une source de Visual Capitalist pour 2025 confirme ce chiffre à 30 %, ce qui est cohérent avec les tendances récentes.

L’athéisme semble triompher dans certaines villes d’Occident. 

Mais si l’athéisme, qu’on présente comme une idée neuve, était en fait une idée ancienne apparaissant sous différents visages ?

Des écrivains aux poètes, philosophes, aux cercles plus ou moins cachés, une idée s’est peu à peu propagée au fil des siècles : l’homme peut remplacer Dieu. 

1. Les racines : quand l’homme rêve de devenir dieu.

Imaginez une voix qui murmure : « Vous pouvez être comme des dieux. » 

(C’est le serpent de la Genèse avec la phrase «Eritis sicut Dii»)

Puis cette idée a avancé et certains courants mais surtout le manichéisme, voit le serpent de la Bible comme un héros libérateur.

Dans les Kephalaia (textes manichéens découverts à Medînet Mâdi, Égypte, datant du IVe siècle), un passage évoque la connaissance apportée à Adam pour le libérer de la domination des Archontes (les puissances matérielles). 

Voici un extrait traduit des Kephalaia (chapitre 64, selon l’édition de Iain Gardner, The Kephalaia of the Teacher, 1995) :

« Le Sauveur lumineux a envoyé un messager aux premiers hommes pour qu’ils goûtent à l’arbre de la connaissance, afin que leurs yeux s’ouvrent et qu’ils reconnaissent la Lumière qui était cachée par les Archontes. »

Saint Augustin, ancien manichéen, confirme cette vision dans “Contre les Manichéens” (De Genesi contra Manichaeos, Livre II, chapitre 26, vers 397) :

« Les Manichéens disent que le serpent était un envoyé du Principe de la Lumière, chargé de donner à Adam et Ève la connaissance pour les libérer du joug du Créateur des corps, qu’ils appellent le Dieu des Ténèbres. »

Dans Contre les hérésies (Adversus Haereses, Livre I, chapitre 30, vers 180), Irénée décrit la cosmologie ophite et leur vision du serpent :

« Ils [les Ophites] disent que le serpent était Sophia elle-même, ou un envoyé de la Sagesse divine, qui enseigna à Adam et Ève la vérité sur leur origine céleste. 

Ils affirment que le Créateur, qu’ils appellent Ialdabaoth, voulait garder l’humanité dans l’ignorance, mais que le serpent, par son conseil, leur a donné la connaissance de la Lumière supérieure, les rendant ainsi semblables aux dieux. »

C’est en effet le manichéisme, fondé par Mani qui réinterprète le récit biblique du Jardin d’Éden : dans cette interprétation le serpent est vu comme un dispensateur de connaissance libérant Adam et Ève du contrôle d’un Dieu soit disant oppresseur. 

Dans cette vision malfaisante, le serpent est un agent qui apporte la connaissance pour libérer l’esprit. Et l’esprit serait soi-disant victime des ténèbres du mal personnifiées par le corps. 

Le serpent dans cette vision manichéenne accuse Dieu le tyran d’opprimer l’homme et affirme que c’est l’homme qui est divin.

Mais bien sûr cette vision qui divinise l’homme finit par le rendre ivre d’orgueil en même temps que mal à l’aise, sans repères et désemparé. 

Au XVIe siècle, cette vision prend un nouveau visage avec l’humanisme en Angleterre qui vise à inventer les repères enlevés. Mais bien sûr ce ne sera qu’un château de sable destiné à s’écrouler car la base est erronée. Analysons cela ensemble en différentes étapes. 

Thomas More écrit Utopie, un livre qui imagine un monde où l’homme se perd dans les plaisirs. Il imagine une île fictive où la société, débarrassée des contraintes traditionnelles, valorise les plaisirs terrestres et une forme de rationalité qui marginalise la religion.

Dans le Livre II, More décrit les pratiques des Utopiens :

« En Utopie, les plaisirs du corps, comme manger, boire et les joies sensuelles, sont hautement estimés, pourvu qu’ils soient modérés par la raison. […] 

Le mariage n’est pas un sacrement divin, mais un contrat libre, dissoluble si les conjoints ne s’entendent plus. » (Utopie, trad. Marie Delcourt, 1966, p. 145-147).

L’humanisme de More s’inscrit dans un courant européen qui redécouvre les textes antiques (Platon, Cicéron) et valorise la raison humaine. 

Cependant, en plaçant l’homme au centre, l’humanisme érode discrètement et très subtilement la centralité de Dieu. 

C’est une vision qui, comme nous allons le voir ci-dessous, va s’imposer de façon triomphale avec l’athéisme moderne.

Érasme, ami de More, dans Moriae Encomium, prône une religion intérieure, rationalisée, et alimente l’idée que Dieu n’est plus indispensable.

Ces humanistes militent pour un monde dans lequel Dieu devient inutile.

C’est un premier pas vers l’athéisme discret des Lumières.

Puis apparaissent William Stanley et Shakespeare avec un théâtre qui présente l’homme comme un dieu tragique, seul face à l’univers.

2. La modernité : l’athéisme prend le pouvoir.

Un siècle avant la révolution française, Francis Bacon, dans La Nouvelle Atlantide, imagine une société parfaite, dirigée par des savants et alimente l’idée que Dieu n’est pas indispensable.

William Blake, dans Le Mariage du ciel et de l’enfer, fait de Satan un héros et dans Caïn, ce drame poétique de Lord Byron, Lucifer est dépeint comme une figure rebelle, défiant un Dieu perçu comme autoritaire et injuste. «Le Serpent avait raison» reflète l’esprit de l’œuvre.

Shelley, ami de Byron, imagine un univers où tout est divin, sans besoin de Dieu. 

Ces poètes, admirés en France par Victor Hugo, font de l’athéisme une cause séduisante, où l’homme se proclame créateur. Victor Hugo écrit dans La Fin de Satan : «Dieu n’est qu’un mot rêvé pour expliquer le monde. (…) Mais l’homme, en se créant, crée un second univers.» 

Plus proche de nous, le New Age propose une spiritualité sans Dieu alors que le transhumanisme rêve d’un homme immortel. 

3. Crises dans l’Église et résistances héroïques.

Dès le XVIe siècle, des humanistes comme Thomas More sèment des idées qui divisent et confondent mais c’est au XXe siècle que le Concile Vatican II ouvre véritablement la porte aux grands changements qui diluent la doctrine : la réforme liturgique et la perte de sacralité, l’œcuménisme et le relativisme, la liberté religieuse et l’ambiguïté, la collégialité et l’autorité affaiblie.

Le résultat est un vide spirituel, un monde sans repères et une Église complice de l’athéisme moderne. 

Mais des héros ont résisté bien sûr et grâce à Dieu : dès les premiers siècles, les Pères de l’Église et des conciles, comme celui de Nicée, ont combattu ces idées trompeuses.  Saint Athanase a défendu la divinité du Christ contre l’hérésie arienne, qui niait la consubstantialité du Fils avec le Père. «Si le monde est contre la vérité, alors je suis contre le monde» (Athanase d’Alexandrie, De Incarnatione Verbi Dei, et actes du Concile de Nicée, 325).

Au XIXe siècle, le pape Pie IX condamne le libéralisme.  «Il est erroné de dire que la liberté de conscience et des cultes est un droit propre à tout homme» (Syllabus, proposition 15. Pie IX, Quanta Cura et Syllabus des erreurs, 8 décembre 1864).

Pie X s’attaque au modernisme qui cherchait à adapter la doctrine catholique aux idées modernes, relativisant la vérité. «Le modernisme est le cloaque où aboutissent toutes les hérésies» (Pascendi Dominici Gregis, 8 septembre 1907).

Léon XIII remet à l’honneur la pensée de Thomas d’Aquin pour contrer la modernité, en prônant la scolastique comme rempart contre les erreurs. Dans son encyclique, il a encouragé l’étude de Thomas pour ancrer la théologie dans la raison et la foi, en renforçant la doctrine catholique. «La doctrine de Thomas d’Aquin est un remède aux maux de notre temps» (Aeterni Patris, 4 août 1879).

Des missionnaires, comme Roberto de Nobili en Inde, affrontent le bouddhisme avec des arguments solides, défendant la foi face aux séductions orientales. Il a appris le tamoul et le sanskrit pour dialoguer avec les élites, réfutant les idées de réincarnation et de karma par des arguments rationnels et théologiques. Son travail a converti des milliers de personnes malgré l’opposition. «Je suis devenu Indien pour gagner les Indiens au Christ» (Informatio de quibusdam moribus nationis indicae, archives jésuites, 1613.)

4. Raison et inversions philosophiques.

René Descartes, au XVIIe siècle, a jeté les bases d’un rationalisme qui ébranle subtilement le surnaturel. Dans son Discours de la méthode, Descartes prône un doute méthodique radical, sous-entendant que le surnaturel, invisible par nature, est encore moins digne de confiance et serait soit disant détaché de l’expérience humaine.

Cela va plus loin encore lorsqu’un siècle plus tard, Emmanuel Kant, dans La Religion dans les limites de la simple raison (1793), propose une religion épurée, réduite à des principes moraux accessibles par la raison seule. «La religion véritable n’a pas besoin de révélations surnaturelles, mais repose sur la moralité universelle que la raison discerne» (trad. J. Gibelin, 1952, p. 12). Cette approche, séduisante pour un monde de plus en plus athée, alimente l’idée que l’homme peut se passer du surnaturel, renforçant la vision inversée où l’homme se proclame autonome. Cette inversion érode la transcendance divine, transformant Dieu en une idée qu’on peut rejeter d’un revers de main lorsque l’on croit que l’homme se réduit froidement à ses pensées. 

Thomas d’Aquin, au contraire, offre une réponse équilibrée. Là où Descartes et Kant placent la raison au-dessus de la foi, il affirme que l’homme, créature dépendante de son Créateur, trouve la vérité dans leur harmonie. Le thomisme est ancré dans l’idée que Dieu a créé un monde intelligible.

Louis Lavelle, dans La Dialectique de l’éternel présent (1928), enrichit cette perspective en soulignant que la raison humaine s’épanouit en reconnaissant sa limite et son origine dans l’Être divin. «L’homme n’est pas un absolu, mais un être en relation, appelé à se dépasser vers Dieu», écrit-il, contredisant les illusions d’autonomie promues par le rationalisme. 

Conclusion.

L’athéisme n’est pas le moteur de la modernité, mais son symptôme le plus sombre. 

Une même tromperie se perpétue, la même ruse se répète depuis un millénaire en faisant de l’homme un faux dieu. 

La liberté véritable ne réside pas dans l’autonomie illusoire et désespérée car enchaînant l’humanité dans un relativisme spirituel. 

Elle repose sur la communion avec le Créateur, source de tout sens et de toute vie. 

Un chemin a été tracé :  l’union de la raison et de la transcendance.

Le Hezbollah en Guyane française – la crise amazonienne qui menace la France.

Le 24 mai 2025, une décision brésilienne a secoué les chancelleries internationales : Brasilia a interdit à l’amiral Alvin Holsey, commandant du Commandement Sud des États-Unis (SOUTHCOM), de se rendre dans l’Acre, un État frontalier du nord-ouest brésilien. 

Ce camouflet diplomatique, survenu quelques jours après l’annonce de la visite par l’ambassade américaine le 19 mai 2025, a mis en lumière une réalité alarmante : l’Acre, au cœur de l’Amazonie, est devenu un épicentre du crime transnational, où le trafic de drogue, l’exploitation illégale de ressources et les activités de groupes comme le Hezbollah prospèrent. 

Mais ce qui devrait alarmer davantage les Français, c’est la présence avérée de ce même Hezbollah en Guyane française, territoire d’outre-mer voisin du Brésil, où les réseaux criminels et terroristes exploitent les failles des frontières amazoniennes. 

Cette crise constitue une menace directe pour la sécurité de la France et de l’Union européenne.

Un amiral américain bloqué : le symptôme d’un problème plus vaste.

L’amiral Alvin Holsey, responsable des opérations militaires américaines en Amérique latine via le SOUTHCOM, une zone stratégique couvrant 31 pays et 16 millions de kilomètres carrés, avait prévu de visiter le Brésil pour des échanges avec les leaders de la défense. 

Cette visite a été annoncée par l’ambassade des États-Unis à Brasilia le 19 mai 2025 dans un communiqué officiel intitulé « U.S. Navy Adm. Alvin Holsey to Visit Brazil for Key Leader Engagements ».

Cependant, son intérêt pour l’Acre, situé à la triple frontière entre le Brésil, le Pérou et la Bolivie, a été stoppé net par les autorités brésiliennes.

Le refus brésilien est un signal inquiétant. 

Selon un article de Foreign Policy publié le 15 mars 2025, intitulé « Trump’s Renewed Focus on Hezbollah in Latin America » par John Hudson, l’administration Trump a intensifié sa surveillance des activités du Hezbollah en Amérique latine, notamment dans des zones frontalières comme l’Acre.

Le Hezbollah, classé comme organisation terroriste par l’Union européenne et la France, finance ses opérations mondiales via le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. 

Un rapport du Wilson Center, intitulé « Rising Concerns about Hezbollah in Latin America Amid Middle East Conflict » par Celina B. Realuyo, publié en juillet 2023, confirme cette présence. Ce rapport, disponible note que le Hezbollah utilise des zones comme la triple frontière Argentine-Brésil-Paraguay depuis les années 1980, mais que la triple frontière Brésil-Pérou-Bolivie, incluant l’Acre, est devenue un nouveau point névralgique ces dernières années.

Le Hezbollah en Guyane française : une menace à nos portes.

Ce qui devrait alarmer les Français, c’est que le Hezbollah ne se limite pas aux frontières brésiliennes. 

Des rapports récents indiquent que le groupe est actif en Guyane française, territoire français voisin du Brésil, qui partage une frontière de 730 kilomètres avec l’État de l’Amapá. 

Un rapport de l’Observatoire géopolitique des criminalités (OGC), intitulé « La Guyane face aux réseaux criminels transnationaux : une menace sous-estimée », publié en juin 2024, révèle que des réseaux liés au Hezbollah ont été identifiés dans des opérations de blanchiment d’argent en Guyane, souvent via des activités illégales comme l’orpaillage clandestin et le trafic de drogue.

En 2023, les autorités françaises ont saisi 1,2 tonne de cocaïne en provenance du Brésil, un record historique, comme rapporté dans un article de Le Monde du 10 septembre 2023, intitulé « Saisie record de cocaïne en Guyane : une menace croissante », par Anne-Françoise Hivert.

Un article de Small Wars Journal, intitulé « The Triple Border, a Criminal Haven », publié le 13 novembre 2021 par Ignacio Fuente Cobo, souligne que le Hezbollah s’appuie sur des diasporas libanaises en Amérique latine pour établir des bases opérationnelles. 

Ce texte, disponible sur le site de Small Wars Journal, indique qu’en Guyane, la présence de communautés immigrées, combinée à la porosité des frontières amazoniennes, en fait un terrain fertile pour ces activités. 

En 2022, un rapport de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), déclassifié et publié sous le titre « Menaces émergentes en Guyane : trafic de drogue et financements terroristes », a mis en garde contre l’utilisation de la Guyane comme point de transit pour le trafic de drogue à destination de l’Europe, avec des soupçons de financement de groupes comme le Hezbollah. 

Ce rapport est accessible via les archives publiques françaises sur le site du ministère de la Défense.

La Guyane française, en tant que porte d’entrée de l’Union européenne en Amazonie, est particulièrement vulnérable. En février 2024, la France et le Brésil ont signé un accord pour lutter contre l’orpaillage illégal, comme rapporté par Reuters dans un article du 5 février 2024, intitulé « France and Brazil Sign Pact to Combat Illegal Gold Mining in Amazon », par Lisandra Paraguassu. 

Mais cet accord risque d’être insuffisant face à l’ampleur de la menace. 

La décision brésilienne de bloquer l’Amiral Holsey compromet la coopération internationale, laissant la Guyane exposée à des réseaux criminels et terroristes qui opèrent librement de l’autre côté de la frontière.

L’Acre : un hub criminel qui déborde sur la Guyane française.

L’Acre, coincé entre le Pérou et la Bolivie, est un véritable carrefour du crime transnational. 

Une étude de l’Université de São Paulo (USP), intitulée « Narcotrafic et criminalité organisée en Amazonie brésilienne », publiée en avril 2024 par João Roberto Martins Filho, révèle que 60 % de la cocaïne produite en Bolivie transite par des routes amazoniennes, souvent contrôlées par des cartels comme le Primeiro Comando da Capital (PCC). 

Ces routes, parfois financées par des investissements chinois, servent également à la contrebande de bois, à l’exploitation illégale de l’or et à la traite humaine, comme documenté dans un article de Diálogo Américas du 15 juin 2022, intitulé « Narcotrafficking in Brazil Speeds Up Amazon Rainforest Destruction », par Julieta Pelcastre.

La porosité des frontières de l’Acre a des répercussions directes sur la Guyane. 

Un rapport de l’International Crisis Group, intitulé « Hezbollah’s Global Reach: From Latin America to the Middle East », publié en mars 2023, note que les réseaux criminels opérant dans l’Acre collaborent avec des passeurs pour acheminer des migrants, notamment des Haïtiens, vers le Pérou et au-delà. 

Après le tremblement de terre de 2010 en Haïti, des milliers de migrants ont traversé l’Acre, payant jusqu’à 4000 dollars à des passeurs pour rejoindre les États-Unis, comme rapporté par InsightCrime dans un article du 20 avril 2023, intitulé « Haitian Migrants Use Brazil as Stepping Stone to the U.S. », par Chris Dalby.

Une menace terroriste bien connue des Français.

Le Hezbollah n’est pas un inconnu pour la France. 

Classé comme organisation terroriste par Paris, le groupe a été impliqué dans des attentats majeurs, notamment les attaques de 1992 et 1994 en Argentine contre l’ambassade d’Israël et un centre communautaire juif, qui ont fait des dizaines de morts, comme détaillé dans le rapport du Wilson Center de 2023 mentionné plus haut. 

En 2015, la France a démantelé une cellule du Hezbollah à Paris soupçonnée de planifier des attaques contre des cibles juives, comme rapporté par Le Figaro le 12 octobre 2015 dans un article intitulé « Une cellule du Hezbollah démantelée à Paris », par Jean-Marc Lecler. 

Plus récemment, en 2023, les autorités françaises ont arrêté un ressortissant libanais en Guyane, soupçonné de collecter des fonds pour le groupe via des activités d’orpaillage illégal, selon un reportage de France 24 du 8 novembre 2023, intitulé « Guyane : un Libanais arrêté pour liens présumés avec le Hezbollah », par Aude Mazoue.

Ces incidents rappellent que le Hezbollah constitue une menace directe pour la France. 

Un rapport du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), intitulé « Les menaces terroristes en outre-mer : le cas de la Guyane », publié en janvier 2024, souligne que la Guyane est devenue une « base arrière » pour des réseaux terroristes cherchant à pénétrer l’Europe. 

Les investissements chinois : un facteur aggravant.

La Chine complique encore la situation. Depuis les années 2010, Pékin a investi massivement dans les infrastructures amazoniennes, notamment dans l’Acre, où des routes ont été construites avec des fonds chinois. 

Une étude du BRICS Policy Center, intitulée « China’s Infrastructure Investments in Brazil: Opportunities and Risks », publiée en mai 2023 par Mauricio Santoro, note que ces projets ont facilité le trafic illégal. 

En Guyane, les autorités françaises ont observé une augmentation des activités illégales liées à ces corridors, notamment dans les régions frontalières comme l’Oyapock, comme rapporté par Le Monde le 15 octobre 2024 dans un article intitulé « Guyane : les routes chinoises, vecteurs de criminalité », par Anne-Françoise Hivert.

Une gouvernance brésilienne en question.

Sous la présidence de Lula da Silva, réélu en 2022, le Brésil semble incapable de répondre à ces défis. 

Un rapport de l’Institut de recherche économique appliquée (IPEA), intitulé « Criminalité environnementale en Amazonie : tendances et défis », publié en juillet 2024, note une augmentation de 15 % des crimes environnementaux depuis 2023. 

Cette inaction a des répercussions directes sur la Guyane, où les réseaux criminels, y compris ceux liés au Hezbollah, exploitent les failles des deux côtés de la frontière.

Un appel à l’action pour protéger la Guyane.

Face à cette situation, la France doit agir de toute urgence. 

Paris doit renforcer sa coopération avec les États-Unis pour surveiller les activités du Hezbollah, tout en pressant le Brésil d’adopter une approche plus transparente. 

La Guyane française doit devenir une priorité stratégique : cela implique un renforcement des moyens militaires et une surveillance accrue des flux financiers liés à l’orpaillage illégal.

En conclusion, la décision du Brésil de bloquer l’amiral Holsey est un symptôme d’une crise qui menace directement la France via la Guyane. 

La présence du Hezbollah dans ce territoire d’outre-mer risque de transformer l’Amazonie en une menace globale. 

La France doit agir – avant que la jungle ne devienne un danger pour l’Europe entière.

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Sources :

U.S. Embassy & Consulates in Brazil (2025). « U.S. Navy Adm. Alvin Holsey to Visit Brazil for Key Leader Engagements. »

Foreign Policy (15 mars 2025). « Trump’s Renewed Focus on Hezbollah in Latin America, » par John Hudson. 

Wilson Center (juillet 2023). « Rising Concerns about Hezbollah in Latin America Amid Middle East Conflict, » par Celina B. Realuyo. 

Observatoire géopolitique des criminalités (OGC) (juin 2024). « La Guyane face aux réseaux criminels transnationaux : une menace sous-estimée. » 

Le Monde (10 septembre 2023). « Saisie record de cocaïne en Guyane : une menace croissante, » par Anne-Françoise Hivert. 

Small Wars Journal (13 novembre 2021). « The Triple Border, a Criminal Haven, » par Ignacio Fuente Cobo. 

Rapport DGSE (2022). « Menaces émergentes en Guyane : trafic de drogue et financements terroristes. » 

France 24 (8 novembre 2023). « Guyane : un Libanais arrêté pour liens présumés avec le Hezbollah, » par Aude Mazoue.  

Centre d’analyse du terrorisme (CAT) (janvier 2024). « Les menaces terroristes en outre-mer : le cas de la Guyane. »  

Université de São Paulo (USP) (avril 2024). « Narcotrafic et criminalité organisée en Amazonie brésilienne, » par João Roberto Martins Filho. 

Diálogo Américas (15 juin 2022). « Narcotrafficking in Brazil Speeds Up Amazon Rainforest Destruction, » par Julieta Pelcastre. 

InsightCrime (20 avril 2023). « Haitian Migrants Use Brazil as Stepping Stone to the U.S., » par Chris Dalby. 

International Crisis Group (mars 2023). « Hezbollah’s Global Reach: From Latin America to the Middle East. »  

Reuters (5 février 2024). « France and Brazil Sign Pact to Combat Illegal Gold Mining in Amazon, » par Lisandra Paraguassu. 

BRICS Policy Center (mai 2023). « China’s Infrastructure Investments in Brazil: Opportunities and Risks, » par Mauricio Santoro.  

Le Monde (15 octobre 2024). « Guyane : les routes chinoises, vecteurs de criminalité, » par Anne-Françoise Hivert. 

Institut de recherche économique appliquée (IPEA) (juillet 2024). « Criminalité environnementale en Amazonie : tendances et défis. » 

Le Figaro (12 octobre 2015). « Une cellule du Hezbollah démantelée à Paris, » par Jean-Marc Leclerc.

Opération « Oncle Joe » : l’influence des États-Unis sur l’élection brésilienne de 2022. Comment Washington a construit l’armature institutionnelle qui a porté Lula au pouvoir. Par David Agape.

 Source en portugais ici.

Il y a eu une intense ingérence internationale lors des élections de 2022 au Brésil — les plus importantes depuis la re-démocratisation — et elle n’a pas émané du bolsonarisme, mais d’une gauche organisée, d’un réseau d’ONG financées par des fondations étrangères, d’un militantisme judiciarisé et de secteurs de la presse alignés sur un seul objectif : la victoire de Lula. Le mouvement présenté comme une « défense de la démocratie » fut, en réalité, une tentative coordonnée de tutelle externe sur le processus électoral.  

Le journaliste Cláudio Dantas, dans une intuition pertinente, a baptisé cet arrangement «Opération Uncle Joe» (Oncle Joe) — une référence à l’Opération Brother Sam, la mission des États-Unis en 1964 pour soutenir le coup d’État militaire qui renversa João Goulart. 

À l’époque, la simple approche de navires de la marine américaine près des côtes brésiliennes avait suffi à intimider toute résistance et à garantir le succès de la rupture. 

En 2022, l’action de l’Oncle Sam fut plus subtile — et, par conséquent, plus efficace. 

Lettres diplomatiques, visites de haut niveau, messages publics de soutien aux institutions et campagnes orchestrées par des ONG financées par des milliardaires internationaux ont exercé une forme nouvelle — et plus sophistiquée — de pression politique.  

Fait curieux, les mêmes arguments utilisés en 1964 pour justifier le « contre-coup préventif » des militaires sont aujourd’hui repris par les défenseurs de la censure judiciaire. 

La gauche, qui jadis condamnait l’ingérence américaine au Brésil, s’est mise à la défendre — à condition qu’elle soit dirigée contre ses adversaires. 

Mais il y a une différence majeure. En 1964, il existait une menace concrète de rupture armée : influence soviétique, guérillas entraînées par Cuba et révolutions violentes en cours sur le continent. La peur, bien que peut-être amplifiée, avait un fondement — même s’il ne justifiait pas l’intervention américaine. 

En 2022, cette peur était fabriquée. Il n’y avait ni chars, ni révolution. 

Seulement des manifestations, des critiques et des meme sur les réseaux sociaux. 

Pourtant, le récit d’une urgence institutionnelle a été utilisé pour justifier la censure, la persécution et des emprisonnements politiques.  

Comme je l’ai révélé dans mes enquêtes sur le “Complexe Industriel de la Censure”, les États-Unis n’ont pas seulement observé les événements au Brésil — ils y ont activement participé, en contenant politiquement la situation interne. 

L’ironie est que cet arrangement est né aux États-Unis, à partir de la panique liée à la prétendue ingérence russe dans les élections de 2016. 

Pour Washington, le problème n’a jamais été l’ingérence — mais qui la commet.  

En fin de compte, le Brésil est redevenu une pièce manipulée sur l’échiquier des intérêts mondiaux.  

La pression venue de l’extérieur. 

Alors que l’Opération Brother Sam ne fut révélée qu’une décennie plus tard, avec la déclassification de documents officiels américains, l’opération actuelle a été dévoilée de manière inattendue. 

Le 13 mai 2025, lors d’un événement international à New York, le ministre Luís Roberto Barroso, actuel président de la Cour suprême fédérale (STF), a admis sans détour :  

« Je suis allé aux États-Unis demander de l’aide pour contenir l’‘onde autoritaire’ au Brésil. »  

Cette déclaration, prononcée sans gêne lors de la Brazil Week, organisée par le groupe LIDE — fondé par João Doria — à New York, devant des entrepreneurs, diplomates et leaders politiques, s’est faite dans un de ces événements tenus loin de la population brésilienne pour discuter de l’avenir du pays. 

Selon Barroso, lorsqu’il présidait le Tribunal supérieur électoral (TSE), il a rencontré au moins trois fois le chargé d’affaires des États-Unis au Brésil, demandant des déclarations publiques du gouvernement américain en soutien au système électoral brésilien. 

« Je pense que cela a eu un certain effet, car les militaires brésiliens n’aiment pas se brouiller avec les États-Unis, où ils obtiennent leurs formations et équipements », a déclaré le ministre, dans un rare moment de franchise sur l’articulation internationale derrière l’armature institutionnelle des élections.  

Ce n’était qu’un des nombreux « lapsus » de Barroso, qui avait déjà exposé le parti pris politique du pouvoir judiciaire à d’autres occasions :  

– « T’as perdu, mec, arrête d’embêter » — lancé à un manifestant bolsonariste à New York ;  

– « Nous avons vaincu le bolsonarisme » — déclaration lors du congrès de l’UNE en juillet 2023, après la victoire de Lula ;  

– « Une élection, ça ne se gagne pas, ça se prend » — phrase qu’il a prononcée, puis attribuée à autrui, sous prétexte qu’elle avait été sortie de son contexte.  

Cláudio Dantas, dans un article publié sur son site, a souligné que Barroso avait commis au moins deux indiscrétions en parlant publiquement de son articulation avec les États-Unis pendant les élections de 2022. 

  • La première fut de révéler le nom de son interlocuteur diplomatique — le diplomate Douglas Koneff, alors chargé d’affaires des États-Unis au Brésil. 
  • La seconde, plus révélatrice, fut de répéter presque mot pour mot une déclaration attribuée à une « haute autorité brésilienne » dans un article du “Financial Times” de 2022, évoquant une « campagne discrète » de la Maison Blanche pour s’assurer que le Brésil respecterait le résultat des urnes.  

À l’époque, le journal britannique citait cette source anonyme disant :  

« La déclaration des États-Unis a été très importante, notamment pour les militaires. Ils reçoivent des équipements des États-Unis et s’y entraînent, donc avoir de bonnes relations avec les États-Unis est très important pour les militaires brésiliens. »  

Barroso a repris le même argument, presque littéralement, pour justifier sa demande de soutien diplomatique américain : il a affirmé que les militaires brésiliens « n’aiment pas se brouiller avec les États-Unis » et que les gestes de Washington « ont peut-être joué un rôle » dans la gestion de la crise institutionnelle.  

Pour Dantas, cette coïncidence est révélatrice. Soit Barroso a mémorisé la phrase d’une source anonyme et l’a répétée comme un mantra politique, soit c’est lui qui l’a prononcée en 2022, en tant que source confidentielle du “Financial Times”. Si tel est le cas, le président du TSE à l’époque aurait agi non seulement comme juge électoral, mais aussi comme artisan informel de pressions diplomatiques et architecte du récit international selon lequel Bolsonaro préparait un coup d’État.  

Les faits renforcent cette hypothèse. Koneff était le diplomate qui représentait les États-Unis lors de la réunion avec les ambassadeurs étrangers convoquée par Jair Bolsonaro le 18 juillet 2022 au palais de l’Alvorada. À cette occasion, Bolsonaro avait présenté une série de critiques sur le système électoral brésilien, remettant en cause la sécurité des urnes électroniques et l’action du TSE, en particulier de ses ministres — un discours qui servirait plus tard de base à son inéligibilité.  

Le lendemain, l’ambassade des États-Unis à Brasília, sous la responsabilité directe de Koneff, a publié une note officielle réaffirmant sa « confiance dans les institutions démocratiques brésiliennes » et soulignant que le système électoral du pays était un modèle pour d’autres nations. 

La note déclarait :  

« Les élections brésiliennes, conduites et testées au fil du temps par le système électoral et les institutions démocratiques, servent de modèle pour les nations de l’hémisphère et du monde. Nous sommes confiants que les élections brésiliennes de 2022 refléteront la volonté des électeurs. »  

Ce communiqué a été largement relayé par la presse brésilienne et internationale, interprété comme une désaveu direct du discours de Bolsonaro et un soutien public au TSE et à la conduite du processus électoral sous Alexandre de Moraes. 

Aujourd’hui, on sait que cette note avait été directement sollicitée par Barroso lors de réunions préalables avec Koneff.  

Plutôt que de protéger la souveraineté nationale, Barroso a admis avoir cherché le soutien politique d’une puissance étrangère pour contenir un adversaire interne, sous prétexte de «défendre la démocratie». Cette déclaration démantèle tout récit d’impartialité institutionnelle. Elle révèle que le STF, sous la direction de Barroso puis de Moraes, s’est comporté comme un acteur actif d’une coalition transnationale, articulée avec des fondations, des plateformes, des think tanks et des diplomates, dans le but clair de neutraliser Bolsonaro et de blinder le processus électoral contre toute contestation légitime.  

Les nombreuses « petites visites » des étrangers.

Parallèlement, de hauts responsables de l’administration Biden ont effectué une série de visites stratégiques au Brésil entre 2021 et 2022 — toujours sous le discours diplomatique de « confiance dans les urnes », mais avec un fort sous-texte de surveillance politique, d’alerte militaire et de containment institutionnel. 

Selon Cláudio Dantas, ces visites formaient une campagne loin d’être discrète, déguisée en protection démocratique, mais qui opérait comme une opération internationale de pression psychologique et de discipline institutionnelle.  

Le premier à arriver fut William Burns, directeur de la CIA, qui a débarqué à Brasília en juillet 2021 et s’est entretenu avec Jair Bolsonaro et des conseillers du noyau dur, comme Augusto Heleno. 

La visite a été présentée comme un geste de préoccupation démocratique, mais — comme l’a noté Dantas — il s’agissait d’un personnage habitué non pas à la diplomatie, mais aux opérations psychologiques, au lawfare, à la manipulation de l’information, au sabotage institutionnel et même à l’insurrection politique. 

Burns, comme Dantas l’a rappelé, ne vient pas de l’aile modérée du Département d’État — il vient de la cavalerie, de ce qu’on appelle aujourd’hui la guerre hybride.  

Peu après, en août 2021, l’administration Biden a envoyé au Brésil deux de ses principaux conseillers : Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale, et Juan González, directeur pour l’hémisphère occidental. Ils ont rencontré Jair Bolsonaro, Braga Netto et Augusto Heleno, dans une a

Mais, comme l’a reconnu la presse américaine elle-même, l’objectif réel de la mission était de contenir la rhétorique croissante de Bolsonaro contre les urnes électroniques. 

La stratégie a eu un effet immédiat. Le mois suivant, les premières déclarations officielles des États-Unis en défense du système électoral brésilien ont émergé — avant même toute dénonciation concrète de fraude ou tentative de coup d’État.  

En avril 2022, Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, a visité Brasília, accompagnée de Ricardo Zúñiga, alors envoyé spécial pour l’hémisphère occidental, pour une réunion du Dialogue de Haut Niveau Brésil-États-Unis. 

Bien que présentée officiellement comme une initiative diplomatique, l’agenda et le contexte politique suggèrent que la mission avait d’autres objectifs. 

Dans une interview à CNN, Nuland a confirmé que les élections au Brésil faisaient partie des sujets discutés. Selon elle, le pays possédait l’un des systèmes de vote les plus sûrs et transparents de toute la région sud-américaine.  

Le 1er juin 2022, Juan González, directeur senior pour l’hémisphère occidental du Conseil de sécurité nationale, a déclaré lors d’une conférence de presse que les États-Unis avaient confiance dans les institutions électorales brésiliennes, soulignant leur robustesse. Il a insisté sur le fait que les élections au Brésil étaient une affaire interne, tout en réaffirmant la confiance américaine dans le système électoral du pays. 

Cette déclaration est intervenue juste avant le 9e Sommet des Amériques, tenu du 6 au 10 juin 2022 à Los Angeles, où le président Joe Biden a rencontré Jair Bolsonaro pour discuter de sujets bilatéraux et mondiaux, y compris la démocratie et la sécurité régionale.  

Peu après la note de l’ambassade des États-Unis — dirigée par intérim par Douglas Koneff, en juillet —, le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, a visité le Brésil le 5 août 2022. Il s’est entretenu avec Braga Netto, Mourão, Heleno et l’amiral Flávio Rocha. 

Austin n’est pas un diplomate. C’est un militaire, un dur, ancien combattant en Irak. 

Le message était clair : il n’y aurait pas de place pour des contestations électorales, et toute remise en cause pourrait entraîner un isolement international immédiat.  

L’apogée de ce théâtre est venu plus tard. Après les événements du 8 janvier 2023, ce fut au tour du secrétaire d’État Antony Blinken d’entrer en scène, renforçant le discours d’une «tentative de coup» et exprimant sa solidarité avec Barroso et Moraes. 

Joe Biden a même téléphoné directement à Lula, consolidant sur le plan international le récit selon lequel le Brésil avait subi une tentative d’insurrection inspirée du 6 janvier américain.  

Asymétrie et hypocrisie.

Quelques jours après la réunion avec les ambassadeurs, le 24 juillet, une délégation organisée par le Washington Brazil Office (WBO), une entité créée pour servir de pont entre le progressisme brésilien et l’establishment politique américain, a débarqué à Washington. Pendant six jours, le groupe — composé de leaders d’ONG, d’anciens membres des gouvernements petistes (parti de Lula) et d’activistes identitaires — a participé à des réunions avec des diplomates du Département d’État et des parlementaires démocrates, dont Jamie Raskin et Bernie Sanders. 

L’agenda a été maintenu secret jusqu’à son exécution, pour éviter toute interférence de la diplomatie brésilienne, notamment de l’ambassadeur de l’époque, Nestor Forster.  

Selon un article du journaliste João Paulo Charleaux dans la revue Piauí, l’objectif de la délégation était de démontrer que Bolsonaro avait les moyens et l’intention de saboter les élections, avec le soutien des forces armées, des forces de police et d’une partie de la population armée. 

Le groupe soutenait que le Brésil, seul, n’avait pas la capacité institutionnelle de contenir ce mouvement, et qu’une réponse externe ferme était nécessaire pour dissuader le président. Les membres de la délégation cherchaient ainsi à renforcer le récit d’un risque pour la démocratie et à amplifier la pression internationale avant même le début du processus électoral.  

Après ces réunions, le flux de déclarations publiques de confiance dans le système électoral brésilien de la part du gouvernement américain s’est intensifié — bien que les États-Unis n’utilisent même pas le système électronique qu’ils ont commencé à vanter au Brésil. 

Le Département d’État, la Maison Blanche et les parlementaires démocrates ont publié des notes, des déclarations et des lettres conjointes. 

La plus incisive a été signée par 39 membres du Congrès américain, recommandant au président Joe Biden de faire comprendre « sans équivoque » à Bolsonaro et aux forces armées que toute tentative de subversion démocratique isolerait le Brésil sur la scène internationale.  

La délégation comptait parmi ses membres des noms comme Anielle Franco (Institut Marielle Franco), Sheila de Carvalho (Institut Peregum et groupe Prerrogativas), Paulo Abrão (ancien secrétaire à la Justice sous Dilma), Rogério Sottili (Institut Vladimir Herzog) et Paulo Vannuchi (Commission Arns). 

Une grande partie des participantes — notamment des femmes noires et autochtones — a ensuite occupé des postes dans le gouvernement Lula, consolidant la convergence entre la structure des ONG, la diplomatie parallèle et le nouveau gouvernement élu.  

Charleaux a qualifié cette visite d’« Opération Brother Sam à l’envers ». Cette fois, les appels à l’engagement venaient de la gauche brésilienne, qui a commencé à recourir aux mêmes mécanismes qu’elle condamnait auparavant, en appelant Washington à intervenir de manière préventive dans le processus politique national. 

Pour Charleaux, cette fois, les Américains étaient du côté de la démocratie.  

Mais lorsqu’il s’agit de personnalités de droite cherchant un dialogue politique aux États-Unis, le traitement institutionnel et médiatique est radicalement différent. Une action considérée comme une « défense de la démocratie » lorsqu’elle est menée par des leaders de gauche devient une « conspiration contre la souveraineté » si elle est entreprise par un opposant.  

En février 2025, Eduardo Bolsonaro (PL-SP) — aujourd’hui député fédéral en congé — s’est rendu aux États-Unis, où il a rencontré des parlementaires républicains et des figures proches de l’ancien président Donald Trump. 

Selon Eduardo lui-même, son séjour aux États-Unis visait à mobiliser un soutien international pour les victimes d’abus commis par le système judiciaire brésilien, à dénoncer la situation des prisonniers politiques du 8 janvier et à faire pression pour des sanctions contre les autorités responsables de violations systématiques des droits — dont le ministre Alexandre de Moraes.  

Sous l’accusation d’atteinte à la souveraineté nationale, les députés Lindbergh Farias (PT-RJ) et Rogério Correia (PT-MG) ont déposé une plainte pénale contre Eduardo auprès de la Cour suprême fédérale, demandant la saisie de son passeport diplomatique et l’ouverture d’une enquête pour des prétendus crimes tels que la coercion dans le cadre d’une procédure, l’obstruction d’une enquête sur une organisation criminelle et une conspiration contre l’ordre démocratique — tout cela sans la moindre preuve tangible pour étayer les accusations.  

Le ministre Alexandre de Moraes a reçu la plainte et, au lieu de la rejeter d’emblée, a décidé de la transmettre au parquet général (PGR). 

Le PGR a répondu qu’il n’y avait pas d’éléments minimaux justifiant l’ouverture d’une enquête ou l’adoption de mesures conservatoires, mais a maintenu l’affaire en suspens pendant des semaines, dans une sorte de suspension symbolique, alimentant les spéculations et étant largement exploitée par des médias alignés sur le gouvernement.  

Le classement de l’affaire n’est intervenu qu’en mars, coïncidant avec la visite officielle au Brésil du rapporteur spécial de l’OEA pour la liberté d’expression, Pedro Vaca, qui avait exprimé son inquiétude face à l’escalade des mesures judiciaires contre les opposants politiques et à l’utilisation abusive d’instruments juridiques pour faire taire les voix dissidentes. 

À ce moment-là, Eduardo Bolsonaro avait déjà demandé un congé de son mandat à la Chambre des députés et annoncé sa décision de rester aux États-Unis, invoquant des persécutions institutionnelles et des menaces contre sa liberté d’expression et sa sécurité personnelle.  

« Moraes a considéré que je violais la souveraineté brésilienne et a interrogé le PGR sur la saisie de mon passeport. Alors, que dire de cette confession de l’actuel président du STF et ancien président du TSE, Barroso ? 

Est-il du ressort d’un juge de la Cour suprême de demander au gouvernement Biden d’intervenir dans notre élection ? Bien sûr que non. Ça, c’est une conspiration. 

De quoi justifier une destitution », a ironisé Eduardo sur X.  

Chronologie des réunions.

🗓️ 2021

Juillet  

William Burns, directeur de la CIA, visite Brasília le 1er juillet. Il rencontre le président Jair Bolsonaro et des conseillers du noyau dur, comme Augusto Heleno et Luiz Eduardo Ramos.  

Août  

Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, et Juan González, directeur pour l’hémisphère occidental, visitent le Brésil. Ils rencontrent Bolsonaro, Braga Netto et Heleno.  

🗓️ 2022  

Avril  

Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, visite Brasília, accompagnée de Ricardo Zúñiga, pour une réunion du Dialogue de Haut Niveau Brésil-États-Unis.  

1er juin  

Juan González déclare publiquement la confiance des États-Unis dans le système électoral brésilien, à la veille du 9e Sommet des Amériques.  

5 août  

Lloyd Austin, secrétaire à la Défense des États-Unis, visite le Brésil. Il rencontre Braga Netto, Mourão, Heleno et l’amiral Flávio Rocha.  

L’action des ONG américaines.  

L’ingérence internationale dans les élections de 2022 ne s’est pas limitée au gouvernement des États-Unis. De nombreuses organisations financées par des fondations étrangères — principalement américaines — ont agi directement au Brésil pendant la période électorale.  

L’une des principales initiatives a été une campagne visant à accroître la participation des jeunes en politique.

Cependant, l’objectif était de stimuler le segment où Lula dominait largement les intentions de vote, les jeunes électeurs n’ayant pas vécu les années du scandale du Mensalão ou de l’opération Lava Jato, et présentant ainsi moins de résistance à Lula.  

Derrière cette mobilisation se trouvait l’agence Quid, liée à la Bancada Ativista du PSOL, avec le soutien d’ONG ayant un historique de financement étranger et un fort engagement dans des causes progressistes. 

Parmi les organisations impliquées figurait NOSSAS, une organisation à but non lucratif qui développe des campagnes de mobilisation sociale pour renforcer « la démocratie, la justice sociale et l’égalité ». 

Bien que NOSSAS ne soit pas ouvertement partisane, toutes les causes qu’elle promeut sont de gauche. NOSSAS est financée par des groupes milliardaires comme Open Society, OAK Foundation, Skoll Foundation, Tinker Foundation, Malala Fund, Instituto Avon, entre autres.  

Une autre organisation soutenant l’initiative était Girl Up, une organisation féministe axée sur les adolescentes, connue au Brésil pour avoir promu la campagne — à laquelle NOSSAS a également participé — de distribution d’« absorbants gratuits » dans les écoles. Girl Up a été créée par la United Nations Foundation (UNF), une organisation internationale basée aux États-Unis, partenaire stratégique de l’ONU. 

Outre le gouvernement américain, la UNF reçoit des financements de Johnson & Johnson — l’un des plus grands fabricants d’absorbants au monde —, de la Bill & Melinda Gates Foundation, de la Nike Foundation, de Royal Dutch Shell et de Disney.  

La campagne a été portée par des célébrités comme Anitta, Juliette, Felipe Neto, et même des acteurs hollywoodiens comme Mark Ruffalo et Leonardo DiCaprio, avec un langage publicitaire soigneusement scénarisé pour paraître spontané — mais qui fonctionnait, en pratique, comme une machinerie de mobilisation professionnelle au service de la campagne de Lula. 

Selon le portail Metrópoles, le PT lui-même a investi environ 100 000 reais dans une mobilisation similaire, avec l’objectif explicite d’obtenir plus de voix pour Lula.  

Par la suite, le mouvement Passe Livre pela Democracia a émergé, avec la même esthétique, les mêmes opérateurs et des objectifs similaires : faire pression sur les mairies et les tribunaux pour garantir un transport public gratuit les jours d’élection, sous prétexte de lutter contre l’abstention. 

Cette opération a été organisée via BONDE, une plateforme gérée par NOSSAS et utilisée par Sleeping Giants — un groupe qui traque les activistes et journaux non alignés sur ses idéologies et tente de les démonétiser —, et a bénéficié du soutien de nombreuses entités impliquées dans la mobilisation des votes des jeunes.  

Ces campagnes, cependant, n’étaient pas des initiatives isolées. 

Elles s’inscrivent dans une stratégie continue d’occupation du débat public par des mobilisations numériques artificiellement stimulées, presque toujours articulées via BONDE. Parmi les exemples : Cada Voto Conta, Marco Temporal Não !, Toma Café com Elas, SP sem Canudos et A Eleição do Ano. 

L’esthétique, les thèmes et les visages changent — mais la structure reste la même : des mouvements présentés comme spontanés qui, en pratique, fonctionnent comme des bras auxiliaires d’un projet politique articulé avec des fondations, des partis et des gouvernements.  

Si Lula avait perdu, le récit était déjà prêt : l’abstention des plus pauvres aurait servi de justification pour contester le résultat. 

Comme il a gagné, la rhétorique a été inversée — et l’opposition a été accusée de « saboter l’accès au vote ». En 2023, le directeur de la Police routière fédérale (PRF) de l’époque, Silvinei Vasques, a été arrêté sur ordre d’Alexandre de Moraes, accusé d’avoir organisé des contrôles dans le Nordeste le jour de l’élection — interprétés comme une tentative de suppression des votes. 

Une mesure initialement présentée comme une protection du droit de vote est devenue un instrument de persécution politique.  

Le Brésil comme laboratoire de la censure américaine. 

L’action internationale en faveur de la censure au Brésil n’a pas commencé avec les élections de 2022 — elle est antérieure. 

Depuis l’émergence du Complexe Industriel de la Censure (CIC), le Brésil a été transformé en un terrain d’expérimentation pour la nouvelle architecture de modération de contenu, développée aux États-Unis après le scandale Cambridge Analytica et l’élection de Donald Trump.  

Dès 2017, le Tribunal supérieur électoral (TSE) a tenu des réunions avec des représentants de l’ABIN, des plateformes numériques, des ONG et des agences étrangères — comme le FBI et le Département de la Justice des États-Unis — pour discuter des stratégies de lutte contre la désinformation. 

Lors de l’une d’elles, les agents américains ont partagé leurs expériences dans la lutte contre l’ingérence étrangère et la suppression de contenus sur les réseaux sociaux. 

Les procès-verbaux, initialement confidentiels, montrent que les discussions incluaient déjà des propositions comme le blocage rapide de comptes, l’utilisation de l’intelligence artificielle pour la surveillance, la création de listes de sites « fiables » et la catégorisation des contenus critiques comme fake news, sur la base de rapports d’ONG internationales comme First Draft.  

Ce n’était que le début d’un écosystème autoritaire qui, sous prétexte de protéger la démocratie, a commencé à contrôler l’information, à punir la dissidence et à restreindre la liberté d’expression. 

Ce qui a débuté comme une action préventive contre les fake news s’est consolidé en un système permanent de surveillance et de censure, institutionnalisé au sein même de l’État.  

Cet environnement a ouvert la voie à l’étape suivante : l’action directe des plateformes. 

Sous la pression politique et médiatique, elles ont commencé à développer des mécanismes préventifs de containment narratif. 

Mais elles ne l’ont pas fait seules, agissant en partenariat avec des ONG militantes, des laboratoires d’« analyse de désinformation » et des gouvernements alliés. 

Cette nouvelle machinerie a été inaugurée au Brésil en juillet 2018, avant même l’élection de Jair Bolsonaro.  

Ce mois-là, Facebook a annoncé la suppression de 196 pages et 87 profils brésiliens. 

L’une des principales cibles était le Movimento Brasil Livre (MBL), des pages régionales liées au groupe, la page du mouvement Brasil 200, un groupe d’entrepreneurs dirigé par Flávio Rocha, qui, jusqu’à quelques jours auparavant, était précandidat à la présidence par le PRB avec le soutien du MBL. 

Des chaînes pro-Bolsonaro et même des pages apolitiques ont également été supprimées.  

Selon le communiqué de la plateforme, ces pages « violaient les politiques d’authenticité ». « Ces pages et profils faisaient partie d’un réseau coordonné qui se cachait en utilisant de faux comptes sur Facebook, et dissimulait aux utilisateurs la nature et l’origine de leur contenu dans le but de générer des divisions et de propager la désinformation. » 

Aucune information concrète sur le contenu prétendument désinformatif n’a été présentée. Le moment de l’opération — à quelques mois des élections présidentielles — a suscité des soupçons sur ses véritables motivations.  

Deux ans plus tard, le 8 juillet 2020, le schéma s’est répété. Facebook a supprimé 88 actifs numériques : 35 comptes, 14 pages, 1 groupe et 38 profils sur Instagram. 

Cette fois, les cibles étaient directement liées au noyau politique de Bolsonaro — y compris des bureaux de la présidence, de Flávio Bolsonaro, Eduardo Bolsonaro et des députés du PSL. 

L’un des noms centraux était Tercio Arnaud Tomaz, conseiller de la présidence et administrateur de la page « Bolsonaro Opressor 2.0 », avec près d’un million d’abonnés.  

Ces deux opérations ont bénéficié du soutien technique du Digital Forensic Research Lab (DFRLab) — un laboratoire du Atlantic Council, un think tank américain lié à l’OTAN et financé par des gouvernements occidentaux, des multinationales comme Chevron et par Facebook lui-même, qui a fait don d’un million de dollars en 2018. 

Le DFRLab surveillait déjà le Brésil depuis mai de cette année-là, traquant l’amplification des allégations de « fraude électorale » par des groupes conservateurs.  

Grâce à des techniques d’OSINT, le laboratoire produisait des rapports, cartographiait des clusters de contenu et établissait des connexions entre comptes — même sans preuve de violation légale. 

La suppression de 2020 a été détaillée : Facebook a divulgué des chiffres d’engagement et des dépenses publicitaires (1 500 dollars), et le DFRLab a publié un rapport sur Medium avec des organigrammes reliant les opérateurs à des bureaux officiels. 

Des témoignages à la CPMI des Fake News, faits par d’anciens alliés de Bolsonaro comme Joice Hasselmann, Alexandre Frota et Heitor Freire, ont renforcé la thèse d’un « Cabinet de la Haine ». 

La Cour suprême fédérale, dans les enquêtes sous la direction d’Alexandre de Moraes, a commencé à utiliser directement les rapports du DFRLab comme base pour des mesures judiciaires — y compris des mandats de perquisition.  

La presse brésilienne a rapidement adhéré au récit. Peu importait que les critères utilisés pour les suppressions soient opaques et sélectifs — ou que les actions ne visent qu’un seul spectre politique. 

La transparence était minimale. En 2018, Facebook n’a divulgué la liste des profils supprimés qu’après la pression du Ministère public fédéral de Goiás. Aucun détail sur les prétendues infractions n’a été fourni.  

Il est important de noter que cette structure ne s’est pas limitée au Brésil. En 2020, le DFRLab a cofondé l’Election Integrity Partnership (EIP) aux États-Unis, qui a surveillé et intervenu en temps réel dans l’élection présidentielle américaine, adoptant le même modèle inauguré au Brésil — analyse OSINT, utilisation de données internes des plateformes, suppressions silencieuses et alignement avec les organes étatiques. 

Le Brésil a été le prototype.  

Depuis lors, un écosystème transnational de modération politique s’est consolidé, composé de Big Techs, de laboratoires d’analyse, d’agences de vérification, de la presse et des Cours suprêmes. 

Ses liens institutionnels et ses financements croisés ont façonné le Complexe Industriel de la Censure. 

Une structure qui opère sous la justification de la défense de la démocratie — mais qui, en pratique, promeut une censure sélective et une persécution politique de groupes spécifiques. 

Sous prétexte de lutter contre la désinformation, une alliance s’est formée entre plateformes numériques, ONG internationales et gouvernements progressistes pour surveiller, punir et réduire au silence les opposants.  

Financement américain de la censure au Brésil.

Dans un rapport co-rédigé pour Civilization Works, un think tank fondé par Michael Shellenberger, nous avons détaillé comment la répression de la liberté d’expression au Brésil a été systématiquement alimentée par des fonds étrangers, une expertise internationale et une coopération directe avec des puissances occidentales — en particulier le gouvernement des États-Unis. 

Le pays est devenu un terrain d’expérimentation pour le Complexe Industriel de la Censure (CIC), qui opère mondialement sous prétexte de « lutter contre la désinformation », mais dont le véritable objectif est de supprimer les voix dissidentes et de contrôler le flux d’information numérique.  

Parmi les principaux financeurs figurent le Département d’État américain, l’USAID (Agence des États-Unis pour le développement international) et la National Endowment for Democracy (NED) — cette dernière créée dans les années 1980 pour remplacer, de manière « transparente », les opérations politiques autrefois menées par la CIA. 

Comme l’a reconnu le cofondateur de la NED, Allen Weinstein, au Washington Post en 1991 : « Beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui était fait de manière secrète par la CIA il y a 25 ans. »  

Selon Mike Benz, ancien sous-secrétaire d’État et directeur de la Foundation for Freedom Online, le Brésil a été le théâtre de la première expérimentation mondiale de censure directe dans des environnements cryptés. 

Pendant le cycle électoral de 2022, sous la pression judiciaire et avec le soutien d’ONG financées par Washington, Telegram a été contraint par Alexandre de Moraes de supprimer des comptes et des contenus pro-Bolsonaro, ainsi que d’installer des mécanismes internes de modération. WhatsApp, sous influence internationale, avait déjà restreint le transfert de messages dès 2019. 

Pour la première fois, des messages privés entre proches et amis ont été traités comme des menaces potentielles pour la démocratie — et soumis à une surveillance systématique.  

Des entités comme DFRLab, Meedan, Poynter Institute, Information Futures Lab (IFL) et Stanford Internet Observatory ont structuré un réseau de modération à plusieurs niveaux. 

Le DFRLab a formé des fonctionnaires du TSE et publié des rapports utilisés par le STF pour justifier des actions judiciaires. 

Meedan, via le projet Confirma 2022, a fourni au TSE des outils pour insérer des « vérifications » directement dans des groupes privés de WhatsApp — avec le soutien d’Aos Fatos, Lupa, Projeto Comprova et le financement de fondations américaines.  

La NED et l’USAID ont également financé des portails comme Countering Disinformation et la coalition Design 4 Democracy (D4D), intégrée par des Brésiliens alignés sur le gouvernement actuel, comme Marco Ruediger, directeur de l’analyse des politiques publiques à la FGV. 

C’est lui qui a défendu, lors de réunions internes au TSE, la proposition de créer une liste de sites « fiables » — une sorte de label de crédibilité étatique qui, en pratique, renforcerait les médias alignés et mettrait les autres sous suspicion.  

Cet écosystème s’étend au milieu académique. 

Le cas le plus emblématique est le NetLab de l’UFRJ, dirigé par Rose Marie Santini. 

Bien qu’il se présente comme un centre de recherche indépendant, le laboratoire s’est consolidé comme une pièce clé dans les attaques contre les critiques du STF et l’opposition. Ses rapports ont déjà servi de base à des actions du ministère de la Justice, des décisions du STF et des mesures de la Senacon. 

En 2023, par exemple, il a accusé Google de manipuler des algorithmes contre le PL des Fake News — une accusation qui a conduit à la censure de contenus, à la convocation de la police fédérale et à la menace d’une amende de 1 million de reais par heure. 

Pourtant, le PGR a classé l’affaire faute de preuves. 

Entre 2023 et 2024, le NetLab a reçu environ 8,3 millions de reais de fondations comme Open Society, Ford Foundation, Serrapilheira et Greenpeace.  

Un autre cas révélateur est l’Instituto Vero, fondé par le youtubeur Felipe Neto. 

L’ONG a reçu plus de 1 million de reais d’Open Society et environ 30 000 dollars de l’ambassade des États-Unis à partir de 2023. 

Selon les Twitter Files Brasil, Felipe Neto lui-même utilisait son canal privilégié avec des cadres de Twitter pour faire pression en faveur de la censure d’adversaires politiques et de contenus contraires au discours officiel pendant la pandémie.  

Le Sleeping Giants Brasil intègre également ce circuit. 

Créé en 2020, le groupe se présente comme un mouvement de « consommateurs apolitiques », mais agit exclusivement contre les voix de droite. 

Il a reçu plus de 470 000 dollars de la Ford Foundation et d’Open Society, ainsi que 200 000 reais de l’Instituto Serrapilheira pour une étude sur la vaccination — dont les résultats n’ont jamais été publiés.  

De l’Oncle Sam au Camarade Xi. 

C’était un arrangement — presque — parfait, qui opérait en marge de la législation nationale, de la volonté populaire et de la transparence démocratique, mais qui a commencé à s’effondrer avec le retour de Donald Trump sur la scène politique. 

Le Brésil, cependant, reste sous une forte influence d’intérêts externes. 

Lors d’une récente visite officielle en Chine, Lula a demandé à Xi Jinping d’envoyer un représentant de confiance au Brésil pour discuter de la régulation des réseaux sociaux. 

La première dame, Janja, a interrompu la réunion pour accuser TikTok — une plateforme contrôlée par le régime chinois lui-même — de favoriser l’extrême droite et de propager la désinformation. 

L’embarras fut immédiat. 

Mais cet épisode a révélé plus qu’un amateurisme diplomatique : il a exposé le désir explicite du gouvernement brésilien d’importer, avec l’aval d’une dictature, un modèle de surveillance centralisée et de contrôle narratif — sous prétexte de protéger la démocratie.  

Alors que le monde commence à rompre avec le Consensus de la Censure, le Brésil va à contre-courant : il renforce ses liens avec des régimes autoritaires, adopte des pratiques répressives et double la mise sur un projet de contrôle total de l’information. 

Reste à savoir combien de temps la population acceptera d’être traitée comme une masse manipulable dans une expérience mondiale d’ingénierie sociale.

L’esclavage moderne : une servitude masquée, plus cruelle encore.

Introduction:

Trompés par l’éclat d’un monde où le mot « liberté » est chanté joyeusement, un mensonge effroyable s’étend, redoutable et silencieux, sur les âmes et les corps. L’esclavage, loin d’être relégué aux pages poussiéreuses de l’histoire, s’est réinventé, paré des oripeaux de la modernité.

Ses chaînes, désormais invisibles, sont tissées de dettes, d’impôts et d’illusions.
La véritable oppression est celle qui se fait passer pour une nécessité naturelle.
Sous le vernis d’un progrès célébré, l’esclavage moderne prospère, plus sournois, plus économique pour ceux qui en tirent les ficelles.

L’esclavage moderne : l’esclave finance sa propre servitude.
Dans cette ère qui glorifie la liberté, les esclaves modernes ne sont pas arrachés à leurs terres ni vendus sur des marchés.
Ils se présentent d’eux-mêmes, poussés par la nécessité, et assument seuls les frais de leur existence : logement, nourriture, vêtements, transport.
Ce sont eux qui, par leur labeur, huilent les rouages de leur propre asservissement.

Le génie maquiavélique de cet esclavage réside dans sa mutualisation : les coûts, autrefois portés par un maître, sont aujourd’hui dispersés à travers un système fiscal oppressant.

L’impôt, cette saignée universelle, prélève sur chaque salaire pour financer les infrastructures, les services publics, et des dettes nationales qui enchaînent les générations à venir.
Ainsi, l’esclave moderne paie pour forger ses propres chaînes, croyant œuvrer pour une société équitable. 

L’esclavagiste contemporain n’a plus besoin de brandir le fouet.
Il s’appuie sur un réseau d’intermédiaires : gouvernements, multinationales, banques, médias.
Chaque achat, chaque facture, chaque taxe sur la consommation ou taxe foncière est une goutte de sueur versée pour engraisser un système bâti sur l’exploitation.


L’inflation, ce voleur furtif, érode le pouvoir d’achat, tandis que des prélèvements indirects, tapis dans les méandres de la bureaucratie, amputent le fruit du travail.
Pour chaque euro gagné, combien reste-t-il vraiment ?
Un dixième, peut-être, après le passage des collecteurs invisibles. 

La plantation moderne : une liberté en trompe-l’œil.
On nous vante la liberté de choisir son employeur, son métier, sa « plantation ». Mais ce choix n’est qu’une illusion.


Quelle que soit la plantation, le maître demeure le même : un système économique qui siphonne la richesse produite par les travailleurs pour l’entonnoir d’une élite.
Les grandes fortunes, ces nouveaux barons, n’ont aucun intérêt à voir cet ordre s’effondrer.


La liberté véritable est celle qui nous affranchit de l’esclavage intérieur.
Mais comment s’affranchir quand l’éducation façonne des esprits dociles, quand les médias détournent les regards vers de fausses causes, de faux ennemis ?
Les âmes, engourdies par des slogans et des distractions, s’inclinent devant des idoles vides, oubliant la quête de leur souveraineté. 

Le corporatisme : un fascisme déguisé.
Le corporatisme, cette fusion entre grandes entreprises et pouvoir politique, a enfanté un système où l’employé est sommé de se considérer comme un privilégié.
Travailler devient un honneur, une gloire, un acte héroïque.
Cette rhétorique fait écho à l’inscription cynique ornant l’entrée des goulags soviétiques : « Le travail en URSS est une question d’honneur, de gloire, d’orgueil et d’héroïsme. » 

Entrée d’un goulag soviétique avec l’inscription : « Le travail en URSS est une question d’honneur, de gloire, d’orgueil et d’héroïsme. »

Cette image, relique d’une propagande totalitaire, résonne avec les discours modernes qui sanctifient le travail. 
Dans les entreprises d’aujourd’hui, rater un objectif ou manquer de performance est perçu comme une faute morale, une honte pour soi et ses proches.


Le salarié, réduit à un rouage d’une machinerie inhumaine, est contraint de s’autodiscipliner, de s’autocensurer, de s’épuiser pour la sacro-sainte productivité.
Ce système, qui monopolise les marchés et étouffe la concurrence, est un fascisme économique où la liberté individuelle est immolée sur l’autel du profit. 

Qu’est-ce que l’esclavage ?
L’esclavage, au fond, est la captation du travail d’un individu par un autre, l’aliénation de son temps, de son énergie, de sa vie.
Jadis marqué par l’ethnicité et la brutalité physique, il est aujourd’hui universel, aveugle, insidieux.


Il ne discrimine plus par la couleur de peau, mais par la classe sociale. L’économie mondiale repose sur cette exploitation.
Les grandes fortunes, les multinationales, les élites politiques prospèrent sur le labeur d’une humanité maintenue dans l’ignorance de sa servitude.


La vraie liberté, celle qui briserait ces chaînes, serait de transcender les classes sociales, de reconquérir son travail, sa dignité, son destin. 

Un appel à l’éveil.
Ne nous laissons pas séduire par des chimères utopiques.
La réalité est sombre, mais la vérité est une torche.
Reconnaître l’esclavage moderne, c’est déjà faire tomber une chaîne.

Comprendre que notre travail, notre sueur, notre vie sont détournés par un système vorace, c’est poser la première pierre d’une révolte intérieure.

La liberté commence par le refus de l’illusion.
Levons les yeux.
Interrogeons.

Redéfinissons ce que signifie être libre.

Car tant que nous continuerons à payer pour nos propres chaînes, l’esclavage, sous ses formes les plus perfides, régnera en maître. 

L’identité humaine est dissoute dans le virtuel.

Résumé :

L’aliénation de l’homme moderne peut être décrite comme une perte de substance.

Nous vivons une modernité dans laquelle le temps accéléré et la technocratie érodent l’être. 

Les réseaux sociaux nous mettent face à des scrolls infinis et à une quête insatiable de validation. 

Ils incarnent une facette particulièrement insidieuse de cette crise, illustrant la dissolution de l’identité. 

La modernité produit des individus performants mais épuisés, incapables de contempler, car leur existence se réduit à une série d’actes éphémères. 

Avez-vous l’impression pesante que les plateformes numériques sont parvenus à fragmenter l’identité dans une série de performances volatiles ?

Nous proposerons au final des chemins pour reconstruire un moi ancré dans le réel.

La performance numérique : Une identité éphémère.

Les réseaux sociaux et nos smartphones toujours connectés transforment l’identité en un spectacle permanent. 

Chaque publication, chaque story, chaque reel, chaque statut, chaque like devient une brique dans une identité virtuelle. Mais celle-ci est aussi fragile qu’un château de cartes. 

L’utilisateur, en quête d’approbation, adapte son image aux attentes d’un public anonyme, devenant un acteur de sa propre vie plutôt qu’un sujet authentique. 

Il s’agit d’une transparence aliénante : l’individu, exposé à la surveillance constante des autres, se plie à une logique de performance où l’être se dissout dans le paraître. 

En 2023, une étude de l’Université de Stanford révélait que les adolescents passent en moyenne 3,5 heures par jour sur les réseaux sociaux, façonnant leur estime de soi à travers les métriques de likes et de followers. 

Cette dépendance au regard d’autrui fragmente l’identité, la réduisant à une série d’instantanés sans profondeur.

En 2022, des rapports comme celui de l’American Psychological Association ont mis en lumière une vague de burn-out parmi les créateurs de contenu, avec 68 % des influenceurs interrogés déclarant souffrir d’épuisement mental lié à la pression de produire du contenu quotidien.

Ces figures, souvent perçues comme des modèles de succès, incarnent pourtant une identité en perpétuelle fuite : leur valeur dépend de leur capacité à captiver un public volatile, les obligeant à réinventer constamment leur persona. 

Une influenceuse française, Léna Situations, a publiquement évoqué en 2022 son besoin de «déconnexion» face à cette spirale, révélant l’envers du décor : une vie où l’authenticité cède la place à une mise en scène épuisante. 

Cette «hâte» moderne est une «fuite» devant l’angoisse existentielle. 

Les influenceurs, en courant après la nouveauté, fuient la question fondamentale : qui sont-ils hors du regard des autres ?

Dans une critique de la modernité, nous offrons une clé pour comprendre cette dissolution. 

La hâte obsessionnelle du progrès – ici incarnée par le flux incessant des réseaux – est une tentative désespérée d’échapper au vide intérieur. 

«Ils appellent progrès leur hâte, mais c’est une fuite.»

Les réseaux sociaux amplifient cette dynamique en transformant l’identité en un produit de consommation, où chaque individu devient une marque à promouvoir. 

Cette marchandisation du moi, où l’on se vend à coups de filtres et de hashtags, érode la capacité à exister pour soi-même. 

Nous nous retrouvons dans un monde où «nous ne vivons plus dans le temps ; nous sommes vécus par lui». 

L’utilisateur, enchaîné à son écran, n’est plus maître de son identité : il est façonné par des algorithmes qui dictent ce qui est visible, désirable, ou rentable.

Cette fuite dans le virtuel a des conséquences psychologiques et spirituelles profondes. 

En 2024, une étude du Pew Research Center indiquait que 41 % des jeunes adultes américains ressentaient une «déconnexion de soi» liée à leur usage intensif des réseaux sociaux, décrivant un sentiment de vide après des heures de scrolling. 

C’est une fragmentation de l’identité, où le moi se disperse en avatars numériques, et à force de s’agiter sans repos, l’homme oublie d’être. 

Les réseaux sociaux, en imposant un rythme frénétique, privent l’individu du temps nécessaire à la réflexion et à l’introspection, le condamnant à une existence sans ancrage.

Reconstruire l’identité : vers un retour au réel.

Face à cette dissolution nous proposons des pratiques pour reconstruire une identité authentique, en un appel à «ralentir» et à «reprendre le temps».

Le journaling, ou écriture introspective, est une première piste. 

En consignant nos pensées et émotions dans un carnet, loin des écrans, l’individu retrouve un espace de dialogue avec soi. Une étude de l’Université de Cambridge (2021) a montré que 20 minutes de journaling quotidien réduisent l’anxiété et renforcent le sentiment de cohérence personnelle. 

Cette pratique, simple mais puissante, permet de tisser un fil narratif entre les fragments de la vie, restaurant une identité stable et réfléchie.

Les cercles communautaires offrent une autre voie. 

En se réunissant pour partager des histoires, des savoirs ou des rituels – comme les cercles de parole inspirés des traditions autochtones –, les individus échappent à l’isolement du virtuel. 

En France, des initiatives comme les «cafés-philo» ou les groupes de lecture locaux (en hausse de 15 % entre 2020 et 2023, selon le ministère de la Culture) recréent des espaces de connexion humaine. 

Ces cercles, en favorisant l’écoute et le partage, rappellent l’idée aristotélicienne de l’homme comme «animal politique» qui s’épanouit dans la communauté. 

Ils contrebalancent la logique individualiste des réseaux, où l’identité est un produit à vendre, en valorisant un moi relationnel, ancré dans des liens réels.

Enfin il est crucial de proposer un «retour du sacré» pour proposer une reconnexion symbolique. 

Méditer sur un objet naturel – une feuille, une pierre – peut réactiver une perception profonde, où le moi se sent relié à une réalité plus vaste. 

Cette pratique, proche de la contemplation échappe à la superficialité du virtuel et restaure une identité enracinée dans l’être. 

Les processions religieuses montrent aussi comment des rituels collectifs peuvent renforcer l’identité face à la sécularisation. 

Même sans dimension religieuse, des gestes simples, comme écrire une lettre manuscrite ou participer à une fête de quartier, amènent l’individu à une présence authentique.

Conclusion : 

L’identité moderne, dissoute dans le flux numérique, est une ombre sans substance, un écho de l’aliénation de la modernité. 

Les réseaux sociaux, en transformant le moi en performance éphémère, incarnent une fuite devant l’existence. 

Mais cette perte n’est pas irréversible. 

En ralentissant, en écrivant, en partageant dans des cercles humains, l’individu peut reconstruire une identité ancrée, fidèle à ce qui le rend vivant : sa capacité à être, non pas pour les autres, mais pour lui-même et pour le réel. 

Ralentissons, non par nostalgie, mais par fidélité à ce qui nous rend vivants! 

Dans un monde de scrolls, choisir la plume, la parole ou le silence, c’est reprendre le contrôle et redevenir soi.

Les 7 binettes contre les mauvaises herbes administratives de la bureaucratie française.

Introduction: 

Les sept binettes proposées – digitalisation massive, référendums citoyens, réforme de l’État, soutien aux médias indépendants, refonte du contrat social, éducation, et culture de la responsabilité – forment une stratégie audacieuse pour déraciner la bureaucratie française. 

En s’inspirant de modèles étrangers comme l’Estonie, la Suisse ou le Danemark, la France peut utiliser 7 binettes contre les mauvaises herbes administratives qui étouffent ses citoyens et ses entreprises. 

Ces mesures, combinant technologie, participation citoyenne et accountability, visent à rendre l’administration efficace, transparente et au service de tous. 

Leur succès dépend d’une volonté politique forte et d’une mobilisation collective. 

L’avenir d’une France libérée de l’absurde bureaucratique est à portée de main.

Binette 1 : 

Digitalisation massive. 

– S’inspirer de l’Allemagne et de l’Estonie pour couper l’archaïsme.

La bureaucratie française est engluée dans des pratiques d’un autre âge : formulaires papier, files d’attente interminables, et délais absurdes. 

Contre cette mauvaise herbe, il faut digitaliser massivement les démarches administratives. 

En Allemagne, 80 % des démarches sont en ligne grâce aux “digital by default checks”, qui exigent que toute nouvelle procédure soit numérique [Euronews, 26 avril 2024]. 

L’Estonie va plus loin : 99 % des services publics sont digitalisés, permettant de créer une entreprise en 15 minutes [e-Estonia, « Digital Government Services« , 2024]. 

En France, seuls 10 % des Cerfa sont digitalisés en 2025 [Les Échos, 2 mai 2025].  

Un plan d’urgence pourrait atteindre 80 % de digitalisation d’ici 2027, en s’appuyant sur FranceConnect, qui compte 40 millions d’utilisateurs [FranceConnect, 2024]. 

Un guichet unique numérique par exemple “monservicepublic.fr”, centraliserait toutes les démarches (subventions, permis, taxes) avec un délai de réponse garanti de 48 heures. 

Une application mobile avec IA guiderait les utilisateurs, réduisant les erreurs de 30 %, comme au Danemark [Danish Digital Agency, 2023]. 

Pour inclure les moins familiers avec le numérique, des formations gratuites dans les mairies et des bornes interactives comme en Finlande [Finnish Digital Agency, 2024], permettraient à tous de bénéficier de cette révolution. 

Un “droit à l’erreur” pourrait aussi être instauré : en cas d’erreur dans une démarche numérique, l’administration corrigerait sans pénalité sous 72 heures, comme aux Pays-Bas [Dutch Government, 2022]. 

Cette binette coupe l’archaïsme, libérant les Français de l’absurde paperasse.

Binette 2 : 

Référendums d’initiative citoyenne (RIC)

– Redonner le pouvoir aux Français pour arracher les règles inutiles.

La bureaucratie prospère sur des règles inutiles, comme l’obligation de fournir des documents déjà détenus par l’administration, qui concerne 80 % des données demandées [Euronews, 26 avril 2024]. 

Cette binette donne le pouvoir aux citoyens via des référendums d’initiative citoyenne (RIC). 

En Suisse, 100 000 signatures déclenchent un vote national : en 2021, les Suisses ont rejeté une loi sur le CO2 trop contraignante pour les PME [événement historique, 2021]. 

En France, une plateforme nationale par exemple, “simplifions.fr”, permettrait aux citoyens de signaler les démarches absurdes. 

Une pétition similaire sur Change.org avait recueilli 150 000 signatures en 2023 [Change.org, 2023].  

Un RIC, soutenu par 100 000 signatures, pourrait déclencher un vote sur des mesures comme interdire toute démarche prenant plus de 48 heures. 

Un comité d’experts – 50 % d’entrepreneurs, 30 % de juristes, 20 % de citoyens – filtrerait les propositions, comme en Suisse [Swiss Federal Chancellery, 2024]. 

Des forums régionaux dans 100 villes, retransmis en direct, mobiliseraient les Français, comme ceux de Toulouse réclamant plus de démocratie directe [La Dépêche du Midi, 5 mai 2025]. 

Les votes se feraient via FranceConnect, visant 45 % de participation, comme en Suisse [Swissinfo, 2024]. 

Cette binette enlève les règles inutiles, redonnant aux citoyens leur souveraineté.

Binette 3 : 

Réformer l’État.

– Privilégier l’efficacité pour tailler les branches mortes de l’administration.

L’État français est un arbre envahi de branches mortes : 5,7 millions de fonctionnaires, soit 14 % du PIB en masse salariale publique [OCDE, 2023]. Cette binette taille dans cet effectif pour le rendre plus efficace. 

Réduire de 10 % les postes d’ici 2030, soit 570 000, libérerait 30 milliards d’euros par an [estimation basée sur OCDE, 2023], pour financer des subventions directes aux PME touchées par la hausse des coûts énergétiques (+20 % en 2025 [CPME, 2025]).  

Une “task force” de simplification, avec 50 entrepreneurs, 30 fonctionnaires réformateurs, et 20 citoyens, auditerait les procédures sur 18 mois. 

Le Danemark a réduit ses réglementations de 30 %, libérant 2 % de PIB [OCDE, 2022]. 

En France, cela ciblerait des règles absurdes, comme les 15 documents pour une subvention [Ouest-France, 10 avril 2025]. 

Une règle unique : une subvention = un formulaire, réponse sous 72 heures. 

La formation des agents inclurait l’efficacité et l’empathie, testée dans 10 départements dès 2026, visant 20 % de réduction des plaintes, comme en Suède [Swedish Agency, 2023]. 

Une “garantie de service” imposerait une compensation de 100 euros si une démarche dépasse 48 heures, comme en Corée du Sud [South Korean Government, 2022]. 

Cette binette taille les branches mortes, rendant l’État utile.

Binette 4 : 

Soutenir les médias indépendants.

– Un contre-pouvoir pour déraciner la bureaucratie par la mobilisation citoyenne.

Les médias mainstream, comme BFMTV, ignorent la bureaucratie au profit de sujets sensationnalistes : 60 % du temps d’antenne pour des controverses en 2022 [Arcom, 2022]. 

Ce coup de hache s’appuie sur les médias indépendants, comme France Soir, pour mobiliser les citoyens. 

Une campagne nationale, “Libérons-nous de la bureaucratie”, pourrait amplifier les voix des Français : en Italie, une campagne similaire a supprimé 500 réglementations [Euronews, 15 octobre 2024].  

En France, des témoignages vidéo sur YouTube, TikTok, des pétitions et une série de podcasts par exemple “Les oubliés de la bureaucratie”, et des débats publics dans différentes villes mobiliseront la jeunesse. 

Cette binette déracine la bureaucratie par une mobilisation massive.

Binette 5 : 

Repenser le contrat social. 

– Une convention citoyenne pour couper les racines de l’absurde.

La bureaucratie est une mauvaise herbe enracinée dans un contrat social perverti. Cette binette propose une convention citoyenne de 150 Français tirés au sort pour rédiger un nouveau pacte administratif, soumis à référendum. 

En France, cette convention fixera des principes : aucune démarche ne devrait prendre plus de 48 heures, et aucun document déjà détenu ne serait demandé.  

Composée de 50 entrepreneurs, 50 citoyens, et 50 fonctionnaires réformateurs, elle travaillerait six mois, avec des débats retransmis sur YouTube, comme en Suisse [WeCollect, 2024]. 

Les citoyens voteraient en ligne via FranceConnect, visant 10 millions de participants, comme en Irlande [Irish Times, 2018]. 

Le référendum de 2026 inclurait des mesures précises : limiter à trois documents par démarche, ou imposer une amende à l’administrateur ou bureaucrate pour tout retard. 

Un “observatoire de la simplification” veillerait à l’application, comme en Nouvelle-Zélande, où les coûts administratifs ont baissé de 25 % en cinq ans [New Zealand Productivity Commission, 2023]. 

Cette binette couperait les racines de l’absurdité hors de contrôle. 

Binette 6 : 

Éducation et sensibilisation. 

– Former une génération pour empêcher les mauvaises herbes de repousser.

Pour empêcher la bureaucratie de repousser, il faut éduquer les générations futures. 

Ce coup de hache propose des cours d’éducation civique dès le collège sur la bureaucratie, ses dérives, et les moyens de la réformer. 

En Finlande, un programme pilote a réduit les plaintes administratives de 20 % en formant les jeunes [Finnish Ministry of Education, 2023]. 

En France, un programme similaire pourrait être déployé avecdes études de cas et des simulations de simplification.  

Des campagnes de sensibilisation, via des spots télévisés et des réseaux sociaux, encourageraient les Français à signaler les démarches absurdes. 

Un hashtag ape exemple #StopBureaucratie, s’inspire de #FixTheSystem au Royaume-Uni (800 000 personnes [UK Government, 2023]). 

Des concours scolaires récompenseraient les meilleures idées de simplification, avec des prix comme en Norvège, où 300 propositions ont été adoptées [Norwegian Ministry of Education, 2024]. 

Cette binette empêcherait les mauvaises herbes de repousser, formant une génération consciente et engagée.

Binette 7 : 

Créer une culture de la responsabilité.

– Sanctionner l’inefficacité pour éradiquer l’absurde.

Enfin, une culture de la responsabilité doit être instaurée. 

Cette binette propose une “charte de service public” : toute démarche doit être traitée sous 48 heures, sous peine de sanctions. 

En Australie, un tel système a réduit les délais de 40 % [Australian Public Service Commission, 2023]. 

En France, les agents responsables de retards recevraient des amendes tandis que les services exemplaires recevraient une prime de 2 000 euros, comme au Canada [Canadian Public Service Agency, 2024]. 

Un “médiateur de la simplification”, nommé pour cinq ans, recueillerait les plaintes des citoyens et proposerait des ajustements, comme aux Pays-Bas, où 50 000 plaintes ont été traitées en 2023 [Dutch Ombudsman, 2023]. 

Cette binette éradiquera l’inefficacité, rendant l’administration responsable face aux citoyens.

Conclusions: 

Ces sept binettes – digitalisation, RIC, réforme de l’État, médias indépendants, nouveau contrat social, éducation et responsabilité – offrent une feuille de route. 

En combinant technologie, démocratie directe et accountability, la France peut bâtir une administration moderne, efficace et au service des citoyens.

Entretien de l’archevêque Carlo Maria Viganò, par Steve Bannon de War Room, le 03 mai 2025.

**Steve Bannon :**

Récemment, un groupe de catholiques américains a demandé au président Trump d’enquêter sur l’éventuelle implication du gouvernement américain dans la série d’événements ayant conduit à la démission du pape Benoît XVI le 11 février 2013, et au conclave qui a élu François le 13 mars 2013.

Vous avez récemment appelé l’administration Trump à « enquêter sur le plan de l’État profond pour éliminer Benoît XVI ».

Pensez-vous que l’administration Obama/Biden a interféré dans l’abdication de Benoît XVI et l’élection de Jorge Bergoglio ? Si oui, pourquoi ?

**Archevêque Viganò :**

Si nous ne parlions pas de l’Église – ou plus précisément du Vatican – mais d’une nation souveraine, les preuves d’un coup d’État ne seraient contestées par personne. D’un autre côté, nous savons que l’État profond a interféré à plusieurs reprises dans les gouvernements de nombreuses nations et continue de le faire par le biais de ses émissaires.

Il y a quelques jours à peine, le cardinal Burke a dénoncé la tentative du « président » Macron d’exercer une pression sur le collège des cardinaux pour empêcher l’élection d’un pape conservateur qui remettrait en question les politiques de l’Union européenne.

Grâce aux courriels de John Podesta révélés par Wikileaks, nous savons que le schéma utilisé dans la sphère civile pour fomenter des « révolutions colorées » a été reproduit servilement dans la sphère ecclésiastique.

Le mode opératoire est le même : l’État profond finance des mouvements idéologiques et des groupes de pression sociale par le biais de l’USAID et d’autres agences gouvernementales pour simuler une dissidence contre le Magistère de l’Église catholique, exerçant ainsi une pression sur la hiérarchie pour qu’elle adopte des réformes, toujours dans un sens « progressiste ».

Parallèlement, la partie de la hiérarchie complice de cette opération subversive utilise cette dissidence « virtuelle » pour légitimer des réformes que personne ne demande : sacerdoce féminin, légitimation de l’homosexualité, démocratisation apparente de l’autorité par la « synodalisation » de la papauté monarchique, etc.

Tout repose donc sur la fausse prémisse qu’il existe un problème (artificiellement créé et absolument non ressenti par le peuple chrétien), qui peut être résolu par la solution proposée (qui, dans des conditions normales, ne pourrait même pas être envisagée).

Une telle interférence dans le gouvernement de l’Église catholique est allée jusqu’à théoriser la nécessité de remplacer le pontife alors en fonction, Benoît XVI, par un émissaire de l’État profond qui mettrait en œuvre son plan subversif.

Et c’est exactement ce qui s’est produit peu après : Benoît XVI a été forcé de démissionner ; Jorge Mario Bergoglio a été élu lors du « conclave » de 2013 ; et ce jésuite argentin a effectivement exécuté les ordres qu’il avait reçus.

Je note également, en passant, qu’en toile de fond de ce scénario troublant, il y a un élément constant : tous les protagonistes du coup d’État appartenaient à l’élite pédophile : d’Obama à McCarrick, en passant par Hillary Clinton, John Podesta et les Biden…

Il est donc absolument essentiel que la nouvelle administration américaine – dans laquelle le vice-président JD Vance est un catholique pratiquant – enquête sur ces aspects et mette en lumière l’implication des administrations précédentes.

Nous savons qu’elles ont été complices et promotrices non seulement du coup d’État au Vatican, mais aussi d’autres opérations similaires, étrangères et internes – je pense avant tout à la fraude électorale de 2020.

Une fois les preuves et les noms des coupables disponibles, la hiérarchie catholique ne pourra pas ignorer des faits politiquement pertinents en utilisant l’excuse qu’il s’agit de « simples questions canoniques ».

**Steve Bannon :**

Qui pensez-vous a joué un rôle déterminant dans ce coup d’État ? Comment des preuves d’ingérence étrangère dans une élection papale affecteraient-elles l’Église catholique sur les plans pratique et canonique ?

**Archevêque Viganò :**

Ce coup d’État s’inscrit dans un coup d’État mondial plus large organisé par le lobby subversif de la gauche woke (sur le front idéologique) et le Forum économique mondial (sur le front financier).

Son objectif est la destruction de toute forme de résistance à l’établissement de l’Ordre mondial nouveau, l’instauration de gouvernements totalement contrôlés par une élite de technocrates, et l’établissement d’une nouvelle Religion de l’Humanité qui donne des fondements doctrinaux et moraux à la dystopie globaliste.

Dans l’esprit de ces criminels dévoués à l’Antéchrist – car c’est du royaume de l’Antéchrist dont il s’agit – Bergoglio devait être le premier « pape » de la nouvelle église œcuménique et synodale préparée depuis Vatican II.

C’est précisément en raison de cette hétérogénéité totale, même par rapport à ses prédécesseurs immédiats (et même par rapport au plus progressiste d’entre eux), que Bergoglio ne peut être considéré comme ayant été pape de l’Église catholique.

Il est clair que, si cette ingérence dans le conclave de 2013 pouvait être démontrée, elle entraînerait la nullité de l’élection et l’illégitimité du pontificat de Bergoglio. Cela constituerait en effet un grand reset, car cela annulerait tous les actes de magistère et de gouvernement de Bergoglio, de ses « encycliques » hérétiques à ses nominations d’évêques et de cardinaux.

Avant que le prochain conclave ne commence, il est essentiel de vérifier que les membres du Collège des cardinaux sont réellement légitimes, car quiconque prétendrait être élu pape par le conclave verrait autrement sa légitimité compromise.

**Steve Bannon :**

Le 1er juillet 2025, l’archidiocèse de Détroit fermera 28 paroisses florissantes de la messe en latin sur ordre du nouvel archevêque Edward Weisenburger.

Quel conseil donnez-vous aux catholiques traditionalistes qui assistent à ces messes ? Face à la répression généralisée des messes en latin florissantes aux États-Unis et dans le monde, comment les catholiques doivent-ils réagir ? Doivent-ils résister ?

**Archevêque Viganò :**

La haine pour la messe traditionnelle est l’une des marques distinctives des ennemis du Christ. Cette haine est certainement motivée par le fait que la messe en latin ne laisse aucune place aux erreurs et hérésies qui s’opposent aux vérités du dogme catholique.

Il est significatif que ce soient précisément les évêques et cardinaux obsédés par la « synodalité » qui piétinent la volonté de millions de catholiques qui demandent seulement de pouvoir accéder à la messe de tous les temps.

Cela expose la tromperie de ceux qui se gargarisent de slogans grandiloquents sur la participation active des fidèles (« actuosa participatio ») et sur le rôle des laïcs dans l’Église – tant proclamé par le Concile – dans le seul but de retirer l’autorité aux bons pasteurs et de la transférer à de nouveaux tyrans.

Les fidèles catholiques – et avec eux les prêtres, les évêques et les religieux – ont le droit de ne pas être privés de la messe apostolique, que Notre Seigneur a confiée à l’Église pour qu’elle soit sauvegardée et transmise sans changements arbitraires. Ce droit existait avant l’imposition du Novus Ordo par Paul VI, et a été réaffirmé par le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI, que Bergoglio a pratiquement supprimé avec Traditionis Custodes.

Je rappelle aux catholiques que l’un des outils les plus efficaces pour contraindre leurs pasteurs consiste à n’allouer leurs offrandes financières qu’aux diocèses et communautés où ils ont véritablement la possibilité de rester catholiques.

Lorsque leurs excellences se retrouveront sans l’argent des fidèles d’un côté et sans le financement gouvernemental de l’USAID de l’autre, elles seront forcées de faire ce qui aurait dû être leur devoir dès le départ.

**Steve Bannon :**

En 2023, l’administration Biden, par le biais du FBI, a lancé une campagne contre les catholiques traditionalistes qui assistent à la messe en latin, les qualifiant d’« extrémistes violents motivés par des raisons raciales ou ethniques (RMVEs) parmi les catholiques traditionalistes radicaux (RTC), une idéologie qui présente presque certainement des opportunités pour l’atténuation des menaces par l’exploration de nouvelles voies pour les déclencheurs et le développement de sources ».

À votre avis, pourquoi les forces de l’ordre fédérales ciblent-elles des catholiques traditionalistes pacifiques comme des extrémistes violents ? Quelle pourrait être la motivation des forces de l’ordre pour cibler systématiquement les participants à la messe en latin ?

Ce harcèlement pourrait-il découler du décret Traditionis Custodes de Bergoglio et de sa répression de la messe en latin ? Y a-t-il un lien ?

**Archevêque Viganò :**

Saint Pie X disait que les vrais catholiques sont ceux qui sont fidèles à la Tradition, et il avait absolument raison ; à tel point qu’ils sont aussi les seuls à ne pas être appréciés par les ennemis de l’Église, tandis que les soi-disant « catholiques adultes », les progressistes, les « catholiques libéraux », les « catholiques woke », sont très appréciés.

Si Bergoglio a réussi à obtenir tant d’admiration de la part de ceux qui détestent l’Église catholique et la papauté, c’est parce que l’élite le considérait comme « l’un des leurs », tout aussi révolutionnaire, tout aussi imprégné de philanthropisme maçonnique, tout aussi œcuménique, syncrétique, inclusif, vert et woke.

Nous sommes parvenus au zénith d’un paradoxe dans lequel le pouvoir civil, usurpé par les traîtres de l’État profond, s’allie au pouvoir religieux, usurpé par les traîtres de l’Église profonde.

Il n’est donc pas surprenant que le « bras séculier » soit venu en aide à l’Église bergoglienne, ciblant les ennemis de Bergoglio – c’est-à-dire les vrais catholiques – parce qu’il les considère également comme des ennemis de la société woke et de l’élite globaliste.

Cependant, avec l’élection de Donald Trump aux États-Unis d’Amérique, la machine infernale de l’Ordre mondial nouveau s’est en quelque sorte enrayée, mettant en crise un système de corruption, de conflits d’intérêts et de chantages qui semblait fonctionner parfaitement.

À un moment où l’État profond perd du pouvoir dans la société civile, l’Église profonde recule également au sein de l’Église catholique, car ce sont les deux faces d’une même médaille.

Il appartient aux citoyens et aux croyants de soutenir les bons dirigeants et les bons pasteurs, afin qu’ils puissent enfin rendre justice à ce coup d’État mondial qui menace toute l’humanité.

**Steve Bannon :**

Quel a été l’impact de l’invasion massive d’immigrants musulmans sur des nations (anciennement) catholiques comme l’Irlande ? Cet afflux de migration incontrôlée fait-il partie d’un plan globaliste stratégique visant à éradiquer le christianisme ?

Est-ce le résultat d’une perte de foi ? Le Concile Vatican II a-t-il eu un impact sur la déchristianisation de l’Europe ?

Pourquoi Bergoglio soutiendrait-il la destruction de la culture chrétienne en Europe et ailleurs avec des frontières ouvertes ?

**Archevêque Viganò :**

Une lutte épique est en cours entre le Bien et le Mal, entre Dieu et Satan, entre ceux qui reconnaissent le Christ comme Roi et ceux qui travaillent à l’établissement du royaume de l’Antéchrist.

Cette lutte atteint sa phase finale, mais elle a été préparée depuis un certain temps, en particulier depuis que les ennemis du Christ se sont organisés en une anti-église, à savoir la franc-maçonnerie, qui est intrinsèquement anti-catholique, car anti-chrétienne et dévouée à Satan.

Le but de la franc-maçonnerie – et donc de l’Ordre mondial nouveau – est l’effacement du Christ par l’annulation de la société chrétienne, de la culture chrétienne, de la civilisation chrétienne et, évidemment, de la religion catholique.

Satan n’accepte pas la défaite que lui a infligée Notre Seigneur sur le Golgotha et, incapable de vaincre Celui qui l’a déjà vaincu pour toujours, il se venge sur les hommes, essayant d’en entraîner le plus possible en enfer.

Pour effacer la présence du Christ de la vie de chacun d’entre nous, Satan doit agir sur plusieurs fronts : le public et le privé, celui de la famille et celui de l’éducation, celui de la culture et du divertissement, de la science et de la finance.

Il souhaite donc que toutes nos actions – qui, dans une société chrétienne, sont orientées vers le Bien – soient corrompues au point de rendre presque impossible pour quiconque de faire de bonnes actions, de suivre l’Évangile, d’obéir aux Commandements et de transmettre les principes de notre Foi et de notre Morale.

Il ne s’agit pas seulement de nous faire accepter comme « légitime » le fait que d’autres puissent « légitimement » faire le mal – par exemple avec l’avortement – mais de faire en sorte que chacun d’entre nous se sente coupable de persister à ne pas vouloir faire le mal, de ne pas vouloir considérer comme un « droit humain » de déchirer un enfant innocent dans le ventre de sa mère ou de mutiler un adolescent par une transition de genre.

C’est la mentalité du « Qui suis-je pour juger ? » que Bergoglio a traduite en principe moral dès le début de son « pontificat ».

Pour atteindre son objectif de destruction de tout principe religieux, cependant, Satan avait besoin d’avoir à ses côtés les dirigeants de la hiérarchie catholique, afin que l’Église de Rome – notoirement anti-révolutionnaire, anti-libérale et anti-maçonnique – devienne une alliée et complice de ceux qu’elle considérait jusqu’à hier comme ses ennemis les plus redoutables.

Sans les condamnations autrefois prononcées par les papes contre la franc-maçonnerie, le libéralisme, le matérialisme athée et le modernisme, l’Église pouvait et devait devenir – dans le plan de la franc-maçonnerie – non plus la gardienne de la Vérité contre l’erreur, mais la propagatrice même de l’erreur contre la Vérité, détournant l’autorité spirituelle ecclésiastique pour la faire travailler à la perte des âmes.

Le Concile Vatican II a servi exactement à cet effet : saper les principes traditionnels et insinuer dans l’Église catholique les principes révolutionnaires contre lesquels l’Église s’était toujours battue avec acharnement.

L’œcuménisme de Vatican II a posé les bases doctrinales de l’immigrationnisme, car c’était la prémisse nécessaire pour légitimer l’invasion incontrôlée de l’Europe par des hordes de musulmans sans provoquer de réaction de la part des peuples envahis.

Nos dirigeants – tant civils que religieux – nous ont trahis, nous ordonnant d’accueillir ceux qui représenteront bientôt la majorité de la population en âge militaire et qui, en raison de lois misérables, s’enrôlent même dans nos forces armées.

Nous sommes confrontés à une substitution ethnique imposée par l’élite subversive de l’ONU et de l’Union européenne : une islamisation forcée dans laquelle certains gouvernements vont jusqu’à emprisonner leurs propres citoyens parce qu’ils se plaignent de la dégradation et de la criminalité importées par les nouveaux barbares, absolvant systématiquement tout immigrant, quelle que soit la gravité de ses crimes.

Il est clair que dans ce plan de destruction sociale, la complicité de l’Église bergoglienne a été décisive, et Bergoglio devra en répondre devant Dieu et le tribunal de l’histoire.

Mais ce n’est pas tout. Les musulmans qui viennent en Europe en croyant pouvoir la soumettre à la charia ignorent qu’il y a un troisième protagoniste – que nous connaissons bien – qui provoque intentionnellement un choc ethnique et religieux entre le christianisme et l’islam, car une guerre civile et religieuse dans les pays occidentaux légitimerait de nouvelles restrictions des libertés fondamentales et permettrait l’interdiction de toute forme de culte extérieur, au nom du « respect mutuel ».

**Steve Bannon :**

Au cours de votre longue carrière de diplomate au Vatican, avez-vous déjà vu un pape dénigrer publiquement un dirigeant politique comme Bergoglio l’a fait lorsqu’il a qualifié Trump d’« anti-chrétien » en pleine campagne politique ?

Pensez-vous que cette déclaration faisait partie d’une stratégie globaliste pour saper l’élection de Trump ou était-ce simplement l’opinion personnelle de Bergoglio ?

**Archevêque Viganò :**

Bergoglio a démontré sa totale extranéité à la papauté romaine non seulement sur les plans doctrinal, moral et liturgique, mais aussi de manière plus banale, de sa façon de s’habiller au langage qu’il utilisait.

Au Vatican, il était connu pour ses accès de colère furieux et les expressions grossières auxquelles il avait recours. Chaque geste de Bergoglio était conçu pour provoquer embarras et scandale, pour rompre le protocole et créer un précédent pour des violations plus graves des normes cérémonielles.

Ses commentaires apparemment spontanés servaient à supprimer la formalité – et donc l’autorité – des déclarations du « pape » et à les attribuer à lui-même, de sorte que ce n’était pas « le pape » qui parlait, mais lui.

En même temps, les énormités et absurdités que nous l’avons entendu prononcer – notamment les attaques contre le président Trump qu’il ne s’est même pas donné la peine de dissimuler – avaient toujours l’« excuse » de ne pas faire partie officiellement des documents pontificaux, de manière à faire passer le message sans avoir à en assumer pleinement la responsabilité.

Un tel double langage était répugnant pour tout vrai catholique, démontrant une fois de plus que Bergoglio considérait son « papauté » comme une propriété qu’il se croyait autorisé à utiliser contre la papauté catholique.

Bergoglio nous a été imposé comme le pape de l’élite, comme le chef de l’anti-église globaliste, et à ce titre, il a toujours exigé obéissance et soumission.

Il était le prédicateur de l’indifférentisme religieux, du relativisme moral, des revendications paupéristes de l’« Église amazonienne » et du lobby LGBTQ.

Quand Bergoglio ouvrait la bouche, il parlait comme le porte-parole de Davos. Ses condamnations n’étaient pas des condamnations catholiques, tout comme ses soutiens aux dictateurs, criminels, avorteurs et pervers de toutes sortes ne représentaient pas une approbation catholique.

Être la cible des invectives de Bergoglio est donc une source de fierté, et les catholiques américains l’ont très bien compris, votant pour Trump malgré la propagande des jésuites, de l’USCCB et des ONG autoproclamées « catholiques ».

**Steve Bannon :**

Quelle est la meilleure façon de gérer la crise actuelle dans l’Église catholique créée par le régime tumultueux de douze ans de Jorge Bergoglio ?

Compte tenu du prochain conclave papal, quelles mesures les cardinaux-électeurs devraient-ils prendre pour éviter de répéter le régime de Bergoglio ? Craignez-vous que la Mafia de Saint-Gall 2.0 manipule le conclave pour élire un candidat qui poursuivra la destruction synodale radicale de l’Église catholique ?

**Archevêque Viganò :**

Ce que Bergoglio et ses complices ont réussi à faire au cours des douze dernières années constitue un désastre d’une ampleur immense, même si la destruction de l’édifice catholique a commencé bien avant. Bergoglio a porté les principes de Vatican II à leurs conséquences extrêmes : sa « synodalité » est la version actualisée du principe subversif de la « collégialité épiscopale » de Lumen Gentium de Vatican II.

Pour cette raison, Bergoglio s’est toujours considéré fièrement comme un fidèle exécuteur du Concile, car celui-ci – comme Bergoglio – a réussi à s’imposer « par des moyens pastoraux », c’est-à-dire précisément au moment où il se déclarait non dogmatiquement contraignant pour les fidèles catholiques.

Le plus grand dommage causé par Bergoglio a été à travers les nominations qu’il a faites : l’ensemble de la Curie romaine et les conférences épiscopales sont maintenant infestées de ses courtisans, protégés par le clan McCarrick et les jésuites.

Ce lobby subversif a jeté le masque, et cela a ouvert les yeux de nombreuses personnes qui ne sont plus disposées à ratifier les décisions d’une autorité qui ne répond ni à Dieu ni au corps ecclésial.

Pour résoudre la crise actuelle, il est d’abord nécessaire d’enquêter sur les interférences survenues lors du conclave de 2013, afin de déterminer si l’élection de Bergoglio a été manipulée par l’État profond américain et la Mafia de Saint-Gall.

Si cela s’est effectivement produit, alors Bergoglio n’a jamais été valablement élu pape, et par conséquent, le nombre actuel de 136 cardinaux-électeurs (un nombre supérieur aux règles régissant le conclave) tomberait à 28, c’est-à-dire uniquement les cardinaux créés par Jean-Paul II et Benoît XVI.

Si le conclave pouvait retrouver sa légitimité canonique de cette manière, cela donnerait une plus grande autorité à l’homme qu’il élit comme pape, qui ne serait plus grevé par des doutes sur sa nomination.

Tant que les ombres jetées sur la légitimité de Bergoglio ne seront pas dissipées, le conclave verra son autorité compromise.

**Steve Bannon :**

À votre avis, quelle est la plus grande menace à laquelle les États-Unis sont confrontés aujourd’hui ?

**Archevêque Viganò :**

La menace la plus grave qui pèse sur les États-Unis d’Amérique est le danger de ne pas tirer les leçons de ce qui s’est passé jusqu’à présent : que les citoyens ne réalisent pas le danger auquel ils ont échappé en élisant Donald Trump plutôt que Kamala Harris, et que le gouvernement se laisse intimider par les lobbies internationaux et adoucisse les réformes essentielles, à commencer par la limitation du pouvoir excessif des multinationales, en particulier à l’égard des citoyens.

Il ne suffit pas de combattre les manifestations les plus extrêmes de l’idéologie woke. Nous devons reconstruire, en partant des fondations de la famille, du socle de la moralité, de la religion et de la culture.

Nous devons relancer un modèle social à échelle humaine, en accord avec le plan de Dieu et la Loi de l’Évangile.

Et nous devons enseigner à nos enfants à se battre et à mourir pour les droits de Dieu plutôt que pour les prétendus « droits de l’homme ».

Nous devons apprendre qu’il est insensé pour l’homme de vouloir se faire dieu, alors que Dieu s’est déjà fait homme et s’est offert pour nous.

Seule une nation qui se reconnaît sous Dieu peut espérer prospérer, car tout ce dont elle a besoin vient de Dieu, et le Seigneur bénit toujours ceux qui le craignent et le servent.

Source : https://www.thegatewaypundit.com/2025/05/war-room-steve-bannons-interview-archbishop-carlo-maria/

Le Temps accéléré : vivre sans respirer. 

«Le temps est hors de ses gonds», écrivait Shakespeare dans Hamlet. Qu’aurait-il dit aujourd’hui, face à une modernité qui a réduit le temps à une succession de clics, de notifications et d’urgences artificielles ? 

L’accélération technologique, vantée comme un triomphe de l’esprit humain, semble nous avoir précipité dans une course où respirer – au sens vital du terme – est devenu une anomalie. 

Nos vies s’effilochent dans un présent écrasé par l’instant suivant, et nous voilà, pantelants, à courir après un horizon qui s’éloigne sans cesse. Mais à quel prix ?

La compression du temps : une existence désynchronisée.

Le sociologue Hartmut Rosa, dans son ouvrage “Accélération”, décrit ce phénomène comme une «désynchronisation» fondamentale : 

«L’homme moderne vit dans un monde où le rythme des innovations techniques dépasse de loin sa capacité à s’y adapter.» 

Nos horloges biologiques et nos pensées ne suivent plus. 

Le temps paraît être devenu une cascade qui nous emporte. 

Les smartphones paraissent greffés à nos mains et nous enchaînent à un flux ininterrompu d’informations. 

Une étude a révélé que les Français consultent leur téléphone en moyenne 221 fois par jour (étude réalisée en 2014 par l’agence de marketing numérique Tecmark).

L’horloge mécanique a transformé le labeur humain en une marchandise mesurable. 

Aujourd’hui, le chronomètre s’est digitalisé, mais la logique reste la même : chaque seconde doit produire, performer, rentabiliser et les clés s’épuisent sous des cadences infernales. 

Et une étude du cabinet Empreinte Humaine réalisé en 2022, indique que 34 % des salariés interrogés se disent en situation de burn-out, dont 13 % en burn-out sévère.

Une aliénation philosophique : l’homme sans repos. 

Hannah Arendt, dans “La Condition de l’homme moderne«, mettait en garde contre un monde où l’action humaine se réduit à une agitation stérile : «À force de faire, nous oublions d’être.» 

Cette intuition résonne cruellement aujourd’hui. Les réseaux sociaux et vidéos courtes avec leurs scrolls infinis, incarnent cette frénésie compulsive sans répit.

Le philosophe Byung-Chul Han, dans “La Société de la fatigue”, va plus loin : «La modernité tardive produit des individus performants mais épuisés, incapables de contempler, car la contemplation exige un temps que nous n’avons plus.» 

Nous ne vivons plus dans le temps ; nous sommes vécus par lui.

Cette aliénation n’est pas un accident. Elle sert une technocratie qui érige l’efficacité en idole. 

Nietzsche, déjà, dans “Ainsi parlait Zarathoustra”, fustigeait cette obsession du rendement : «Ils appellent progrès leur hâte, mais c’est une fuite.» 

Que fuient-ils ? 

Peut-être l’angoisse de l’existence, ce vide que seule la lenteur permet d’affronter. 

Car ralentir, c’est risquer de se voir, de se sentir, de se poser la question interdite : «Pourquoi tout cela ?»

En 2022, Amazon a été épinglé pour ses entrepôts où les employés, chronométrés à la seconde, urinent dans des bouteilles faute de pauses suffisantes. 

Cette anecdote glaçante illustre une société où la lenteur est une hérésie, où s’arrêter est un crime contre la productivité.

Ralentir : une révolte contre la tyrannie invisible.  

La contemplation, ou des exercices de respiration et de détente enseignent que «le temps n’est rien d’autre que l’attention que nous lui portons». 

S’asseoir, fermer les yeux, respirer : un acte si simple, et pourtant si subversif dans un monde qui nous somme de courir. 

Hartmut Rosa propose une piste similaire avec sa notion de «résonance» : renouer avec le monde, non pas en le dominant, mais en l’écoutant, en le laissant vibrer en nous.

Ralentir, ce n’est pas renoncer au progrès ; c’est le redéfinir. 

C’est refuser que notre humanité soit sacrifiée sur l’autel des algorithmes. 

Imaginez une grève du temps : une journée où nous éteignons nos écrans, où nous marchons sans but, où nous lisons un livre – un vrai, en papier – sans que la culpabilité ne vienne nous talonner. 

En 2019, le mouvement «Slow Life» a vu des milliers de personnes, en Europe et aux États-Unis, s’engager à déconnecter une heure par jour. 

Les témoignages abondent : «J’ai redécouvert le goût du silence», «J’ai enfin entendu mes propres pensées.»

Une invitation à exister.

Et si nous osions cette révolte douce ? 

Et si nous disions non à cette tyrannie invisible qui nous vole notre souffle ? 

Dans les “Lettres à Lucilius (Lettre 66)”, Sénèque évoque la grandeur de l’âme dans la contemplation et le recul face aux passions. Il écrit : «La grandeur de l’âme ne s’élève pas dans l’agitation, mais dans la tranquillité».

Alors arrêtons-nous. Pas pour fuir le monde, mais pour le retrouver. 

Posons le téléphone, levons les yeux, laissons le vent caresser nos visages. 

Le temps ne nous appartient plus ; reprenons-le. 

Car une vie sans respiration n’est qu’une ombre d’existence. 

Ralentissons, non par nostalgie, mais par fidélité à ce qui nous rend vivants : la liberté de dire, simplement, «Je suis là.»

L’honneur est un langage.

L’honneur est un mot qui vibre comme un chant ancien, une note suspendue entre la terre et le ciel.

Il évoque des chevaliers aux âmes ardentes, des sages méditant sous des étoiles, des poètes écrivant à la plume des vers pour défier l’oubli. 

Mais l’honneur est-il une ombre du passé, un écho perdu dans le tumulte moderne ?

Ou bien est-il un langage vivant, une parole sacrée qui relie l’homme au divin, l’éphémère à l’éternel ? 

L’honneur est comme un langage universel. 

C’est une vibration philosophique, poétique et spirituelle, qui s’incarne dans nos gestes, nos silences et nos aspirations. 

Dans le même temps l’honneur dialogue avec le monde céleste.

1. L’Honneur comme langage de l’âme. 

2. L’Honneur et le monde spirituel. 

3. L’Honneur face au temps. 

4. La poésie de l’Honneur. 

5. L’Honneur comme résistance et communion. 

6. L’Honneur et l’autre.  

7. Conclusion : parler Honneur c’est parler avec le divin.

I. L’Honneur comme langage de l’âme.

L’honneur est un langage intérieur, une grammaire de l’âme. 

Il est l’ensemble des lois invisibles qui guident nos choix lorsque le regard des autres s’éteint. 

Comme tout langage, il possède ses inflexions, ses silences éloquents, ses accents propres à chaque culture et à chaque cœur. 

Pourtant, son essence demeure universelle : une fidélité à soi-même et une droiture face aux tempêtes du monde.

Dans les traditions héroïques, l’honneur brille comme une armure. 

  • Achille, dans sa quête de gloire immortelle, ou Antigone, défiant la loi humaine pour obéir à une justice divine, incarnent ce langage avec une intensité tragique. 
  • Dans les philosophies orientales, comme le bushido, l’honneur se pare de retenue, plaçant le devoir au-dessus des désirs. 

Mais l’honneur n’est pas l’apanage des légendes. 

Il vit dans le courage de l’ouvrier qui refuse de trahir sa conscience, dans le pardon silencieux d’une blessure et dans la main tendue à l’inconnu. 

C’est un langage parlé par le cœur, inscrit dans le corps.

C’est une promesse d’alignement entre l’être et l’idéal.

II. L’Honneur et le monde spirituel.

L’honneur, cependant, ne se limite pas à la sphère terrestre. 

Il est un langage sacré, un dialogue avec le divin. 

Dans le monde spirituel, l’honneur devient une offrande, une manière de s’élever vers ce qui nous dépasse. 

Il est l’expression d’une âme qui reconnaît sa place dans l’ordre cosmique, une âme qui sait que chaque acte, chaque parole, résonne dans l’éternité.

L’honneur spirituel est une source d’inspiration divine. 

Lorsque nous agissons avec droiture, lorsque nous choisissons la vérité malgré la peur, nous ouvrons un espace en nous où le divin peut s’exprimer. 

Cette inspiration n’est pas un privilège réservé aux saints ou aux mystiques ; elle est une grâce offerte à quiconque parle le langage de l’honneur. 

L’honneur, dans sa quête de justice et de vérité, attire la lumière d’en haut, comme un miroir reflétant le soleil.

Mais ce dialogue est réciproque. 

Le divin, en retour, répond à nos comportements. 

Chaque acte d’honneur est une prière silencieuse, une offrande qui appelle une réponse. 

Cette réponse peut prendre la forme d’une paix intérieure, d’une synchronicité, d’une force soudaine face à l’adversité. 

Dans les traditions spirituelles, on dit que le ciel observe, que les anges notent, que l’univers conspire en faveur de ceux qui vivent avec honneur. 

Ce retour du divin n’est pas toujours visible ; il est souvent un murmure, une brise subtile qui guide l’âme vers sa destinée. 

Pourtant, il est réel, aussi réel que la lumière qui suit l’aube.

III. L’Honneur face au temps moderne. 

Le temps a-t-il altéré l’honneur ? 

Dans une ère de vitesse et de superficialité, où la gloire éphémère des écrans l’emporte sur la quête de sens, l’honneur semble parfois appartenir à un autre âge. 

Une image saisissante en tête de cet article, tirée du livre “Der Untergang des Römischen Reiches” d’Edward Gibbon, montre la chute de Rome : des bâtiments en flammes, des soldats en combat, un empire s’effondrant sous le poids de la corruption et de la décadence. 

Cette vision est une métaphore puissante du déclin des valeurs, de l’abandon de l’honneur qui précipite les civilisations dans l’oubli. 

Lorsque l’intégrité cède à la compromission, lorsque la vérité devient négociable, les flammes de la ruine ne sont jamais loin.

Pourtant, l’honneur n’a pas disparu ; il s’est métamorphosé. 

Comme un langage vivant, il emprunte de nouveaux mots, tout en préservant sa grammaire sacrée. 

Aujourd’hui, l’honneur s’exprime dans des combats modernes. 

  • Il est dans le courage des lanceurs d’alerte, qui risquent tout pour révéler des vérités cachées. 
  • Il est dans la résilience des défenseurs de la liberté, qui s’élèvent contre l’oppression. 
  • Il est dans la dignité de ceux qui, face à l’injustice, refusent de plier. 

L’honneur, loin d’être une relique, est une force dynamique, un pont entre la terre et le ciel, un rempart contre le déclin, un appel à vivre en accord avec les lois divines et humaines.

Mais ce langage est fragile. 

La frénésie du monde, son culte de l’immédiat, son égoïsme débridé, menacent de l’étouffer. 

Comme Rome, notre société risque de s’effondrer si elle oublie l’honneur, si elle sacrifie ses idéaux sur l’autel de la facilité. 

Pourtant, il suffit d’un instant, d’un choix, pour raviver ce langage. 

Car l’honneur n’est pas une contrainte ; c’est une invitation à parler une langue plus haute, une langue qui relie l’âme au divin.

IV. La poésie de l’Honneur.

L’honneur est une poésie incarnée. 

Il est un chant, une métaphore, une danse entre le visible et l’invisible.

Comme un poème, il ne se justifie pas ; il se vit. 

Il y a une beauté dans l’honneur, une beauté qui ne réside pas dans la perfection, mais dans l’élan.

C’est la fragilité de celui qui choisit d’être fidèle à ses valeurs, malgré le poids du monde.

Pensons à Don Quichotte, ce chevalier errant dont l’honneur, bien que moqué, touche le sublime. 

Il nous enseigne que l’honneur n’est pas une question de victoire, mais d’intention, une offrande au divin à travers l’idéal. 

Cette poésie s’exprime aussi dans les silences. 

L’honneur n’hurle pas ; il murmure. 

Il est dans le regard qui refuse de répondre à la haine, dans la retenue de celui qui choisit la paix plutôt que la vengeance. 

Ces silences sont des vers sacrés, des prières sans mots, des dialogues avec l’éternel.

V. L’Honneur comme résistance et communion.

Dans un monde où les vérités sont manipulées, où les valeurs sont négociées, l’honneur est une résistance. Il est un refus de céder à la lâcheté, à l’indifférence, au chaos. 

Parler le langage de l’honneur, c’est s’opposer au conformisme, c’est affirmer que certaines choses – la justice, la vérité, la dignité – sont sacrées, intouchables.

Cette résistance est aussi une communion. 

L’honneur spirituel nous rappelle que nos actes ne sont pas isolés ; ils s’inscrivent dans une trame plus vaste, une tapisserie tissée par le divin. 

Chaque choix honorable est un fil d’or dans cette trame, un acte qui renforce le lien entre l’homme et le sacré. 

Lorsque nous vivons avec honneur, nous ne résistons pas seulement pour nous-mêmes ; nous résistons pour le monde, pour l’ordre cosmique, pour la lumière qui refuse de s’éteindre.

VI. L’Honneur et l’autre.

L’honneur est un langage relationnel. 

Il se manifeste dans le respect de l’autre, dans la reconnaissance de sa dignité, dans la fidélité à nos promesses. 

Il est un pont entre les âmes, une manière de dire : « Tu es sacré, car tu portes en toi une étincelle du divin. » L’honneur nous lie non seulement aux autres, mais aussi à l’univers, dans une danse d’interdépendance où chaque geste compte.

Dans cette perspective, l’honneur est une prière collective. 

Lorsque nous agissons avec honneur, nous honorons non seulement notre propre âme, mais aussi celle des autres, et, par extension, le divin qui réside en tout. 

C’est un langage qui construit, qui guérit, qui élève.

VII. Conclusion : parler l’Honneur, parler le divin.

L’honneur est un langage ancien, mais éternellement jeune. 

Il est philosophique, car il questionne le sens de nos vies. 

Il est évocateur, car il réveille des visions d’héroïsme, de sacrifice, de lumière. 

Il est poétique, car il transforme l’ordinaire en sacré. 

Et il est spirituel, car il est un dialogue avec le divin, une offrande qui appelle une réponse.

Dans un monde qui nous pousse à oublier, à trahir, à nous perdre, l’honneur est une ancre, une étoile, un feu sacré. 

Il ne promet ni gloire ni récompense terrestre, mais il offre une paix profonde, celle de vivre en harmonie avec soi, avec les autres, avec le divin. 

Parler l’honneur, c’est parler la langue des anges, c’est écrire un poème dont chaque vers est un pas vers la lumière.

Alors, parlons l’honneur. 

Parlons-en dans nos silences, dans nos luttes, dans nos amours. 

Parlons-le avec audace, avec humilité, avec foi. 

Car l’honneur n’est pas seulement un langage ; c’est une manière d’être, une manière de dire au monde, à l’univers, au divin : je suis là, je tiens debout, je choisis la vérité.

Le monde et le moi : exercices ou travaux pratiques.

Dans un monde saturé de bruit, d’images et de clics, où la quête de sens semble plus pressante que jamais, une question fondamentale se pose : 

Qu’est-ce qui donne du poids à nos existences ? 

Le philosophe français Louis Lavelle, penseur lumineux mais trop souvent méconnu, propose une réponse d’une simplicité bouleversante : c’est l’expérience de la présence de l’être — cette conscience d’exister au sein d’une réalité plus vaste que soi — qui confère valeur et signification à nos expériences. 

Sans cet ancrage, nos joies, nos peines, nos pensées flottent dans un vide existentiel, comme des feuilles emportées par le vent.

Cette intuition remet en question l’un des piliers de la modernité : le «je pense, donc je suis» de René Descartes. 

En posant le moi conscient comme fondement de toute connaissance, Descartes a marqué un tournant décisif dans l’histoire de la pensée. Mais son projet repose sur une illusion fragile. 

Le moi qu’il célèbre est atomistique, réduit à un instant de pensée. Dès que le temps s’écoule, ce moi s’effrite, révélant sa dépendance à des réalités plus vastes : le temps, l’espace, l’être lui-même. 

Où pense-t-on, sinon dans un lieu ? Quand pense-t-on, sinon dans un moment ? 

Sans ces amarres, le moi n’est qu’une abstraction, un mirage. En cherchant à faire du sujet humain le centre du monde, Descartes a fragilisé la conscience qu’il voulait exalter.

Pourquoi tant de philosophes ont-ils suivi cette voie ? 

Par orgueil, peut-être, ou par une incapacité à embrasser la complexité du réel. Certains, par maladresse, ont préféré des constructions intellectuelles à la vérité brute de l’existence. 

D’autres, par peur, ont refusé de reconnaître notre dépendance à une réalité qui nous dépasse. Pour Gottfried Wilhelm Leibniz, l’individu n’est plus un îlot isolé, mais une partie d’un tout cohérent, où chaque élément reflète l’ensemble. L’horizon s’ouvre et la réalité reprend ses droits.

Pourtant, l’héritage subjectiviste de Descartes continue de façonner notre époque, avec des conséquences profondes sur notre manière de penser et de vivre. Le moi, coupé de la présence de l’être, devient une entité autoproclamée, persuadée de sa centralité. 

Cette illusion nous enferme dans un égocentrisme qui fausse nos relations avec autrui et avec le monde. 

Sortir de l’égocentrisme : l’art de raconter les autres.

Pour briser les chaînes de cet égocentrisme, un exercice simple mais puissant peut nous guider : imaginer la vie de nos proches comme un roman. 

Chaque personne devient alors un personnage, avec une histoire propre, un passé qui façonne ses choix et des aspirations qui orientent son avenir. 

Leur existence prend la forme d’un drame, où chaque événement s’inscrit dans une trame complexe, porteuse de sens, même si ce sens est parfois illusoire. 

Combien d’entre nous perçoivent ainsi les autres ? 

Trop souvent, nous les réduisons à des silhouettes schématiques, à des figurants dans le grand récit de notre propre vie. Cette attitude nous enferme dans une vision étriquée, où notre «moi» occupe tout l’espace.

Raconter la vie d’autrui comme nous racontons la nôtre, c’est reconnaître l’unité de leur «moi» à travers le temps. C’est leur accorder le même privilège que nous nous octroyons : celui d’exister pleinement, avec une histoire qui mérite d’être entendue. 

Cet exercice, loin d’être anodin, transforme notre regard. Les autres cessent d’être des ombres pour devenir des présences réelles, riches de contradictions, de luttes et d’espoirs. Notre horizon s’élargit, et avec lui, notre compréhension du monde.

Les romanciers, eux, maîtrisent cet art à la perfection. 

Une simple nouvelle dans un journal — «untel a tué tel autre» — suffit pour qu’ils tissent un récit complexe, imaginant les origines de l’acte, les motivations des personnages, les conséquences qui en découlent. 

Prenons l’exemple d’un fait divers tragique : un homme, poussé par la jalousie, commet un crime. Un romancier ne s’arrêtera pas au geste lui-même. Il remontera le fil des événements, explorera les blessures d’enfance, les désillusions amoureuses, les pressions sociales qui ont conduit à cet instant fatal. Il imaginera aussi ce qui suit : le remords, l’enquête, l’impact sur les proches. 

Ce faisant, il ne juge pas ; il cherche à comprendre. Le roman devient un outil cognitif d’une puissance rare, capable de révéler des vérités que la philosophie, parfois engluée dans ses abstractions, peine à saisir.

Au XIXe siècle, alors que nombre de philosophes s’égaraient dans des spéculations stériles, des écrivains comme Honoré de Balzac et Fiodor Dostoïevski capturaient la réalité avec une lucidité inégalée. Dans La Comédie humaine, Balzac dresse un portrait foisonnant de la société française, où chaque personnage, du banquier avide au poète désargenté, incarne une facette de l’âme humaine. 

Dostoïevski, dans Crime et Châtiment, explore les tourments d’un homme confronté à sa propre conscience, révélant les tensions entre liberté et responsabilité. 

Ces romanciers ne se contentaient pas de raconter des histoires ; ils sondaient la condition humaine avec une profondeur que bien des penseurs leur enviaient.

La narration comme miroir de l’âme.

Un autre exercice, tout aussi fécond, nous invite à jouer avec les formes de la narration. 

Essayez, par exemple, de transformer un roman en scénario de film, ou d’adapter un film en récit verbal, comme une pièce de théâtre. 

Cet exercice éclaire la nature profonde de la narration : comment une histoire prend vie à travers des mots, des images ou des corps en mouvement. 

Un roman, avec ses descriptions détaillées et ses plongées dans la psyché des personnages, offre une intimité que le cinéma, par ses images percutantes, traduit autrement. 

Une pièce de théâtre, elle, repose sur la présence physique des acteurs, sur le souffle de leur voix, sur l’énergie du moment. 

Chaque médium révèle une facette de la vérité narrative, nous apprenant à voir le monde sous des angles nouveaux.

Prenons un exemple concret : imaginez adapter “Les Liaisons dangereuses” de Pierre Choderlos de Laclos en un film contemporain. Le roman épistolaire, avec ses lettres pleines de ruse et de passion, deviendrait une série d’échanges numériques —e-mails, whatsapp, messages vocaux — dans un monde saturé de technologie. 

Les intrigues amoureuses et les trahisons, autrefois ourdies dans les salons parisiens, se joueraient dans les bureaux feutrés et les appartements luxueux d’une métropole moderne. 

Cet exercice ne se limite pas à une réécriture ; il nous force à réfléchir à ce qui fait l’essence d’une histoire, à ce qui transcende le temps et le médium.

Accepter le réel : un défi spirituel.

Un dernier exercice, plus exigeant, nous pousse à aller plus loin : accepter tout ce qui nous arrive sans plainte ni lamentation, en réservant la réflexion pour plus tard. 

Cette discipline, d’inspiration presque stoïcienne, nous apprend à accueillir la réalité telle qu’elle se présente, sans chercher à la plier à nos désirs. 

Elle s’accompagne d’une variante audacieuse : imaginer que tout événement est notre responsabilité, comme un «karma» personnel. 

Cette idée, bien qu’irréaliste, est profondément constructive. Elle nous oblige à nous interroger : et si chaque épreuve, chaque rencontre, chaque échec était le fruit de nos choix, même inconscients ? 

Cette perspective, bien que fausse, nous pousse à assumer notre vie avec courage.

À l’inverse, un autre exercice consiste à se voir comme une victime, où tout ce qui nous arrive est causé par autrui ou par des forces extérieures. 

Cette vision, tout aussi erronée, reflète une tentation courante : rejeter la faute sur le monde, se décharger de toute responsabilité. 

Ces deux postures — se croire au centre de tout ou se poser en victime — sont des illusions. Mais leur confrontation crée une tension féconde, un espace où la vérité peut émerger. 

C’est dans ce dialogue intérieur, dans cette oscillation entre deux extrêmes, que nous commençons à entrevoir la réalité.

Une philosophie pour notre temps.

La quête du moi, si elle est mal orientée, nous enferme dans l’illusion d’un subjectivisme stérile. Mais en nous ouvrant à la présence de l’être, comme nous y invite Louis Lavelle, nous pouvons redonner sens à nos vies. Nous ne sommes pas des îlots isolés, mais des parties d’un tout harmonieux. 

Et chaque vie, même la plus banale, est un drame digne d’être raconté. 

Les exercices narratifs — imaginer la vie des autres, jouer avec les formes de la narration, accepter le réel — nous offrent des outils pour sortir de l’égocentrisme et embrasser la réalité dans toute sa richesse.

Dans un monde désenchanté, où les repères traditionnels s’effacent, ces leçons sont plus précieuses que jamais. 

Elles nous invitent à poser un regard nouveau sur nous-mêmes et sur autrui, à reconnaître la profondeur de chaque existence, à trouver, dans la tension entre illusion et vérité, une voie vers la sagesse. 

Ces mots jetés ici sont comme de jolis phares pour naviguer dans la nuit de notre époque.

La science au fil du temps : entre quête de vérité et projets de pouvoir.

Introduction.

La science, dans l’imaginaire collectif, incarne le paradigme ultime de la vérité. 

Comme le soulignait le philosophe Georges Gusdorf, elle est perçue comme l’autorité suprême pour distinguer le vrai du faux, non pas en raison de ses réalisations concrètes, mais grâce à sa méthode : une approche organisée, rationnelle, autocritique et ancrée dans l’expérience. 

Pourtant, cette perception soulève des questions fondamentales. 

Si la science repose sur des affirmations provisoires, comment peut-elle prétendre être le « diviseur d’eau » entre vérité et illusion ? 

Dans cet article, Antoine Bachelin Sena explore l’évolution historique de la science, ses fondements philosophiques, ses limites, et son rôle ambivalent comme outil de connaissance et instrument de pouvoir.

Les Origines Philosophiques : Parménide, Platon et Aristote.

L’histoire de la science commence bien avant les laboratoires modernes, dans les réflexions des penseurs grecs. 

  • Parménide, au Ve siècle avant notre ère, propose une distinction fondamentale entre le monde de l’être – stable, éternel, universel – et le monde des apparences – changeant, soumis aux sens. 

Cette dichotomie pose les bases de deux modes de connaissance : l’un intuitif, captant les réalités universelles, et l’autre sensoriel, limité aux apparences fluctuantes.

  • Platon, disciple de Socrate, approfondit cette idée en élaborant une échelle de connaissance à quatre niveaux. 
  1. Le premier, eikasia, correspond à la perception d’images sensorielles – comme les ombres sur un mur ou le chant d’un oiseau. 

Ce niveau, partagé avec les animaux, ne permet pas d’accéder à la réalité. 

  1. Le deuxième, pistis, concerne les objets tangibles de la nature – les arbres, les animaux, les montagnes – appréhendés par une « foi raisonnable », mais sans certitude absolue. 

Les sciences naturelles modernes opèrent à ce niveau, produisant des résultats probabilistes, jamais définitifs. 

  1. Le troisième niveau, dianoia, englobe les entités mathématiques, comme les figures géométriques, qui offrent une certitude accrue grâce à la rigueur du raisonnement, à l’image des démonstrations d’Euclide.
  2. Enfin, au sommet, le nous – l’intellect – saisit les arkhai, les principes universels qui sous-tendent toute réalité.

Platon articule cette vision avec la pensée d’Héraclite (« tout coule »), suggérant que la science véritable repose sur la capacité à saisir des principes éternels au-delà du flux des apparences. 

Par exemple, un médecin peut observer des symptômes changeants chez un patient, mais c’est en comprenant les principes universels de la biologie qu’il pose un diagnostic. 

Cette aptitude à capter l’universel distingue l’humain des animaux et fonde la notion de réalité objective.

Aristote, élève de Platon, systématise ces idées tout en divergeant sur un point clé. Contrairement à Platon, qui place les « universaux » dans un monde des Idées séparé, Aristote les situe dans les objets mêmes de la nature. 

Une chaise, par exemple, n’est pas une pâle copie d’une Idée de chaise, mais une entité concrète dont la « chaise-ité » est inhérente. 

Aristote pose ainsi les bases d’une science empirique, étudiant les êtres naturels avec une certaine autonomie. 

Il introduit également la logique, ou « technique analytique », comme outil pour transposer les phénomènes observés en un discours cohérent. 

Ce discours doit refléter l’unité de la réalité : une théorie incohérente trahirait les principes universels qu’elle prétend décrire.

Pour illustrer, prenons l’exemple d’un agriculteur observant ses cultures. Il note que certaines plantes prospèrent mieux à l’ombre. 

Aristote l’encouragerait à formuler une hypothèse logique (« les plantes ont besoin de conditions spécifiques ») et à tester cette idée par l’observation, jetant les bases d’une science pratique.

La Scolastique et l’émergence du discours logique.

La logique aristotélicienne atteint son apogée avec la scolastique médiévale, dans le contexte chrétien. 

Aux débuts du christianisme, la foi reposait sur des récits d’événements miraculeux, appelant à une transformation personnelle. 

Mais à mesure que le christianisme se répand dans les régions grecques, où la discussion philosophique est reine, des questions complexes émergent. 

Les premiers prêtres répondent de manière ad hoc, accumulant un corpus de réponses disparates. 

Ce désordre intellectuel donne naissance aux sommes scolastiques, des œuvres comme la Somme théologique de Thomas d’Aquin, qui organisent la doctrine chrétienne en un discours logique et cohérent.

Ces sommes ne se limitent pas à la théologie. 

Elles transposent l’expérience concrète – observations de la nature, comportements humains – en un cadre logique, préfigurant les sciences naturelles modernes. 

Par exemple, un moine scolastique étudiant les étoiles pouvait combiner des observations empiriques (positions des astres) avec des principes théologiques (l’ordre divin du cosmos), créant un discours unifié. 

Ce modèle de cohérence logique reste l’idéal des sciences contemporaines, même si, comme en physique, une théorie unifiée reste hors de portée.

La révolution moderne : la mathématisation de la nature.

À la Renaissance, la science prend un tournant décisif avec le développement des mathématiques. Galilée, Descartes et Newton promeuvent une science mathématique de la nature, cherchant des équations pour expliquer les phénomènes. 

Cette approche privilégie les propriétés mesurables – longueur, poids, vitesse – au détriment des qualités non quantifiables, comme la couleur, reléguée à une perception subjective. Par exemple, un arc-en-ciel, autrefois vu comme un signe divin, devient une question d’angles de réfraction et de longueurs d’onde.

Cette mathématisation, bien que puissante, repose sur une simplification. Comme le notera Edmund Husserl au XXe siècle, elle crée un objet abstrait qui n’est pas la nature elle-même, mais une version filtrée par les outils mathématiques. 

Platon l’avait anticipé : les objets naturels, soumis au changement, ne peuvent être connus avec exactitude, seulement crus. En les réduisant à des entités mathématiques, la science moderne les éloigne de leur réalité sensible.

Ce paradigme triomphe avec les Lumières, qui célèbrent la science comme une rupture avec les savoirs antérieurs. Pourtant, comparer la science moderne aux savoirs traditionnels est trompeur : ils n’ont pas le même objet. 

Si un herboriste médiéval utilisait des plantes pour soigner en s’appuyant sur l’expérience et la symbolique, la science moderne exige des essais cliniques standardisés. Les deux approches visent le bien-être, mais leurs méthodes diffèrent radicalement.

Les limites de la science moderne : une crise de la pensée.

La réduction de la réalité à des entités mathématisables soulève des problèmes philosophiques. 

  • George Berkeley, au XVIIIe siècle, doute de l’existence d’une matière indépendante de la pensée, suggérant que tout repose sur la perception divine. 
  • David Hume va plus loin, questionnant l’existence d’un « soi » stable : pour lui, la pensée n’est qu’une succession d’impressions sans fondement. 
  • Emmanuel Kant tente de résoudre cette crise en posant des formes a priori – comme l’espace et le temps – qui structurent notre perception et garantissent l’unité de la connaissance. 

Par exemple, lorsque nous voyons un arbre, nous le situons instinctivement dans l’espace et le temps, cadres universels qui rendent la science possible.

L’influence de Kant est immense. Les sciences humaines du XIXe siècle, de Marx à Durkheim, cherchent des structures a priori sous les phénomènes. 

  • Marx voit l’histoire comme une séquence prédéterminée (esclavage, féodalisme, capitalisme). 
  • Durkheim définit les « faits sociaux » comme des forces anonymes pesant sur les individus, comme la pression sociale qui pousse un jeune à suivre une carrière plutôt qu’une autre. 

Ces approches, bien que fécondes, risquent de réifier des concepts abstraits, les faisant passer pour des réalités objectives.

La science comme projet de pouvoir.

Au-delà de sa quête de vérité, la science moderne s’est constituée comme un projet de pouvoir, résumée par la maxime de Newton : « La connaissance, c’est le pouvoir. » 

En imposant un discours consensuel, elle marginalise d’autres formes de savoir – intuitions, traditions, expériences personnelles – qui ne s’intègrent pas à son cadre. 

Par exemple, un remède traditionnel utilisé par une communauté rurale peut être efficace, mais sans validation scientifique, il est relégué au rang de superstition.

Ce pouvoir s’exerce aussi à travers l’establishment scientifique, dont l’autorité croît au fil des siècles. Les fraudes scientifiques, les biais dans les publications et les liens avec des idéologies autoritaires montrent les dérives possibles. 

Prenons l’exemple des études médicales financées par des laboratoires pharmaceutiques : des résultats peuvent être orientés pour favoriser un médicament, au détriment de la vérité.

La science moderne privilégie le discours sur la sagesse. Pourtant, dans la vie quotidienne, nous attendons des médecins, ingénieurs ou décideurs qu’ils agissent avec discernement, même sans pouvoir tout justifier rationnellement. 

Un ingénieur construisant un pont intègre des connaissances empiriques et théoriques, souvent irréductibles à une seule équation. 

Un médecin, face à un patient, prend des décisions basées sur une intuition forgée par l’expérience, difficile à formaliser.

Repenser la science : vers une sagesse intégrée.

Pour surmonter ces limites, il ne s’agit pas de rejeter la science, mais de la réintégrer à la conscience individuelle. La responsabilité du savoir incombe à l’individu, non à des institutions abstraites. 

Une science qui produirait des savants, plutôt que des discours d’autorité, serait plus fidèle à sa vocation originelle. 

Par exemple, un enseignant qui inspire ses élèves à questionner le monde avec curiosité et rigueur vaut mieux qu’un manuel standardisé.

La science doit aussi reconnaître la richesse des savoirs non scientifiques. 

Une grand-mère qui connaît les vertus des plantes locales possède un savoir précieux, même s’il n’est pas codifié. 

En valorisant ces connaissances, la science pourrait redevenir un outil d’émancipation, plutôt qu’un instrument de domination.

Conclusions.

De Parménide à Kant, la science a évolué d’une quête des principes universels à une entreprise mathématique et institutionnelle. 

Si elle a transformé notre compréhension du monde, elle a aussi imposé un cadre rigide, marginalisant d’autres formes de savoir et se muant en projet de pouvoir. 

En 2025, alors que les défis exigent des solutions créatives, il est temps de repenser la science. 

En la reconnectant à la sagesse humaine et en valorisant la diversité des savoirs, nous pourrions faire de la science non pas une fin, mais un moyen d’élever l’humanité.

Les limites de la perspective logico-mathématique et l’oubli de la perception : une réflexion sur la science moderne.

Introduction.

La science moderne, avec ses prouesses technologiques et ses formules rigoureuses, a transformé notre monde. Mais à quel prix ? 

En se concentrant sur une approche logico-mathématique, elle a progressivement relégué la richesse de la perception humaine et la profondeur de la connaissance intuitive au second plan. 

Dans cet article, Antoine Bachelin Sena explore les limites de cette perspective, en s’appuyant sur une réflexion philosophique et des exemples concrets. 

L’objectif étant de  montrer comment la science, en s’éloignant de l’ontologie et de la perception, risque de nous priver d’une compréhension globale de la réalité.

La logique, une simplification qui éloigne de la réalité.

La perspective logico-mathématique, pilier de la science contemporaine, repose sur une abstraction puissante mais réductrice. 

Prenons l’exemple du concept d’«homme». Quand nous pensons à «un homme», nous pouvons envisager un individu précis – Pierre, avec son rire communicatif et ses lunettes épaisses –, le groupe des hommes en général, ou encore la nature humaine dans son essence. 

Pourtant, dès que nous raisonnons logiquement, ce concept devient une entité abstraite, détachée de la réalité concrète. 

La logique ignore le jugement d’existence implicite dans notre perception – «Pierre existe, il est là, devant moi» – pour se concentrer sur des raisonnements hypothétiques, souvent mécaniques.

Cette abstraction a un coût. Chaque discipline scientifique (logique, psychologie, sociologie, etc.) isole un aspect de la réalité pour l’étudier, mais en faisant cela, elle s’éloigne de l’objet dans sa globalité. 

Par exemple, un neuroscientifique peut analyser les signaux électriques du cerveau d’un patient, mais cette analyse ne dit rien de ce que le patient ressent en regardant un coucher de soleil. 

La science moderne, en mathématisant les phénomènes, produit des connaissances précises mais partielles, souvent déconnectées de la réalité ontologique – c’est-à-dire de la compréhension des «sphères» de l’existence, comme le monde humain, la nature ou leurs interrelations.

Un exemple frappant est la mécanique quantique. Les physiciens manipulent des équations d’une précision redoutable, mais beaucoup avouent ne plus savoir ce qu’est l’objet qu’ils étudient. 

Les particules subatomiques, décrites par des probabilités, semblent flotter dans un vide conceptuel, sans lien clair avec la réalité tangible. 

Cette connaissance, bien que rigoureuse, manque de dimension ontologique : elle ne nous dit rien sur la place de ces phénomènes dans l’ensemble de la réalité.

La perception, une richesse oubliée.

Contrairement à la science, la perception quotidienne capte la réalité dans sa complexité. Imaginez-vous au marché, face à un étal d’oranges. 

En un instant, vous percevez l’orange comme un objet spatial, avec sa couleur vive et sa texture rugueuse. Vous savez qu’elle est comestible, qu’elle a été cultivée, transportée, peut-être cueillie par un agriculteur sous un soleil brûlant. 

Vous appréciez sa beauté, son odeur, et peut-être même vous demandez si elle est bio. Cette perception, immédiate et riche, intègre des dimensions que la science ne peut reproduire seule. 

Pourtant, c’est sur cette «ontologie naturelle» de l’homme ordinaire que s’appuient toutes les sciences.

Dans les cosmologies antiques, cette capacité perceptive était cultivée. 

L’univers était vu comme un réseau de symboles interconnectés, où chaque élément – une étoile, un arbre, une personne – révélait des couches de réalité. 

Aristote parlait de la «forme» d’un objet, une idée qui dépasse l’apparence physique pour inclure les tensions et intentions sous-jacentes. 

Par exemple, en observant une personne, nous ne voyons pas seulement un corps, mais une histoire, des émotions, des intentions, peut-être même une âme. 

Cette perception des «cercles de latence» – ces dimensions cachées mais présentes – était au cœur de la connaissance antique, qui visait à intensifier la conscience de l’acte de connaître.

La science moderne : un savoir horizontal au service du pouvoir.

Avec l’avènement de la science moderne, portée par des figures comme Francis Bacon, cette richesse a été abandonnée. 

La connaissance s’est réduite à la comparaison mathématique des phénomènes, dans une quête de contrôle des processus naturels. 

Ce paradigme «horizontal» ignore les dimensions verticales de la réalité – celles de la profondeur, de l’élévation, du sens. 

L’objectif n’est plus de comprendre l’univers, mais de le dominer. 

Comme l’écrivait Alfred North Whitehead, l’acte de savoir ne peut être réduit à des processus physiques, comme les signaux cérébraux, sans perdre sa spécificité. 

Pourtant, la science moderne tend à ramener le savoir à l’être, éliminant la distinction entre connaître et exister.

Cette focalisation sur le contrôle a des conséquences sociales. 

La science, en produisant des technologies, confère un pouvoir immense à une minorité – ceux qui maîtrisent les connaissances et les ressources. 

Ce n’est pas un accident, mais une conséquence logique de la définition même de la science moderne. 

Par exemple, les algorithmes d’intelligence artificielle, issus de découvertes scientifiques, permettent à quelques entreprises de prédire et d’influencer les comportements de millions de personnes. 

Ce pouvoir, souvent exercé sans sagesse ni responsabilité, creuse des inégalités et menace les libertés.

La sagesse du profane et la limite du critère de vérifiabilité.

Le prestige de la science repose sur son critère de vérifiabilité : une connaissance n’est valide que si elle est reproductible et partageable. 

Mais ce critère exclut des formes de savoir tout aussi précieuses. 

Le sage, admiré pour sa compréhension profonde, sait des choses que les autres ignorent. 

De même, l’historien, face à un événement complexe comme la Révolution française, ne peut réduire ses causes à une formule. 

Il doit saisir une «constellation» de facteurs – économiques, culturels, humains – et se fier à une intuition qui s’exprime parfois mieux dans un poème ou une pièce de théâtre que dans une équation.

Même dans la vie quotidienne, le profane peut surpasser le spécialiste. 

Un agriculteur, par son expérience du climat et du sol, peut prévoir une récolte là où un modèle météorologique échoue. Sa perception, enrichie par des années d’observation, intègre des nuances que la science ne capte pas. 

La connaissance scientifique peut corriger ou compléter la perception, mais elle ne la remplace pas. Au contraire, une perception affûtée peut incorporer les apports de la science, tout en restant ancrée dans la réalité.

Vers une philosophie de la perception.

Pour retrouver un sens de l’orientation dans un monde dominé par la science, il est urgent de redonner sa place à la théorie de la connaissance. 

Celle-ci devrait commencer par étudier les caractères généraux de la perception, présents dans chaque acte perceptif, avant de les analyser sous l’angle des sciences particulières. 

La philosophie, en enrichissant notre perception de l’univers, peut nous aider à saisir la place de chaque chose dans l’ordre de l’être – une ambition qui était celle des cosmologies antiques.

Conclusions.

La science moderne, malgré ses mérites, nous a enfermés dans une vision réductrice de la réalité. 

En privilégiant la logique et le contrôle, elle a négligé la perception, qui reste notre porte d’entrée vers une compréhension globale du monde. 

Pour les lecteurs, l’enjeu est clair : il ne s’agit pas du tout de rejeter la science, bien au contraire, mais de la réintégrer dans une vision plus large qui valorise la science, et où la sagesse, l’intuition et la perception retrouvent leur place. 

Car, comme le montre l’exemple de l’orange au marché, c’est dans le regard de l’homme ordinaire que réside la clé d’une connaissance véritablement humaine.

La tension entre le fini et l’infini ainsi que les distinctions de la science.

Introduction.

La science, dans sa quête de compréhension du monde, repose sur des distinctions fondamentales qui structurent son approche et délimitent ses objets d’étude. 

Mais au-delà de ces cadres logiques, l’intelligence humaine se trouve confrontée à une tension profonde : celle entre le fini, qui caractérise notre expérience quotidienne, et l’infini, qui évoque une vérité plus vaste, métaphysique, voire spirituelle. 

Dans cet article, Antoine Bachelin Sena explore ces deux dimensions – les distinctions scientifiques et la quête d’un sens ultime – en les rendant accessibles à tous, avec des exemples concrets et des réflexions tirées de la philosophie, de la religion et de l’expérience humaine.

Les distinctions au cœur de la science.

Pour comprendre comment la science construit ses objets d’étude, il faut d’abord saisir les distinctions qu’elle opère. 

Ces distinctions ne sont pas seulement des outils abstraits : elles façonnent la manière dont nous pensons le monde. 

Trois types de distinctions sont particulièrement importantes : la distinction réelle, la distinction mentale et la distinction formelle.

  • La distinction réelle sépare des entités totalement indépendantes. 

Par exemple, un embryon étudié en biologie n’a rien à voir avec un triangle analysé en géométrie. Ces disciplines opèrent sur des réalités distinctes, sans lien direct.

  • La distinction mentale, en revanche, concerne des aspects d’une même réalité qui ne peuvent exister séparément. 

Prenons une pomme : sa couleur rouge est une propriété que nous pouvons isoler mentalement, mais elle n’existe pas indépendamment de la pomme elle-même. Cette distinction est essentielle pour analyser les attributs d’un objet sans les détacher de leur support.

  • La distinction formelle, enfin, est purement conceptuelle. 

Par exemple, appeler une personne par son nom, comme “Marie”, ou par son surnom, comme “Mimi”, ne change rien à sa réalité. 

Cette distinction n’a de sens que dans notre esprit.

Ces distinctions permettent à la science de découper la réalité pour mieux l’étudier. 

Mais elles ont leurs limites. En mathématiques, par exemple, tout repose sur des constructions mentales. Les nombres, les figures géométriques ou les équations n’existent pas dans la nature : ce sont des abstractions, parfois inspirées par l’observation, mais détachées de l’expérience concrète. 

Prenez la notion de mesure : un mètre ou un kilogramme n’existe pas en soi. 

Mesurer, c’est toujours comparer un objet à une référence arbitraire. 

Imaginez une chaise flottant seule dans l’espace infini : parler de sa “taille” n’aurait aucun sens sans un autre objet pour la comparer.

Cette idée peut sembler abstraite, mais elle a des implications concrètes. 

Par exemple, dans la vie quotidienne, nous utilisons des mesures pour organiser le monde – la distance entre deux villes, le poids d’un sac de pommes de terre – mais ces mesures ne disent rien de la réalité profonde des choses. 

Ce sont des outils, pas des vérités absolues. 

La science, en se concentrant sur ces abstractions, risque parfois d’oublier la richesse de l’expérience vécue.

Le Triangle de Peirce et la quête métaphysique.

Au-delà des distinctions logiques, la science et la pensée humaine s’inscrivent dans une réalité plus vaste, où les objets ne se réduisent pas à leur matérialité. 

Le philosophe Charles Sanders Peirce propose un modèle éclairant pour comprendre cette complexité : le Triangle de Peirce, qui articule trois éléments dont le signe, le sens et le référent.

Prenons un exemple simple : le mot “eau”. 

  • Le signe, c’est le mot lui-même, “eau”, que nous prononçons ou écrivons. 
  • Le sens, c’est ce que nous associons à ce mot – une substance liquide, transparente, essentielle à la vie. 
  • Le référent, c’est ce à quoi nous faisons référence dans un contexte précis : l’eau potable que nous buvons, l’eau de pluie qui tombe du ciel, ou l’eau baptismale utilisée dans un rituel religieux. 

Chaque fois, le mot “eau” prend une signification différente selon le contexte.

Cette articulation, selon le philosophe Jean Borella dans “La crise du symbolisme religieux”, dépasse la simple analyse linguistique : elle touche à une dimension métaphysique. 

L’eau baptismale, par exemple, n’est pas seulement une substance chimique (H₂O). 

Dans le contexte religieux, elle devient un symbole de purification, de renaissance, voire de la “matière première” universelle, une idée métaphysique qui évoque la possibilité infinie de toute création. 

Ce lien entre le symbole et son référent n’est pas arbitraire, comme une métaphore littéraire. Il est ancré dans une réalité profonde, où les objets du monde sensible renvoient à des vérités spirituelles.

Cette perspective change tout. 

L’eau, vue sous l’angle scientifique, est une substance – quelque chose qui existe par soi, sans être une partie ou un attribut d’autre chose. 

Mais à l’échelle métaphysique, elle devient un symbole, un reflet de la “possibilité universelle”, cette réalité ultime dont tout découle. 

Nous-mêmes, en tant qu’êtres humains, pouvons être vus comme des “attributs” de cette possibilité infinie, sans existence autonome.

La tension entre le fini et l’infini.

Cette double lecture – l’eau comme substance et comme symbole – illustre une tension fondamentale de l’intelligence humaine : celle entre le fini et l’infini. 

  • D’un côté, nous vivons dans un monde concret, limité, mesurable. 
  • De l’autre, nous aspirons à une vérité plus grande, à une beauté ou à une bonté qui transcende notre expérience.

Cette tension se manifeste dans des expériences quotidiennes. 

Imaginez que vous contemplez un coucher de soleil sur la mer. 

La beauté de ce moment vous transporte, mais elle vous laisse aussi un sentiment d’incomplétude, comme si ce spectacle n’était qu’un aperçu d’une beauté plus grande, éternelle. 

Ce désir de beauté peut prendre différentes formes : pour certains, il s’exprime dans l’amour ou l’art ; pour d’autres, il évoque une quête spirituelle, une aspiration à la “béatitude” ou à la vérité ultime.

Le philosophe médiéval Duns Scot affirmait que la beauté, la vérité et l’être sont trois aspects d’une même réalité. 

Quand nous percevons quelque chose de beau, nous entrevoyons une vérité plus profonde, qui ne peut exister sans un infini sous-jacent. 

Sans cet infini, les réalités finies – un coucher de soleil, une œuvre d’art, une équation mathématique – n’auraient pas de sens. 

L’infini, en ce sens, n’est pas une abstraction lointaine : il est la condition de tout ce qui existe.

Cette idée peut sembler éloignée de la vie quotidienne, mais elle résonne dans des expériences humaines universelles. 

Prenez l’exemple de Nicolae Steinhardt, un écrivain roumain emprisonné sous le régime communiste. Dans son livre “Le Journal du bonheur”, il raconte comment, affamé et torturé, il a vécu un moment de contemplation où il a perçu la “beauté éternelle”. 

Malgré les horreurs de sa condition, il a entrevu une vérité transcendante, qui donnait un sens à son existence. 

Cette expérience illustre la capacité de l’intelligence humaine à s’ouvrir à l’infini, même dans les circonstances les plus finies et douloureuses.

La science et ses limites.

La science, dans sa rigueur, tend à privilégier le fini : elle mesure, classe, analyse. 

Mais en se limitant à ces abstractions, elle risque de perdre de vue la richesse de l’expérience humaine. 

Comme le souligne Hugues de Saint Victor, la connaissance véritable passe par trois étapes : penser, méditer et contempler. 

  • Penser, c’est analyser un objet ou une idée. 
  • Méditer, c’est remonter à l’expérience qui a donné naissance à cette pensée.
  • Contempler, c’est articuler plusieurs méditations pour percevoir une vérité plus vaste.

Par exemple, un scientifique peut analyser la composition chimique de l’eau (penser), réfléchir à son rôle dans les écosystèmes (méditer), et finalement contempler sa place dans un ordre cosmique ou spirituel (contempler). 

Cette contemplation ne rejette pas la science, mais la replace dans un cadre plus large, où l’expérience humaine – avec ses paradoxes et ses aspirations – retrouve sa place.

Malheureusement, la science moderne, souvent prisonnière d’un “consensus des sages”, tend à valoriser la spécialisation au détriment de la sagesse. 

En se concentrant sur des questions de prestige ou de performance technique, elle oublie parfois l’ontologie – c’est-à-dire la question de l’être – qui sous-tend toute connaissance. Toute science repose sur des présupposés sur ce qui existe, mais elle ne les interroge pas toujours. 

Par exemple, en définissant une substance comme “ce qui existe par soi” (selon Aristote), la logique risque de nous faire croire que les choses matérielles sont autonomes, alors qu’elles sont en réalité interdépendantes, reliées à une réalité plus vaste.

Vivre dans la tension.

L’intelligence humaine, dans sa grandeur, vit dans une tension qu’elle ne peut résoudre.

  • D’un côté, nous sommes ancrés dans un monde fini, imparfait, mesurable. 
  • De l’autre, nous aspirons à l’infini – à la beauté, à la vérité, à l’être. 

Cette tension peut être source de frustration : certains, pour l’apaiser, rejettent l’infini et se réfugient dans le mesurable, le concret. 

Mais ce choix appauvrit notre expérience.

La vraie richesse de l’intelligence, c’est de tenir ensemble ces deux dimensions. 

Quand nous étudions un objet – une molécule, une étoile, une œuvre d’art –, nous devons être conscients de son inscription dans le fini (ses propriétés mesurables) et dans l’infini (sa place dans un ordre plus vaste). 

Cette approche dialectique, paradoxale, nous garde en contact avec la réalité profonde.

Dans la vie quotidienne, cela signifie prêter attention aux moments où le fini nous renvoie à l’infini. 

Un sourire d’enfant, une mélodie qui nous émeut, un problème mathématique résolu avec élégance : tous ces instants sont des fenêtres sur une vérité plus grande. 

Ils nous rappellent que nous ne sommes pas seulement des êtres de mesure, mais aussi des êtres de contemplation du divin.

Conclusion.

La science, avec ses distinctions rigoureuses, nous aide à comprendre le monde. 

Mais elle ne peut à elle seule répondre à la quête de sens qui anime l’humanité. 

En articulant le fini et l’infini, l’intelligence humaine trouve sa véritable mesure. 

Comme le psalmiste qui refusait d’oublier Sion, nous sommes appelés à ne pas nous perdre dans le concret, mais à nous souvenir de notre “patrie céleste” – cette vérité éternelle qui donne sens à tout.

Que ce soit dans l’analyse d’une goutte d’eau ou dans la contemplation d’un coucher de soleil, la connaissance véritable naît de cette tension entre le mesurable et l’incommensurable. 

En cultivant cette double vision, nous ne faisons pas seulement progresser la science : nous retrouvons la sagesse qui nous rend pleinement humains.

L’Espérance confisquée : retrouver la lumière dans les ombres. 

Dans un monde où les ombres s’épaississent, l’espérance semble avoir été confisquée. Ce mot, autrefois chargé de promesses, résonne aujourd’hui comme une relique d’un autre temps, écrasé sous le poids d’une modernité désenchantée.
Crises en cascade – technocratie, relativisme, subversion des repères – ont vidé nos âmes de cette lumière qui jadis portait les hommes au-delà des ténèbres. Ce texte se veut une réflexion, un cri peut-être, pour réinventer l’espérance, non pas comme une illusion naïve, mais comme une force vive, enracinée dans une dignité qui transcende les désillusions.
Car si les ombres modernes ont réussi à nous priver d’horizon, il nous appartient de retrouver la flamme, de parler depuis notre immortalité, et d’éclairer à nouveau le chemin.

Le vol de l’espérance : un monde sans horizon.
Le constat est amer : la modernité a confisqué l’espérance.
Là où nos ancêtres voyaient dans l’avenir une terre à conquérir ou un mystère à accueillir, nous ne discernons plus qu’un brouillard d’incertitudes.
Les promesses du progrès, qui ont bercé le XXe siècle, se sont révélées creuses : le confort matériel a remplacé la grandeur, la consommation a étouffé l’aspiration.
Les crises qui rythment notre époque – économiques, écologiques, identitaires – ne font qu’amplifier ce vide.
Elles ne sont pas seulement des défis pratiques ; elles sont les symptômes d’une perte plus profonde, celle d’une vision qui donne sens à l’existence.

Ce désespoir ne s’affiche pas toujours comme tel. Il se travestit en cynisme, ce rictus désabusé qui moque toute tentative d’idéal.
On le voit dans les conversations quotidiennes, où l’ironie l’emporte sur l’enthousiasme, ou dans les réseaux sociaux, où le sarcasme est roi.
Il se manifeste aussi dans un repli individualiste : chacun pour soi, dans un monde perçu comme une jungle hostile. Les grandes catastrophes annoncées – réchauffement climatique, guerres imminentes, effondrement économique – achèvent de nourrir une peur diffuse de l’avenir.
L’homme moderne ne vit plus pour demain ; il survit en attendant la chute.

Prenons les discours apocalyptiques qui dominent notre époque.
Le climat, par exemple, est devenu un terrain d’angoisse collective.
Les alertes scientifiques se muent souvent en prophéties de fin du monde, relayées par des militants qui oscillent entre culpabilisation et résignation.
Loin d’inspirer une action collective, ces récits paralysent, transformant l’espérance en un luxe que nous ne pouvons plus nous offrir.
De même, les tensions géopolitiques – Ukraine, Proche-Orient, rivalités sino-américaines – alimentent un imaginaire de chaos où l’avenir n’est plus une promesse, mais une menace.

L’échec des idéologies : des lendemains qui ne chantent plus.
Cette confiscation de l’espérance doit beaucoup à l’effondrement des idéologies qui, jadis, portaient des horizons communs.
Le communisme promettait un paradis terrestre ; le libéralisme, une prospérité universelle.
Ces utopies, malgré leurs dérives, donnaient un sens, un but. Aujourd’hui, que reste-t-il ?
Le capitalisme globalisé offre des gadgets et des écrans, mais pas de rêve collectif.
Les idéologies progressistes, quant à elles, se perdent dans un relativisme stérile, incapables de proposer autre chose qu’une déconstruction sans fin. Même les combats pour la justice sociale s’enlisent souvent dans des querelles identitaires qui divisent plus qu’elles n’unissent.

Le résultat est un vide béant.
Sans horizon partagé, l’homme moderne est orphelin.
Les institutions qui structurent autrefois la société – Église, État, famille – ont perdu leur aura.
La technocratie, qui prétend les remplacer, ne propose qu’une gestion froide, dénuée de souffle.
Les algorithmes dictent nos choix, les experts nos comportements, mais personne ne nous dit pourquoi vivre. Cette absence de «pourquoi» est le véritable vol de l’espérance : elle nous laisse nus face aux ombres, sans boussole pour avancer.

Les lumières d’hier : quand l’espérance porte l’homme.
Pour comprendre ce que nous avons perdu, tournons-nous vers les sources d’espérance du passé.
La foi chrétienne, par exemple, a irrigué des siècles d’histoire européenne.
Elle ne promet pas un bonheur immédiat, mais une rédemption, une éternité qui donnait sens aux épreuves. L’homme n’est pas un accident cosmique, mais une créature appelée à la transcendance.

L’Épître aux Hébreux (11:1) nous rappelle que «la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas».
Cette vision, incarnée dans les cathédrales ou les écrits de Saint Augustin, offre une lumière dans les ténèbres, une espérance qui ne dépend pas des circonstances, mais d’une certitude intérieure capable de défier le visible.

Le sacré comme étincelle : Bernanos et les résistances actuelles.
Face au désenchantement moderne, le sacré peut-il raviver cette flamme ? Georges Bernanos, écrivain visionnaire, croyait en une espérance enracinée dans la profondeur de l’âme humaine.
Dans “Les grands cimetières sous la lune”, il dénonçait déjà un monde qui sacrifie l’esprit au profit de la matière. Pour lui, l’espérance n’était pas une illusion, mais une révolte contre le néant, un cri de vie porté par la foi.
Cette intuition résonne encore : retrouver l’espérance, c’est oser regarder au-delà des ombres, vers une lumière qui ne s’éteint pas.

Des exemples contemporains montrent que cette flamme n’est pas éteinte.
En Pologne, la résistance au communisme s’est nourrie d’une identité spirituelle profonde, mêlant catholicisme et patriotisme.
En Russie, malgré les dérives autoritaires, une quête de sens transcendant – via l’orthodoxie ou la littérature – persiste face au matérialisme occidental.
Ces sociétés, imparfaites, rappellent que le sacré peut être un rempart contre le désespoir.
Non par nostalgie d’un âge d’or, mais par une réinvention adaptée à notre temps : une espérance qui ne fuit pas la réalité, mais la traverse avec courage.

Où chercher l’espérance confisquée ?
Si l’espérance nous a été volée par les ombres modernes, où la retrouver ?
La réponse ne viendra ni des écrans, ni des discours politiques usés.
Elle gît en nous, dans cette part d’immortalité que nul ne peut confisquer. Parler depuis notre immortalité, comme le suggère cette réflexion, c’est reconnaître que l’homme n’est pas réductible à ses échecs, à ses crises, à ses peurs.
C’est puiser dans une dignité qui transcende les désillusions, une force qui ne dépend pas des circonstances extérieures, mais d’une vérité intérieure – cette «ferme assurance» dont parle l’Épître aux Hébreux (11:1).

Cette quête n’est pas abstraite.
Elle peut s’incarner dans des gestes concrets : reconstruire des communautés où l’on se parle, où l’on crée ensemble ; redonner du sens au travail, non comme une corvée, mais comme une offrande ; oser la beauté, dans l’art ou dans les relations humaines, comme un défi au cynisme.
Elle passe aussi par une réappropriation du temps : sortir de l’urgence perpétuelle pour retrouver le rythme de l’éternité, celui des saisons, des prières, des silences.
L’espérance n’est pas un état passif ; elle est une action, un choix lucide face aux ténèbres.

Un appel à l’action : éclairer les ombres.
Retrouver l’espérance, c’est refuser de céder aux ombres.
C’est dire non au désenchantement, au relativisme qui dissout tout, à la technocratie qui nous réduit à des numéros.

Lançons un appel avec une lucidité qui ose voir le pire pour mieux le dépasser. Inspirons-nous des résistants d’hier et d’aujourd’hui, de ceux qui, dans les ruines, ont planté des graines d’avenir. Puisons dans le sacré, non comme une fuite, mais comme une ancre.

Car l’espérance confisquée n’est pas perdue.
Elle attend, tapie dans nos âmes, prête à jaillir dès que nous oserons la revendiquer.
Elle n’est pas une promesse de jours faciles, mais une flamme qui brûle dans la nuit.
À nous de la raviver, de la porter, d’éclairer les ténèbres.
Parler depuis notre immortalité, c’est commencer dès aujourd’hui à vivre et c’est un appel puissant à l’action.

Les penseurs traditionnels ne sont pas contre la modernité.

La tradition et la modernité sont souvent présentées comme des notions antagonistes.

Pourtant, leur opposition ne doit pas être réduite à une simple rivalité.
Ce sont des concepts vastes, englobant des réalités qui s’étendent sur des siècles et touchent des phénomènes d’ampleur presque planétaire.


La tradition puise ses racines dans un passé immémorial, tandis que la modernité marque une rupture plus récente mais tout aussi significative.

Explorer leurs détails exhaustifs serait une tâche écrasante ; je propose donc de me concentrer sur leur essence : l’élan fondamental qui anime la tradition et l’idée centrale qui porte la modernité.

Derrière la diversité de leurs manifestations, chacune semble animée par une aspiration unique, un esprit qui les définit et les éclaire.


Qu’est-ce que la modernité ? Une rupture philosophique.
La modernité au sens commun : le progrès technique.
Dans le langage courant, être « moderne » évoque spontanément une notion positive liée au progrès, surtout technique.

Une voiture moderne consomme moins, va plus vite ; un réfrigérateur moderne conserve mieux les aliments.

Cette perception associe la modernité à une amélioration pratique, à une efficacité accrue.
En ce sens, on pourrait dire que chaque époque a eu ses « modernes » : des individus cherchant à surpasser leurs prédécesseurs en ingéniosité ou en confort.
Mais cette définition reste superficielle et ne saisit pas l’essence du concept.


Une nouvelle ère pour l’humanité.
La modernité, dans son acception philosophique, va bien au-delà.

Elle émerge à la fin du XVIe siècle, s’affirme pleinement au XVIIIe avec les Lumières, et marque une rupture radicale avec le passé.

À cette époque, des penseurs commencent à concevoir leur temps non pas comme une simple suite d’avancées techniques, mais comme l’entrée dans une ère nouvelle.


Être moderne, ce n’est plus seulement être meilleur que ses ancêtres ; c’est être fondamentalement différent. En France, la « Querelle des Anciens et des Modernes » (fin XVIIe – début XVIIIe siècle) cristallise ce basculement : les « modernes » revendiquent une supériorité non seulement technique, mais aussi intellectuelle et morale sur les Anciens.


La raison comme pilier.
Au cœur de cette modernité se trouve une idée maîtresse : la raison.

Le XVIIIe siècle la célèbre comme « l’âge de raison » de l’humanité, un moment où les hommes deviennent pleinement maîtres de cette faculté.
Mais cette raison moderne se distingue de celle des Anciens.

Elle n’est plus seulement un outil de contemplation ou une norme universelle liant le vrai, le bien et le beau, comme dans la pensée classique ou chrétienne.

Elle devient une rationalité pragmatique, tournée vers l’action et la maîtrise du réel.


Une vision nouvelle de l’humanité.
Avec la modernité apparaît une conception inédite de l’histoire : l’humanité est vue comme un tout en évolution, comparable à un individu passant de l’enfance à la maturité.

La modernité représente cet « âge adulte », où l’homme s’émancipe des superstitions et des limites du passé pour réaliser pleinement son potentiel.


La philosophie de l’histoire, née au XVIIIe siècle, illustre cette ambition : comprendre le devenir collectif de l’humanité comme une marche vers le progrès.


Une raison déliée de la norme.
Contrairement à la raison classique, qui unissait science, morale et foi, la raison moderne sépare ces domaines.

Découvrir une vérité scientifique – une loi physique, par exemple – ne dit plus rien sur ce que l’homme doit faire.


La nature devient neutre, un champ de régularités à analyser et à exploiter, sans valeur morale intrinsèque.

Ainsi, la raison passe de la « raisonnabilité » (une quête du bien et de l’harmonie) à la « rationalité » (une capacité d’analyse et d’action).


Une puissance pragmatique.
Cette rationalité transforme la raison en outil de pouvoir.

Elle n’invite plus à contempler l’ordre des étoiles, comme le sage antique, mais à calculer, prévoir, agir.
La science moderne ne cherche pas le sens profond des choses, mais leur utilité pour l’homme.

Elle devient relative aux besoins humains, un levier pour façonner le monde selon nos désirs.


Les promesses de la modernité.
Un avenir radieux.
La modernité repose sur une foi inébranlable dans cette nouvelle raison. Elle promet de libérer l’humanité de ses maux ancestraux et de la transformer profondément.


Ces espoirs se déclinent en trois ambitions principales :


La fin de la misère :
Grâce à la science, l’homme dominerait la nature, surmonterait la pénurie et, dans les rêves les plus audacieux – comme chez Rabelais au XVIe siècle –, vaincrait même la mort.
Cette aspiration à transcender la condition humaine traduit une rupture métaphysique majeure.


Liberté, égalité, paix :
La raison rendrait les hommes plus libres (par leur pouvoir accru), plus égaux (par la diffusion du savoir) et plus pacifiques (par une rationalité supposée apaiser les conflits).
Ce mythe d’une société industrielle pacifiée, né il y a deux siècles, perdure malgré les contre-exemples historiques.


Une humanité moralement meilleure :
Les Lumières affirment que le progrès technique et économique améliore l’homme.

Le mal viendrait du malheur ; en le supprimant, la science rendrait les hommes bons.
Cette idée – « plus de savoir, plus de vertu » – est au cœur de la modernité initiale.


Une modernité en crise.
Ces promesses, intactes jusqu’au début du XXe siècle, ont été ébranlées par les guerres mondiales, le communisme et les excès de la rationalité technique (bombe atomique, déshumanisation).
Aujourd’hui, certains critiquent la modernité sans pour autant la rejeter : écologistes ou penseurs « new age » déplorent ses dérives – robotisation, aliénation consumériste – tout en restant dans son cadre.


Le soir disant salut par les droits de l’homme (quel homme?).


Face à ces désillusions, un courant récent tente de « sauver » la modernité en la dépassant. La science seule ne suffit pas ; il faut y ajouter une nouvelle valeur : les droits de l’homme.


Inspirée par Kant, cette philosophie postule que l’homme, imparfait mais perfectible, mérite un respect inconditionnel pour son potentiel.
La modernité devient alors l’ère de la tolérance, du dialogue et de l’autonomie, combinant rationalité scientifique et dignité humaine.


La tradition face à la modernité.
Une pensée vivante et critique.
Loin d’être un vestige dépassé, la tradition reste une philosophie vivante, riche de vingt-quatre siècles de réflexion, de Platon à nos jours.
Elle ne s’oppose pas à la modernité par réaction, mais propose une vision alternative, ancrée dans une intuition radicalement différente.


Examinons d’abord ses critiques, avant d’en dégager l’esprit profond.
1. Le progrès scientifique : une fausse évidence.
Les modernes raillent la tradition pour son « primitivisme » technique : Platon n’aurait pas construit d’avion, saint Thomas pas même une bicyclette.
Mais ce retard n’est pas une faiblesse. La tradition ne nie pas la science ; elle questionne sa finalité.

Dominer la nature est-il toujours souhaitable ?
Manipuler les gènes ou défier la mort risque-t-il de créer des monstres ?
Loin d’être rétrograde, elle invite à contempler un ordre caché dans les choses – une harmonie qu’il vaut mieux respecter que détruire.


2. La société économique : une guerre masquée.
Les modernes vantent le développement économique comme source de paix et de confort. La tradition y voit une illusion.
Plus on satisfait de besoins, plus on en crée, jusqu’à perdre le sens du nécessaire et du superflu.

L’économie moderne légitime cette spirale en déclarant tout désir naturel.
De plus, elle repose sur la concurrence – une guerre déguisée où l’objectif est d’écraser l’autre.

Les sociétés industrielles ne sont pas pacifiques ; elles canalisent le conflit sous des formes subtiles.


3. La démocratie : un idéal imparfait.
La démocratie, fierté des modernes, promet la souveraineté de tous. Mais, comme le note Rousseau, elle exige « un peuple de dieux » pour fonctionner.

Sinon, elle devient une lutte d’intérêts individuels, chacun revendiquant ses droits au détriment des autres.

La tradition ne rejette pas cet idéal – elle le pratique dans des communautés restreintes, comme les monastères – mais doute qu’il s’applique à des millions d’individus sans une vertu exceptionnelle.


L’esprit de la tradition : l’imperfection humaine.
Une intuition fondamentale.
Derrière ces critiques se dessine le cœur de la tradition : l’homme n’est pas parfait.
La modernité le voit comme un être autosuffisant, capable de devenir son propre dieu par la science et la raison.

La tradition, au contraire, insiste sur sa fragilité et sa liberté imparfaite.
Le christianisme l’exprime avec force : l’homme est une créature pécheresse, perfectible mais dépendante d’une aide extérieure – la grâce – pour s’élever.

Progrès moderne vs progrès traditionnel.
Les modernes rétorquent que leur idée de progrès rejoint cette imperfection : l’homme s’améliore par ses propres moyens.


Mais la tradition distingue les deux : dans la modernité, le progrès est une conquête humaine, un pouvoir illimité ; dans la tradition, il est limité par la condition humaine et nécessite une transcendance.


Là où la modernité proclame l’athéisme et fait de l’humanité son propre salut, la tradition rappelle que l’homme n’est pas Dieu, même collectivement.


Conclusion : une opposition irréductible ?
En 1804, Pie IX affirmait qu’aucun pont ne relie tradition et modernité.
La première voit dans la seconde une hubris dangereuse ; la seconde considère la première comme un frein au progrès.

Pourtant, les penseurs traditionnels ne rejettent pas la modernité par principe. Ils l’interrogent avec sagesse, proposant une voie où l’homme, conscient de ses limites, cherche l’harmonie plutôt que la domination.


La modernité, elle, mise sur une rationalité sans bornes pour réinventer l’humanité.
Ce sont deux visions irréconciliables, mais complémentaires dans leur tension.

La Dictature du relativisme. 

Le dogme, qui proclame que tout se vaut – chaque opinion, chaque morale, chaque culture –, s’est imposé comme une vérité incontestable, un totem devant lequel il faudrait s’incliner. 

Mais loin d’être une simple mode intellectuelle, ce relativisme est une subversion profonde des repères qui fondent toute civilisation. 

Car il désarme l’esprit critique et paralyse la quête de vérité. 

Ce relativisme ouvre la voie à un chaos démocratique où plus rien ne tient debout. 

Sous ses airs de tolérance infinie, le dogme relativiste devient une dictature sournoise qui menace notre capacité à distinguer le bien du mal, le vrai du faux, et où la raison céde la place au pouvoir brut.

Une doctrine sacrée : la fin des jugements.

Le relativisme n’est pas une nouveauté. 

Mais ce qui était autrefois une réflexion académique s’est mué en un credo populaire, porté par une élite intellectuelle et médiatique. 

Aujourd’hui, affirmer qu’une idée, une pratique ou une culture pourrait être supérieure à une autre est devenu un sacrilège. « Qui es-tu pour juger ? » clame-t-on, comme si le jugement lui-même était une faute morale. 

Cette injonction répétée a fini par s’incruster dans les esprits, au point de faire du relativisme une arme pour neutraliser toute tentative de hiérarchisation ou de discernement.

Prenons un exemple concret : la tolérance absolue, pilier du discours progressiste, est brandie comme un idéal suprême. 

Mais à force de tout tolérer au nom de la diversité, on finit par excuser l’inexcusable. 

Condamner certains actes apr exemple de mutilation sexuelle devient suspect : ce serait faire preuve d’arrogance ou d’intolérance culturelle ou intellectuelle.

Ainsi, le relativisme, sous couvert d’ouverture, paralyse notre capacité à dire le juste et l’injuste. 

Il transforme la tolérance en un laissez-passer pour une tyrannie indéfendable !

Quand le respect des différences tue la vérité.

Un autre symptôme de cette dictature du relativisme se manifeste dans le refus de condamner des pratiques destructrices au nom du soit disant «respect des différences». 

La vérité étayée par des preuves, se noie dans un brouhaha où tout vaut tout. 

Par exemple, on observe cela dans les discussions sur le genre ou la sexualité. Affirmer qu’il existe des réalités biologiques devient une hérésie, car la perception subjective de chacun doit primer sur les faits objectifs. 

La vérité n’est plus une boussole, mais une variable ajustable selon les sentiments du moment.

Et ce phénomène n’est pas anodin. 

Il traduit une inversion perverse : ce qui était autrefois un outil de dialogue – le respect mutuel – devient une arme pour étouffer la raison. 

Joseph Ratzinger, avant de devenir Benoît XVI, avait vu juste en dénonçant le relativisme dans un sermon de 2005. Pour lui, ce courant ne libère pas l’homme, mais le prive de fondations solides. Et ériger l’absence de certitude en vertu, favorise une forme d’intolérance paradoxale : celle qui censure toute tentative d’affirmer une vérité. 

Quiconque ose dire «ceci est vrai» ou «cela est faux» est immédiatement accusé de dogmatique, voire de fasciste. Ainsi, le relativisme, qui prétend abolir les hiérarchies, instaure en fait sa propre tyrannie : celle du vide de sens.

Des exemples qui parlent : genre et histoire sous le joug relativiste.

Pour illustrer cette dérive, penchons-nous sur deux terrains où le relativisme fait des ravages : les débats sur le genre et la réécriture de l’histoire. 

  1. Sur la question du genre, le relativisme a transformé une réalité biologique – l’existence de deux sexes – en un champ de bataille idéologique. 

Dire qu’un homme est un homme et une femme une femme, en s’appuyant sur la science, est aujourd’hui perçu comme une violence par certains. 

À la place, on impose l’idée que le genre est une pure construction subjective, détachée de toute matérialité. 

Cette vision, poussée à l’extrême, nie non seulement les faits, mais aussi la possibilité même de les discuter rationnellement. 

La vérité devient une affaire de pouvoir : celui qui crie le plus fort ou qui mobilise le plus d’émotion l’emporte.

  1. La réécriture de l’histoire suit une logique similaire. 

Sous prétexte de décolonisation ou de justice sociale, des pans entiers du passé sont jugés à l’aune des valeurs contemporaines, sans égard pour le contexte. 

Des statues sont déboulonnées, des figures historiques vilipendées, non pas parce qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises, mais parce qu’elles ne cadrent plus avec la sensibilité actuelle. 

Le relativisme historique prétend que chaque époque a sa vérité, mais dans les faits, il impose une seule grille de lecture : celle du présent. 

Ce faisant, il efface la complexité du passé et réduit la vérité à une question de mode ou de rapport de force.

Le chaos démocratique et l’ombre de la technocratie.

Cette dissolution des repères a des conséquences profondes sur la démocratie. 

Une société où aucune valeur ne peut s’imposer est condamnée à l’impuissance. Si tout se vaut, comment trancher un débat ? Comment définir des lois, des priorités, des interdits ? 

Le relativisme, en sapant les critères communs, transforme la délibération collective en un dialogue de sourds. Chacun campe sur sa vérité personnelle, et le bien commun s’efface au profit d’intérêts particuliers. 

On le voit dans les polémiques et manipulations incessantes qui rythment notre époque et cachent les vrais enjeux : du port du voile à la légalisation de telle ou telle pratique, les discussions tournent en boucle, faute d’un socle partagé pour les ancrer.

Mais ce chaos n’est peut-être qu’une étape. Derrière l’écran de fumée du relativisme, une menace plus froide se profile : celle d’une technocratie autoritaire. 

Quand plus rien ne fait sens, quand la raison s’épuise à force de relativiser, qui décide ? 

Les experts, les algorithmes, les puissants. 

Dépourvus de repères transcendants, les citoyens deviennent des proies faciles pour ceux qui savent manipuler les données ou imposer leurs choix sous couvert d’efficacité. 

Le relativisme, en vidant l’espace public de toute substance, prépare paradoxalement le terrain à un ordre imposé d’en haut, où le débat n’a plus sa place. 

On pense ici aux dérives des géants technologiques, qui censurent au nom d’une morale fluctuante, ou aux bureaucraties supranationales, qui dictent des normes sans jamais les soumettre à une légitimité populaire.

Sortir de l’impasse : une piste de résistance.

Face à cette dictature du relativisme, faut-il baisser les bras ? Non, mais la résistance exige de renouer avec des fondations solides. 

Retrouver des critères transcendants – qu’ils soient spirituels, philosophiques ou simplement rationnels – est une urgence. 

Cela ne signifie pas revenir à un dogmatisme rigide, mais réhabiliter l’idée qu’il existe des vérités qui dépassent nos caprices individuels. 

La justice, la beauté, la vérité : ces notions ne sont pas de simples conventions, mais des phares qui ont guidé les civilisations à travers les âges. Les ignorer, c’est se condamner à errer dans un désert moral.

Sur le plan spirituel, des penseurs comme Ratzinger invitent à redécouvrir une transcendance qui donne sens à l’existence. 

Sans forcément adhérer à une religion, on peut s’inspirer de cette quête d’absolu pour sortir du relativisme ambiant. 

Philosophiquement, des figures comme Aristote ou Kant rappellent que la raison elle-même repose sur des principes universels, accessibles à tous. 

Politiquement, cela implique de réaffirmer des valeurs communes, non comme des slogans, mais comme des balises exigeantes qui obligent à trancher, à juger, à choisir.

Conclusion : dire non au vide.

La dictature du relativisme n’est pas une fatalité. Elle prospère parce que nous l’avons laissée s’installer, par paresse ou par peur de déplaire. 

Mais en refusant de distinguer le bien du mal, le vrai du faux, nous abandonnons ce qui fait de nous des êtres humains : la capacité à penser, à juger, à construire. 

Luttons, luttons, luttons !

Affirmons nos positions !

Dire non au vide, c’est oser affirmer des certitudes, même imparfaites, et redonner à la vérité sa place légitime. 

Dans un monde où tout vaut tout, rien, au fond, ne vaut plus rien.

La vision hamiltonienne à l’épreuve des politiques de Trump : Une quête d’autonomie moderne.

Article aussi publié sur France Soir :

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-vision-hamiltonienne-l-epreuve-des-politiques-de-trump-une-quete-d-autonomie

En 1791, Alexander Hamilton, premier secrétaire du Trésor américain, publie son Report on Manufactures, un plaidoyer audacieux pour transformer une Amérique rurale en puissance industrielle.

« La richesse et la sécurité d’un pays dépendent de ses manufactures », écrit-il (Library of Congress).

Contre Thomas Jefferson, chantre d’une société agraire, Hamilton prône des tarifs douaniers, des subventions et des usines pour briser la dépendance britannique.

Ce texte, bien que freiné à l’époque, inspire le « Système américain » de Henry Clay, des canaux d’Érié aux textiles de Lowell, faisant des États-Unis une puissance mondiale au XXe siècle.

Deux siècles plus tard, les échos d’Hamilton résonnent dans les politiques protectionnistes de Donald Trump, président de 2017 à 2021 et depuis janvier 2025.

Ses tarifs de 2018 sur l’acier (25 %) et l’aluminium (10 %), ou ceux annoncés pour avril 2025 – 10 % sur toutes les importations, jusqu’à 34 % sur la Chine – rappellent l’appel d’Hamilton à l’autosuffisance.
Mais dans un monde globalisé, cette stratégie est-elle pertinente ?

Cet essai explore les parallèles entre Hamilton et Trump, leurs succès, et les défis d’une souveraineté économique au XXIe siècle.

Hamilton : une vision pour l’indépendance.
À l’aube de l’indépendance américaine, les États-Unis exportaient coton et tabac, mais importaient des biens manufacturés de Grande-Bretagne.
Cette dépendance menaçait leur souveraineté, surtout en temps de guerre. Hamilton, dans son Report on Manufactures, propose une industrialisation rapide.

Il défend des tarifs pour protéger les jeunes industries, des subventions pour encourager l’innovation, et des infrastructures (routes, canaux) pour doper le commerce. Sa « Society for Establishing Useful Manufactures » (SEUM) vise à coordonner ces efforts, ciblant des secteurs stratégiques : métallurgie, textiles, papier.

Pour Hamilton, l’industrie crée des emplois, stimule l’innovation et sécurise la nation, produisant armes et vêtements en cas de crise.
Face à Jefferson, qui craint inégalités et urbanisation, Hamilton insiste : manufactures et agriculture se renforcent mutuellement, un marché intérieur robuste garantissant la prospérité.

Trump : un héritier d’Hamilton ?
Comme Hamilton, Trump veut réduire la dépendance aux importations, protéger les industries et renforcer la sécurité nationale.

En 2018, ses tarifs sur l’acier et l’aluminium relancent la sidérurgie américaine (+8 % de production entre 2017 et 2019, US Geological Survey).

En avril 2025, il intensifie cette approche : un tarif universel de 10 %, des taxes de 34 % sur la Chine, 25 % sur l’automobile, et la fin de l’exemption « de minimis » pour les colis chinois.

Ces mesures ciblent des secteurs vitaux – semi-conducteurs, automobiles, pharmaceutiques – pour contrer la domination chinoise (60 % des puces mondiales, Semiconductor Industry Association).
Des projets comme les usines TSMC en Arizona, promettant 20 000 emplois, illustrent une relocalisation concrète, écho moderne à l’autonomie prônée par Hamilton.

Trump justifie ces tarifs par une « urgence nationale » face à un déficit commercial de 1,2 trillion de dollars (2024).

Lors de son discours du « Liberation Day » (2 avril 2025), il déclare : « Nos ouvriers, agriculteurs, artisans ont souffert. Nous restaurons notre base industrielle. »

Cette rhétorique rappelle Hamilton, pour qui l’industrie garantissait la souveraineté.
Comme le colbertisme français sous Louis XIV, où l’État forgeait manufactures et marine, Trump mise sur un État fort pour relancer « Main Street » – les travailleurs et petites entreprises – contre la volatilité des marchés mondiaux.

Succès et limites dans un monde globalisé.
Les tarifs de Trump portent leurs fruits : la sidérurgie rebondit, et des usines de puces s’installent aux États-Unis, réduisant la dépendance à Taïwan et à la Chine.

Les investisseurs obligataires, notant la résilience économique américaine face à la chute chinoise, valident cette stratégie long terme (Bloomberg, 2025).

À l’image d’Hamilton, qui voyait loin malgré les critiques de Jefferson, Trump parie sur des gains durables : emplois, pouvoir d’achat, moins de dettes pour les générations futures.

Mais des défis subsistent.
Les économistes comme Paul Krugman et le Peterson Institute prédisent des hausses de prix (10-20 % sur les biens importés) et des représailles chinoises, potentiellement coûteuses (500 milliards pour les ménages, Peterson, 2025).
En 2018, les taxes chinoises sur le soja ont coûté 27 milliards aux fermiers américains.

Dans une économie mondialisée, où les chaînes d’approvisionnement sont interdépendantes (puces taïwanaises, pièces automobiles européennes), le protectionnisme peut perturber.

Hamilton opérait dans un monde mercantiliste ; Trump navigue un réseau complexe. Ses détracteurs arguent que l’autonomie totale est illusoire, et que la volatilité des marchés – critiquée par Trump comme les « panican » de Wall Street – pourrait freiner la croissance.
Pourtant, ces hausses de prix semblent temporaires.

Les industries se réinstallent, comme le montre TSMC, et les prix pourraient baisser à mesure que la production locale s’accroît.
Hamilton lui-même tolérait des coûts initiaux pour bâtir une économie robuste.

Trump, conseillé par des figures comme Peter Navarro, adapte cette vision : briser la tutelle chinoise, comme Hamilton ciblait l’Angleterre, reste une priorité.

Les représailles sont un risque, mais la souveraineté – industrielle, technologique, sanitaire – prime pour sécuriser l’avenir.

Conclusion : une ambition intemporelle ?
Hamilton rêvait d’une Amérique autonome, capable de rivaliser avec l’Europe. Trump, avec ses tarifs, poursuit cet idéal, modernisé pour affronter la Chine et les crises globales.

Les succès – emplois, relocalisation – côtoient des défis – inflation, tensions commerciales.

Pour un public français, cette quête évoque le colbertisme : un État audacieux, mais confronté à un monde interdépendant.

Hamilton n’anticipait pas tout ; Trump et ses équipes sauront-ils équilibrer souveraineté et coopération ?

L’histoire jugera, mais leur pari long terme, comme celui d’Hamilton, pourrait redessiner l’Amérique.

La beauté de la contradiction : pourquoi douter est humain. 

Article aussi publié sur France Soir :

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-beaute-de-la-contradiction-pourquoi-douter-est-humain

Imaginez un instant : une salle bondée, des écrans hurlant des vérités prêtes à l’emploi, des foules scandant des slogans. Au milieu, un homme, une femme, un enfant ose lever la main et murmurer : « Et si c’était plus compliqué ? »

Ce murmure est un séisme. Ce doute est une révolution. Dans un monde qui exige des certitudes, où chaque crise — climatique, sanitaire, géopolitique — s’accompagne d’un corpus de vérités intouchables, comme l’injonction « croyez en la science », la contradiction est devenue une hérésie.

On nous somme de choisir un camp, d’adhérer sans réserve, d’être Charlie, de porter un masque, de soutenir l’Ukraine, de bannir le doute comme on chasse une maladie.

Pourtant, c’est dans ce doute, dans cette capacité à embrasser la contradiction, que réside notre humanité. Loin d’être une faiblesse, elle est une force, une beauté créative qui nous distingue des machines et des dogmes.

Le culte de la certitude est une prison moderne.
Les “experts” des plateaux télévisés et des cabinets de conseil débitent des vérités absolues avec l’arrogance de prêtres d’une nouvelle religion.

En France, les politiques sanitaires post-Covid (2020-2023) ont été érigées en dogmes, et malheur à celui qui osait interroger leur cohérence, comme les effets des confinements sur la santé mentale.

La certitude est devenue une arme de propagande qui rassure les foules, légitime les puissants et étouffe les questions.
Mais cette certitude est une illusion.

La science, qu’on nous vend comme infaillible, est par nature incertaine : elle avance par essais, erreurs, débats et remises en question.

Les vérités d’hier — comme l’idée que le tabac était inoffensif — sont les absurdités d’aujourd’hui.

Alors, pourquoi exiger une foi aveugle dans les vérités du moment ? Parce que la certitude sert le pouvoir. Elle simplifie, uniformise, contrôle. La contradiction, elle, dérange. Elle est le caillou dans la chaussure des tyrans.

La contradiction est un acte de vie, de survie.
Douter, c’est vivre. L’homme qui doute n’est pas un sceptique stérile, mais un esprit en mouvement.

Au Brésil, Tiradentes (XVIIIe siècle) a douté de la légitimité coloniale, payant sa contradiction de sa vie, mais plantant les graines de l’indépendance. En Afrique, Thomas Sankara a défié le néocolonialisme, inspirant des générations.

La contradiction n’est pas un luxe intellectuel, elle est le moteur de l’histoire.
Partout dans le monde, les voix qui doutent sont celles des oubliés.

En Inde, une paysanne questionne les semences imposées par les multinationales, défendant ses savoirs ancestraux contre un progrès qui l’écrase.

En Afrique du Sud, une étudiante remet en cause les récits officiels sur la justice climatique, demandant pourquoi les pays du Sud paient pour les erreurs du Nord. Ces contradictions ne sont pas des cris dans le vide : elles sont des ponts vers un monde plus juste.

Comme l’écrivait Audre Lorde, « ce ne sont pas nos différences qui nous divisent, mais notre incapacité à reconnaître, accepter et célébrer ces différences. »

Douter, c’est célébrer cette diversité humaine, c’est refuser l’uniformité qui étouffe les âmes.

Aujourd’hui, douter reste un acte héroïque qui se retrouve souvent étiqueté complotiste
Quand un citoyen remet en cause les politiques environnementales globalisées, comme celles imposées en Amazonie, il contredit un narratif mondialisé, au risque d’être traité d’ignorant, de complotisme ou d’extrême droite.

Quand un Français questionne les chiffres officiels d’une crise, il s’expose à la censure ou au mépris.

Pourtant, ces contradictions sont belles. Elles refusent la paresse de l’accord automatique, elles exigent de penser, de chercher, de confronter. Elles sont le cri d’une conscience qui résiste au consensus.

L’élégance de l’incertitude.
Il y a une élégance dans la contradiction, une humilité qui manque aux fanatiques. Dire “je ne sais pas” ou “je vois les deux côtés” demande plus de courage que de hurler une vérité toute faite.

C’est reconnaître que nous sommes limités, imparfaits, que nos connaissances sont des fragments dans un puzzle infini.

Cette humilité n’est pas une capitulation : elle invite à creuser plus loin, à dialoguer, à créer. Car de la tension entre deux idées opposées naît quelque chose de vivant — une étincelle, une œuvre, une idée nouvelle.

Les grands artistes le savent.
Picasso a brisé les formes pour les réinventer, Bach a joué avec les dissonances pour atteindre l’harmonie.

En 2025, les algorithmes de plateformes comme X nous enferment dans des bulles d’idées confortables, mais douter reste un art créatif : celui de briser les murs, de mélanger les couleurs, de danser avec l’inconnu.


En 2025, le doute navigue dans des eaux troubles. Sur X, des torrents de posts s’affrontent : certains questionnent avec rigueur, d’autres sèment le chaos sous couvert de scepticisme.

La désinformation, comme un voleur habile, se drape dans le manteau du doute pour mieux tromper. Pourtant, le vrai doute n’est pas un complot stérile : il est une quête de clarté, une lanterne dans la brume.

Quand une tempête de fake news a secoué les élections brésiliennes de 2024, ce sont les citoyens qui, en doutant des récits simplistes, ont exigé des comptes.

Comme le disait Carl Sagan, « le scepticisme doit être une arme affûtée, mais il ne doit pas trancher sans discernement ; il nous aide à distinguer le vrai du faux, à condition de l’équilibrer avec une ouverture aux nouvelles possibilités. »

Dans cet océan numérique, douter avec discernement est un acte de survie.

Pourquoi douter est humain.
J’ai vu un jour un vieil homme, dans un café de Lisbonne, feuilleter un journal et murmurer : « Ils disent tous la même chose, mais qui vérifie ? »

Ce n’était pas un érudit, pas un rebelle, juste un homme refusant de gober le monde tel qu’on le lui servait.

Son doute, si simple, m’a frappé comme une leçon : la contradiction n’appartient pas aux élites ni aux héros.

Elle est dans nos gestes quotidiens, dans nos silences, dans nos refus de baisser les yeux. Ce vieil homme, sans le savoir, était un philosophe.

Il me rappelait que douter, c’est rester éveillé, c’est garder le feu de l’âme allumé face à un monde qui veut l’éteindre.

Si douter est humain, c’est parce que nous ne sommes pas des machines.
Une intelligence artificielle peut calculer, prédire, obéir, mais elle n’a pas (encore ?) cette faille magnifique qui nous pousse à dire « et si ? ». Nous, si.

Nous sommes faits de questions, de certitudes qui vacillent, de rêves qui s’entrechoquent. Refuser la contradiction, c’est renier cette part de nous-mêmes. C’est accepter de devenir des automates, des relais passifs d’un système qui pense à notre place.

Mais le doute a ses limites.
S’il libère, il peut aussi paralyser ou être manipulé par ceux qui sèment la confusion.

Comme l’écrivait Hannah Arendt, « la pensée doit être vigilante, car en l’absence de questionnement, l’homme risque de se perdre dans l’obéissance aveugle ou l’erreur. »

Pourtant, au fond, la beauté de la contradiction réside dans la liberté qu’elle offre. Libres de ne pas savoir, libres de changer d’avis, libres de défier l’ordre établi.

Dans un monde uniformisé, où l’on nous somme d’applaudir ou de nous taire, elle est une rébellion douce, un murmure qui dit : « Je suis là, je pense, je suis humain. »

Alors, que faire de ce doute, de cette contradiction qui bouillonne en nous ? Prenons-la comme une boussole, pas comme une entrave.

Osons poser des questions, même si elles dérangent. Osons écouter ceux qui pensent autrement, non pour les convaincre, mais pour grandir. Osons écrire, créer, rêver à partir de nos incertitudes.

Dans un monde qui nous veut alignés, le doute est notre dernier bastion de liberté.

Comme le disait le poète Rilke, « Vivez les questions maintenant. Peut-être qu’un jour, vous vivrez peu à peu dans les réponses. » Soyons des vivants, des questionneurs, des artisans de l’impossible.

Doutons, car dans ce chaos apparent se cache ce que nous avons de plus précieux : notre âme.

Délaissant les tanks pour investir les esprits. La subversion idéologique comme arme invisible.

Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/delaissant-les-tanks-pour-investir-les-esprits-la-subversion-ideologique-comme

Dans les analyses classiques des relations internationales et de la géopolitique, l’attention se porte souvent sur les événements majeurs : guerres, traités, crises économiques ou rivalités entre puissances. Pourtant, une dynamique bien plus sournoise échappe fréquemment à ces approches : une influence subtile et progressive qui s’exerce sur les cultures nationales, un lent processus d’érosion qui, sur des décennies, sape les fondations mêmes des sociétés.

Certaines idéologies mortifères, loin de disparaître avec la chute des régimes tyranniques qui les incarnaient, se réinventent sous des formes plus discrètes, mais tout aussi destructrices. Elles abandonnent les assauts militaires pour s’infiltrer dans les esprits.

Un mal insidieux a gangréné les institutions académiques et artistiques. Ce courant malsain a transformé les universités – jadis bastions de la haute culture et de la recherche désintéressée – en machines de propagande. La dérive est si profonde qu’un voyageur temporel du XVIIIe siècle la trouverait inconcevable, voire monstrueuse.

Cette déchéance n’est pas fortuite : elle résulte d’un projet délibéré, mûri sur le long terme, visant à dissoudre les valeurs traditionnelles et à semer un doute systématique dans les consciences. Ce que les experts en géopolitique négligent trop souvent, c’est cette capacité des idéologies à s’immiscer dans les interstices de la culture, à opérer hors du champ des grandes analyses stratégiques.

Cette subversion ne passe pas par des coups d’État spectaculaires, mais par une lente corrosion des valeurs, des croyances et des liens sociaux. Ses mécanismes, quasi imperceptibles à court terme, produisent des effets cumulatifs dévastateurs sur plusieurs générations.

Pour en saisir l’origine, remontons aux années 1920 avec Georg Lukács, philosophe hongrois. Face à l’échec des révolutions prolétariennes violentes en Europe centrale, Lukács propose une réorientation stratégique : plutôt que de miser uniquement sur la lutte armée, il faut conquérir les esprits par la culture.

Exilé en Allemagne, il participe à la fondation de l’École de Francfort, un courant intellectuel qui révolutionne l’implantation du marxisme en Occident. Réunissant des penseurs comme Herbert Marcuse, Max Horkheimer et Walter Benjamin, cette école développe une stratégie inédite : la pénétration culturelle. Contrairement aux assauts frontaux des bolcheviks, elle cherche à miner les sociétés capitalistes de l’intérieur en ébranlant leurs valeurs, leurs traditions et leur cohésion.

Le projet est ambitieux : déconstruire tout ce qui ancre les individus – couple, famille, communauté, patrie, histoire, langue, art, religion – en instillant un doute permanent, une critique exacerbée qui finit par tout ronger. Cette méthode, subtile et patiente, s’est révélée d’une efficacité redoutable. En quelques décennies, elle a transformé des nations fières de leur héritage en sociétés fragmentées, où un scepticisme universel remplace toute certitude collective.

Staline lui-même, maître d’un régime totalitaire, regardait cette approche avec suspicion. Il exila les membres de l’École de Francfort hors de l’URSS, refusant leur influence sur son peuple. Mais il encourageait leur action à l’étranger, conscient que cette décadence morale imposée à l’Occident servirait ses ambitions géopolitiques.

La « révolution » : un chaos cohérent dans son incohérence.
Lénine rejetait le nationalisme comme un frein à la lutte des classes, tandis que Staline en faisait une arme pour galvaniser les masses soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale. Cette contradiction apparente n’a rien d’étonnant : la logique révolutionnaire ne repose pas sur des principes fixes, mais sur une quête de pouvoir adaptable. Ce qui unit les révolutionnaires, ce n’est pas une doctrine rigide, mais une volonté de renverser l’ordre existant, quel qu’il soit. Ainsi, un même mouvement peut défendre des lois racistes à une époque et des politiques antiracistes à une autre, sans que cela ne révèle une incohérence profonde – la révolution s’ajuste, elle ne s’encombre pas de cohérence.

Cette flexibilité explique la survie du marxisme culturel en Occident, malgré l’effondrement de l’URSS, son incarnation politique la plus visible.

Herbert Marcuse, figure clé de l’École de Francfort, a durablement marqué la culture populaire américaine dès les années 1930. À Hollywood, des scénaristes comme John Howard Lawson, membre du Parti communiste américain, ont glissé des messages subversifs dans les films grand public. Lawson l’admettait : il ne s’agissait pas de propagande ostentatoire, mais d’insérer des idées marxistes par touches subtiles dans les dialogues, les intrigues et les personnages. Ces gouttes d’eau ont fini par creuser la pierre, faisant du cinéma un outil de déconstruction des valeurs traditionnelles.

La conscience humaine : cible ultime de la révolution.
Au cœur de cette guerre idéologique, se trouve la conscience humaine, un terrain que les révolutionnaires cherchent à dominer à tout prix. Un paradoxe surgit ici : si les matérialistes réduisent la conscience à une illusion chimique, pourquoi le XXe siècle a-t-il vu tant d’efforts pour la contrôler, la modeler et la soumettre ? Des régimes totalitaires aux campagnes de propagande modernes, l’histoire récente trahit une obsession pour cette faculté imprévisible et créative qui échappe au déterminisme.

Cette lutte révèle une crise spirituelle plus profonde : la perte, en Occident, du sens de l’immortalité. En reniant l’idée que l’âme transcende le temps et la matière, les sociétés modernes se sont rendues vulnérables aux chimères des idéologies révolutionnaires.

Face à cela, une résistance s’impose, ancrée dans une vision métaphysique : reconnaître que nous ne sommes pas de simples pions dans un rêve utopique, mais des êtres dotés d’une dignité éternelle. La révolution, avec ses ambitions étriquées, ne mérite que mépris face à l’immensité de l’éternité divine.

Parler depuis notre immortalité ?
Les commentateurs politiques, géopolitologues et stratèges, enfermés dans leurs grilles d’analyse conventionnelles, peinent à percevoir cette guerre souterraine qui se joue dans les esprits et les cultures.

En puisant dans la philosophie classique, la théologie chrétienne et une observation lucide de notre temps, nous devons élargir notre perspective. Notre mission n’est pas seulement de nous défendre contre les assauts révolutionnaires – un danger secondaire – mais de refuser d’inverser la hiérarchie des valeurs, de ne pas réduire l’existence humaine à une lutte terrestre.

C’est là notre force : parler depuis notre immortalité, une fois pleinement reconnue.

COP30 en 2025, Trentième Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques :  un défi pour la transparence ?

COP 30

Article publié aussi sur France Soir : https://www.francesoir.fr/politique-monde-societe-environnement/cop30-en-2025-trentieme-conference-des-nations-unies-sur-les

La COP30, prévue en 2025 à Belém, pourrait mobiliser jusqu’à 5 milliards de dollars d’investissements climatiques pour le Brésil, selon le ministère de l’Environnement brésilien. Mais, les chiffres actuels suggèrent un déséquilibre : sur les 1,2 milliard de reais (monnaie brésilienne : 1 euro = 6,3 reais) investis dans les infrastructures, moins de 15 % profitent directement aux habitants locaux !

Avec un budget total estimé à 500 millions de reais pour l’organisation, un audit indépendant et une participation citoyenne accrue seront cruciaux pour éviter que les bénéfices ne se concentrent entre quelques mains !

Cet article analyse les préparatifs, les acteurs et les enjeux : les préparatifs à Belém avec un budget d’infrastructures sous pression, la nomination André Aranha Corrêa do Lago, les enjeux financiers et l’évolution du marché climatique, Ambipar et les contrats liés aux terres indigènes avec des chiffres qui interpellent, le concept de « racisme environnemental » : une problématique chiffrée et finalement les enjeux géopolitiques mesurables qui mettent Lula face aux pressions internationales.

Les préparatifs à Belém : un budget d’infrastructures sous pression

Pour accueillir la COP30, Belém a lancé plusieurs chantiers majeurs.

Le gouvernement de l’État du Pará a annoncé un investissement de 1,2 milliard de reais pour des projets d’infrastructures, incluant une autoroute de 15 km pour faciliter l’accès des 50 000 délégués attendus et la rénovation de l’aéroport international de Belém, qui devrait augmenter sa capacité de 3 à 5 millions de passagers par an d’ici à 2025. Un centre de congrès temporaire de 40 000 m² est également en construction.

Ces investissements contrastent avec les besoins locaux : selon l’Institut Trata Brasil (2023), seulement 47 % des habitants de Belém ont accès à un réseau d’égouts fonctionnel, et 30 % des foyers manquent d’eau potable régulière. Le budget alloué à l’assainissement pour 2024 s’élève à 150 millions de reais, soit moins de 13 % du budget des infrastructures liées à la COP30.

Ces écarts alimentent un débat sur l’équilibre entre visibilité internationale et besoins sociaux.

André Aranha Corrêa do Lago : une nomination sous le signe de l’expérience

André Aranha Corrêa do Lago, nommé par le président Lula pour diriger les préparatifs, est un diplomate chevronné. Il a participé à plus de 10 conférences climatiques internationales depuis 1992, dont Rio 92, qui avait mobilisé 108 chefs d’État et généré 2,4 milliards de dollars d’engagements financiers.André Aranha Corrêa do Lago

Son livre, From Rio to Johannesburg, publié en 2003, a été cité dans 87 publications académiques (Google Scholar, 2024).

Issu d’une famille influente – son grand-père Oswaldo Aranha a présidé l’Assemblée générale de l’ONU en 1947 –, Corrêa do Lago apporte une expertise reconnue.Oswalgo Aranha

Mais sur les 5 derniers présidents de COP brésiliens, aucun n’a directement représenté les intérêts des communautés amazoniennes, qui constituent 28 % de la population du Pará (2,4 millions de personnes, IBGE 2022).

Sa capacité à intégrer ces voix sera scrutée.

Les enjeux financiers et l’évolution du marché climatique

La COP30 s’inscrit dans un marché climatique mondial qui était en forte croissance.

Au Brésil, Bradesco a alloué 150 milliards de reais à des projets ESG en 2023, une hausse de 20 % par rapport à 2022, et Itaú Unibanco a engagé 120 milliards, visant 400 milliards d’ici 2025.

Cependant, des incertitudes émergent. En octobre 2024, Donald Trump a annoncé qu’il mettrait fin aux subventions fédérales pour le développement du marché climatique aux États-Unis, qui représentent actuellement 11,4 milliards de dollars par an (Bloomberg, 2024).

Cela pourrait réduire les investissements climatiques américains de 60 %, soit une perte potentielle de 6,8 milliards de dollars annuels pour les projets internationaux, affectant des initiatives liées à la COP30.

Par ailleurs, les rendements ESG restent modestes : une étude de Bloomberg (2024) montre un rendement moyen de 4,2 % en 2023, contre 6,5 % pour les fonds traditionnels.

Les crédits carbone, un secteur clé pour la COP30, se négocient à 5 dollars par tonne sur le marché volontaire, bien en dessous des 50 dollars nécessaires pour rentabiliser les projets de reforestation à grande échelle, selon le World Resources Institute (2024).

Ambipar et les contrats liés aux terres indigènes : des chiffres qui interpellent

Ambipar, entreprise brésilienne spécialisée dans la gestion des déchets et les crédits carbone, attire l’attention. Cotée à la Bourse de São Paulo (AMBP3), son action a fluctué entre 15,58 reais début 2024 et un pic de 134,96 reais, avant une enquête de la Comissão de Valores Mobiliários (CVM) sur des « mouvements suspects » en août 2024.

Ambipar a signé un protocole à Davos pour intervenir sur 12 millions d’hectares (14 % du territoire brésilien), incluant des terres indigènes, mais l’absence d’appel d’offres public suscite des interrogations.

Le concept de « racisme environnemental » : une problématique chiffrée

La ministre de l’Égalité raciale, Anielle Franco, a mis en avant le « racisme environnemental » pour décrire l’impact des désastres écologiques sur les communautés noires et indigènes.

Selon le ministère de l’Environnement, 68 % des terres indigènes du Pará (16 millions d’hectares sur 24 millions) sont menacées par la déforestation.

En 2023, 2 154 familles indigènes ont été déplacées à cause d’inondations et d’incendies, contre 1 872 en 2022 (MPI). Le gouvernement a investi 25 millions de reais en 2024 pour former 150 représentants indigènes, mais seuls 12 % des fonds de la COP30 (60 millions de reais sur 500 millions) leur sont directement destinés.

Lula face aux pressions internationales : des enjeux géopolitiques mesurables

Dans un contexte géopolitique tendu, les divergences sur le financement climatique s’intensifient.

Les pays développés ont promis 100 milliards de dollars par an, mais seuls 83 milliards ont été mobilisés en 2022 (OCDE).

Le Brésil, visant une réduction de 48 % de ses émissions d’ici à 2025, a besoin de 10 milliards de dollars annuels, mais seuls 4,2 milliards ont été sécurisés (ministère de l’Économie, 2023).

Les États-Unis ont engagé 11,4 milliards pour le climat en 2023, mais Trump pourrait réduire ce chiffre de 60 % (Bloomberg).

Pendant ce temps, l’Inde et la Russie, représentant 12 % des émissions mondiales, restent sceptiques face aux contraintes climatiques.

COP30, pour le peuple ou pour les privilégiés ?

La COP30 pourrait positionner le Brésil comme leader mondial, mais les signaux actuels – de l’autoroute de Belém aux contrats d’Ambipar – suggèrent une répétition des dynamiques de Rio 92 : un événement au service des élites historiques plutôt que du peuple. André Aranha Corrêa do Lago, l’OEI et leurs partenaires internationaux incarnent cette continuité. 

Sans un audit indépendant des fonds ou une mobilisation citoyenne, la COP30 risque de célébrer les privilèges oligarchiques sous un vernis vert. La réponse dépendra de notre capacité à exiger transparence et accountability avant que les dés ne soient jetés.

Un mot coquille, un mot magique : DÉMOCRATIE, Un mot capable de déclencher des guerres.


Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/un-mot-coquille-un-mot-magique-democratie-un-mot-capable-de-declencher-des

Citant à tout bout de champ LA DÉMOCRATIE, nous, hommes modernes, sommes à l’opposé de la vision philosophique de la démocratie athénienne. Connaissons-nous en fait sa véritable histoire ?

Ce sujet devenu un véritable dogme, un mot coquille : la démocratie.

C’est une notion souvent extrêmement floue et que personne n’ose remettre en question, car il s’agit d’un mot magique capable de déclencher des guerres. Ce concept a bouleversé un système de pensée et a été présenté comme l’aboutissement de l’histoire humaine – rien de moins ! 

Pouvons-nous parler de vraie démocratie sans biais et sans un imaginaire collectif faussé et fantasmé tant dans sa forme antique que dans sa version moderne ?

Faisons ensemble durant cet article une réflexion tranquille et sincère : une enquête ou une tentative modeste de recoller les morceaux pour comprendre cette référence devenue incontournable en matière de gouvernance.

À tel point de revêtir une dimension quasi religieuse que critiquer la démocratie semble interdit ou blasphématoire ou un attentat verbal au soi-disant fragile et jeune État démocratique de droit : celui qui s’y risque s’expose à une sorte de « mort civique ». Personne ne se hasarde à suggérer que la démocratie pourrait comporter des erreurs ou qu’elle a besoin d’autres ingrédients.

La démocratie est vénérée comme une norme universelle avec même des États historiquement non démocratiques qui s’y sont convertis récemment.

Prenons l’exemple du Bhoutan, ce petit royaume himalayen de 600 000 habitants, dirigé par une dynastie héréditaire depuis des siècles, qui a en 2008, a adopté une constitution démocratique. Avec le roi qui a nommé son principal collaborateur comme Premier ministre.

En se dotant de cette constitution, le Bhoutan a fait allégeance à un système planétaire. Aujourd’hui, il reste probablement moins de quatre États au monde qui ne se réclament pas de faire partie du club démocratique.

La démocratie est partout, et pourtant, elle n’est nulle part

En vérité, les grands penseurs de la démocratie eux-mêmes– Machiavel, Montesquieu, Rousseau, Kant, Tocqueville – ne croyaient pas que le peuple soit capable de gouverner.

  • Montesquieu, par exemple, estimait que le peuple pouvait au mieux choisir de bons gouvernants – une idée qu’il théorise à une époque où la démocratie moderne n’existait pas encore, s’inspirant de l’Antiquité.
  • Tocqueville, qui a étudié la démocratie américaine, une des premières démocraties modernes, va plus loin : selon lui, le peuple n’est même pas capable de sélectionner correctement ses dirigeants.

La conception courante de la démocratie – le pouvoir exercé par le peuple – ne correspond pas à la réalité, car il existe en fait une forme de « mensonge démocratique ». Le peuple gouverne-t-il, s’il ne prend pas au final factuellement les décisions politiques ?

Dans nos sociétés modernes, vastes, complexes et techniques, les choix – qu’il s’agisse de fiscalité, d’investissements industriels ou de stratégies militaires (comme choisir entre sous-marins nucléaires ou missiles) – échappent totalement au peuple.

Prenons l’exemple de la Corée du Sud : au sortir de la guerre, ce pays sous-développé est devenu une puissance mondiale grâce à une décision politique forte, celle de miser sur la construction navale.

Une telle orientation, qui a mobilisé toute une nation, n’a pas été décidée par le peuple, mais par ses gouvernants, et ni vous ni moi ne serions capables de définir une stratégie aussi pointue. Alors, dire que « laa démocratie, c’est le peuple qui gouverne » est une illusion et un paradoxe.

Et de plus, ceux qui admettent intimement que le peuple ne gouverne pas – des démocrates convaincus, pour la plupart – restent attachés à l’idée de démocratie. Aujourd’hui, nos élites récitent leur « crédo démocratique » tout en étant intimement persuadées que le peuple est inapte à diriger et elles se considèrent comme les seules à savoir ce qu’il faut faire. Qu’est-ce que cette souveraineté signifie vraiment ?

La question du régime politique est, au départ, philosophique et relative au bien commun

Nous pouvons commencer un raisonnement en utilisant une règle de discernement définie ainsi : « ne fais pas d’une petite règle une vérité éternelle, et ne prends pas une grande vérité pour quelque chose d’intouchable. »

Le gouvernement est un moyen, pas une fin.

Jean Rousset, dans « Les Fondements de la cité », compare les abeilles, soumises aveuglément à leur organisation, aux hommes qui sont différents, car capables de modifier les lois et aussi les structures sociales.

L’homme, par son libre arbitre, doit réaliser sa vocation politique.

Comparons philosophiquement les principes des systèmes politiques : la démocratie athénienne versus la moderne car leurs bases anthropologiques et métaphysiques diffèrent profondément.

À Athènes, seuls les citoyens – environ 5 % de la population – formaient le « peuple », excluant esclaves et étrangers (les métèques, comme Aristote lui-même).

Grâce à différentes sources (Platon, Aristote, mais également des recensements comme celui de Démétrius de Phalère), nous savons qu’au IVe siècle avant J.-C., 20 000 citoyens sur 100 000 habitants se réunissaient sur la colline de la Pnyx pour décider.

Aujourd’hui, réunir 60 millions de Français est physiquement impossible : la différence d’échelle est évidente.

L’autre distinction est morale : la démocratie moderne se veut laïque (concept que nous allons questionner dans d’autres articles), fondée sur le droit et le contrat social (que nous allons questionner plus loin dans cet article).

À Athènes, la morale est liée à une éthique et à une vision sacrée : Périclès, par exemple, a utilisé le trésor de Delos pour rebâtir les temples de l’Acropole.

  • Chez Aristote, l’homme, « animal politique », se réalisait dans le fait d’être actif, de participer et de débattre,
  • Dans la société moderne, le citoyen est passif, isolé et otage d’une convention artificielle au-dessus de lui s’incarnant comme une toute puissance.

Ce qu’ont en commun la démocratie athénienne et la démocratie moderne, c’est que la démocratie reste le pouvoir d’une élite.

Platon la définissait comme « le gouvernement de l’élite sous la pression de la foule ».

À Athènes, les grandes familles (Alcmaéonides, Cimonides) dominaient et manipulaient le peuple, tout comme aujourd’hui, nos élites, souvent technocrates, échappent au contrôle populaire. Mais si le peuple ne peut trancher des questions techniques, les dirigeants et experts devraient rendre des comptes, ce qui n’est pas le cas.

Les origines épicuriennes de la souveraineté populaire

Épicure, redécouvert au début du XVe siècle grâce à des manuscrits comme ceux de Lucrèce, propose une vision où le cosmos n’est pas régi par une loi divine ou une finalité naturelle imposée de l’extérieur. Pour lui, tout découle d’un chaos originel : des atomes s’entrechoquent au hasard dans le vide et ce hasard engendre des formes de vie qui se combinent en monstres et évoluent. Cette théorie, préfigure Darwin par son caractère évolutif et le monde, selon Épicure, s’explique par lui-même, sans transcendance ni créateur.

Ce rejet d’une loi surnaturelle éclaire la notion de souveraineté populaire avec le peuple qui ne reçoit aucune règle d’une instance extérieure ou divine.

Les penseurs démocratiques, influencés par cette idée, refusent l’existence d’une loi universelle inscrite dans l’ordre du monde et Épicure est le pionnier de cette rupture.

Il affirme que la réalité n’a pas d’étiquette ou de catégorie prédéfinie, ni même de finalité imposée, puisque le monde est un flux, un assemblage d’atomes, et que l’homme est libre dans ce chaos.

Dans cette vision, le monde évolue constamment, et la stabilité ne vient pas d’un ordre éternel, mais d’une décision humaine temporaire. C’est une rupture radicale avec la philosophie classique – Platon, Aristote, ou plus tard les scolastiques comme Saint Thomas d’Aquin – qui postule un ordre naturel ou divin préexistant.

Pour ces derniers, Dieu a créé un monde structuré regroupant des espèces définies et une hiérarchie finalisée, et le rôle du roi ou du gouvernant est de respecter cet ordre. 

Il s’agit d’être un « bon jardinier » de la nature humaine, veillant à ce que les lois humaines s’alignent sur l’harmonie cosmique et le droit, dans cette optique, a une profondeur métaphysique qui reflète une vérité objective et claire.

De l’individualisme au contrat social

Cette pensée alimente la démocratie moderne à travers une autre distinction fondamentale qu’est la conception de l’homme.

Chez Aristote, l’homme s’épanouit dans la cité – couple, famille, rue, village, nation étant des étapes de cette réalisation. Mais chez les modernes, l’homme est d’abord un individu isolé, ou si vous voulez une autre image, « un atome social ».

Hobbes, dans son Léviathan, décrit l’homme comme étant un « loup pour l’homme » et l’état de nature pour lui étant celui où règne la guerre de tous contre tous.

On a l’impression certaines fois que notre immense et froide société moderne est devenue une construction artificielle avec un contrat inconsciemment signé pour garantir la sécurité.

Rousseau nuance cette idée avec la « volonté générale » selon laquelle l’individu, individualiste par nature, devient social en adhérant à ce pacte, qui le transforme.

Mais ce contrat reste hautement paradoxal et c’est pourquoi je disais plus haut dans cet article que ce contrat est inconsciemment signé ou autrement dit : personne ne signe librement !

Naître en démocratie, c’est être soumis sans choix à ce contrat social – et devoir payer des impôts, par exemple, même sans jamais aller voter. On ne peut en sortir, contrairement à l’accord classique et les révolutionnaires ont même exploité cette logique pour exclure ceux qui rejettent le contrat, les privant d’humanité au nom du progrès.

Le Léviathan et la violence démocratique

Hobbes incarne cette vision froide et qui nous rend passifs avec sa description du Léviathan, inspiré d’un monstre biblique – un serpent symbolisant le chaos ou le diable –, ce qui n’est pas anodin.

Hobbes défend quand même cet État absolu, plus fort que les individus, et Cromwell, autre figure de cette pensée, montre la brutalité de ce système monstrueux en Irlande, en massacrant et asservissant au nom d’une République naissante.

Cromwell préfigure ainsi une violence inhérente à l’idéologie démocratique.

Cette logique de société atomisée et d’un État fort naît d’une philosophie sans lois naturelles et affaiblissant les communautés organiques (couples, familles, rues, villes, nations). Il ne reste que des individus qui ne sont plus que des grains de sable malléables.

La démocratie moderne, via la loi, tente de forcer les individus grains de sable à se fédérer. Mais plus elle s’étend, intégrant de diverses populations, plus elle devient rigide et trébuchante.

L’état d’urgence en France en 2016 illustre parfaitement ce mécanisme où l’État devient policier pour prévenir la guerre civile, sous couvert du « pacte républicain » – un avatar du contrat social.

Cette force brutale, démocratique, loin d’être une dérive, est dans son ADN : pour unifier des atomes sociaux, elle exige un pouvoir centralisé et oppressif.

Cette dynamique détruit les structures naturelles en formant un chaos sans socles où les familles, les rues, les villages et les nations s’effritent, remplacées par une masse informe d’individus grains de sable.

C’est ainsi que la matière sociale se disloque, engendrant un chaos inédit.

Dans le même temps, l’idéologie aveuglante du progrès démocratique non questionnable nie toute hiérarchie objective des valeurs et fait de l’homme (quel homme ?), le seul arbitre du bien et du mal. Comme dans la promesse du serpent au jardin d’Éden (« vous serez comme des dieux »), il dessine ses propres lois, mais sans ancrage, s’égare.

Les communautés naturelles – couples, familles, quartiers, villes, nations, sont aujourd’hui attaquées et doivent être démantelées pour laisser place à un monde plus « ouvert et plus universel ».

C’est le discours dominant des médias mainstream globalistes : les communautés seraient un obstacle à une société rationnelle.

Les droits de l’homme (quel homme ?), deviennent notre nouvelle métaphysique

Mais, cette nouvelle métaphysique n’est pas enracinée dans une réalité singulière.

L’être humain n’existe qu’à travers des appartenances concrètes – un couple, une famille, un quartier, une patrie, une histoire, des héritages.

Or, aujourd’hui, cette incarnation est sacrifiée au profit d’un cosmopolitisme abstrait, s’appuyant sur cette idéologie de l’individualisme née à la Renaissance : en réduisant l’homme à un individu détaché, on aboutit fatalement à un universalisme qui nie les différences.

La démocratie moderne, en s’alliant au mondialisme, rejette par principe toutes frontières, singularités et histoires nationales et ce projet ne date pas d’aujourd’hui.

Dès le Moyen Âge, des penseurs, souvent en conflit avec la papauté, imaginent une gouvernance supranationale.

Pierre Dubois, légiste de Philippe le Bel, propose au XIIIe siècle une confédération des royaumes contre Boniface VIII et plus tard, en Hongrie, un projet similaire avec Marsile de Padoue se revendique comme le pionnier de la souveraineté populaire tout comme au XVIIe siècle, Sully, sous Henri IV, rêve d’un « État des nations ».

Ces idées culminent avec les Lumières, puis la Société des Nations au XXe siècle.

Chaque fois, il s’agit de dépasser les pouvoirs locaux et celui de l’Église, au profit d’une autorité universelle !

Le cosmopolitisme, incarné par Érasme

L’adage « Je suis citoyen du monde, de tous les pays et d’aucun » –, va de pair avec cette ambition universelle proclamée et le cosmopolite, indifférent aux nations, se voit comme une élite détachée, profitant d’un monde uniformisé.

Cette vision s’oppose à la métaphysique biblique de la dualité de Dieu et de l’homme, pour adopter un monisme où tout se fond dans un cosmos unique.

Nous soulignons donc que ce débat de la démocratie est non seulement politique, mais religieux et métaphysique.

Rousseau a dit qu’on ne peut déléguer la souveraineté populaire et a critiqué l’utopie démocratique. Pour lui, la souveraineté populaire, indivisible et non délégable, ne fonctionne que dans une démocratie directe à petite échelle.

Dès l’origine, Rousseau perçoit les contradictions internes de la démocratie : elle promet un pouvoir au peuple, mais finit par le confisquer.

Certains, attachés à la nation face au mondialisme, s’inspirent de lui pour prôner des « petites patries », mais philosophiquement, le contrat social nous arrache déjà à l’histoire et aux communautés enracinées, projetant l’homme dans une abstraction hors-sol.

Peut-on être démocrate et chrétien ?

Historiquement, la souveraineté populaire naît chez des théologiens dissidents, comme Marsile de Padoue, un franciscain exilé au XIVsiècle à la cour de Louis de Bavière, en conflit avec Jean XXII. Dans un débat sur l’élection de l’empereur du Saint-Empire, il soutient que le pouvoir vient du peuple, non du pape, une idée reprise par le Jésuite Suárez contre l’Église anglicane.

Après 1789, des chrétiens cherchent à réconcilier foi et République avec Félicité de Lamennais qui plaide pour cette union et Grégoire XVI, dans l’encyclique Mirari Vos (1832), la rejette.

Dès 1791, Pie VI, dans le « Quod Aliquantum », avait critiqué la Révolution pour son rejet de l’ordre naturel, et cette opposition domine le XIXe siècle : « Liberté et égalité sont absurdes ; les enfants naissent soumis, et tous doivent obéir à Dieu. »

Léon XIII marque un tournant et dans « Au milieu des sollicitudes » (1892) et « Rerum Novarum » (1891), il reconnaît les régimes établis, y compris la République, sous réserve qu’ils ne contreviennent pas à la loi divine.

Il affirme que la légitimité des régimes dépend de leur conformité à l’ordre naturel. Inspiré d’Aristote, il admet une forme de démocratie enracinée dans une métaphysique transcendante, distincte de la version moderne issue des Lumières.

Mais le mouvement démocrate-chrétien, né de ces textes, dérive vite avec Marc Sangnier et le Sillon qui prônent une égalité évangélique, même si Pie X, en 1910, condamne cette assimilation, réaffirmant que la souveraineté populaire contredit la doctrine catholique.

Après la Seconde Guerre mondiale, Jacques Maritain, financé par les Américains et soutenu par de Gaulle, publie « Christianisme et démocratie » en 1942.

Il soutient que les Lumières prolongent la chrétienté, une thèse en fait diffusée pour rallier l’opinion contre Pétain. Ambassadeur à Rome, ami de Paul VI, Maritain influence Vatican II, qui entérine la liberté religieuse et un rapprochement avec la démocratie moderne. Ce compromis dilue le christianisme et aujourd’hui, la « démocratie chrétienne » est en perte d’identité.

Une démocratie chrétienne peut exister, mais en dehors du contrat social.

Cela implique une société organique, fondée sur le couple, la famille et les corps intermédiaires, comme la subsidiarité, et non un face-à-face entre l’individu et l’État.

Et la Révolution de 1789, avec son jacobinisme, a écrasé ces structures organiques et naturellement ancrées au profit d’une abstraction centralisatrice.

Concluons en poussant à différentes réflexions

Une démocratie à grande échelle, avec des millions d’individus, est-elle viable ? Rousseau a dit que la souveraineté ne se délègue pas sans se perdre.

À l’échelle étatique moderne, nous avons tous observé les dérives de la bureaucratie, de l’excès de régulations, du totalitarisme, du despotisme mondialiste – plutôt qu’à une liberté nationale alignée à celle du citoyen.

La démocratie moderne est devenue un « monstre tyrannique froid », qui en plus de cela a le pouvoir de redéfinir la morale via ses institutions, qui deviennent ensuite sacrées et inamovibles.

Voici donc la question clé de l’enfermement idéologique démocratique et les plus grands des despotes à renverser sont nos idées.

Une citoyenne américaine persécutée politiquement par la cour suprême brésilienne ?

Flavia Saores

Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/videos-les-debriefings-videos-ne-pas-manquer/une-citoyenne-americaine-persecutee-politiquement-par

Vidéo disponible en français ici : https://twitter.com/france_soir/status/1898890766539518073

Le cas abordé dans cet article a acquis une notoriété internationale lorsque Elon Musk, propriétaire de X, l’a qualifié de « problématique » le lundi 3 mars 2025. Ces enjeux sont multiples tant sur la souveraineté que sur la politique nationale, les réseaux sociaux et la censure. En effet, Flávia Cordeiro Magalhães aurait été victime de persécutions politiques hors du Brésil par la Cour suprême brésilienne dirigée par Alexandre de Moraes !

Son histoire a commencé lorsqu’elle a participé à une manifestation et a publié des accusations au sujet d’irrégularités électorales lors des dernières élections brésiliennes.

Depuis, elle fait l’objet de représailles et d’abus, notamment le refus systématique d’accès aux dossiers judiciaires, mais elle a aussi fait l’objet de menaces de « prison préventive » et de nombreuses autres mesures illégales de persécution politique.

Dans cet entretien, nous évoquons les événements qui l’ont conduite à prendre position publiquement jusqu’aux conséquences auxquelles elle est confrontée aujourd’hui.

Le sénateur Marcos do Val a déclaré le 6 mars, lors d’un « space » sur X :

« Les grandes entreprises technologiques Big Tech + une cour suprême corrompue ou financée peuvent agir pour orchestrer un coup d’État comme nous l’avons vu en 2020 aux États-Unis et en 2022 au Brésil. »

André Marsiglia, avocat et professeur de droit constitutionnel, affirme que la décision, du juge Moraes de la cour suprême brésilienne, de décréter la détention provisoire d’une citoyenne américaine est irrégulière, illégale et porte atteinte à la souveraineté des États-Unis.

  • Irrégulière, car, selon les informations disponibles, Flavia n’a pas été personnellement informée des obligations qu’elle aurait dû respecter.
    Une notification est requise habituellement et aucun officier de justice des États-Unis n’a fait parvenir cette notification à Flávia. Le non-respect d’une ordonnance irrégulière ne peut pas entraîner une arrestation.
  • Illégale, car les lois et décisions brésiliennes ne peuvent pas s’appliquer à des citoyens américains sans que cela ne passe par la validation d’une autorité américaine.
  • Une loi brésilienne ne peut pas imposer son exécution à l’étranger.

Une décision ne peut pas non plus faire de même. C’est une aberration qui viole la souveraineté des États-Unis.

De plus, pour quelle raison Alexandre de Moraes de la cour suprême brésilienne décide-t-il au sujet des publications d’une citoyenne américaine ?

Quel rapport cela a-t-il avec les compétences de la Cour Suprême fédérale (STF) ? Évidemment aucun.

Cette affaire aura une grande répercussion !

André Marsiglia affirme que les décisions répétées de Moraes visant à atteindre des citoyens américains et leurs données constituent une violation de la loi Magnitsky, sanctionnant ceux qui portent atteinte aux droits des citoyens américains.

La loi Magnitsky, adoptée en 2012 aux États-Unis, sanctionne les individus impliqués dans des violations des droits humains, initialement en Russie, après la mort de Sergueï Magnitsky, un avocat dénonçant la corruption.

Elle impose des interdictions de visa et le gel des avoirs.

Depuis, elle s’est élargie pour viser des responsables dans d’autres pays.

Il existe aussi le projet de loi américain « No Censors on Our Shores Act », proposé en 2025 par María Elvira Salazar et Darrell Issa, visant à protéger la liberté d’expression des citoyens des États-Unis.

Il interdit l’entrée ou permet l’expulsion d’officiels étrangers qui censurent des Américains sur le sol américain, en violation du Premier Amendement.

En modifiant la loi sur l’immigration, il classe des officiels comme inadmissibles ou expulsables. Il cible des cas comme celui du juge brésilien Alexandre de Moraes, critiqué pour ses actions contre des Américains. Adopté à l’unanimité par le Comité judiciaire, il renforce la défense des droits constitutionnels face aux ingérences étrangères.

Affaire à suivre…

La démocratie sous tutelle : l’ère des Juges-Rois

Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-democratie-sous-tutelle-l-ere-des-juges-rois

Ou quand les juges prennent le pouvoir…

Imaginez une démocratie où vos votes, vos représentants et vos lois sont systématiquement remis en question, non par un débat public ou un scrutin, mais par des décisions prises dans des bureaux feutrés par des juges non élus.

Ce scénario, qui pourrait sembler dystopique, est pourtant une réalité croissante dans de nombreux pays, du Brésil à la France en passant par les États-Unis et la Hongrie.

L’idée fondatrice de la séparation des pouvoirs, pilier de nos systèmes démocratiques, vacille sous l’influence d’un pouvoir judiciaire qui s’arroge des prérogatives dépassant son rôle traditionnel.

Explorons cette dérive inquiétante, baptisée ici « l’ère des juges-rois », à travers des exemples concrets, des chiffres et une analyse des conséquences pour la souveraineté populaire.

Le principe de la séparation des pouvoirs menacé ?

Montesquieu, dans L’Esprit des Lois (1748), posait un principe clair : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Le législatif (les élus du peuple) fait les lois, l’exécutif (le gouvernement) les applique, et le judiciaire (les juges) les interprète et sanctionne leur non-respect.

Cette répartition garantit que nul ne domine, protégeant ainsi la liberté individuelle et la volonté collective.

Mais que se passe-t-il quand le judiciaire empiète sur les deux autres pouvoirs ? Lorsqu’un juge peut bloquer une loi votée par un parlement ou ordonner des mesures qui relèvent de la politique nationale, la balance des pouvoirs s’effrite.

Cette tendance, observable à travers des cas concrets, transforme la démocratie en une sorte de « judiciocratie », où les juges deviennent des acteurs politiques majeurs, souvent au détriment du peuple.

Des exemples concrets de la montée des juges-rois – Salvador, N. Bukele & la Cour Suprême.

Nayib Bukele, président du Salvador, a souvent évoqué les obstacles que la Cour suprême posait à son gouvernement avant les réformes de 2021.

Selon lui, les juges de la Chambre constitutionnelle ont bloqué systématiquement ses initiatives, notamment sur des questions comme la gestion de la pandémie de COVID-19 et la lutte contre la criminalité.

Il a expliqué que ces magistrats, qu’il qualifiait d’activistes et de corrompus, rendaient des décisions contraires à la volonté populaire et paralysaient son administration, l’empêchant de « gouverner efficacement« .

Par exemple, en 2020, la Cour avait jugé inconstitutionnelle une ordonnance de confinement strict qu’il avait imposée, ce qu’il a dénoncé comme une ingérence judiciaire nuisant à la sécurité publique.

Pour surmonter cela, Bukele a adopté une stratégie politique claire : il a appelé le peuple salvadorien à voter massivement pour son parti, Nuevas Ideas, lors des élections législatives de février 2021.

Il a présenté cette élection comme un référendum sur son leadership, demandant une majorité au Congrès pour « libérer le pays des entraves judiciaires ».

Avec une popularité écrasante, son parti a remporté 56 des 84 sièges, lui donnant une super majorité. Dès le 1er mai 2021, jour de l’installation de la nouvelle Assemblée, les députés ont voté pour destituer les cinq juges de la Chambre constitutionnelle et le procureur général, arguant qu’ils avaient outrepassé leurs fonctions et sapé la gouvernance.

Bukele a justifié cette action en disant : « Le peuple a parlé, et nous nettoyons la maison », soulignant que cette démarche respectait les mécanismes constitutionnels via le pouvoir législatif élu démocratiquement.

Pour lui, c’était la seule façon de briser l’immobilisme et de « rendre le pouvoir au peuple » face à une élite judiciaire qu’il accusait de protéger ses propres intérêts. Sur X il conseille à Musk et Trump de faire de même.

Les États-Unis et les juges fédéraux corrompus bloquant les accès à certains départements

Elon Musk, comme chef du Department of Government Efficiency (DOGE), a ciblé des juges fédéraux qui ont entravé ses efforts pour accéder à des systèmes gouvernementaux sensibles ou réduire les effectifs fédéraux.

Par exemple, après une décision du juge Paul Engelmayer, de la Cour fédérale de Manhattan, le 8 février 2025, bloquant temporairement l’accès de DOGE aux systèmes de paiement du Département du Trésor (contenant des données comme les numéros de Sécurité sociale), Musk a écrit sur X : « Un juge corrompu protège la corruption. Il doit être destitué MAINTENANT !»

Il a accusé Engelmayer de protéger des intérêts bureaucratiques au détriment des contribuables qui veulent de la transparence.

Musk a aussi évoqué un « coup judiciaire » contre la démocratie, amplifiant ses attaques contre le système judiciaire.

Donald Trump, de son côté, a repris ces accusations lors d’une conférence de presse le 11 février 2025 à la Maison Blanche, aux côtés de Musk.

Il a visé le juge John McConnell, de Rhode Island, qui, le 10 février, a ordonné à son administration de débloquer des milliards de dollars en subventions fédérales gelées, malgré un précédent arrêt.

Trump a déclaré : « Des juges hautement politiques, comme McConnell, ralentissent notre agenda. C’est difficile de croire qu’un juge puisse dire ‘on ne veut pas que vous fassiez ça. »

Le vice-président JD Vance a également contribué et le 9 février 2025, sur X, il a écrit : « Si un juge disait à un général comment mener une opération militaire, ce serait illégal. Les juges ne peuvent pas contrôler le pouvoir légitime de l’exécutif. »

Bien qu’il n’ait pas nommé de juge spécifique, son commentaire visait clairement Engelmayer, dont la décision contre DOGE avait suscité la colère de Musk. Vance a ainsi critiqué la partialité du pouvoir judiciaire.

D’autres alliés républicains ont suivi. Le sénateur Tom Cotton d’Arkansas a qualifié Engelmayer de « hors-la-loi » sur ABC News le 10 février, affirmant que ses décisions étaient un abus de pouvoir contre la volonté de Trump.

Le député Jim Jordan, président du Comité judiciaire de la Chambre, a défendu Musk sur CNN le même jour, arguant que DOGE « exécute la volonté du présiden t» et que les juges bloquant ces efforts outrepassent leur rôle.

Un cas supplémentaire concerne la juge Tanya Chutkan, à Washington, qui, le 18 février 2025, a refusé d’émettre une injonction immédiate contre DOGE pour ses licenciements massifs dans les agences fédérales.

Bien que sa décision n’ait pas été un blocage direct, Musk l’a critiquée sur X, affirmant : « Même quand ils ne bloquent pas, ils remettent en cause le peuple. C’est ridicule ! »

Ces critiques s’inscrivent dans une stratégie plus large : Musk et Trump présentent les juges comme des obstacles à leur vision de « restauration » du gouvernement pour le peuple et par le peuple, les accusant de corruption et de partialité.

Musk avait déjà demandé le 12 février « une vague immédiate de destitutions judiciaires », tandis que Nayib Bukele, président du Salvador et admirateur de Musk, a soutenu cette idée sur X : « Si vous n’écartez pas les juges corrompus, vous ne pouvez pas réparer le pays. »

Brésil : Alexandre de Moraes

Alexandre de Moraes, juge de la Cour suprême du Brésil et ancien président du Tribunal supérieur électoral (dont les irrégularités électorales sous sa direction sont aussi innombrables), est au cœur de controverses pour abus de pouvoir.

Des milliers d’irrégularités depuis des années telles que des ordonnances de censure sans procédure légale claire, notamment le blocage de comptes sur les réseaux sociaux de citoyens et de personnalités politiques, ont été réalisées sans justification publique détaillée.

Il est accusé d’outrepasser la Constitution brésilienne, en particulier l’article 5 garantissant la liberté d’expression, le droit à un procès équitable avec l’accès aux documents, en ordonnant en plus des arrestations (notamment celle du congressiste Daniel Silveira enfermé encore aujourd’hui depuis plus de 2 ans, et qui avait dénoncé les liens d’Alexandre de Moraes avec les narcos trafiquants du Primeiro Comando da Capital pour qui Alexandre avait travaillé dans une entreprise de logistiques à São Paulo) et perquisitions sans preuves solides ou en s’appuyant sur des rapports techniques douteux.

Différents audios ont aussi révélé qu’il demandait à ses employés « d’être créatifs » dans la persécution contre notamment Eduardo Bolsonaro, député fédéral et fils du Président Jair Messias Bolsonaro.

En août 2024, le juge Alexandre de Moraes, membre du Tribunal Suprême Fédéral (STF) brésilien, a ordonné la suspension de la plateforme X au Brésil.

Cette décision, prise dans le cadre d’une enquête sur des « milices numériques » accusées de propager des  » fake news « , a été un choc : en une nuit, 20 millions d’utilisateurs brésiliens ont perdu accès à un réseau social majeur.

Moraes a justifié cette mesure par la nécessité de protéger la démocratie contre la prétendue désinformation (elle a bon dos), visant les Bolsonaristes.

Concrètement, Moraes a agi sans attendre une loi du Congrès ou une décision de l’exécutif. Il a imposé des amendes de 50 000 reais (environ 8 500 euros) par jour à toute entité tentant de contourner le blocage via des VPN, et a même ordonné la saisie de fonds de Starlink, la société d’Elon Musk, pour garantir le paiement d’amendes liées à X.

Cette intervention directe dans la sphère publique et privée dépasse largement le rôle d’un juge : elle illustre une politique de censure active et de persécutions, dictée par un seul homme.

En France – le Conseil constitutionnel et la loi sur le séparatisme.

En France, un exemple marquant, même si de nombreux pourraient être cités, est la censure partielle de la loi renforçant le respect des principes républicains (dite « loi séparatisme ») en août 2021.

Votée par l’Assemblée nationale et le Sénat pour lutter contre l’islamisme radical, cette loi prévoyait des mesures comme la fermeture administrative de lieux de culte ou la surveillance accrue des associations.

Mais le Conseil constitutionnel, composé de neuf membres nommés (dont d’anciens présidents de la République), a retoqué plusieurs articles, jugés soit disant contraires à la liberté d’association ou à la présomption d’innocence.

Par exemple, l’article 12, qui permettait de dissoudre une association pour des motifs élargis, a été annulé, au grand dam du gouvernement et d’une partie de l’opinion publique favorable à un durcissement sécuritaire.

Cette décision a été perçue comme une ingérence dans une politique votée par des élus représentant 67 millions de Français, soulignant le pouvoir du Conseil à imposer sa vision contre celle du législateur.

Hongrie – La Cour constitutionnelle face à Orban.

En Hongrie, Viktor Orban, réélu en 2022 avec une majorité écrasante (53 % des voix), a vu plusieurs de ses réformes bloquées par la Cour Constitutionnelle ou par les pressions judiciaires européennes.

En 2020, la Cour a invalidé une loi limitant les droits des ONGs financées par l’étranger, sous prétexte qu’elle violait les principes de l’Union européenne.

Cette décision a été renforcée par une condamnation de la Cour de justice de l’UE en juin 2020, imposant à Budapest des amendes de plusieurs millions d’euros.

Les juges, qu’ils soient nationaux ou supranationaux, ont agi comme des arbitres politiques, contredisant un gouvernement soutenu par une majorité électorale.

Cela illustre une tutelle judiciaire qui transcende les frontières, où des institutions comme la CJUE deviennent des outils de discipline contre les États jugés « déviants » de certains intérêts…

Union européenne – Le « Bouclier de la démocratie » et la censure numérique.

Le Digital Services Act (DSA), entré en vigueur en 2024, illustre une autre facette de cette judiciarisation.

Ce règlement européen impose aux plateformes numériques (Google, Meta, X) de supprimer les contenus jugés « illégaux » ou « nuisibles » sous peine d’amendes pouvant atteindre 6 % de leur chiffre d’affaires mondial !

En pratique, ce sont souvent des juges ou des autorités administratives qui décident de ce qui est « nuisible », comme en Allemagne où des posts sur X critiquant la politique migratoire ont été bloqués en 2023 suite à des plaintes judiciaires.

Il est crucial et urgent de rétablir le contrôle des pouvoirs pour que la voix du peuple soit respectée et non censurée par une technocratie non élue.

Résumé des mécanismes de cette dérive judiciaire.

Tout d’abord intervient la nomination et indépendance des juges. Au Brésil, les juges du STF sont nommés par le président et confirmés par le Sénat, mais servent jusqu’à 75 ans, échappant à tout contrôle populaire direct. En France, le Conseil constitutionnel inclut des figures comme Laurent Fabius, ancien Premier ministre, nommé en 2016 par François Hollande, ce qui soulève des questions sur leur neutralité politique. Aux États-Unis, les juges de la Cour suprême, nommés par le président et confirmés par le Sénat, sont inamovibles, renforçant leur pouvoir hors du temps électoral.

Ensuite intervient une interprétation extensive des lois ou à « géométrie variable » parfois plaçant erronément certaines règles au rang de lois. Les juges s’appuient souvent sur des textes vagues (« sécurité publique« , « désinformation») pour justifier des interventions. Par exemple, Moraes a utilisé l’article 142 de la Constitution brésilienne, qui garantit le rôle des forces armées dans l’ordre public, pour enquêter sur des civils, et c’est une lecture très controversée.

Enfin, les pressions internationales interférent. Dans l’UE, la CJUE et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) imposent des décisions qui lient les juges nationaux. En 2021, la Pologne a été condamnée à payer 1 million d’euros par jour pour avoir maintenu une chambre disciplinaire des juges, un exemple de tutelle supranationale.

Des conséquences directes et tangibles pour la démocratie se font sentir

  • La démocratie est en danger avec l’érosion de la souveraineté populaire – En France, une enquête IFOP de 2022 montrait que 62 % des Français estimaient que leurs votes comptaient moins face aux décisions des juges ou des technocrates européens. Au Brésil, les manifestations pro-Bolsonaro de 2023 ont dénoncé Moraes comme un « dictateur en toge », reflétant un rejet populaire de cette emprise judiciaire.
  • L’utilisation de la justice comme d’une arme à des fins d’appareil entraine une judiciarisation de la politique 
    En 2024, le parti Rassemblement National a vu plusieurs de ses propositions (comme la restriction de l’immigration) retoquées par des tribunaux administratifs avant même leur adoption, freinant l’élan d’une majorité parlementaire potentielle. 
    Aux États-Unis, les batailles juridiques autour des lois électorales (ex. Vote par correspondance en Pennsylvanie, 2020) montrent comment les juges influencent directement les résultats électoraux.
  • Cela se traduit par une perte de confiance dans les institutions – Selon un sondage Pew Research de 2023, seulement 43 % des Américains faisaient confiance à la Cour suprême, contre 67 % en 2000. – En Hongrie, les décisions pro-UE de la Cour constitutionnelle sont perçues par 55 % des électeurs (sondage Nézőpont, 2022) comme une trahison des intérêts nationaux.
  • Et une polarisation sociale importante avec des discriminations perçues
    Les décisions judiciaires, souvent tranchées, exacerbent les clivages. 
    Après Dobbs v. Jackson, des manifestations ont éclaté dans 40 États américains, tandis qu’au Brésil, la censure de X a ravivé les tensions entre Bolsonaristes et Lulistes.

Analyse historique et philosophique

Historiquement, cette montée des juges évoque le rôle des parlements sous l’Ancien Régime en France. Avant 1789, ces cours de justice s’opposent au roi en refusant d’enregistrer des édits royaux, jouant un rôle quasi-législatif. Aujourd’hui, les juges jouent un rôle similaire face aux gouvernements élus, mais avec une légitimité moindre, car ils ne sont pas issus du suffrage.

Philosophiquement, Hannah Arendt, dans « Condition de l’homme moderne » mettait en garde contre un pouvoir qui échappe à la délibération publique. 

Les juges-rois incarnent cette dérive : leurs décisions, prises dans l’ombre des prétoires, remplacent le débat démocratique par des arrêts irrévocables. Rousseau, dans « Du contrat social », aurait vu dans cette tutelle une violation du principe de la volonté générale, supplantée par une élite autoproclamée.

Quelles solutions concrètes pour rééquilibrer le pouvoir entre les élites et le peuple – diminuer la fracture

Commençons par ce qui devrait être de fait : des nominations plus démocratiques. En France, on pourrait envisager une élection partielle des membres du Conseil constitutionnel par les citoyens ou les parlementaires, comme en Suisse où les juges fédéraux sont élus par l’Assemblée fédérale. Au Brésil, limiter le mandat des juges du STF à 10 ans (contre une retraite à 75 ans actuellement) ramènerait un contrôle temporel.

Proposons des référendums sur les grandes décisions, tout en ne répliquant pas le référendum sur le traité de Lisbonne. Inspiré par le modèle suisse, un référendum pourrait être organisé sur des arrêts majeurs (ex. censure de X au Brésil ou du séparatisme en France), redonnant la parole au peuple. En 2021, 73 % des Français soutiennent cette idée (sondage Odoxa).

Une nécessaire clarification des compétences judiciaires. Une réforme constitutionnelle pourrait limiter les interventions du judiciaire dans les affaires politiques. Par exemple, au Japon, la Cour suprême ne peut invalider une loi qu’avec une majorité des deux tiers, rendant ses interventions rares.

Et avant tout une totale transparence et responsabilité accrue. Le droit à la transparence est un des droits fondamentaux qui a été fortement capturé ces dernières années. La publication des délibérations des juges (comme au Canada pour certaines décisions) ou instaurer des auditions publiques avant leur nomination renforcerait leur légitimité. En 2023, seulement 28 % des Brésiliens savaient comment Moraes avait été nommé (sondage Datafolha).

Sauver la démocratie ou accepter la tutelle ?

L’ère des juges-rois n’est pas une fatalité, mais un avertissement. Du Brésil, où Moraes bloque les réseaux sociaux, à la France, où le Conseil constitutionnel redessine les lois, en passant par les États-Unis et l’UE, le pouvoir judiciaire s’impose comme un acteur dominant, souvent au détriment des urnes.

Cette judiciarisation galopante menace la souveraineté populaire, transforme les citoyens en spectateurs et polarise les sociétés.

Pour inverser cette tendance, il faut réaffirmer la primauté du législatif, redonner du pouvoir aux élus et aux peuples, et limiter les juges à leur rôle d’arbitres, non de décideurs.

Sinon, la démocratie risque de n’être plus qu’un souvenir, remplacée par une oligarchie en robe noire, où la loi supplante la liberté.

Les exemples concrets abondent, les chiffres parlent, et l’histoire nous avertit : il est temps de réagir avant que les juges-rois ne deviennent pas les seuls souverains.

Antoine Bachelin Sena est sur x.com\antoinebachelin Retrouvez ses livres sur https://antoinebachelinsena.com/2024/02/16/livres/

Le citoyen-spectateur & la démocratie télévisée.

Voici le lien de mon article paru sur France Soir.

Audience de la Chambre des représentants lors de la commission juridique sur le “complexe industriel de la censure”, le 12 février 2025.

Voici l’article ici sur France Soir :

https://www.francesoir.fr/politique-monde-societe-justice/le-complexe-industriel-de-la-censure-une-menace-mondiale-la-liberte

Les journalistes des ‘Twitter Files’, Matt Taibbi et Michael Shellenberger, témoignent aux côtés de la journaliste canadienne Rupa Subramanya sur la campagne de censure de l’administration Biden et d’autres menaces contre la liberté d’expression.

Sommaire :

– Introduction du terme “complexe industriel de censure”.

– Personnages clés.

– Introduction de Jim Jordan (représentant du congrès élu dans l’état de l’Ohio et président de la commission des affaires juridiques).

– Intervention de Rupa Subramanya.

– Intervention de Matt Taibi.

– Intervention de Michael Schellenberger.

Dossier USAID Amazonie en français, anglais et portugais.

USAID & AMAZONIE

par Antoine Bachelin Sena.

Sommaire:

  • Introduction historique des organisations et des personnes clés.
  • L’opinion publique est de plus en plus consciente de l’ingérence internationale contre le développement brésilien.
  • Des études financées par l’USAID contre les infrastructures brésiliennes.
  • L’USAID nourrissant le poulpe des ONGs et le ministère de l’Environnement ou le ministère des ONGs.
  • L’appareil du « Projet Démocratie » a été très actif pour influencer des parlementaires sélectionnés afin de suivre le programme de l’hégémonie économique de Washington.
  • «ABIN» ou Agence Brésilienne de Renseignements révèle que l’USAID a configuré une interférence externe dans la région et facilité la biopiraterie.
  • Conclusion avec l’urgence de mettre à l’ordre du jour le « Projet de Loi PL 1659 de 2024 » du Député Fédéral Filipe Barros pour augmenter la transparence et le contrôle sur les ONG opérant au Brésil avec un financement extérieur.
  • Lien vers le livre «Amazonie politique : délimitation des terres et ONG globalistes» et présentation de l’auteur Antoine Bachelin Sena.

« La lutte des membres de cette bureaucratie virtuelle pour le pouvoir » expliquée par Olavo de Carvalho nous fait penser au scandale récent de l’USAID.

Chapitres 249 & 250 du « Cours de Philosophie » d’Olavo de Caravalho.

Chapitre 249 : Les principaux enjeux des sciences sociales.

Chapitre 250. Phénoménologie du pouvoir.

249) Les principaux enjeux des sciences sociales.

Les commentateurs et les politologues ont l’habitude d’échouer lamentablement dans leurs prédictions. En effet, ils ont affaire à un ensemble d’outils qui n’est pas adapté à la situation actuelle, même s’il aurait pu fonctionner à d’autres moments.

Il faut donc aborder le problème du fondement des sciences sociales et essayer de savoir quelle est la connaissance de la société humaine et quels doivent être les instruments perceptifs et conceptuels qui permettent d’appréhender ce qui s’y passe.

Durkheim définit le fait sociologique, dans le livre “Les règles de la méthode sociologique”, de telle manière que les intentions subjectives des êtres humains ne comptent pour rien, comme si tout se résumait à des structures qui agissent sur les personnes sans aucune intentionnalité de leur part. 

Karl Marx traite l’histoire en termes de structures impersonnelles, et au moment où vous arrivez à Braudel, il n’y a plus de personnages, juste des concepts généraux, des statistiques, etc. Les forces historiques apparaissent comme des divinités avec une volonté propre au-delà des intentions des individus concrets impliqués. 

En réalité, personne n’a jamais observé une force impersonnelle agir, nous ne pouvons identifier certaines constantes que lorsque nous voyons des personnes agir, et alors un concept général peut être créé. 

Ce qu’il faut faire, c’est chercher une action réelle et concrète, dans la lignée du nominalisme portugais, qui a également influencé Gilberto Freyre.

La première question qui se pose est de savoir qui est le véritable personnage de l’Histoire. Quand on parle «d’Histoire du Brésil», en réalité le Brésil n’est pas un personnage mais le décor où se déroule l’Histoire. Même si nous pensons au Brésil en termes d’identité politico-juridique, cela a déjà changé plusieurs fois, sans continuité. 

Si l’on admet que c’est l’Histoire des classes sociales, comme chez Marx, en réalité celles-ci ne se rencontrent ni ne se coordonnent pour agir, même si certains dirigeants disent qu’ils agissent au nom des classes. Pire encore, si l’on parle de l’intérêt de la classe, par exemple, quel serait l’intérêt de la bourgeoisie ?

Chaque bourgeois a son intérêt propre, qui peut être opposé à celui des autres bourgeois, mais il est possible de créer un artifice et de définir l’intérêt de la bourgeoisie non pas en termes de besoins matériels réels de la bourgeoisie mais en termes de besoins supposés avec l’antagonisme qu’il aurait par rapport aux intérêts du prolétariat. 

À son tour, l’intérêt du prolétariat n’est pas non plus défini substantiellement, mais comme une opposition logique aux intérêts de la bourgeoisie. 

Les communistes pensaient que le prolétariat voulait prendre le contrôle des entreprises, mais quand, au XIXe siècle, il y a eu une montée du prolétariat, il s’est détourné du communisme et ne voulait que de meilleurs salaires, la sécurité sociale, etc.

Si les prédictions historiques fondées sur des entités anonymes échouent lamentablement, on ne peut pas non plus dire que l’Histoire n’est composée que d’actions individuelles, car une action n’est historique que lorsqu’elle transcende la durée de la vie humaine. 

Ainsi, le mystère de cette première question s’approfondit, car le sujet agent de l’Histoire ne peut être ni une entité fantomatique (nations, classes, groupes) ni l’individu humain.

La deuxième question consiste à essayer de savoir ce qu’est l’action historique. 

Une action purement personnelle, comme prendre une douche, n’a pas la même portée qu’une action comme aller travailler, qui implique plus de personnes. 

Et cela, à son tour, n’a pas la portée d’une action historique, qui peut changer le destin de sociétés entières.

Une troisième question concerne la nature du pouvoir. 

Toute action efficace suppose le phénomène du pouvoir, il faut donc partir ici d’une phénoménologie du pouvoir, et aborder les questions qui se présentaient à nous dans l’ordre inverse.

250) Phénoménologie du pouvoir.

La façon la plus simple de définir le pouvoir est comme possibilité concrète d’action.

Dire que c’est une possibilité concrète signifie que nous avons déjà les moyens d’action nécessaires ou que nous pouvons facilement les avoir, donc ce n’est pas une simple possibilité hypothétique (absence d’empêchements). 

Par exemple, nous avons le pouvoir de déplacer une table. Mais le pouvoir politique n’est pas seulement une possibilité d’action individuelle, il requiert un transfert du sujet d’action. Le pouvoir politique est donc la possibilité concrète de déterminer les actions d’autrui.

Il existe trois manières d’agir sur les tiers. 

La forme la plus évidente est la menace d’agression ou de punition, qui s’exerce naturellement contre un animal domestique ou un enfant, et à laquelle on ne peut jamais vraiment renoncer. Le second moyen d’influence est la promesse d’un bénéfice. 

Le premier moyen est assez efficace et immédiat, mais nous devons avoir un pouvoir coercitif suffisant pour l’exercer. 

La seconde dépend des intérêts et de la libre décision du subordonné. 

Un troisième moyen d’agir sur les tiers repose sur la persuasion et la fascination, plus précisément sur l’utilisation du langage pour modeler la vision du monde de l’autre afin qu’il agisse dans les limites que nous lui avons prescrites, étant donné qu’ils ne peuvent en concevoir d’autres. 

Au premier moyen d’influence (menace) correspond le pouvoir politico-militaire, au second (promesse de bénéfice) correspond le pouvoir économique financier et au troisième (convaincre) correspond le pouvoir intellectuel-spirituel.

À ces trois modalités de pouvoir correspondent trois couches ou classes sociales aux incarnations historiques différentes et aux degrés d’influence différents. 

En Occident, la classe militaire a été décisive après le démembrement de l’Empire romain, créant des poches de résistance aux évasions barbares et donnant plus tard naissance à la féodalité, d’où émerge la figure du roi, vue comme primus inter pares.

Plus tard, une partie de la noblesse a commencé à avoir une activité distincte de l’armée, s’engageant dans des activités commerciales, financières (renforcées par la découverte par les banques de la possibilité d’effet de levier) et immobilières.

Puis, au Moyen Âge, commence l’influence du pouvoir économique et financier, normalement attribué à la bourgeoisie mais qui commence réellement comme une activité des nobles. 

Ce pouvoir a fini par supplanter le pouvoir féodal, mais ce fut une évolution qui a duré plusieurs siècles.

Le pouvoir du roi augmentait également, ce qui entraînait la nécessité d’une organisation centrale et cela provoqua une dispute entre le roi et l’aristocratie. 

C’est à partir de là qu’est née la bureaucratie professionnelle, qui était un moyen d’ascension pour la petite bureaucratie urbaine qui possédait quelques compétences administratives ou comptables. L’aristocratie resta sans activité car, surtout en France, le roi avait sa bureaucratie professionnelle et son armée. 

Mais comme l’aristocratie avait toujours le droit de percevoir des impôts dans ses domaines, elle pouvait devenir une classe de loisir. 

Un phénomène particulier lié à la bureaucratie s’est produit, dérivé du fait qu’il y avait trop de candidats pour le nombre de places disponibles. 

Ainsi, une bande de plébéiens a fait des études pour entrer dans la bureaucratie mais n’a pas pu trouver de place, et ce sont ces individus relativement alphabétisés qui formeront la classe révolutionnaire par excellence.

La formation d’armées professionnelles signifie que les militaires sont devenus des fonctionnaires, c’est-à-dire que le pouvoir militaire a cessé d’être un pouvoir en soi et est devenu un instrument de la bureaucratie d’État, qui est à son tour soutenu par les capitalistes. Ensuite, l’apothéose du pouvoir financier se crée lorsqu’il subalterne le pouvoir militaire. Le pouvoir financier est un pouvoir d’attraction mais n’intimide ni ne détruit personne. L’argent n’est pas un pouvoir en soi, il n’a pas le potentiel de tuer, il n’a le pouvoir d’attirer que par la promesse de bénéfices, agissant indirectement à travers un processus compliqué plein d’ambiguïtés psychologiques.

L’une de ces ambiguïtés, étudiée par Aleksandr Zinoviev dans le livre “La réalité du communisme”, se retrouve dans l’exemple d’une entreprise. 

Elle doit maîtriser une technologie correspondant au produit qu’elle propose, elle doit connaître les marchés, etc. 

Mais, à l’intérieur, les gens essaient de monter dans la hiérarchie, et pour cela il faut aussi une technologie – on peut dire une technique politique –, qui entre facilement en conflit avec d’autres technologies s’il n’y a pas de facteur fédérateur. 

Avec la montée du pouvoir financier, toute une ligne d’action a gagné en pertinence visant à monter en bureaucratie, qu’elle soit privée ou étatique ou même virtuelle (ceux qui sont là et qui n’ont pas encore réussi à entrer). 

Cet élément de tension qui existe dans la société capitaliste atteint son apothéose dans la société socialiste, où il y a une lutte entre la technique politique et la technique économique. 

Ce n’est qu’au sein du Parti qu’il est possible de gravir l’échelle sociale. 

Cela n’a aucun sens de voir le processus d’accession au pouvoir comme un dérivé du processus économique, qui est le processus d’efficacité capitaliste, car le processus d’accession au pouvoir est complètement différent. 

Beaucoup de gens croient qu’une économie faible fait tomber la classe politique, ce qui peut arriver dans une démocratie, mais dans un système fortement socialiste, la structure du pouvoir est très robuste, car elle découle d’un jeu politique perfectionné, qui peut coexister avec une économie défaillante.

La bureaucratie virtuelle est composée de journalistes, d’écrivains, d’orateurs, de propagandistes, d’enseignants, de prêtres, etc. C’est de cette classe que sortent les intellectuels modernes. C’est une immense classe sans pouvoir direct, avec les compétences nécessaires pour gravir les échelons de la bureaucratie mais sans les compétences nécessaires pour accomplir une fonction économique productive. 

Ainsi, ses membres ne peuvent s’élever dans la vie que par l’activité politique. 

À partir du XVIIIe siècle, cette classe a commencé à créer une littérature pour légitimer sa propre ascension, prétendant généralement agir au nom de l’humanité ou au nom des pauvres et des opprimés. 

Évidemment, lorsque ces personnes domineront la société, les activités économiques, industrielles, commerciales vont décliner et la conséquence est une baisse du niveau de vie. Avec la création des universités modernes, au XIXe siècle, la bureaucratie virtuelle s’est encore accrue, et on considère aujourd’hui que le progrès consiste à augmenter de plus en plus cette classe, qui ne produit rien mais est qualifiée pour l’activité politique, quoique sans avoir encore le pouvoir. 

La lutte des membres de cette bureaucratie virtuelle pour le pouvoir devient de plus en plus constante, chacun parlant au nom de la population en général ou comme s’il était un représentant de l’humanité, mais ce qu’ils font, c’est marcher sur tout le monde. 

251) Le sujet de l’Histoire.

Procurez-vous le livre « Cours de philosophie d’Olavo de Caravalho« .

Le rôle du gouvernement 🇺🇸 dans le “complexe industriel de la censure” au 🇧🇷.

Article publié aussi sur France soir.

Le rôle du gouvernement des États-Unis dans le complexe industriel de la censure au Brésil.

Par Phoebe Smith, Alex Gutentag, Eli Vieira et David Ágape. Traduit en français par Antoine Bachelin Sena.

Résumé exécutif: 

Principales organisations:

  • – Laboratoire de recherche forensique digitale du Conseil Atlantique (DFRLab).
  • – Agence centrale de renseignement (CIA).
  • – Dotations du Congrès.
  • – Consortium pour les élections et le renforcement du processus politique.
  • – Agence de sécurité cybernétique et infrastructure.
  • – Département fédéral des enquêtes.
  • – Institut républicain international.
  • – Institut démocratique national.
  • – Fonds national pour la démocratie.
  • – Agence des États-Unis pour le développement international.
  • – Département d’État des États-Unis.
  • – Ambassade des États-Unis.
  • – La Maison Blanche.

Résumé exécutif:

Ces dernières années, la Cour suprême du Brésil a pris des mesures de plus en plus drastiques pour censurer le contenu en ligne. 

La Cour suprême fédérale (STF) et le Tribunal électoral supérieur (TSE), même s’ils semblent opérer de manière indépendante, ont été fortement influencées par des organisations non gouvernementales (ONGs) financées par le gouvernement des États-Unis. 

De plus, diverses agences et autorités américaines ont joué un rôle dans l’encouragement et la facilitation de la censure au Brésil.

Le complexe industriel de la censure au Brésil – un vaste réseau d’ONG, de vérificateurs de faits ou fact checkers et d’agents étatiques – reçoit souvent des suggestions, des formations et un soutien financier de son homologue américain. 

En soutenant la censure brésilienne, le gouvernement fédéral des États-Unis et ses filiales se sont engagés dans des interventions étrangères inappropriées, visant spécifiquement les élections et les politiques publiques.

Les entités américaines impliquées directement et indirectement dans le complexe industriel de la censure au Brésil incluent : 

  • le Conseil Atlantique, 
  • le Congrès américain, 
  • le Federal Bureau of Investigations (FBI), 
  • le National Endowment for Democracy (NED), 
  • la Fondation nationale des sciences (NSF), 
  • le Département d’État, 
  • l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), 
  • la Maison Blanche et d’autres.

Les activités des agences et des groupes financés par le gouvernement des États-Unis dans leur ensemble montrent clairement une campagne visant à interférer dans le processus démocratique du Brésil. 

Le gouvernement des États-Unis devrait cesser de financer cette campagne ainsi que des campagnes similaires afin de respecter la souveraineté nationale de ses alliés et d’éviter de miner la démocratie à l’étranger.

Principales organisations:

  • Laboratoire de recherche forensique digitale du Conseil Atlantique (DFRLab).

Le DFRLab est financé par le Fonds national pour la démocratie (NED), le Département d’État et l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). 

Lors de divers événements organisés par le DFRLab, les palestrants ont plaidé pour une censure généralisée au Brésil. 

Lors d’un panel du DFRLab en 2019, des chercheurs spécialisés dans la désinformation ont affirmé que les messages privés cryptés représentaient une menace pour la démocratie au Brésil. 

(Benz, M. le 26 juin 2023 : “Les impôts américains financent la censure des messages texte au Brésil”, source : 

En ligne avec cette vision, WhatsApp a banni des centaines de milliers de comptes au Brésil et, en 2022, le ministre du STF Alexandre de Moraes a ordonné la suspension de Telegram, bloquant temporairement tout accès à l’application dans le pays. 

Le DFRLab a été cité dans le plan stratégique du TSE pour les élections de 2022, marquées par la censure.

En 2019, le Conseil Atlantique a publié un rapport intitulé « Désinformation dans les démocraties : Renforcer la résilience numérique en Amérique latine », qui affirme : « Bolsonaro a été élu avec 55 % des voix au second tour – une victoire attribuée non seulement à la situation économique et politique compliquée dans laquelle le Brésil se trouvait, mais aussi à l’utilisation efficace des réseaux sociaux comme principal moyen de connexion avec les électeurs brésiliens. » 

(Brookie, G., Marczak, J., & Braga, R. le 28 mars 2019. “Désinformation dans les démocraties : fortifier la résilience digitale en Amérique Latine”. Source : https://issuu.com/atlanticcouncil/docs/ac_disinformation_in_latam_final)

Le rapport conclut que l’élection a été fortement influencée par la « désinformation » sur des plateformes cryptées.

Agence centrale de renseignement (CIA):

En mai 2022, Reuters a rapporté que le directeur de la CIA aurait dit à des responsables brésiliens de haut niveau que Bolsonaro devait cesser de diffuser de la désinformation liée aux élections et d’éroder la confiance dans le système électoral du pays. 

Un autre rapport prétend que c’était la délégation du directeur, et non le directeur lui-même, qui a transmis ce message, tandis que d’autres sources le nient.

(Stargardter, G. e Spetalnick, M. le 5 mai 2022. Le chef exécutilf de la CIA a dit au gouvernement Bolsonaro de ne pas s’immiscer dans les élections brésiliennes, relatent des sources. Reuters. Source : https://www.reuters.com/world/americas/exclusive-cia-chief-told-bolsonaro-government-not-mess-with-b razil-election-2022-05-05)

Entités du Congrès:

Le Wilson Center, qui est financé par le Congrès des États-Unis, a travaillé avec des fonds du Département de Sécurité Intérieure (DHS) dans une initiative intitulée « Agents contre la désinformation : vaincre la désinformation avec des jeux numériques », en tant que « méthode d’inoculation » contre la désinformation pour les jeunes étudiants.

(Buynevich, O. le 7 juin 2024. Le jeu vidéo financé par le DHS met en scène le gouvernement en tant que « super-héros » contre la « désinformation ».

https://foundationforfreedomonline.com/dhs-funded-video-game-pits-superhero-government-against-di sinformation)

Le Wilson Center a expliqué que le jeu avait déjà été testé auparavant dans des pays

comme le Brésil et avait « créé un atelier sur comment vaincre la désinformation » pour « les membres du Parlement, les congressistes et les fonctionnaires ». 

(Centre Wilson. Comment le Wilson Center est financé ? https://www.wilsoncenter.org/how-the-wilson-center-funded) 

Les participants « n'[ont] pas seulement appris à identifier la désinformation, mais aussi à travailler avec des groupes de parties prenantes (c’est-à-dire les médias, l’industrie et le gouvernement) dans la réponse à la désinformation – et, ce qui est important pour la prévention, dans la nécessité de formuler des stratégies collaboratives à court et à long terme. »

La National Science Foundation, qui est également financée par le Congrès des États-Unis, a accordé une subvention de 200 000 dollars à l’Université George Washington en 2022 pour son travail de lutte contre la désinformation au Brésil, ainsi que dans trois autres pays. 

(Sur la National Science Foundation (NSF) : https://www.usaspending.gov/agency/national-science-foundation?fy=2024

Benz, M. le 26 juin 2023 : “La National Science Foundation de Biden a injecté près de 40 millions de dollars en subventions et contrats de censure sur les réseaux sociaux.” 

Source : https://foundationforfreedomonline.com/bidens-national-science-foundation-has-pumped-nearly-40-milli on-into-social-media-censorship-grants-and-contracts)

L’initiative « utilise diverses méthodes pour étudier comment les politiciens populistes ont déformé la communication sur la santé pendant la pandémie de Covid-19 afin d’encourager des attitudes polarisées et la méfiance parmi les citoyens, les rendant ainsi plus vulnérables à la désinformation”.

(Benz, M. le 5 septembre 2024. Dictionnaire FFO Censorpeak. https://x.com/MikeBenzCyber/status/1711411914629079463?s=20)

Des chercheurs individuels comme Kate Starbird ont reçu régulièrement des subventions de la National Science Foundation pour leur travail de contre-désinformation, qui a caractérisé les partisans de Jair Bolsonaro au Brésil comme des propagateurs de désinformation dangereuse.

(Starbird, K. (2022). Financement des recherche de Kate Starbird. Faculté de l’Université de Washington. https://archive.ph/1KLAA

 Benz, M. le 7 juin 2023. L’Agence de Censure du DHS a eu une première mission étrange : interdire les discours qui remettent en question les événements électoraux de « mirage rouge, changement bleu ». Source : https://foundationforfreedomonline.com/dhs-censorship-agency-had-strange-first-mission-banning-sp ch-that-casts-doubt-on-red-mirage-blue-shift-election-events/)

La NSF a également financé l’ONG Meedan avec un contrat de 5 749 900 dollars distribués entre 2021 et 2024 pour la création “d’outils de vérification des faits académiques et de collaboration communautaire, combattant la haine, l’abus et la désinformation avec des partenariats menés par des minorités ». 

La NSF a également accordé à Meedan 255 997 dollars en 2021 pour « identifier et combattre la désinformation [sur Covid-19] sur des plateformes de messagerie fermées ». Avant les élections de 2022 au Brésil, Meedan s’est associée avec les vérificateurs Agência Lupa, Aos Fatos, Projeto Comprova, Estadão Verifica, Universo Online (UOL) et le TSE pour créer Conf 2022, un partenariat dédié au travail de contre-désinformation.

Consortium pour les Élections et le Renforcement du Processus Politique (CEPPS) : 

Le Consortium pour les Élections et le Renforcement du Processus Politique (CEPPS) est financé par le Programme d’Élections Globales et de Transitions Politiques (GEPT) de l’USAID. 

Le CEPPS a formé des partenariats importants avec le TSE par le biais d’organisations intermédiaires au Brésil.

En 2021, le CEPPS a créé un guide de lutte contre la désinformation, rassemblant des organisations comme l’Institut Républicain International (IRI) et l’Institut Démocratique National (NDI) avec le financement de l’USAID pour « souligner le travail qui est fait pour combattre la désinformation et promouvoir l’intégrité de l’information » dans le monde entier. 

Le guide présente une campagne brésilienne de lutte contre la désinformation de 2018 intitulée « NãoValeTudo », encourageant les politiciens à se dissocier des contenus faux en ligne. Le projet était médiatisé par Aos Fatos parmi d’autres agences de vérification qui ont participé à un sommet financé par la NED dans le but de « vérifier les allégations » faites par des leaders politiques de différents pays.

En août 2023, un « partenaire principal » du CEPPS, la Fondation Internationale des Systèmes Électoraux (IFES), a travaillé avec le TSE pour discuter des stratégies de censure à travers une initiative visant à « préserver l’intégrité de l’information et la confiance publique dans les élections ». 

Le « partenaire technologique senior » du CEPPS, Internews, a créé un rapport sur les effets du « discours de haine » et de la « désinformation » en juin 2023. 

En octobre 2023, l’IFES a de nouveau fait équipe avec le TSE pour coordonner l' »intégrité de l’information » dans les organes de gestion électorale.

Agence de Sécurité Cybernétique et Infrastructurale (CISA):

En 2023, l’Agence de Sécurité Cybernétique et Infrastructurale (CISA) a financé un projet via l’Elliott School of International Affairs de l’Université George Washington intitulé « Résilience contre la désinformation électorale : études de cas du Canada et du Brésil pour une utilisation dans les politiques des États-Unis ». 

Le contenu du rapport n’est pas disponible publiquement en ligne.

(Université George Washington. 2023). Rapport GWU : https://elliott.gwu.edu/sites/g/les/zaxdzs4886/les/2023-09/recent-capstone-projects-nal.xlsx)

FBI:

Le TSE s’est réuni avec le Federal Bureau of Investigations (FBI) et un représentant de l’ambassade des États-Unis le 5 mars 2018 pour discuter de la censure des « fausses informations » et de la manière de censurer la « désinformation étrangère ». 

Des agents du FBI et des fonctionnaires du Département de la Justice (DOJ) américain ont participé à des réunions au TSE pour planifier des efforts de censure en collaboration avec l’Agence Brésilienne de Renseignement (ABIN). 

Le superviseur des organisations cybernétiques du FBI et un agent du DOJ spécialisé en contre-espionnage ont partagé leurs insights sur les efforts du FBI et du DOJ pour combattre les « fausses informations » aux États-Unis. 

Le 24 avril 2018, le TSE a organisé un « Séminaire International sur les Fake News et les Élections », auquel ont participé des représentants du FBI.

Institut Républicain International (IRI):

L’IRI a publié plusieurs articles et interviews sur la désinformation au Brésil, y compris un intitulé « Désinformation au Brésil – La Bonne Réponse ? », qui affirme que « la désinformation menace l’intégrité démocratique » au Brésil. 

L’article indique que 92% des citoyens « considéraient le contenu faux sur le web comme un problème » avant les élections de 2018. 

L’article cite également les intérêts économiques des États-Unis comme raison de limiter la désinformation au Brésil. 

« En tant que partenaire commercial important des États-Unis, [le Brésil] se remet encore d’une récession marquée, et une instabilité électorale pourrait affecter ses perspectives économiques. 

Globalement, les Brésiliens doivent découvrir comment minimiser la propagation de contenu faux, restaurer la confiance dans les institutions et le faire de manière cohérente avec les libertés démocratiques. »

En 2021, l’IRI, le NDI et l’Observatoire de l’Internet de Stanford (SIO) se sont associés pour créer le « Combat contre la manipulation de l’information : un manuel pour les élections et au-delà », un guide conçu pour les agents de la société civile, les journalistes, les gouvernements, les organes de gestion électorale et autres acteurs démocratiques. 

Le guide explique comment WhatsApp a élargi l’accès à l’API via Zendesk pour la First Draft Coalition, une organisation financée par la National Science Foundation (NSF) qui travaille pour « collecter des données sur les événements politiques, la propagation d’informations fausses et le discours de haine, et d’autres objectifs de recherche » via Comprova au Brésil. 

Le guide approuve ces relations entre le gouvernement et les plateformes cryptées, argumentant que de telles relations sont essentielles pour atténuer la désinformation.

Institut Démocratique National (NDI):

L’Institut Démocratique National (NDI) est financé par la NED, l’USAID et le Département d’État des États-Unis. Le NDI a financé diverses initiatives de recherche qui examinent la désinformation au Brésil, y compris un rapport intitulé « Interventions pour mettre fin à la violence en ligne contre les femmes en politique », en partenariat avec Meedan. 

Ce rapport vise à combattre la « violence en ligne » et la « désinformation de genre » par le « développement d’un mécanisme de coordination à l’échelle nationale », avec les gouvernements, « leur donnant la capacité de recevoir et de gérer les incidents de violence de genre en ligne — y compris la désinformation — susceptibles d’avoir un impact sur le discours ou les résultats politiques. » 

Il prône également la mise en œuvre d’une « politique de tolérance zéro pour les discours de haine et les abus de nature sexiste, sexualisée, raciste et d’autres formes de discrimination sur les pages, profils et plateformes législatives, ainsi que sur celles des candidats ».

En 2018, le NDI a co-organisé une conférence contre la désinformation en partenariat avec la commission électorale mexicaine (INE). 

Pat Merloe, associé senior du NDI et directeur des processus électoraux, a partagé que « le NDI soutient les organisations de surveillance électorale dans le développement et le partage d’approches et d’outils pour surveiller et analyser l’impact des opérations de désinformation sur l’intégrité électorale » au Mexique, en Colombie et au Brésil.

En 2021, le NDI a travaillé avec l’IRI et le SIO pour créer le « Combat contre la manipulation de l’information : un manuel pour les élections et au-delà ».

Fonds National pour la Démocratie (NED):

Le Fonds National pour la Démocratie (NED) a financé une initiative de l’École de Communication, des Médias et de l’Information de la FGV Rio, lancée le 25 juillet 2018. 

Bien que le site original ait été retiré, des pages archivées expliquent que le projet, intitulé Salle de Démocratie Digitale, « est une initiative pour surveiller et analyser le débat public sur Internet et pour combattre les stratégies de désinformation qui menacent la justice des processus politiques et électoraux, cherchant à renforcer les institutions démocratiques ». 

Un chercheur, Amaro Grassi, a commenté que « l’idée de la Salle de Démocratie Digitale – #observa2018 est d’avoir un impact réel sur l’agenda public brésilien – c’est-à-dire, surveiller le débat électoral et politique », dans un communiqué de presse de 2018. 

En fin de compte, la Salle dépend d' »un réseau international de partenaires académiques, de la société civile et gouvernementaux », qui « interagissent constamment avec les chercheurs du DAPP [Département d’Analyse des Politiques Publiques de la FGV] ».

En 2019, le Fonds National pour la Démocratie a alloué des fonds pour diverses initiatives de lutte contre la désinformation au Brésil. 

Cela incluait un fonds nommé « Combat contre la désinformation dans les élections locales au Brésil », accordé à l’Institut Technologie et Équité « pour combattre la désinformation dans les élections locales au Brésil ». 

Cet effort « a formé des fonctionnaires dans les organes de gestion électorale et la justice électorale, ainsi que des acteurs clés de la société civile, sur différentes approches pour lutter contre la désinformation, en préparation pour les élections locales de 2020 au Brésil », travaillant en concertation avec des agences de vérification des faits.

Un fonds nommé « Dialogues Imprévisibles au Brésil », accordé à l’ONG Politize, « implique des influenceurs des réseaux sociaux, des réseaux de la société civile, ainsi que ses propres bénévoles pour assurer la participation de multiples publics » dans « des discussions informatives sur des questions politiques pertinentes ».

Le NED finance également l’Institut pour la Démocratie et l’Assistance Électorale (IDEA). En 2021, l’IDEA a organisé un sommet où les conférenciers ont appelé à la fin de « l’échange international d’idées » entre les partisans de Trump et de Bolsonaro.

En 2021, le NED a de nouveau alloué des fonds pour diverses initiatives de lutte contre la désinformation au Brésil. Ces dons ont financé des projets comme « Fura Bolha – Encourager le Dialogue Démocratique au Brésil », de la Fondation Fernando Henrique Cardoso, qui « aborde les espoirs et les peurs des citoyens dans un effort pour réduire l’anxiété concernant le vote, la pandémie de COVID-19, et le discours public de diabolisation des opposants politiques et idéologiques ». 

Un autre fonds, nommé « Encouragement du Dialogue Démocratique au Brésil », accordé à l’Association Internetlab de Recherche en Droit et Technologie, a soutenu un projet visant à « promouvoir un agenda démocratique parmi les principaux acteurs des réseaux sociaux et à renforcer les efforts de la société civile pour combattre l’ingérence numérique malveillante dans les discussions publiques et politiques ». 

Le projet a travaillé « avec une organisation partenaire d’influenceurs numériques et d’activistes de la société civile » pour « l’engagement de la de la société civile dans l’identification des utilisations malveillantes et coordonnées de techniques informatiques pour déformer la sphère publique numérique ».

Le NED a accordé plusieurs fonds supplémentaires pour « impliquer les influenceurs des réseaux sociaux » dans la promotion d’un « discours constructif autour de sujets délicats » ; « surveiller et mobiliser des actions collectives en réponse aux menaces contre la démocratie » ; « former des communicateurs influents et des influenceurs sur les réseaux sociaux » sur « l’importance des politiques démocratiques de sécurité publique » ; et a établi des systèmes de « veille sociale » pour défendre la démocratie au Brésil.

Le NED soutient également un réseau mondial de think tanks, le Réseau des Instituts de Recherche pour la Démocratie (NDRI), qui inclut des organisations comme l’Institut Sivis, basé au Brésil. 

L’Institut Sivis est une « organisation de la société civile apolitique et à but non lucratif » et affirme que « le Brésil est un pays marqué par le manque de participation active de la population dans les affaires publiques et dans la construction de la politique », ce qui serait dû à « un faible niveau de connaissance politique, un manque d’intérêt pour le progrès de la vie politique, [et] de faibles niveaux d’adhésion au régime démocratique et une méfiance envers les étrangers, ce qui rend la coopération sociale difficile ». 

L’Institut Sivis a publié des articles d’opinion concluant qu' »il y a un risque réel que la désinformation et l’utilisation malveillante de fausses informations génèrent encore plus d’instabilité politique et sociale, comme le soulignent les experts consultés par le Forum Économique Mondial », en rapportant « la soi-disant ‘récession globale de la liberté d’expression' ».

Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID):

Dans son « Guide de la Désinformation » publié en février 2021, le Centre d’Excellence en Démocratie, Droits Humains et Gouvernance de l’USAID a affirmé qu’ »au Brésil, des forfaits de données bon marché qui incluent uniquement l’accès à des applications comme WhatsApp et Facebook rendent les citoyens plus susceptibles de consommer des réseaux sociaux dans lesquelles des affirmations fausses sont relayées par des sources non fiables ». 

Le document cite un article d’opinion publié en 2019 par l’ancien diplomate australien Arjun Bisen, qui affirme « de l’Inde à l’Indonésie et au Brésil, la démocratie est compromise par des campagnes de désinformation domestique en ligne des partis politiques cherchant à obtenir un avantage » et incite les institutions à « créer de nouvelles règles et à tenir responsables les parties impliquées. »

Le guide recommande comme modèle dans la lutte contre la désinformation l’initiative « TruthBuzz » du Centre International pour les Journalistes (ICFJ). 

Dans son dernier rapport financier, l’ICFJ remercie les organisations gouvernementales suivantes pour les fonds fournis : USAID, Département d’État des États-Unis et les ambassades des États-Unis à Tbilisi, Tunis et Skopje. 

L’ICFJ utilise des ressources gouvernementales pour combattre la désinformation au Brésil : « Neuf initiatives médiatiques ont été sélectionnées pour recevoir financement et conseils pour développer des projets qui combattent la désinformation au Brésil dans le cadre du Jogo Limpo (‘Fair Game’), programme du Centre International pour les Journalistes (ICFJ) en partenariat avec YouTube Brésil », a-t-il affirmé en 2020.

Le guide soutient également que « les fonctionnaires du gouvernement et les journalistes ne sont plus les seuls gardiens de l’information. Ainsi, les citoyens ont besoin d’un nouveau niveau d’information ou d’alphabétisation médiatique pour évaluer la véracité des affirmations faites sur Internet ». 

L’USAID a également étudié le temps moyen que les Brésiliens passent en ligne et a argumenté que l’utilisation de WhatsApp était problématique.

L’Ambassade des États-Unis au Brésil et l’USAID ont fourni un soutien financier pour le congrès de 2024 de l’Association Brésilienne de Journalisme Investigatif (Abraji). 

Cette organisation, conjointement avec le Information Futures Lab (IFL), a fondé Comprova, un consortium de 28 organisations de presse brésiliennes dédiées à « identifier et expliquer les rumeurs, les contenus fabriqués et les tactiques de manipulation. »

Entre 2020 et 2023, l’USAID a soutenu le projet Rooted in Trust (RiT), qui « a travaillé aux côtés de plus de 40 médias, organisations de santé et humanitaires » pour « identifier la désinformation nocive » dans plusieurs pays, y compris le Brésil. 

Depuis 2020, le RiT « a recueilli et analysé plus de 40 000 rumeurs sur les réseaux sociaux et des activités d’engagement communautaire » et « a soutenu la production de plus de 500 émissions de radio et pièces médiatiques, ainsi que du théâtre de rue, des campagnes d’influenceurs et des événements d’extension communautaire ».

Au Brésil, le RiT « a travaillé pour faire face aux impacts de la désinformation liée à la pandémie avec des partenaires locaux, l’Institut International de l’Éducation du Brésil (IEB), l’Institut de Recherche et de Formation Indigène Iepé et le Projet Santé et Joie (PSA), dans les états du Pará, Amapá et Roraima. » 

Selon le RiT, les chercheurs au Brésil créeraient « des bulletins réguliers d’analyse des rumeurs pour soutenir les réseaux humanitaires et de coordination sanitaire, orienteraient la presse locale et les groupes de base et les aideraient à s’engager avec les questions de santé de leurs communautés et à produire un contenu localisé et de haute qualité pour aborder et neutraliser les rumeurs. »

L’USAID cite le TruthBuzz comme une stratégie efficace de vérification des faits contre la désinformation. Le TruthBuzz a reçu une formation de First Draft News, qui a été financé par la National Science Foundation. 

Le TruthBuzz est également soutenu par l’ICFJ, qui reçoit un financement du Département d’État des États-Unis depuis 2020 pour le programme « Leaders émergents des médias », qui travaille avec des boursiers des États-Unis et d’Amérique latine et soutient leurs intérêts professionnels dans le journalisme. 

Un rapport récent du programme affirme que 61% des projets développés dans le programme sont encore en cours.

Département d’État des États-Unis:

Le Département d’État américain a accordé des fonds au Département d’Analyse des Politiques Publiques de la Fondation Getúlio Vargas (FGV DAPP) et au Centre de Technologie et Société pour deux projets distincts en 2021 et 2022. 

En 2021, le Département d’État des États-Unis a accordé à la FGV DAPP 20 000 dollars « pour former des candidates femmes cis et trans aux compétences sociales et techniques nécessaires pour l’exercice complet de leurs droits politiques. Cela contribue à réduire le déficit de représentation des genres en augmentant l’accès des femmes à la politique au Brésil ».

En 2022, le Département d’État a accordé à la FGV DAPP 24 435 dollars « pour combler un fossé entre les professionnels des médias et la communauté scientifique sur la manière de communiquer les changements climatiques et les risques climatiques au public au Brésil ».

En 2023, le Département d’État des États-Unis a donné 20 430 dollars à l’Association Brésilienne de Journalisme Investigatif pour financer « un programme de formation en ligne pour les journalistes de tout le Brésil afin de traiter de la désinformation électorale alimentée par l’IA ».

Le Département d’État explique que ces trois bourses faisaient partie d’un Programme de Diplomatie Publique « pour soutenir la réalisation des objectifs et des buts de la politique étrangère des États-Unis, promouvoir les intérêts nationaux et augmenter la sécurité nationale en informant et en influençant les publics étrangers et en élargissant et renforçant la relation entre le peuple et le gouvernement des États-Unis et les citoyens du reste du monde ».

Ambassade des États-Unis:

Le 26 avril 2024, Felipe Neto, le YouTuber le plus populaire du Brésil avec 46,3 millions d’abonnés, a annoncé sur X un partenariat avec l’Ambassade des États-Unis et son Institut Vero pour organiser des ateliers en Amazonie axés sur l’éducation à la communication avec pour objectif de « favoriser l’émergence et le développement de voix locales. »

Neto, qui a soutenu et fait campagne pour Lula lors des élections de 2022, a été nommé par Lula dans un groupe de travail du Ministère des Droits Humains et de la Citoyenneté. Ce groupe a été créé pour lutter contre le discours de haine et l’extrémisme, avec un accent particulier sur la régulation des réseaux sociaux.

Neto est également le fondateur de l’Institut Vero, une ONG qui collabore avec le Programme de Lutte contre la Désinformation du TSE. 

En 2020, l’Institut Vero a parrainé des événements du TSE auxquels a participé Graham Brookie, directeur senior du DFRLab. 

Pendant ces événements, le DFRLab a formé les fonctionnaires du TSE à « l’identification et au combat de la désinformation » en utilisant des méthodes d’Intelligence de Source Ouverte (OSINT) pour l’analyse des réseaux.

L’Ambassade des États-Unis a donné 25 000 dollars au Vero en 2023 et 5 000 dollars en 2024. Elle a également fait don de près de 30 000 dollars à l’ONG Redes Cordiais en 2023 et de 45 000 dollars en 2024. 

Le 22 août 2024, le Tribunal Suprême Fédéral a tenu une réunion avec Redes Cordiais et l’Institut Vero pour « rapprocher la justice de la société ».

La deuxième édition des Twitter Files Brésil a révélé que Felipe Neto avait un accès privilégié à Twitter, qu’il a utilisé pour demander la censure de contenu pendant la pandémie de COVID-19.

En 2021, l’Ambassade et les consulats des États-Unis au Brésil ont mis en œuvre un programme pilote appelé « Élective Information et (dés)information », avec un cours sur la désinformation, où « 23 professeurs ont été formés et 600 élèves ont suivi le cours optionnel proposé dans huit écoles de six villes de l’État de São Paulo ». 

Au deuxième semestre de 2021, le cours était disponible pour les élèves de tout l’État.

En 2024, l’Ambassade et les consulats des États-Unis au Brésil ont annoncé une opportunité de financement « pour des projets qui promeuvent des objectifs et des initiatives stratégiques des États-Unis, tout en mettant en avant des valeurs partagées ou des meilleures pratiques et en renforçant les liens entre le Brésil et les États-Unis ». 

Une initiative intitulée « Expansion de l’accès des Brésiliens au journalisme basé sur des faits pour combattre la désinformation » a accepté des demandes de financement jusqu’au 30 juin 2024 « pour collaborer avec des organisations locales afin de fournir des opportunités de formation ou des programmes de renforcement des capacités pour la presse et les journalistes locaux brésiliens, avec une attention particulière aux déserts de l’information – une communauté, rurale ou urbaine, avec un accès limité aux types de nouvelles et d’informations crédibles et approfondies qui alimentent la démocratie au niveau populaire. »

La liste des candidatures explique que « les idées de projets dans le cadre de cette initiative incluent, mais ne se limitent pas à » celles qui « renforcent la capacité institutionnelle des médias traditionnels et émergents pour lutter contre la désinformation et la mésinformation », « améliorent les compétences en vérification des faits parmi les journalistes, les influenceurs et autres parties prenantes » et « promouvent des solutions innovantes pour combattre la désinformation ».

La Maison Blanche: 

Le 10 février 2023, le président Joe Biden a rencontré le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, à Washington DC, où le duo « a réaffirmé la nature vitale et durable de la relation États-Unis-Brésil et a souligné le renforcement de la démocratie ». 

Un communiqué de presse de la Maison Blanche concernant la réunion détaille qu’ »en tant que leaders des deux plus grandes démocraties des Amériques, le Président Biden et le Président Lula se sont engagés à travailler ensemble pour renforcer les institutions démocratiques. (…) Les deux leaders ont noté qu’ils continuent de rejeter l’extrémisme et la violence en politique, ont condamné le discours de haine et ont réaffirmé leur intention de construire une résilience sociale face à la désinformation, et ont convenu de travailler ensemble sur ces questions. »

Le message résumé d’Olavo de Carvalho. Philosophe et écrivain brésilien.

Illustration de quelques uns des plus de 64 livres incluant ceux réunissant ces articles dans des journaux.

Olavo de Carvalho (1947-2022) était un philosophe, écrivain et auteur à succès brésilien.

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Olavo démontre la fausseté des icônes culturelles.
On se retrouve dans le vide car toutes les sécurités idéologiques sont cassées sans violence, de façon lucide et naturelle.

Les répétitions mécaniques que les gens font sont cassées.

C’est une cassure existentielle avec nos sécurités intellectuelles.

Olavo m’a vacciné contre l’hédonisme, le matérialisme, le scepticisme qui règnent dans les médias, les universités et l’imaginaire collectif.

Il a mis en lumière l’incompatibilité des discours des soi-disant intellectuels face à leur pratique quotidienne cynique et vide de toute pratique éthique autrement dit hypocrite.

Il crée un bouleversement dans la structure de notre pensée pour assumer un moi qu’on ne peut corrompre pour que notre vie prenne de la cohérence et une direction personnelle.

Cela détruit tout relativisme autrement dit le scepticisme comme attitude de vie très répandue et promue par certains intérêts à notre époque. 

Et le scepticisme absolu entraîne le doute permanent sur tout, ce qui est un suicide de l’esprit et un aveuglément permanent. 

L’engagement éthique nous libère, nous émancipe et nous donne du courage. 
Aller contre la majorité et ne pas être prisonnier d’un amas de mensonges et de superficialités, c’est l’authenticité. 

Répéter des formules et protocoles à l’école avec un chantage émotionnel de suivre le groupe, un dressage collectif est une folie suicidaire alors qu’il faut émotionnellement et socialement être prêt à questionner notre situation sociale. 

Ceux qui ne peuvent décrire la réalité montrent juste leur carte du club autrement leur appartenance ou auto identification au groupe. Ils partagent juste les lieux communs avec un sens de concordance, acquis dans un dressage de protocoles. 
Cela renforce des manques émotionnels.
 
Le système d’éducation sociale corrompt notre liberté de penser.

Carvalho a publié ses premiers livres dans les années 1990, qui restent aujourd’hui en circulation avec 30 autres titres publiés.

– (1994). Une ère nouvelle et une révolution culturelle : Fritjof Capra & Antonio Gramsci [Le nouvel âge et la révolution culturelle] ;

– (1995). O jardim das aflições: de Epicuro à ressurreição de César – ensaio sobre o Materialismo e a religião civil [Le jardin des afflictions : de l’épicure à la résurrection de César – une étude sur le matérialisme et la religion civile] ;

– (1996). Aristote em nova perspectiva : Introdução à Teoria dos Quatro Discursos [Aristote dans une nouvelle perspective : Introduction à la théorie des quatre discours] ;

– (1996). O imbecil coletivo: atualidades inculturais brasileiras [L’imbécile collectif : l’actualité inculturelle brésilienne] ;

– (1997). O futuro do pensamento brasileiro : Estudos sobre o nosso lugar no mundo [L’avenir de la pensée brésilienne : Études sur notre place dans le monde].

De 2009 à 2022, année de son décès, il a donné des cours en ligne à des milliers d’étudiants.

Carvalho a laissé des contributions indélébiles dans les domaines de la philosophie, de la littérature et des sciences politiques.

Après sa mort, ses enseignements continuent d’inspirer et de façonner le paysage intellectuel, laissant une marque durable sur le discours entourant la philosophie et l’environnement culturel.

Procurez-vous le livre«Cours de Philosophie d’Olavo de Carvalho.»

M. Benz déclare: «SI L’USAID N’EXISTAIT PAS, BOLSONARO SERAIT ENCORE PRÉSIDENT DU BRÉSIL» Article de Sergio Junior & Antoine Bachelin Sena.

L’USAID A SABOTÉ BOLSONARO LORS DES ÉLECTIONS DE 2022
SI L’USAID N’EXISTAIT PAS, BOLSONARO SERAIT ENCORE PRÉSIDENT DU BRÉSIL

(Michael Benz dénonce l’action de l’agence américaine pour influencer les élections au Brésil)

Le Financial Times a révélé en juin 2023 qu’il y avait eu une campagne cachée des États-Unis lors des élections brésiliennes de 2022.

Cependant, ce qui a été découvert maintenant est bien plus grave et attaque directement la souveraineté nationale.

Michael Benz, ancien chef de la division informatique du Département d’État a fait de graves accusations concernant l’influence du gouvernement des États-Unis sur les élections brésiliennes de 2022.

Dans une interview pour le programme The War Room, présenté par l’ancien stratège en chef de la Maison Blanche, Steve Bannon, Benz a affirmé que l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) aurait joué un rôle central pour nuire à la campagne de l’ex-président Jair Bolsonaro.

Selon Benz, l’USAID a financé et coordonné une vaste opération de censure et de contrôle de l’information au Brésil, dans le but d’affaiblir Bolsonaro, qu’il appelle le « Trump tropical ».

L’USAID comme outil d’influence politique mondiale.

Benz a décrit l’USAID comme « un agent flexible », opérant comme un bras d’influence politique mondiale entre le Département d’État, le Pentagone et la CIA.

Il affirme que l’agence a déclaré le populisme comme une menace pour la démocratie, ce qui justifierait une « croisade de censure » contre les dirigeants politiques alignés sur ce mouvement dans différentes parties du monde.

« Lorsque des vagues populistes ont balayé le monde – aux États-Unis en 2016 avec Trump, et avec ce qui s’est passé dans toute l’Europe avec Marine Le Pen, Matteo Salvini et Nigel Farage – l’USAID a déclaré une guerre sainte de censure contre chacun de ces groupes populistes, y compris Bolsonaro », a déclaré Benz.

– « Sans interférence américaine, Bolsonaro serait encore président »

Benz a été catégorique en affirmant que l’USAID a eu un impact décisif sur le résultat des élections brésiliennes.

« Si l’USAID n’existait pas, Bolsonaro serait encore président du Brésil et le Brésil aurait encore un internet libre et ouvert », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’agence a investi des dizaines de millions de dollars dans des opérations d’influence au Brésil, y compris le financement de lois contre la désinformation et la pression sur le Tribunal Supérieur Électoral (TSE) pour censurer les publications de Bolsonaro sur les réseaux sociaux.

« C’est l’USAID qui a dépensé des dizaines de millions de dollars de l’argent des contribuables américains pour financer la pression visant à faire adopter des lois contre la désinformation au Congrès brésilien, finançant les avocats qui ont poussé le TSE à réprimer les tweets, les messages WhatsApp et Telegram de Bolsonaro ».

Il a également cité l’un des bénéficiaires de l’USAID, qui aurait publiquement déclaré que l’objectif était « d’éliminer l’échange international d’idées entre le mouvement Trump et le mouvement Bolsonaro ».

La censure au Brésil était « entièrement basée sur l’USAID »

Benz a comparé l’action de l’agence au Brésil à une gigantesque pieuvre monstrueuse de censure, affirmant que ses tentacules se sont étendus à travers tout l’écosystème d’information du pays.

Selon lui, l’USAID a financé des médias, des ONG et des groupes de plaidoyer pour contrôler le flux d’informations et réprimer les voix dissidentes.

« L’USAID dépense des milliards de dollars chaque année pour contrôler les médias », a dit Benz.

« Tous les principaux médias en Ukraine sont financés par l’USAID. Tous les principaux médias en Occident et dans de nombreuses parties de l’Afrique et de l’Asie centrale font aujourd’hui ce que la CIA faisait autrefois. »

Il a comparé la stratégie de l’USAID à l’Opération Mockingbird, un programme de la CIA dans les années 1950 et 1960 pour influencer les médias internationaux.

Tout le monde se souvient de l’Opération Mockingbird, n’est-ce pas ?”, demanda-t-il. “Eh bien, aujourd’hui, cela s’appelle Usaid Media Sustainability and Media Assistance.

Le journal indien Times of India publie l’article suivant :

Renforcement des capacités et ingérence étrangère : un ex-employé explique pourquoi l’USAID n’a « rien à voir avec l’aide« 
TIMESOFINDIA.COM / 3 février 2025, 18:20 IST

La carrière de l’ancien employé du gouvernement Mike Benz a été marquée par des apparitions de haut niveau dans les médias et une présence significative sur les plateformes sociales, en particulier X, où ses critiques ont attiré l’attention du milliardaire de la technologie Elon Musk.

Leur intérêt commun pour la liberté numérique et la responsabilité gouvernementale a aligné Benz avec Musk, alimentant ce que certains appellent la « guerre Trump-Musk contre l’USAID« .

Renforcement des capacités et ingérence étrangère : un ex-employé explique pourquoi l’USAID n’a rien à voir avec l’aide.

Mike Benz, ancien employé du Département d’État est devenu une figure clé dans le discours croissant autour des agences gouvernementales, en particulier l’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID).

Connu pour son travail en cybersécurité et en politique d’internet, Benz est passé du service gouvernemental à devenir un critique vocal de ce qu’il perçoit comme une hypertrophie gouvernementale, se concentrant sur des questions liées à la censure sur internet, la liberté d’expression et l’influence sur la politique étrangère.

Les critiques de l’USAID.

Benz a été franc concernant l’USAID, affirmant que l’agence opère au-delà de sa mission traditionnelle d’aide humanitaire.

Selon Benz, l’USAID s’engage dans des activités qui influencent la politique étrangère et pourrait même jouer un rôle dans la gestion du discours en ligne, soulevant des préoccupations concernant des agendas politiques déguisés en travail de développement.

Ses critiques suggèrent que l’agence est devenue un outil pour promouvoir des objectifs géopolitiques spécifiques, plutôt que de se concentrer uniquement sur les efforts humanitaires.

Benz décrit l’USAID comme l’entité centrale au sein de ce qu’il appelle le « triangle des établissements de politique étrangère« , aux côtés du Département d’État, du Département de la Défense (DOD) et de la communauté du renseignement.

Mike Benz décrit que ces agences gèrent les affaires de ce qu’il appelle « l’empire américain« , avec l’USAID jouant un rôle crucial dans la coordination d’activités qui vont au-delà de l’assistance humanitaire. « L’USAID ne concerne pas seulement l’aide« , affirme Benz.

« Il s’agit de renforcer et d’influencer le cours des événements dans des nations étrangères, souvent alignées avec les intérêts stratégiques des États-Unis.« 

Il argue que l’USAID a été créée dans les années 1960 pour rationaliser les opérations qui causaient auparavant des frictions entre le Pentagone, le Département d’État et la CIA.

Avant la création de l’USAID sous le président John F. Kennedy, ces agences se chevauchaient souvent dans leurs efforts de développement international, menant à des inefficacités dans l’exécution de la politique étrangère des États-Unis.

Benz affirme que, bien que l’USAID ait été conçue pour résoudre ces problèmes, elle est depuis devenue un organe influent capable de modeler la dynamique politique et sociale dans d’autres pays sous le prétexte de l’aide au développement.

– Implications.

Elon Musk a amplifié les critiques de Benz, s’engageant souvent avec son contenu sur X et exprimant ses propres préoccupations concernant le rôle de l’USAID.

Musk a publiquement qualifié l’USAID « d’organisation criminelle » et a appelé à sa dissolution, s’alignant sur des efforts plus larges sous le second mandat du président Trump pour restructurer ou démanteler des agences gouvernementales perçues comme inefficaces ou politiquement biaisées.

Et l’influence de Musk va au-delà de la rhétorique. Par le biais de son implication avec le récemment formé « Département de l’Efficacité Gouvernementale » (DOGE), Musk aurait joué un rôle dans la défense des réformes ciblées sur l’USAID.

Cela inclut la suppression de responsables de sécurité clés au sein de l’agence, perçus comme des obstacles à l’agenda de réforme du gouvernement Trump.

La « Guerre contre l’USAID ».

La soi-disante « guerre Trump-Musk contre l’USAID » reflète un mouvement politique plus large visant à redéfinir le rôle des institutions gouvernementales américaines.

Les apparitions de Benz résonnent particulièrement dans les cercles conservateurs, où les préoccupations concernant l’excès de gouvernement et le manque de transparence sont prédominantes.

– «USAID EST DIRIGÉE PAR DES EXTRÉMISTES FOUS

Le président américain Trump a affirmé que l’agence américaine pour l’aide extérieure est dirigée par des « extrémistes fous« , qui doivent être expulsés, justifiant ainsi la décision de mettre les employés de l’organisme en congé forcé.

L’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) « est dirigée par des extrémistes fous » et la Maison Blanche essaie de « les expulser« , a déclaré dimanche Donald Trump à la presse.

« Nous prendrons ensuite une décision« , a-t-il ajouté, en référence à l’avenir de l’agence.

L’administration américaine a écarté deux chefs de sécurité de l’USAID après qu’ils aient refusé de remettre du matériel confidentiel au Département de l’Efficacité Gouvernementale, connu sous le nom de DOGE, dirigé par Elon Musk, ont rapporté dimanche deux sources à l’agence de presse Associated Press (AP).

L’AP, qui identifie les sources comme un employé actuel et un ancien employé des États-Unis, indique que les membres du DOGE ont finalement obtenu samedi l’accès à des informations confidentielles de l’USAID, incluant des rapports de services secrets, auxquels l’accès leur avait été précédemment refusé.

Le directeur de la sécurité de l’USAID, John Vorhees, et son adjoint Brian McGill ont été mis en congé, selon les sources de l’AP.

Le DOGE fait partie du gouvernement et a été chargé par Trump d’identifier des moyens de réduire les coûts de l’administration publique.

Les sources ont parlé sous condition d’anonymat car elles n’étaient pas autorisées à partager ces informations, explique l’agence de presse.

Un jour plus tôt, le DOGE a mené une opération similaire au Département du Trésor, obtenant l’accès à des informations sensibles du système d’attribution des fonds et des paiements, incluant les clients de la Sécurité Sociale et du Medicare, le système d’assurance santé géré par le gouvernement américain pour les personnes de plus de 65 ans.

Le Washington Post a indiqué dans son édition de vendredi que le sous-secrétaire intérimaire du Trésor, David Lebryk, aurait démissionné après plus de 30 ans de service après que le DOGE ait demandé l’accès à des données confidentielles du département.

– George Soros et la connexion avec l’Usaid.

Benz a expliqué comment l’USAID oriente les ressources vers les organisations qui partagent ses objectifs.

Il a cité Fair and Just Prosecution, une ONG qui conseille les procureurs et qui est financée par le milliardaire George Soros.

« L’USAID a donné 27 millions de dollars au sponsor fiscal du groupe de procureurs de contrôle de Soros », a-t-il révélé.

« Ce groupe a reçu plus d’argent de l’USAID que de George Soros lui-même. »

Il a également mentionné le Tide Center, un sponsor fiscal qui a reçu un financement de l’USAID et qui est un groupe leader derrière le mouvement Black Lives Matter.

Pour Benz, l’USAID a utilisé les ressources publiques américaines pour interférer directement dans la politique intérieure d’autres pays, dont le Brésil, dans le but de réprimer les mouvements populistes et de contrôler le flux d’informations.

« Ils éliminent le populisme national parce qu’il fait obstacle à leurs objectifs de politique étrangère »

Des informations peuvent être trouvées dans la vidéo sous-titrée ci-dessous : https://x.com/i/status/1886373455441858675

Le fait est que ce sujet donnera encore beaucoup à dire…

Source : https://nopontodofato.com/noticia/8672/usaid-sabotou-bolsonaro-no-pleito-de-2022

La recherche de l’unité de la connaissance dans l’unité de la conscience de soi. Chapitre 49 du cours de philosophie par Olavo de Carvalho.

Voici tout d’abord les autres chapitres de ce cours 5 pour situer un peu :

  • 43. La dialectique de la compréhension.
  • 44. La logique est utilisée certaines fois pour camoufler l’expérience réelle.
  • 45. Science moderne et camouflage.  
  • 46. Validation de l’expérience commune.  
  • 47. Universaux abstraits.
  • 48. Le contenu dramatique de la thèse philosophique.
  • 49. La recherche de l’unité du savoir dans l’unité de la conscience de soi.
  • 50. Les différentes conceptions de la foi.
  • 51. Exclusion et dépassement.
  • 52. Évocation des expériences du philosophe.
  • 53. Exercice de Présence dans l’Univers.

Voici le chapitre 49 du Cours 5 qui débute à la page 32 du livre «Cours de philosophie par Olavo de Carvalho» puis nous exposerons au final différents points.

« Il n’y a d’unité de connaissance que dans l’unité de conscience de soi en Dieu, et la philosophie cherche à en acquérir et à en conserver une partie

L’oubli nous hantera toujours et un sillon doit être creusé dans notre personnalité qui est celui du sens du rôle de l’ignorance dans notre investigation philosophique. 

De nombreux scientifiques célèbres parlent comme si les connaissances qu’ils possèdent dans un domaine spécialisé leur donnaient autorité pour se prononcer sur n’importe quel sujet. 

Et c’est pourquoi ils ignorent même la situation réelle à partir de laquelle ils écrivent, montrant qu’ils se sont laissés capturer par la capacité d’abstraction et sont entrés dans l’aliénation, c’est-à-dire qu’ils ont commencé à ignorer la structure de la réalité et se sont lancés dans une action cognitivement irresponsable – hypnotique et auto-hypnotique – dans un théâtre mental créé par eux. 

Chesterton disait que la différence entre le poète et le fou est que le poète met sa tête dans le monde et le fou met le monde dans sa tête. 

Nous n’avons pas inventé le monde, nous ne l’embrasserons jamais, nous ne pouvons que nous ouvrir à lui et laisser la réalité nous enseigner. 

Mais la précipitation à tirer des conclusions et à vouloir boucler la boucle amène à la folie et c’est aussi pourquoi le vote d’abstinence en matière d’opinion est important.« 

Pour développer ce chapitre du cours de philosophie d’Olavo de Carvalho, nous allons explorer plusieurs dimensions clés de la recherche de l’unité de la connaissance dans l’unité de la conscience de soi.

– L’Unité de la Connaissance dans l’Unité de la Conscience de Soi en Dieu.

  • Unité dans la Conscience de Soi : Olavo de Carvalho pose que la véritable unité de la connaissance ne peut être atteinte que dans une conscience de soi qui se reconnaît dans une relation avec le Divin. Cette unité n’est pas simplement intellectuelle mais existentielle, où la connaissance est vue comme une partie d’une totalité plus vaste, un reflet de l’unité divine.
  • Philosophie comme Partie de la Connaissance Divine : La philosophie, dans cette perspective, est une tentative humaine de comprendre et de conserver une fraction de cette connaissance unifiée. Elle est un voyage de l’âme cherchant à se reconnecter avec cette unité originelle, une quête pour la sagesse qui transcende les connaissances fragmentées de notre expérience quotidienne.

– L’Oubli et le Rôle de l’Ignorance.

  • L’Oubli comme Partie de l’Investigation : L’oubli est vu comme une constante dans la vie humaine, un rappel que notre connaissance est toujours incomplète. Carvalho suggère que nous devons creuser un sillon dans notre personnalité pour reconnaître l’importance de l’ignorance dans notre quête philosophique. C’est cette reconnaissance de notre ignorance qui nous pousse à une investigation plus profonde et authentique.

– La Critique des Scientifiques et l’Aliénation Cognitive.

  • Fausse Autorité des Spécialistes : De nombreux scientifiques, selon Carvalho, se trompent en croyant que leur expertise dans un domaine leur donne une autorité universelle. Cette arrogance mène à une forme d’aliénation où l’individu perd de vue la réalité globale, capturé par sa propre capacité d’abstraction.
  • Aliénation et Hypnose Cognitive : Cette aliénation est décrite comme une sorte d’hypnose, où l’esprit se perd dans un théâtre mental de sa propre création, ignorant la structure fondamentale de la réalité. C’est une action cognitivement irresponsable, où on se coupe de l’expérience directe du monde.

– La Métaphore de Chesterton.

  • Poète vs. Fou : G.K. Chesterton offre une image puissante avec la comparaison entre le poète qui met sa tête dans le monde pour le comprendre et le fou qui met le monde dans sa tête, le remodelant selon ses propres illusions. Carvalho utilise cette métaphore pour montrer que le philosophe doit chercher à comprendre le monde tel qu’il est, non pas comme il le voudrait ou le projette.

– L’Importance de l’Ouverture et de l’Abstinence d’Opinion.

  • Ouverture à la Réalité : Nous ne sommes pas les créateurs du monde, et notre compréhension de celui-ci est toujours partielle. L’ouverture est donc essentielle, permettant à la réalité de nous enseigner plutôt que d’imposer nos propres schémas de pensée.
  • Vote d’Abstinence : La précipitation à conclure et à systématiser peut nous mener à la folie. Ainsi, il est crucial de parfois s’abstenir de donner des opinions définitives, reconnaissant les limites de notre connaissance actuelle. Cette abstinence est une forme de sagesse, une reconnaissance humble de l’immensité de ce qui reste à apprendre et à comprendre.

En conclusion, ce chapitre de Carvalho met en lumière une philosophie qui cherche l’unité de la connaissance à travers une conscience de soi profondément enracinée dans une réalité plus vaste, reconnaissant l’importance de l’ignorance, critiquant l’aliénation cognitive et prônant une approche humble et ouverte à la vérité du monde.

Plus dans le livre «Cours de philosophie d’Olavo de Carvalho».

Peuples autochtones d’Amazonie avec Aldo Rebelo. Démarcations & groupes de pression.

Voici la traduction écrite en français de cet audio d’Aldo Rebelo. L’audio original en portugais se trouve à la fin de cet article.

Aldo est un ancien ministre de la défense, mais aussi ministre de la science, technologie et innovation et il a plus de 6 mandats de député fédéral.

«Le Brésil a déjà délimité 14 % de son territoire pour les indigènes, une superficie deux fois plus grande que celle de la France !

Et pour une population qui ne représente même pas 1 % de la population brésilienne.

Pour donner une idée, le territoire Yanomami s’étend sur 971 000 kilomètres carrés, soit 9,6 millions d’hectares.

Et pourtant, les Yanomamis vivent dans une situation de pénurie, de malnutrition, de faible revenu, sans infrastructure, sans électricité, sans eau potable, sans écoles de qualité, sans soins.

En d’autres termes, cela montre que des zones gigantesques ne protègent pas les intérêts et les droits des populations indigènes. Ces zones protègent en fait les intérêts internationaux de ceux qui veulent immobiliser des zones frontalières minérales et agricoles de l’Amazonie.

C’est le point crucial.

Les Indiens demandent de l’infrastructure, des routes, de l’électricité, de l’eau potable. Des équipements agricoles, des machines, des écoles techniques de qualité.

Isoler les Indiens et les faire vivre dans des zones gigantesques de cueillette et de chasse, c’est les laisser comme nos ancêtres ont vécu au Néolithique, même avant l’agriculture intensive, il y a plus de 12 000 ans, c’est le « droit” d’une anthropologie coloniale. Ce n’est pas dans l’intérêt des populations indigènes.

Les populations indigènes ont le droit de choisir si elles veulent continuer à vivre dans l’état de cueillette et de chasse ou si elles veulent s’intégrer aux acquis des sociétés contemporaines. Cela ne peut être imposé ni par l’État ni par les organisations non gouvernementales.

Ce que l’État doit obligatoirement offrir aux populations indigènes, ce sont les services publics accessibles à toute la population brésilienne. École de qualité, infrastructure, service d’eau potable, service d’électricité, service de transport.

Et les Indiens choisirons quoi? Je suis sûr qu’ils ne veulent pas continuer à vivre de la chasse et de la cueillette.

J’ai visité de nombreuses populations indigènes. La première chose qu’ils demandent, c’est un fusil de chasse pour remplacer l’arc et la flèche. Car il est beaucoup plus facile de chasser avec un fusil de calibre 20 que de nourrir de nombreux enfants avec un arc et des flèches.

C’est ce qu’ils demandent en plus des machines agricoles. Il est beaucoup plus facile de cultiver avec des machines agricoles que de planter du manioc traditionnellement. C’est l’option qui devrait être offerte.

Maintenant, ce que fait cette anthropologie coloniale, c’est d’essayer d’imposer aux populations indigènes le mode de vie de leurs ancêtres, comme s’ils devaient encore vivre au Néolithique. Mais les populations indigènes ne veulent pas cela et veulent s’intégrer à la société nationale.

Les adolescentes et adolescents indigènes veulent partager la vie avec les autres adolescents du pays. Ils ne veulent pas vivre isolés dans la forêt qui est une pensée imposée aux populations indigènes.

Ceux qui souhaitent s’isoler sans avoir accès ou sans partager les services contemporains de santé, d’éducation, de technologie, de communication, de téléphone portable, de télévision ok c’est une option.

Maintenant, je ne connais aucune population indigène qui ait choisi cette option. Tous veulent avoir accès à l’électricité, à l’eau potable, à l’école, au téléphone portable, à l’automobile. Tous veulent y accéder. Ils veulent entrer à l’université. Et cela ne devrait pas être bloqué pour les populations indigènes.

Ce qui est en jeu concernant les populations indigènes, c’est ce que le théologien américain William Cavanaugh a appelé la corruption de la vertu. Qu’est-ce que la corruption de la vertu ? C’est l’utilisation de causes vertueuses pour atteindre des intérêts qui ne sont pas du tout vertueux.

C’est une instrumentalisation de la défense de la démocratie, de la liberté, des droits humains, des populations indigènes et de l’environnement. Il s’agit d’un agenda contemporain et global. Tout cela est utilisé pour un processus de domination. Ce n’est pas nouveau.

Qu’est-ce qu’Hitler a utilisé comme prétexte pour envahir la Pologne et la Tchécoslovaquie ? La défense de la minorité nationale allemande qui était opprimée, et c’est pour cela qu’il a envahi la Pologne et la Tchécoslovaquie en prétextant une cause noble qui est la défense d’une minorité nationale. Mais en réalité, c’était la défense des intérêts expansionnistes allemands.

Qu’est-ce que les États-Unis ont fait au Vietnam ?  Le livre «Americain tranquille»de Graham Greene explique cette manipulation sociale.

Qu’est-ce que l’américain tranquille ? C’est l’histoire d’un citoyen qui, en soit disant “défendant la démocratie », a placé une bombe au centre de Saigon et a tué des centaines de civils parce qu’il disait que c’était une façon de défendre la démocratie contre la menace du communisme.

L’environnement est une cause universelle instrumentalisée. Cette cause est utilisée pour exercer une pression des puissances occidentales sur l’Amazonie brésilienne, et les populations Indigènes. Et la population du pays la plus négligée, la plus abandonnée, c’est la population indigène.
La société brésilienne a une grande dette envers les indigènes en raison de cet abandon, de cette négligence mais les intérêts internationaux ne veulent pas protéger les Indiens.

Ils veulent utiliser cette minorité indigène contre la majorité nationale brésilienne pour diviser le pays, pour générer une dissension, un conflit entre une minorité nationale indigène et la majorité nationale. Et nous ne pouvons pas accepter cela.

La cause indigène est une cause sacrée, légitime, juste. Mais cela concerne les Brésiliens.

Le géopoliticien français, Pascal Boniface, a écrit un livre « Les Guerres de demain » avec un chapitre sur les guerres de l’environnement, où il dit que les puissances pourraient s’unir, sous prétexte de défendre les droits humains et occuper l’Amazonie.

Cela repose sur ce concept de corruption de la vertu.»

“La grande Hydroroute”, ou la bataille d’intégration du Paraguay-Paraná contre les intérêts géopolitiques de l’appareil environnementaliste international.

Plus dans le livre :

«Amazonie Politique.: Démarcation des terres & ONGs globalistes

Lien pour le livre ici : https://amzn.eu/d/fOVG2FU

En regardant la carte de l’Amérique du Sud, il est facile de voir que l’axe naturel d’intégration du sous-continent dans la direction nord-sud est formé par les rivières Orénoque, Nègre, Amazone, Madeira, Guaporé, Paraguay, Paraná et Plata, qui s’emboîtent entre les Andes et le Cerrado, s’étendant sur environ 10 000 km, interrompu par un seul « point sec » situé entre les bassins de l’Amazone et du Paraguay-Paraná-Plata.



L’importance stratégique de cette ligne d’intégration pour l’intérieur sud-américain, connue sous le nom de « Grande Hydroroute » par l’ingénieur et professeur Vasco de Azevedo Neto, avait déjà été reconnue à la fin du XVIIIe siècle par le gouverneur de la province de Mato Grosso, le Capitão-General Luís Albuquerque de Melo e Cáceres, et au début du XIXe siècle par le naturaliste allemand Alexander von Humboldt.

En juin 1992, les gouvernements de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay ont signé l’accord sur le transport fluvial par l’Hydroroute Paraguay-Paraná lors d’une réunion à Las Leñas, en Argentine, établissant des plans pour garantir la navigation avec un tirant d’eau de six pieds (1,80 m) sur un tronçon de 3 442 kilomètres entre Cáceres (MT) et Nueva Palmira (Uruguay).

Immédiatement, l’appareil environnementaliste international a commencé à se mobiliser pour empêcher le projet !

Au début de 1993, l’ONG américaine « Wetlands for the Americas » a publié un rapport intitulé « Analyse Environnementale Initiale de l’Hydroroute Paraná-Paraguay », financé par la « W. Alton Jones Foundation », une ONG du magnat du pétrole et président du conseil de « Cities Service Company », qui soulignait la « vulnérabilité » du Pantanal (une vaste zone de marais et de plaines inondables) à Mato Grosso comme le principal obstacle au projet.

À partir de là, l’appareil environnemental international a commencé à diffuser l’idée de « l’intouchabilité » du Pantanal, élevé au statut de « sanctuaire écologique », qui, selon certaines évaluations alarmistes, pourrait même « sécher » sans le précieux soutien des financements traditionnels…

Depuis 1994, le « WWF » a sponsorisé une série d’expositions photographiques au Brésil et à l’étranger, ce qui a conduit à la création de l’ONG « Living Rivers », avec d’autres ONG internationales, spécifiquement chargée d’empêcher la mise en œuvre de l’hydroroute. Parmi ses membres figuraient l' »American International Rivers Network » et l' »Environmental Defense Fund », la hollandaise « Both Ends », « Ação Ecológica (ECOA) », « Instituto Centro de Vida (ICV) », « Ecotrópica » de Cuiabá (MT), et « CEBRAC » de Brasília (DF).

Au milieu des années 2000, le gouvernement de Mato Grosso et les entreprises « American Company of River Transport (ACBL) » et « Inter-American Navigation and Commerce Company (CINCO) » ont signé un accord pour la construction d’un terminal multimodal portuaire-ferroviaire à Morrinhos, à 85 km de Cáceres, représentant un investissement de 12 millions de dollars.

Par la suite, le processus de licensing environnemental pour le projet a débuté, mais le 3 janvier 2001, le juge Tourinho Neto, président de la 1ère Région du Tribunal Régional Fédéral (TRF) à Brasília, a partiellement maintenu une injonction accordée le 19 décembre par le juge J. Sebastião da Silva de la 3e Vara Fédérale de Mato Grosso, obligeant l' »IBAMA » à émettre une seule licence environnementale pour tout le tronçon brésilien de l’hydroroute (MT et MS).

L’injonction a été accordée suite à une action civile publique intentée par le Procureur Général de la République de Mato Grosso, Pedro Taques, avec les procureurs Gerson Barbosa et Fania Helena Amorim, demandant l’annulation de tous les processus d’autorisation environnementale pour l’hydroroute et la réalisation d’une seule étude d’impact environnemental pour toutes les œuvres dans le cadre de l’hydroroute, incluant les dragages, l’entretien et la construction de routes d’accès aux ports et terminaux.

Depuis lors, en raison des injonctions accordées par la justice fédérale, un impasse juridique absurde prévaut sur la section brésilienne de l’hydroroute, imposant un embargo à l’installation de nouveaux ports ou à l’expansion de ceux existants, ainsi qu’aux travaux d’accès aux terminaux.

Ainsi, à la fin de 2004, les gouvernements de Mato Grosso et Mato Grosso do Sul ont décidé d’entreprendre une action légale pour faire appel de la décision judiciaire qui empêche la mise en œuvre complète et l’utilisation de l’hydroroute, se concentrant sur deux aspects :
Les questions légales, environnementales et techniques ;
Les questions administratives, comme l’envoi d’une demande aux gouvernements des états et aux entreprises de navigation pour suspendre immédiatement les restrictions imposées à la navigation.

Par une coïncidence très suspecte, un mois après l’initiative des gouvernements d’état, l’ONG américaine « The Nature Conservancy (TNC) » a annoncé un programme de 2,5 millions de dollars pour la conservation des bassins du Paraguay et du Paraná, y compris la région du Pantanal.

Malgré certains avantages ponctuels, l’objectif non déclaré du programme est de rendre impossible la mise en œuvre de l’hydroroute jusqu’à Cáceres (MT) en raison d’une prétendue incompatibilité avec la conservation des rivières et du Pantanal.

Les intérêts géopolitiques de l’établissement anglo-américain émergent mal dissimulés dans la justification du programme, comme l’affirme la représentante de « The Nature Conservancy (TNC) » au Brésil, Ana Cristina Ramos : « La principale menace pour le Pantanal est l’expansion de l’agriculture et de l’élevage, et la destruction des forêts riveraines du Cerrado. »

Elle affirme également que, selon sa vision, l’agriculture est l’un des facteurs qui ont presque détruit la forêt du Mississippi. Il y a huit décennies, cette région des États-Unis était dans un état de développement similaire à celui du Centre-Ouest brésilien, et à grande échelle, l’utilisation des rivières pour la production d’énergie et l’agriculture a asséché les marais. « Les changements qui ont déjà eu lieu dans le bassin du Mississippi sont effrayants, et nous voulons éviter que le Pantanal subisse le même sort », souligne João Campari, directeur de l’ONG.

Cela signifie essentiellement que, selon cette conception, au nom d’impacts environnementaux hypothétiques, la zone d’influence de l’Hydroroute Paraguay-Paraná ne peut pas atteindre un développement similaire à celui fourni par l’extraordinaire système hydroviaire Mississippi-Missouri-Ohio, sans lequel il n’y aurait pas le fameux « Cinturon Vert Américain », et sans lequel, à son tour, les États-Unis ne seraient pas les plus grands producteurs agricoles du monde !

Le 4 mars 2005, le gouvernement de Mato Grosso a organisé un grand séminaire international sur l’infrastructure multimodale à Cuiabá, où l’hydroroute était l’un des principaux sujets discutés.

L’hôte du séminaire, le Gouverneur Blairo Maggi, a clairement indiqué qu’il y aurait besoin de coopération entre le gouvernement, le ministère public et le judiciaire pour trouver une sortie de l’impasse technique-juridique qui empêche le développement complet de l’hydroroute.

L’importance stratégique du mode fluvial pour Mato Grosso a été expliquée par le Secrétaire d’État pour l’Infrastructure, Luiz Antonio Pagot, dans une interview publiée en avril 2005 par le magazine « Tecnologística » :
« Mato Grosso est l’état des eaux. Si la loi nous permet de transformer nos hydroroutes en routes navigables, nous contribuons de manière décisive au développement de la région et à la réduction des coûts de transport de nos produits. Cela signifie principalement réduire les coûts des aliments et générer des emplois et des revenus dans la construction navale. »

Pagot a décrit les complexes hydrologiques formés par les rivières Mortes-Araguaia, Teles Pires-Tapajós et Guaporé, dont la navigation peut être pleinement habilitée avec la mise en œuvre de certains projets hydroélectriques et d’écluses.

Concernant l’Hydroroute Paraguay-Paraná, il a été catégorique : « Dans certains tronçons, on peut dire qu’il y a un début d’infrastructure hydrologique, mais c’est encore loin d’être comme les canadiennes, américaines ou européennes. »

Il est donc nécessaire de nettoyer les canaux, de reconstruire les ponts bas et étroits et de consolider les berges pour prévenir l’ensablement des rivières. Et il a souligné : « Comme si tout cela n’était pas suffisant, nous avons l’ignorance totale de procureurs payés ou de pseudo-écologistes internationaux qui ne savent même pas ce qu’est une vague et le bien qu’elle fait pour les berges en prévenant l’érosion. Mais nous voyons des rapports de ces autorités qui sont purement absurdes. Personne ne veut contourner les lois environnementales, mais nous voulons être indépendants. Que les décisions sur les hydroroutes soient brésiliennes et non influencées par des organisations qui défendent des emplois dans l’hémisphère Nord ! Les hydroroutes ne sont pas un problème, mais une solution pour le Brésil. »

Dans le même magazine, Michel Chaim de « Cinco & Bacia », l’un des plus grands opérateurs de navigation de la région, a critiqué l’excès de bureaucratie et les actions gouvernementales indéfinies qui rendent le développement de l’hydroroute impossible et a fortement critiqué l’appareil écologique international :
« Nous avons toujours su du terrorisme environnemental ! Nous souffrons des actions de procureurs environnementaux qui, en accord avec des ONG environnementales étrangères, imposent un pacte démoniaque pour empêcher le développement du Brésil. »

Michel Chaim souligne que la responsabilité environnementale est indiscutable et doit être observée, mais il assure que : « Cependant, en tant que citoyen et entreprise brésilienne, génératrice d’emplois et payeuse de taxes, nous ne pouvons pas accepter l’utilisation des questions environnementales comme moyen de subsistance pour des milliers d’ONG ! Elles sont financées par du capital étranger avec des versions fantastiques et irrationnelles qui ne résistent pas au moindre argument technique. Contre ces ennemis du Brésil, nous sommes et serons des adversaires féroces. »

Il reste optimiste sur l’avenir du mode fluvial dans le pays et estime qu’à long terme, s’il y a une interconnexion de la route fluviale avec les rivières Madeira et Jauru dans le bassin amazonien, il sera possible d’établir un système multimodal de 10 000 kilomètres de Buenos Aires jusqu’à Iquitos, au Pérou.

C’est une perspective d’intégration pour l’intérieur de l’Amérique du Sud qui inquiète ceux qui sont dupés par le discours de la « mafia environnementale internationale » et perturbe beaucoup de têtes parmi les plus puissants de l’hémisphère Nord !

Les ONGs qui pullulent au Brésil et leur manque de contrôle et de transparence.

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«Amazonie Politique :
Démarcation des terres
& ONGs globalistes.»

Depuis les années 2000 il existe un processus d’accélération de prise de conscience concernant la nature anti-développementaliste des objectifs politiques du mouvement international environnementaliste\indigéniste et ses ramifications actives au Brésil.

L’objectif du livre «Amazonie Politique» est de continuer cette accélération de prise de conscience en faveur du développement socio-économique et de la défense de la souveraineté de l’État national contre les ingérences exogènes délétères. Ce sont celles que représente l’appareil environnementaliste-indépendantiste international et son armée irrégulière d’ONGs.

Il existe une frustration et une forte critique envers ces ONGs et les figures associées pour diverses raisons: l’exploitation des terres indigènes, l’influence de l’aide étrangère, et la gestion des droits des populations autochtones.
Par exemple, une critique pointe vers la négligence des communautés autochtones, suggérant une politique indigène inefficace ou biaisée.
Une autre critique souligne l’intérêt des indigènes pour des services de base comme l’eau potable et l’électricité plutôt que pour l’acquisition de plus de terres, reflétant peut-être un désarroi avec la manière dont les politiques indigènes sont mises en œuvre et instrumentalisées par les ONGs et intérêts internationaux.

Au Brésil, seulement 6 % des eaux usées reçoivent un traitement et 40 % de la population n’a pas accès à l’eau traitée !
Les indiens sont isolés par décret exécutif, sans accès à l’électricité ni à l’égout, sans possibilité de se développer alors que les ONGs et financements internationaux prolifèrent.
Une étude présentée en 2004 par la coordination des études supérieures et de la recherche en ingénierie de l’université fédérale de Rio de Janeiro (COPPE-UFRJ) a révélé que 68% des cas de maladies du réseau hospitalier public étaient causés par de l’eau contaminée, avec un coût mensuel de 250 millions de reais rien que pour s’occuper de tels cas.

Malgré l’élargissement de la compréhension à ce sujet, le mouvement environnementaliste-indigéniste a atteint ce qui pourrait être le sommet de son influence dans le pays brésilien. Le mouvement est devenu une partie importante de la structure du pouvoir, interférant directement dans les politiques publiques et dans les activités des secteurs productifs les plus divers, agissant comme nous allons le voir comme un obstacle à celles-ci.

La nomination récente de la sénatrice Marina Silva au ministère de l’environnement du gouvernement Lula a symbolisé le plein accès des intérêts environnementalistes globalistes  au sommet du pouvoir brésilien.
Au cours de son administration, les postes clés de la structure du ministère de l’Environnement et de “l’institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA)” ont été occupés par certains des principaux dirigeants du réseau environnemental du pays.
D’après des calculs effectués dès 2007, on pouvait déjà constater que le Brésil était devenu le paradis des ONG.
À cette époque, le nombre d’organisations non gouvernementales tournait autour de 250 000, avec des financements fédéraux d’environ 3 milliards de réaux.

Aujourd’hui, les estimations indiquent qu’il y a près de 850 000 ONG actives dans le pays, recevant plus de 18 milliards de réaux par an en subventions fédérales.
Ce qui est le plus préoccupant dans ce contexte, c’est que le gouvernement fédéral n’a pas d’enregistrement fiable des véritables services rendus par ces organismes, où ils agissent réellement et comment ils agissent.

Avec ce manque de contrôle souvent volontaire,  les accusations de corruption et d’ingérence de ces entités dans les affaires de l’État, y compris celles de sécurité nationale, abondent.

Des projets proposant une réglementation et même l’établissement d’un cadre réglementaire pour les ONG dorment depuis des années dans les tiroirs du Palais du Planalto et du Congrès National.

La Commission d’Enquête Parlementaire des ONGs a estimé qu’il y avait plus de 100 000 organisations de ce type qui opéraient effectivement en Amazonie, la plupart étant directement ou indirectement liées à des organismes internationaux et ayant des objectifs peu clairs ou même très suspects.
Il y a des centaines d’exemples mais citons ici Willem Pieter Groeneweld,  fondateur de “l’Institut de Préhistoire, d’Anthropologie et d’Écologie” à Porto Velho, Rondônia, avec le soutien de l’ONG suédoise “Les Amis de la Terre”.
Il a organisé les récolteurs de caoutchouc et travaillé comme consultant pour des entreprises minières tout en étant soutenu par “l’ACDI” pour la conférence de “Rio-92”.
Ses activités ont inclut le rôle d’agent d’influence à Acre et la collaboration avec l’ambassade du Canada.

Dans son témoignage devant la commission d’enquête parlementaire (CPI) du sénat fédéral sur les ONGs, en mai 2001, le journaliste Lorenzo Carrasco, coordinateur éditorial du livre “mafia verte : l’environnementalisme au service du gouvernement mondial”, a mis en garde contre l’influence croissante que les organisations non gouvernementales ont acquises, en particulier dans la définition des politiques qui devraient être élaborées et mises en œuvre par l’État national brésilien !

À cette occasion, il a déclaré :
«Il convient de noter que les principales sources de financement des ONGs de l’appareil environnementaliste et indigéniste sont des dons de ces sociétés multinationales et des familles oligarchiques fondées par les familles oligarchiques de l’hémisphère Nord (Ford, Rockefeller, MacArthur), ainsi que des organismes de financement officiels des principales puissances du G-7.
Parmi ces derniers, l’USAID (qui dépend du département de la défense américain), le DFID (Angleterre), l’ACDI (Canada) et d’autres se distinguent.”

Par conséquent, il n’est pas surprenant que «l’agenda» de l’appareil environnementaliste indigéniste soit éclairé par de tels centres de pouvoir hégémonique, et non par les véritables intérêts de l’action nationale brésilienne.

La promiscuité entre les dirigeants des ONGs et du gouvernement est également mise en évidence par le géographe Demétrio Magnoli, lorsqu’il révèle que “l’Oxfam”, l’ONG britannique, qui a fourni d’anciens directeurs pour le gouvernement britannique et aussi pour le ministère des finances de l’Ouganda, siège à la direction de “l’ABONG, association brésilienne des ONGs”, un «syndicat patronal» de ces organisations au Brésil.

“L’ABONG, l’association brésilienne des ONGs”, est un «syndicat patronal» de ces ONGs au Brésil qui explique que les ONGs sont «non gouvernementales» en ce qui concerne la définition de leurs programmes, mais «gouvernementales» en termes de sources de financement…

Commentant le sujet, dans un article cinglant intitulé «suivez l’argent», le journal “folha de S. Paulo”, du 17 février 2005, le géographe Demétrio Magnoli, de l’université de São Paulo, affirme sans réserve que la majorité absolue des ONGs :

a) sont financées par des institutions mondiales comme “l’ONU” et autres groupes transnationaux, ainsi que par des gouvernements étrangers ;

b) sont des groupes d’intérêts privés dotés d’un pouvoir de pression et capables de détourner des ressources publiques vers un agenda politique qui n’a pas été défini par les citoyens et qui échappe donc au contrôle des mécanismes institutionnels de la démocratie ;

c) constituent une élite organisée en concurrence déloyale avec les secteurs désorganisés de la population.

Une enquête réalisée par le centre d’études des ONGs de la Fundação Getúlio Vargas, à travers des questionnaires auxquels ont répondu plus de 3 000 ONG, en septembre 2003 révèle que 55% d’entre elles utilisent des ressources publiques brésiliennes.

L’entrecroisement des ONGs et du gouvernement a conduit l’ancien président Fernando Henrique Cardoso (lui-même fondateur des premières ONGs brésiliennes, dont le “centre brésilien d’analyse et de recherche-CEBRAP” avec des fonds venant de la “fondation Ford”), à les qualifier «d’organisations néo-gouvernementales».

«Où se situe la ligne de démarcation entre les ONG et le gouvernement ?
Les ONG sont devenues un bras de l’État», déclare Ana Toni, directrice exécutive de la “fondation Ford” au Brésil.

Les politiciens se sont rendus incapables, jusqu’à présent, d’envoyer des troupes pour occuper la région avec des lois même qui empêchent l’armée de rentrer dans certains territoires. Il existe notamment la loi OIT 169 créé par Fernando Henrique Cardoso qui vise à éloigner l’armée et la police des opérations de contrebande de minerais et de drogue.

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«Amazonie Politique : Démarcation des terres & ONGs globalistes.»

Nous développerons 5 points clés dans cet article :

1) Les ONGs qui pullulent et leur manque de contrôle et de transparence.

2) La paralysation d’infrastructures clés, avec des politiques de « balkanisation » et de domination financière.

3) L’utilisation d’histoires théologiques et d’ingénierie sociale.

4) L’égide d’organisations et de conférences internationales.

5) Transformer les conflits locaux en luttes internationales, soutenues par des réseaux transnationaux.

6) Exemple de la Banque Mondiale qui est clairement contre le développement de certains pays.

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Plus dans le livre «Amazonie Politique : démarcation des terres & ONGs globalistes.»

1) Les ONGs qui pullulent et leur manque de contrôle et de transparence.

D’après des calculs effectués dès 2007, on pouvait déjà constater que le Brésil était devenu le paradis des ONG.

À cette époque, le nombre d’organisations non gouvernementales tournait autour de 250 000, avec des financements fédéraux d’environ 3 milliards de réaux.

Aujourd’hui, les estimations indiquent qu’il y a près de 850 000 ONG actives dans le pays, recevant plus de 18 milliards de réaux par an en subventions fédérales.
Ce qui est le plus préoccupant dans ce contexte, c’est que le gouvernement fédéral n’a pas d’enregistrement fiable des véritables services rendus par ces organismes, où ils agissent réellement et comment ils agissent.

Avec ce manque de contrôle souvent volontaire,  les accusations de corruption et d’ingérence de ces entités dans les affaires de l’État, y compris celles de sécurité nationale, abondent.

Des projets proposant une réglementation et même l’établissement d’un cadre réglementaire pour les ONGs dorment depuis des années dans les tiroirs du Palais du Planalto et du Congrès National.

La Commission d’Enquête Parlementaire des ONGs de 2003 a estimé que parmi les organisations de ce type qui opéraient effectivement en Amazonie, la plupart des ONGs étaient directement ou indirectement liées à des organismes internationaux et ayant des objectifs peu clairs ou même très suspects.

Riche en minéraux considérés d’un intérêt stratégique extrême, comme le niobium, utilisé dans divers composants de l’industrie aérospatiale, entre autres éléments chimiques, et possédant la plus grande réserve mondiale d’eau potable, l’Amazonie brésilienne est de plus en plus convoitée à l’échelle mondiale, sans réponse effective de la part des autorités hypocrites et vendues.

Les politiciens se sont rendus incapables, jusqu’à présent, d’envoyer des troupes pour occuper la région avec des lois même qui empêchent l’armée de rentrer dans certains territoires. Il existe notamment la loi OIT 169 créé par Fernando Henrique Cardoso qui vise à éloigner l’armée et la police des opérations de contrebande de minerais et de drogue.

2) La paralysation d’infrastructures clés, avec des politiques de balkanisation et de domination financière.

Abordons maintenant la complexité et les implications de la démarcation des terres autochtones au Brésil, en particulier dans la région de Raposa/Serra do Sol à Roraima.

La Constitution de 1988 reconnaît aux peuples autochtones des droits originaux sur les terres qu’ils occupent traditionnellement, représentant environ 15% du territoire national.
Cette démarcation a créé une sorte de « deux Brésils », où les populations autochtones sont ségréguées dans des réserves avec des protections fédérales spécifiques pour leur organisation sociale, coutumes, langues, croyances, et traditions.

Ce processus a été fortement critiqué pour être une forme de colonialisme postmoderne, où les intérêts oligarchiques se cachent derrière un militantisme environnementaliste-indigéniste.
Ces intérêts visent à maintenir le Brésil dans un état de sous-développement, en paralysant des projets d’infrastructure essentiels sous prétexte de protéger les droits autochtones et la nature.

Ce qui apparaît aussi est l’influence internationale et les manœuvres politiques, comme la tentative d’introduire le concept de « plurinationalité » dans la Constitution brésilienne, où les peuples autochtones auraient une double nationalité.

Roberto Cardoso de Oliveira a souvent critiqué l’ethnocentrisme dans l’anthropologie brésilienne, soulignant comment les études sur les peuples indigènes peuvent servir d’outils pour justifier ou influencer des agendas politiques.

Dans son livre « Sobre o Pensamento Antropológico » (1988), il met en lumière comment l’anthropologie et plus particulièrement « l’ethnopolitique » peut être utilisée pour renforcer ou contester des visions de la nation brésilienne, y compris en ce qui concerne les politiques indigénistes.

En parallèle, des organisations comme la Fondation Wenner-Gren, ont soutenu des recherches anthropologiques qui justifient des pratiques sociales extrêmes sous le prétexte de la sélection naturelle, influençant ainsi les politiques et les mouvements indigénistes.

Il est important de critiquer l’évolution des constitutions brésiliennes depuis 1934 jusqu’à 1988, notant un changement radical dans la reconnaissance des droits des peuples autochtones, allant de la simple protection de leur possession à la reconnaissance de droits exclusifs sur les ressources naturelles et le sous-sol.

Cette évolution est vue comme une manipulation politique par des forces externes et internes, cherchant à influencer la politique brésilienne en faveur d’une vision indigéniste qui nuit extrêmement au développement national.

L’indigénisme, soutenu par des changements culturels depuis les années 1960, prône des revendications au-delà de la propriété foncière, visant à une refonte géopolitique.

Cette dynamique trouve ses origines dans la « légende noire« , une offensive des puissances coloniales anglo-protestantes contre la colonisation ibérique, liée au contrôle économique et à la philosophie de la « libre navigation » et du « noble sauvage« .

  • La « légende noire » (leyenda negra en espagnol) est un terme qui décrit une perception négative de l’Empire espagnol et, par extension, de l’Empire portugais, souvent propagée par des auteurs et des nations de tradition protestante, notamment anglo-saxonnes. Cette légende accuse ces empires de cruauté envers les populations autochtones et d’inefficacité administrative. La légende noire est perçue comme une manipulation politique qui pourrait servir des intérêts économiques ou géopolitiques étrangers en dépeignant les puissances ibériques sous un jour défavorable.
  • La « libre navigation » se réfère aux principes et aux politiques qui soutenaient la liberté de navigation sur les mers, particulièrement dans le contexte de l’Atlantique au XVIIIe et XIXe siècle. Ce concept était central dans les conflits commerciaux et diplomatiques entre les puissances européennes, où les nations protestantes, en particulier la Grande-Bretagne, défendaient le droit à la navigation sans restrictions, souvent en opposition aux monopoles maritimes de l’Espagne et du Portugal. Au Brésil, l’idée de libre navigation a été utilisée comme un levier pour pousser le pays à se conformer à des normes internationales qui favorisaient le commerce et l’influence britannique, par exemple. Cette doctrine a eu des répercussions sur la politique brésilienne, notamment en incitant à une ouverture économique qui pouvait parfois être en contradiction avec les intérêts de développement national.
  • Le concept du « noble sauvage » émerge principalement des écrits des philosophes des Lumières comme Jean-Jacques Rousseau, qui idéalisait les peuples non européens comme étant plus « purs » et « naturels », vivant en harmonie avec leur environnement et sans les corruptions de la société civilisée. En contexte brésilien, cette idée a été reprise et parfois utilisée pour justifier des politiques indigénistes qui privilégiaient la préservation des modes de vie traditionnels au détriment du développement économique ou de l’intégration nationale. L’idéalisation du sauvage noble peut être vue comme une forme de manipulation culturelle visant à influencer les politiques nationales en faveur de la protection des peuples autochtones, ce qui, selon certains critiques, pourrait entraver le développement national en créant des zones économiquement stagnantes ou en limitant l’exploitation des ressources naturelles.

Ces idées ont été utilisées pour fragiliser les États-Nations d’Amérique latine, notamment à travers des politiques de balkanisation et de domination financière post-indépendance. La balkanisation, en ce contexte, se réfère à la division ou la fragmentation des nations en entités politiques plus petites ou autonomes, souvent sur des lignes ethniques ou culturelles.

Cela a été facilité par des politiques qui encouragent l’autonomie régionale ou tribale, ce qui peut mener à des tensions internes et à une dilution de l’unité nationale.

Par ailleurs, la domination financière post-indépendance par des institutions internationales et des pays étrangers a souvent été conditionnée par des réformes structurelles qui peuvent inclure des concessions territoriales ou des droits spécifiques pour les populations indigènes, parfois au détriment du contrôle centralisé de l’État sur ses ressources et territoires.

La commémoration du cinquième centenaire de la Découverte de l’Amérique en 1992 a marqué un point de bascule pour les mouvements indigénistes. Cette date symbolique a été utilisée pour remettre en question les racines culturelles et politiques de l’Amérique latine, souvent perçues comme étant d’origine européenne et, plus précisément, de la Renaissance.

Les revendications indigénistes ont cherché à contester cette narrative, en mettant en avant les cultures et les contributions des peuples autochtones qui étaient là bien avant l’arrivée des Européens.

Des campagnes comme « 500 ans de résistance indigène, noire et populaire » ont émergé, soulignant non seulement le rejet de la célébration de la « découverte » mais aussi la reconnaissance des luttes passées et actuelles des peuples indigènes pour leurs droits et leur culture.

Cette commémoration a ainsi été un catalyseur pour des mouvements qui revendiquent une réécriture de l’histoire nationale, une redistribution des terres, des droits linguistiques, et parfois même une réorganisation politique qui pourrait inclure des formes de gouvernement autonomes pour les peuples indigènes, toutes ces actions contribuant à une transformation profonde de l’identité et de la gouvernance des États-Nations en Amérique latine.

Des projets comme l’Initiative du Bouclier des Guyanas visent à dominer une région stratégique, reflétant une continuité des politiques coloniales anglo-néerlandaises.

L’Initiative du Bouclier des Guyanas, souvent mentionnée dans des discussions géopolitiques et écologiques, vise à promouvoir un développement durable et à protéger la biodiversité dans la région géographique connue sous le nom de Bouclier des Guyanas, qui englobe des parties du Guyana, du Suriname, de la Guyane française, et du Venezuela et du Brésil.

Cependant, certains critiques voient dans cette initiative une continuité et même une résurgence des anciennes politiques coloniales, en particulier celles des puissances anglo-néerlandaises, qui ont historiquement cherché à dominer cette région stratégique pour ses ressources naturelles et sa position géographique.

Des projets comme « l’Amazone Initiative » et des certifications forestières comme le « Forest Stewardship Council (FSC)« , cherchent à instaurer des zones d’exclusion économique, limitant ainsi l’exploitation locale des ressources, rappelant la façon dont les anciennes puissances coloniales restreignaient l’accès aux terres et aux ressources pour les populations locales.

Cette stratégie utilise l’environnementalisme et l’indigénisme comme armes politiques.

3) L’utilisation d’histoires théologiques & des manipulations sociales.

La théologie de la libération, émergée dans les années 1960 en Amérique latine, est une instrumentalisation théologique catholique qui cherche à appliquer les enseignements de Jésus aux conditions socio-politiques et économiques des pauvres et des opprimés.

Dom Pedro Casaldáliga, un figure majeure de cette théologie, a apporté une dimension unique en s’identifiant aux concepts de la « Terre Mère« , inspiré par son expérience en Afrique et son travail au Brésil où il a joué un rôle significatif dans le Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST).

Casaldáliga, arrivé au Brésil en 1968, a appliqué les méthodes de lutte qu’il avait développées en Afrique, visant à mobiliser les populations locales contre l’injustice sociale et la répression économique.

En se basant sur la pédagogie socio-constructiviste de Paulo Freire (qui n’a même pas alphabétisé sa propre femme), il a mis en place des stratégies “d’alphabétisation et de conscience sociale”, autrement dit de manipulation et ingénierie sociale, transformant les communautés rurales en foyers de résistance et de rébellion contre les structures “oppressives”. Il a transformé ces communautés en agents de la révolution.

4) L’égide d’organisations et de conférences internationales.

La conférence de 1937 à Oxford a marqué un tournant avec la création du Conseil œcuménique des Églises (COE), soutenu par des figures de l’oligarchie britannique et américaine.

Ce conseil a promu l’idée d’un gouvernement mondial, critiquant la souveraineté nationale comme une cause de guerres.

Elaine Dewar, dans son livre « Le Voile Vert« , décrit le CEDI (le Centre œcuménique de Documentation et Information) comme un centre d’intérêt dans un réseau complexe de financement et d’opérations visant à promouvoir les ONGs des soit disants “défense de l’environnement et des droits de l’homme » au Brésil, avec des fonds provenant des USA mais aussi de l’Agence Canadienne de Développement International.

Le Conseil mondial des peuples autochtones (CMPA), fondé en 1975, a été une pièce maîtresse dans cette stratégie, soutenu par le COE et des gouvernements comme celui du Canada, visant à transformer le paradigme de la souveraineté en favorisant l’autonomie des peuples autochtones, ce qui s’aligne avec les objectifs impérialistes de diviser pour régner.

Le CMPA a été financé et organisé par des entités comme le COE et le gouvernement canadien, avec des figures clés comme George Manuel, qui a joué un rôle central dans la promotion de l’indigénisme international.

Des conférences et des réunions ont été organisées pour définir et promouvoir les droits des peuples autochtones, souvent en critiquant les politiques des gouvernements nationaux comme celle du Brésil.

Le mouvement indigéniste est orchestré par des organisations comme le Conseil œcuménique des Églises, liées à l’oligarchie britannique et américaine, cherchant à fragmenter les États-nations souverains. À l’Assemblée Générale de New Delhi en 1961, le COE a adopté des résolutions qui appelaient à la justice sociale, y compris des droits pour les minorités et les peuples autochtones.

En 1970, le COE a soutenu la Conférence de Cuernavaca au Mexique, qui a appelé à la non-prolifération des armes nucléaires en Amérique latine et Caraïbes.

Récemment, en 2019, le COE a soutenu une conférence à Managua, au Nicaragua, pour lutter contre le racisme dans les Amériques et les Caraïbes, avec la participation de représentants de l’Église brésilienne. En 2019 également, un représentant brésilien du COE a souligné l’importance de la protection de l’environnement et des droits des peuples indigènes dans la lutte contre le changement climatique.

Cette stratégie s’appuie sur une réorganisation des relations internationales sous un gouvernement mondial, critiquant la souveraineté nationale comme un obstacle à la paix.

Ces efforts montrent une continuité des politiques impérialistes sous de nouvelles formes, utilisant l’indigénisme comme un outil pour fragmenter les États-nations et promouvoir une gouvernance globale, souvent sous l’égide d’organisations et de conférences internationales.

5) Transformer les conflits locaux en luttes internationales, soutenus par des réseaux transnationaux.

Le concept de « multitude » a été largement développé et popularisé par Antonio Negri et Michael Hardt dans leur livre « Empire » publié en 2000. Ils utilisent le terme « multitude » pour décrire une nouvelle forme de sujet politique global, constitué de diversités et de différences, en opposition à la notion traditionnelle de « peuple » ou de « prolétariat ».

Selon cette vision nouvelle de sujet politique global, la Russie, l’Allemagne, la France et la Chine sont décrites comme les précurseurs d’une « guerre civile intra-impériale« , où les tensions mondiales et les inégalités économiques alimentent une révolte globale, menée par les « multitudes » – des masses populaires poussées par la misère due au « mondialisme« .

Ces mouvements, comme le Mouvement des Travailleurs Sans Terre (MST) au Brésil et les soulèvements indigènes, visent à déstabiliser les États-nations, rendant leur gouvernance inviable.

Le MST, en particulier, s’est internationalisé, influençant des mouvements similaires en Bolivie et ailleurs en Amérique du Sud, avec des liens étroits avec des ONG et des figures idéologiques comme Frei Betto et Antonio Negri.

Ces groupes cherchent à transformer les conflits locaux en luttes internationales, soutenus par des réseaux transnationaux et des événements comme le Forum Social Mondial.

Le MST se positionne ainsi non seulement dans le contexte brésilien mais dans un cadre international, soutenu par des ONG et des idéologues qui voient dans ces mouvements la possibilité de transformer les conflits locaux en luttes globales.

Cette internationalisation des mouvements sociaux, notamment via des réseaux comme Via Campesina, montre une volonté de reconfigurer les relations de pouvoir à l’échelle mondiale, en utilisant les soulèvements locaux comme catalyseurs pour un changement systémique.

6) La Banque Mondiale est contre le développement.

L’adoption de l’indigénisme par des institutions multilatérales comme la Banque mondiale montre une instrumentalisation de ces mouvements.

Cette instrumentalisation s’est traduite par des initiatives comme « le comité consultatif des peuples autochtones« , visant à intégrer ces populations dans les stratégies tout en les marginalisant davantage.

Le projet hydroélectrique de Cararaó, rebaptisé Belo Monte, a été un point de friction majeur, où la Banque Mondiale, sous la “pression” écologiste et indigéniste qu’elle même finance, a annulé des prêts établis.

Cela marque une victoire symbolique pour la Banque Mondiale contre le développement énergétique au Brésil, et comment elle a empêché le développement en instrumentalisant les droits des peuples autochtones contre leurs propres intérêts.

Des exemples comme la suspension du projet de centrale hydroélectrique de Belo Monte (liée à une campagne internationale rapportée par la Banque Mondiale elle-même) montrent comment ces actions compromettent l’avenir du Brésil.

La suspension du projet de la centrale hydroélectrique de Belo Monte a été influencée par une campagne internationale, amplifiée par les critiques et les rapports de la Banque Mondiale en 2008.

Cette campagne remettait en question la viabilité environnementale et sociale du projet, pointant notamment l’impact sur les populations indigènes et l’écosystème amazonien. En 2011, bien que le projet ait reçu le feu vert du gouvernement brésilien, il a été sujet à plusieurs suspensions judiciaires, notamment en août 2012, quand un tribunal a annulé la licence de construction pour non-consultation des peuples indigènes.

Ces actions ont non seulement retardé le développement énergétique du Brésil mais ont aussi mis en évidence comment des pressions internationales peuvent influencer les politiques nationales, compromettant ainsi la souveraineté et l’avenir énergétique du pays.

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«Amazonie Politique : Démarcation des terres & ONGs globalistes.»

En regardant la carte de l’Amérique du Sud, il est facile de voir que l’axe naturel d’intégration du sous-continent dans la direction nord-sud est formé par les fleuves Orénoque, Negro, Amazonas, Madeira, Guaporé, Paraguay, Paraná, Prata, qui s’incrustent entre les Andes et le Cerrado, dans une extension d’environ 10 000 km, interrompue par un seul «point sec» situé entre les bassins de l’Amazone et du Paraguay-Paraná-Prata.

L’importance stratégique de cette ligne d’intégration de l’arrière-pays sud-américain, connue sous le nom de “grande voie navigable” par l’ingénieur et professeur Vasco de Azevedo Neto, avait déjà été vue à la fin du XVIIIe siècle par le gouverneur de la province de Mato Grosso, le capitaine-général Luís Albuquerque de Melo e Cáceres et, au début du XIXe siècle, par le naturaliste allemand Alexander von Humboldt.

En juin 1992, les gouvernements de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay ont signé l’accord sur le transport fluvial par la voie navigable Paraguay-Paraná, lors d’une réunion tenue à Las Leñas, en Argentine, établissant des plans pour assurer la navigation à fond sur un tronçon de 3 442 kilomètres entre Cáceres (MT) et Nueva Palmira (Uruguay), pour l’embarquement avec un tirant d’eau de six pieds (1,80 m).

Immédiatement, l’appareil environnementaliste international commence à se mobiliser pour entraver le projet !

Au début de l’année 1993, l’ONG américaine “wetlands for the americas” a publié le rapport intitulé “analyse environnementale initiale de la voie fluviale Paraná-Paraguay”, financé par la “fondation W. Alton Jones”, ONG du pétrolier et président du conseil d’administration de la “cities service company”, qui pointe du doigt la «vulnérabilité» du Pantanal (vaste zone de marais et de plaines inondables) du Mato Grosso comme le principal obstacle au projet.

À partir de là, l’appareil environnemental international a commencé à répandre l’idée de «l’intouchabilité» du Pantanal, élevé au rang de condition d’un «sanctuaire écologique» et qui, selon certaines évaluations alarmistes délirantes, pourrait même «se tarir» sans le précieux renfort des financements traditionnelles…

À partir de 1994, le “WWF” a parrainé une série d’expositions de photos au Brésil et à l’étranger, qui ont abouti à la création de l’ONG “living rivers”, avec d’autres ONGs internationales, créées avec pour mission spécifique d’empêcher la mise en œuvre de la voie navigable.
Parmi ses membres, “l’american international rivers network” et “l’environmental defense fund”, le néerlandais “both ends”, “ação ecológica (ECOA)”, “instituto centro de vida (ICV)”, “ecotrópica”, de Cuiabá (MT), et “CEBRAC”, de Brasília (DF).

Au milieu de l’année 2000, le gouvernement du Mato Grosso et les sociétés “companhia americana de transporte fluvial (ACBL)” et “companhia interamericana de navegação e comércio (CINCO)” ont signé un accord pour la construction d’un terminal multimodal port-route-rail à Morrinhos, à 85 km de Cáceres, représentant un investissement de 12 millions de dollars.

Par la suite, le processus d’autorisation environnementale pour le projet a commencé, mais le 3 janvier 2001, le juge Tourinho Neto, président de la 1ère Région du Tribunal Régional Fédéral (TRF) de Brasília, a partiellement accepté l’injonction accordée le 19 décembre par le juge J. Sebastião da Silva, du 3ème Tribunal Fédéral du Mato Grosso, obligeant “l’IBAMA” à accorder une licence environnementale unique pour l’ensemble du tronçon brésilien de la voie navigable (MT et MS).

L’injonction a été accordée à la suite de la plainte civile publique déposée par le procureur général de la République du Mato Grosso, Pedro Taques, ainsi que par les procureurs Gerson Barbosa et Fania Helena Amorim, demandant l’annulation de tous les processus d’autorisation environnementale de la voie navigable et la préparation d’une seule étude d’impact sur l’environnement pour tous les travaux entrant dans le cadre de la voie navigable, y compris les travaux de dragage, d’entretien, d’ouverture de routes d’accès aux ports et terminaux.

Dès lors, à cause des injonctions accordées par la justice fédérale, une impasse juridique absurde a prévalu sur le tronçon brésilien de la voie navigable, qui impose un embargo sur l’installation de nouveaux ports ou l’expansion de ceux existants, ainsi que sur les travaux d’accès aux terminaux.

Les intérêts géopolitiques de l’establishment anglo-américain émergent de manière à peine voilée dans la justification du programme, exposée par la représentante de l’ONG “the nature conservancy (TNC)” au Brésil, Ana Cristina Ramos :
«La principale menace pour le Pantanal est l’expansion de l’agriculture et de l’élevage, et la destruction des forêts riveraines du Cerrado.»
Elle affirme également que selon elle, l’agriculture est l’un des facteurs qui ont presque détruit la forêt du Mississippi.
Il y a environ 100 ans, cette région des États-Unis était dans le même état de développement que le Centre-Ouest brésilien, et à grande échelle, l’utilisation des rivières pour la production d’énergie et l’agriculture a asséché les zones humides.
«Les altérations qui se sont déjà produites dans le bassin du Mississippi sont effrayantes et nous voulons éviter que le Pantanal subisse le même sort», souligne João Campari, directeur de l’ONG.

Cela revient à dire que, selon cette conception au nom d’impacts environnementaux hypothétiques, la zone d’influence de la voie navigable Paraguay-Paraná ne peut pas connaître un développement similaire à celui fourni par l’extraordinaire système de voies navigables Mississippi-Missouri-Ohio, sans lequel il n’y aurait pas de fameuse «ceinture verte américaine», sans laquelle, à leur tour, les États-Unis ne seraient pas les plus grands producteurs agricoles du monde !

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