Livre «Chroniques des ombres de la modernité.»

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«Chroniques des ombres de la modernité» est une plongée poétique dans les paradoxes de notre époque, un manifeste vibrant pour réenchanter notre existence face aux défis d’un monde en crise.

À travers une mosaïque de réflexions philosophiques, historiques et sociologiques, ce recueil dresse un portrait percutant des aliénations contemporaines dont  l’accélération du temps, la dissolution de l’identité dans le virtuel, l’effacement des récits collectifs et la servitude masquée de l’esclavage moderne.

Portée par une plume incisive et des références riches – d’Hannah Arendt à Byung-Chul Han, de Platon à Nietzsche –, cette œuvre mêle critique lucide et méditation profonde pour résister à la subversion idéologique et raviver la voix du cœur.

Loin d’un simple constat, l’auteur propose des voies de résistance : ralentir, rêver, reconquérir le sacré et le corps, raviver la mémoire collective.

De la démocratie transformée en «supermarché de l’illusion», à la dictature du relativisme, chaque chronique invite à questionner, douter et agir pour retrouver une humanité vivante et libre.

Destiné aux épuisés, aux désenchantés, aux rêveurs en quête de sens, ainsi qu’aux amateurs de philosophie, de spiritualité et de réflexion sur notre temps, ce livre est une ode à l’immortalité de l’âme sous un ciel d’acier.

Ouvrez le livre et reprenez votre souffle : l’avenir commence par un retour à l’essentiel.

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Les penseurs traditionnels ne sont pas contre la modernité.

La tradition et la modernité sont souvent présentées comme des notions antagonistes.

Pourtant, leur opposition ne doit pas être réduite à une simple rivalité.
Ce sont des concepts vastes, englobant des réalités qui s’étendent sur des siècles et touchent des phénomènes d’ampleur presque planétaire.


La tradition puise ses racines dans un passé immémorial, tandis que la modernité marque une rupture plus récente mais tout aussi significative.

Explorer leurs détails exhaustifs serait une tâche écrasante ; je propose donc de me concentrer sur leur essence : l’élan fondamental qui anime la tradition et l’idée centrale qui porte la modernité.

Derrière la diversité de leurs manifestations, chacune semble animée par une aspiration unique, un esprit qui les définit et les éclaire.


Qu’est-ce que la modernité ? Une rupture philosophique.
La modernité au sens commun : le progrès technique.
Dans le langage courant, être « moderne » évoque spontanément une notion positive liée au progrès, surtout technique.

Une voiture moderne consomme moins, va plus vite ; un réfrigérateur moderne conserve mieux les aliments.

Cette perception associe la modernité à une amélioration pratique, à une efficacité accrue.
En ce sens, on pourrait dire que chaque époque a eu ses « modernes » : des individus cherchant à surpasser leurs prédécesseurs en ingéniosité ou en confort.
Mais cette définition reste superficielle et ne saisit pas l’essence du concept.


Une nouvelle ère pour l’humanité.
La modernité, dans son acception philosophique, va bien au-delà.

Elle émerge à la fin du XVIe siècle, s’affirme pleinement au XVIIIe avec les Lumières, et marque une rupture radicale avec le passé.

À cette époque, des penseurs commencent à concevoir leur temps non pas comme une simple suite d’avancées techniques, mais comme l’entrée dans une ère nouvelle.


Être moderne, ce n’est plus seulement être meilleur que ses ancêtres ; c’est être fondamentalement différent. En France, la « Querelle des Anciens et des Modernes » (fin XVIIe – début XVIIIe siècle) cristallise ce basculement : les « modernes » revendiquent une supériorité non seulement technique, mais aussi intellectuelle et morale sur les Anciens.


La raison comme pilier.
Au cœur de cette modernité se trouve une idée maîtresse : la raison.

Le XVIIIe siècle la célèbre comme « l’âge de raison » de l’humanité, un moment où les hommes deviennent pleinement maîtres de cette faculté.
Mais cette raison moderne se distingue de celle des Anciens.

Elle n’est plus seulement un outil de contemplation ou une norme universelle liant le vrai, le bien et le beau, comme dans la pensée classique ou chrétienne.

Elle devient une rationalité pragmatique, tournée vers l’action et la maîtrise du réel.


Une vision nouvelle de l’humanité.
Avec la modernité apparaît une conception inédite de l’histoire : l’humanité est vue comme un tout en évolution, comparable à un individu passant de l’enfance à la maturité.

La modernité représente cet « âge adulte », où l’homme s’émancipe des superstitions et des limites du passé pour réaliser pleinement son potentiel.


La philosophie de l’histoire, née au XVIIIe siècle, illustre cette ambition : comprendre le devenir collectif de l’humanité comme une marche vers le progrès.


Une raison déliée de la norme.
Contrairement à la raison classique, qui unissait science, morale et foi, la raison moderne sépare ces domaines.

Découvrir une vérité scientifique – une loi physique, par exemple – ne dit plus rien sur ce que l’homme doit faire.


La nature devient neutre, un champ de régularités à analyser et à exploiter, sans valeur morale intrinsèque.

Ainsi, la raison passe de la « raisonnabilité » (une quête du bien et de l’harmonie) à la « rationalité » (une capacité d’analyse et d’action).


Une puissance pragmatique.
Cette rationalité transforme la raison en outil de pouvoir.

Elle n’invite plus à contempler l’ordre des étoiles, comme le sage antique, mais à calculer, prévoir, agir.
La science moderne ne cherche pas le sens profond des choses, mais leur utilité pour l’homme.

Elle devient relative aux besoins humains, un levier pour façonner le monde selon nos désirs.


Les promesses de la modernité.
Un avenir radieux.
La modernité repose sur une foi inébranlable dans cette nouvelle raison. Elle promet de libérer l’humanité de ses maux ancestraux et de la transformer profondément.


Ces espoirs se déclinent en trois ambitions principales :


La fin de la misère :
Grâce à la science, l’homme dominerait la nature, surmonterait la pénurie et, dans les rêves les plus audacieux – comme chez Rabelais au XVIe siècle –, vaincrait même la mort.
Cette aspiration à transcender la condition humaine traduit une rupture métaphysique majeure.


Liberté, égalité, paix :
La raison rendrait les hommes plus libres (par leur pouvoir accru), plus égaux (par la diffusion du savoir) et plus pacifiques (par une rationalité supposée apaiser les conflits).
Ce mythe d’une société industrielle pacifiée, né il y a deux siècles, perdure malgré les contre-exemples historiques.


Une humanité moralement meilleure :
Les Lumières affirment que le progrès technique et économique améliore l’homme.

Le mal viendrait du malheur ; en le supprimant, la science rendrait les hommes bons.
Cette idée – « plus de savoir, plus de vertu » – est au cœur de la modernité initiale.


Une modernité en crise.
Ces promesses, intactes jusqu’au début du XXe siècle, ont été ébranlées par les guerres mondiales, le communisme et les excès de la rationalité technique (bombe atomique, déshumanisation).
Aujourd’hui, certains critiquent la modernité sans pour autant la rejeter : écologistes ou penseurs « new age » déplorent ses dérives – robotisation, aliénation consumériste – tout en restant dans son cadre.


Le soir disant salut par les droits de l’homme (quel homme?).


Face à ces désillusions, un courant récent tente de « sauver » la modernité en la dépassant. La science seule ne suffit pas ; il faut y ajouter une nouvelle valeur : les droits de l’homme.


Inspirée par Kant, cette philosophie postule que l’homme, imparfait mais perfectible, mérite un respect inconditionnel pour son potentiel.
La modernité devient alors l’ère de la tolérance, du dialogue et de l’autonomie, combinant rationalité scientifique et dignité humaine.


La tradition face à la modernité.
Une pensée vivante et critique.
Loin d’être un vestige dépassé, la tradition reste une philosophie vivante, riche de vingt-quatre siècles de réflexion, de Platon à nos jours.
Elle ne s’oppose pas à la modernité par réaction, mais propose une vision alternative, ancrée dans une intuition radicalement différente.


Examinons d’abord ses critiques, avant d’en dégager l’esprit profond.
1. Le progrès scientifique : une fausse évidence.
Les modernes raillent la tradition pour son « primitivisme » technique : Platon n’aurait pas construit d’avion, saint Thomas pas même une bicyclette.
Mais ce retard n’est pas une faiblesse. La tradition ne nie pas la science ; elle questionne sa finalité.

Dominer la nature est-il toujours souhaitable ?
Manipuler les gènes ou défier la mort risque-t-il de créer des monstres ?
Loin d’être rétrograde, elle invite à contempler un ordre caché dans les choses – une harmonie qu’il vaut mieux respecter que détruire.


2. La société économique : une guerre masquée.
Les modernes vantent le développement économique comme source de paix et de confort. La tradition y voit une illusion.
Plus on satisfait de besoins, plus on en crée, jusqu’à perdre le sens du nécessaire et du superflu.

L’économie moderne légitime cette spirale en déclarant tout désir naturel.
De plus, elle repose sur la concurrence – une guerre déguisée où l’objectif est d’écraser l’autre.

Les sociétés industrielles ne sont pas pacifiques ; elles canalisent le conflit sous des formes subtiles.


3. La démocratie : un idéal imparfait.
La démocratie, fierté des modernes, promet la souveraineté de tous. Mais, comme le note Rousseau, elle exige « un peuple de dieux » pour fonctionner.

Sinon, elle devient une lutte d’intérêts individuels, chacun revendiquant ses droits au détriment des autres.

La tradition ne rejette pas cet idéal – elle le pratique dans des communautés restreintes, comme les monastères – mais doute qu’il s’applique à des millions d’individus sans une vertu exceptionnelle.


L’esprit de la tradition : l’imperfection humaine.
Une intuition fondamentale.
Derrière ces critiques se dessine le cœur de la tradition : l’homme n’est pas parfait.
La modernité le voit comme un être autosuffisant, capable de devenir son propre dieu par la science et la raison.

La tradition, au contraire, insiste sur sa fragilité et sa liberté imparfaite.
Le christianisme l’exprime avec force : l’homme est une créature pécheresse, perfectible mais dépendante d’une aide extérieure – la grâce – pour s’élever.

Progrès moderne vs progrès traditionnel.
Les modernes rétorquent que leur idée de progrès rejoint cette imperfection : l’homme s’améliore par ses propres moyens.


Mais la tradition distingue les deux : dans la modernité, le progrès est une conquête humaine, un pouvoir illimité ; dans la tradition, il est limité par la condition humaine et nécessite une transcendance.


Là où la modernité proclame l’athéisme et fait de l’humanité son propre salut, la tradition rappelle que l’homme n’est pas Dieu, même collectivement.


Conclusion : une opposition irréductible ?
En 1804, Pie IX affirmait qu’aucun pont ne relie tradition et modernité.
La première voit dans la seconde une hubris dangereuse ; la seconde considère la première comme un frein au progrès.

Pourtant, les penseurs traditionnels ne rejettent pas la modernité par principe. Ils l’interrogent avec sagesse, proposant une voie où l’homme, conscient de ses limites, cherche l’harmonie plutôt que la domination.


La modernité, elle, mise sur une rationalité sans bornes pour réinventer l’humanité.
Ce sont deux visions irréconciliables, mais complémentaires dans leur tension.

La Dictature du relativisme. 

Le dogme, qui proclame que tout se vaut – chaque opinion, chaque morale, chaque culture –, s’est imposé comme une vérité incontestable, un totem devant lequel il faudrait s’incliner. 

Mais loin d’être une simple mode intellectuelle, ce relativisme est une subversion profonde des repères qui fondent toute civilisation. 

Car il désarme l’esprit critique et paralyse la quête de vérité. 

Ce relativisme ouvre la voie à un chaos démocratique où plus rien ne tient debout. 

Sous ses airs de tolérance infinie, le dogme relativiste devient une dictature sournoise qui menace notre capacité à distinguer le bien du mal, le vrai du faux, et où la raison céde la place au pouvoir brut.

Une doctrine sacrée : la fin des jugements.

Le relativisme n’est pas une nouveauté. 

Mais ce qui était autrefois une réflexion académique s’est mué en un credo populaire, porté par une élite intellectuelle et médiatique. 

Aujourd’hui, affirmer qu’une idée, une pratique ou une culture pourrait être supérieure à une autre est devenu un sacrilège. « Qui es-tu pour juger ? » clame-t-on, comme si le jugement lui-même était une faute morale. 

Cette injonction répétée a fini par s’incruster dans les esprits, au point de faire du relativisme une arme pour neutraliser toute tentative de hiérarchisation ou de discernement.

Prenons un exemple concret : la tolérance absolue, pilier du discours progressiste, est brandie comme un idéal suprême. 

Mais à force de tout tolérer au nom de la diversité, on finit par excuser l’inexcusable. 

Condamner certains actes apr exemple de mutilation sexuelle devient suspect : ce serait faire preuve d’arrogance ou d’intolérance culturelle ou intellectuelle.

Ainsi, le relativisme, sous couvert d’ouverture, paralyse notre capacité à dire le juste et l’injuste. 

Il transforme la tolérance en un laissez-passer pour une tyrannie indéfendable !

Quand le respect des différences tue la vérité.

Un autre symptôme de cette dictature du relativisme se manifeste dans le refus de condamner des pratiques destructrices au nom du soit disant «respect des différences». 

La vérité étayée par des preuves, se noie dans un brouhaha où tout vaut tout. 

Par exemple, on observe cela dans les discussions sur le genre ou la sexualité. Affirmer qu’il existe des réalités biologiques devient une hérésie, car la perception subjective de chacun doit primer sur les faits objectifs. 

La vérité n’est plus une boussole, mais une variable ajustable selon les sentiments du moment.

Et ce phénomène n’est pas anodin. 

Il traduit une inversion perverse : ce qui était autrefois un outil de dialogue – le respect mutuel – devient une arme pour étouffer la raison. 

Joseph Ratzinger, avant de devenir Benoît XVI, avait vu juste en dénonçant le relativisme dans un sermon de 2005. Pour lui, ce courant ne libère pas l’homme, mais le prive de fondations solides. Et ériger l’absence de certitude en vertu, favorise une forme d’intolérance paradoxale : celle qui censure toute tentative d’affirmer une vérité. 

Quiconque ose dire «ceci est vrai» ou «cela est faux» est immédiatement accusé de dogmatique, voire de fasciste. Ainsi, le relativisme, qui prétend abolir les hiérarchies, instaure en fait sa propre tyrannie : celle du vide de sens.

Des exemples qui parlent : genre et histoire sous le joug relativiste.

Pour illustrer cette dérive, penchons-nous sur deux terrains où le relativisme fait des ravages : les débats sur le genre et la réécriture de l’histoire. 

  1. Sur la question du genre, le relativisme a transformé une réalité biologique – l’existence de deux sexes – en un champ de bataille idéologique. 

Dire qu’un homme est un homme et une femme une femme, en s’appuyant sur la science, est aujourd’hui perçu comme une violence par certains. 

À la place, on impose l’idée que le genre est une pure construction subjective, détachée de toute matérialité. 

Cette vision, poussée à l’extrême, nie non seulement les faits, mais aussi la possibilité même de les discuter rationnellement. 

La vérité devient une affaire de pouvoir : celui qui crie le plus fort ou qui mobilise le plus d’émotion l’emporte.

  1. La réécriture de l’histoire suit une logique similaire. 

Sous prétexte de décolonisation ou de justice sociale, des pans entiers du passé sont jugés à l’aune des valeurs contemporaines, sans égard pour le contexte. 

Des statues sont déboulonnées, des figures historiques vilipendées, non pas parce qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises, mais parce qu’elles ne cadrent plus avec la sensibilité actuelle. 

Le relativisme historique prétend que chaque époque a sa vérité, mais dans les faits, il impose une seule grille de lecture : celle du présent. 

Ce faisant, il efface la complexité du passé et réduit la vérité à une question de mode ou de rapport de force.

Le chaos démocratique et l’ombre de la technocratie.

Cette dissolution des repères a des conséquences profondes sur la démocratie. 

Une société où aucune valeur ne peut s’imposer est condamnée à l’impuissance. Si tout se vaut, comment trancher un débat ? Comment définir des lois, des priorités, des interdits ? 

Le relativisme, en sapant les critères communs, transforme la délibération collective en un dialogue de sourds. Chacun campe sur sa vérité personnelle, et le bien commun s’efface au profit d’intérêts particuliers. 

On le voit dans les polémiques et manipulations incessantes qui rythment notre époque et cachent les vrais enjeux : du port du voile à la légalisation de telle ou telle pratique, les discussions tournent en boucle, faute d’un socle partagé pour les ancrer.

Mais ce chaos n’est peut-être qu’une étape. Derrière l’écran de fumée du relativisme, une menace plus froide se profile : celle d’une technocratie autoritaire. 

Quand plus rien ne fait sens, quand la raison s’épuise à force de relativiser, qui décide ? 

Les experts, les algorithmes, les puissants. 

Dépourvus de repères transcendants, les citoyens deviennent des proies faciles pour ceux qui savent manipuler les données ou imposer leurs choix sous couvert d’efficacité. 

Le relativisme, en vidant l’espace public de toute substance, prépare paradoxalement le terrain à un ordre imposé d’en haut, où le débat n’a plus sa place. 

On pense ici aux dérives des géants technologiques, qui censurent au nom d’une morale fluctuante, ou aux bureaucraties supranationales, qui dictent des normes sans jamais les soumettre à une légitimité populaire.

Sortir de l’impasse : une piste de résistance.

Face à cette dictature du relativisme, faut-il baisser les bras ? Non, mais la résistance exige de renouer avec des fondations solides. 

Retrouver des critères transcendants – qu’ils soient spirituels, philosophiques ou simplement rationnels – est une urgence. 

Cela ne signifie pas revenir à un dogmatisme rigide, mais réhabiliter l’idée qu’il existe des vérités qui dépassent nos caprices individuels. 

La justice, la beauté, la vérité : ces notions ne sont pas de simples conventions, mais des phares qui ont guidé les civilisations à travers les âges. Les ignorer, c’est se condamner à errer dans un désert moral.

Sur le plan spirituel, des penseurs comme Ratzinger invitent à redécouvrir une transcendance qui donne sens à l’existence. 

Sans forcément adhérer à une religion, on peut s’inspirer de cette quête d’absolu pour sortir du relativisme ambiant. 

Philosophiquement, des figures comme Aristote ou Kant rappellent que la raison elle-même repose sur des principes universels, accessibles à tous. 

Politiquement, cela implique de réaffirmer des valeurs communes, non comme des slogans, mais comme des balises exigeantes qui obligent à trancher, à juger, à choisir.

Conclusion : dire non au vide.

La dictature du relativisme n’est pas une fatalité. Elle prospère parce que nous l’avons laissée s’installer, par paresse ou par peur de déplaire. 

Mais en refusant de distinguer le bien du mal, le vrai du faux, nous abandonnons ce qui fait de nous des êtres humains : la capacité à penser, à juger, à construire. 

Luttons, luttons, luttons !

Affirmons nos positions !

Dire non au vide, c’est oser affirmer des certitudes, même imparfaites, et redonner à la vérité sa place légitime. 

Dans un monde où tout vaut tout, rien, au fond, ne vaut plus rien.

Délaissant les tanks pour investir les esprits. La subversion idéologique comme arme invisible.

Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/delaissant-les-tanks-pour-investir-les-esprits-la-subversion-ideologique-comme

Dans les analyses classiques des relations internationales et de la géopolitique, l’attention se porte souvent sur les événements majeurs : guerres, traités, crises économiques ou rivalités entre puissances. Pourtant, une dynamique bien plus sournoise échappe fréquemment à ces approches : une influence subtile et progressive qui s’exerce sur les cultures nationales, un lent processus d’érosion qui, sur des décennies, sape les fondations mêmes des sociétés.

Certaines idéologies mortifères, loin de disparaître avec la chute des régimes tyranniques qui les incarnaient, se réinventent sous des formes plus discrètes, mais tout aussi destructrices. Elles abandonnent les assauts militaires pour s’infiltrer dans les esprits.

Un mal insidieux a gangréné les institutions académiques et artistiques. Ce courant malsain a transformé les universités – jadis bastions de la haute culture et de la recherche désintéressée – en machines de propagande. La dérive est si profonde qu’un voyageur temporel du XVIIIe siècle la trouverait inconcevable, voire monstrueuse.

Cette déchéance n’est pas fortuite : elle résulte d’un projet délibéré, mûri sur le long terme, visant à dissoudre les valeurs traditionnelles et à semer un doute systématique dans les consciences. Ce que les experts en géopolitique négligent trop souvent, c’est cette capacité des idéologies à s’immiscer dans les interstices de la culture, à opérer hors du champ des grandes analyses stratégiques.

Cette subversion ne passe pas par des coups d’État spectaculaires, mais par une lente corrosion des valeurs, des croyances et des liens sociaux. Ses mécanismes, quasi imperceptibles à court terme, produisent des effets cumulatifs dévastateurs sur plusieurs générations.

Pour en saisir l’origine, remontons aux années 1920 avec Georg Lukács, philosophe hongrois. Face à l’échec des révolutions prolétariennes violentes en Europe centrale, Lukács propose une réorientation stratégique : plutôt que de miser uniquement sur la lutte armée, il faut conquérir les esprits par la culture.

Exilé en Allemagne, il participe à la fondation de l’École de Francfort, un courant intellectuel qui révolutionne l’implantation du marxisme en Occident. Réunissant des penseurs comme Herbert Marcuse, Max Horkheimer et Walter Benjamin, cette école développe une stratégie inédite : la pénétration culturelle. Contrairement aux assauts frontaux des bolcheviks, elle cherche à miner les sociétés capitalistes de l’intérieur en ébranlant leurs valeurs, leurs traditions et leur cohésion.

Le projet est ambitieux : déconstruire tout ce qui ancre les individus – couple, famille, communauté, patrie, histoire, langue, art, religion – en instillant un doute permanent, une critique exacerbée qui finit par tout ronger. Cette méthode, subtile et patiente, s’est révélée d’une efficacité redoutable. En quelques décennies, elle a transformé des nations fières de leur héritage en sociétés fragmentées, où un scepticisme universel remplace toute certitude collective.

Staline lui-même, maître d’un régime totalitaire, regardait cette approche avec suspicion. Il exila les membres de l’École de Francfort hors de l’URSS, refusant leur influence sur son peuple. Mais il encourageait leur action à l’étranger, conscient que cette décadence morale imposée à l’Occident servirait ses ambitions géopolitiques.

La « révolution » : un chaos cohérent dans son incohérence.
Lénine rejetait le nationalisme comme un frein à la lutte des classes, tandis que Staline en faisait une arme pour galvaniser les masses soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale. Cette contradiction apparente n’a rien d’étonnant : la logique révolutionnaire ne repose pas sur des principes fixes, mais sur une quête de pouvoir adaptable. Ce qui unit les révolutionnaires, ce n’est pas une doctrine rigide, mais une volonté de renverser l’ordre existant, quel qu’il soit. Ainsi, un même mouvement peut défendre des lois racistes à une époque et des politiques antiracistes à une autre, sans que cela ne révèle une incohérence profonde – la révolution s’ajuste, elle ne s’encombre pas de cohérence.

Cette flexibilité explique la survie du marxisme culturel en Occident, malgré l’effondrement de l’URSS, son incarnation politique la plus visible.

Herbert Marcuse, figure clé de l’École de Francfort, a durablement marqué la culture populaire américaine dès les années 1930. À Hollywood, des scénaristes comme John Howard Lawson, membre du Parti communiste américain, ont glissé des messages subversifs dans les films grand public. Lawson l’admettait : il ne s’agissait pas de propagande ostentatoire, mais d’insérer des idées marxistes par touches subtiles dans les dialogues, les intrigues et les personnages. Ces gouttes d’eau ont fini par creuser la pierre, faisant du cinéma un outil de déconstruction des valeurs traditionnelles.

La conscience humaine : cible ultime de la révolution.
Au cœur de cette guerre idéologique, se trouve la conscience humaine, un terrain que les révolutionnaires cherchent à dominer à tout prix. Un paradoxe surgit ici : si les matérialistes réduisent la conscience à une illusion chimique, pourquoi le XXe siècle a-t-il vu tant d’efforts pour la contrôler, la modeler et la soumettre ? Des régimes totalitaires aux campagnes de propagande modernes, l’histoire récente trahit une obsession pour cette faculté imprévisible et créative qui échappe au déterminisme.

Cette lutte révèle une crise spirituelle plus profonde : la perte, en Occident, du sens de l’immortalité. En reniant l’idée que l’âme transcende le temps et la matière, les sociétés modernes se sont rendues vulnérables aux chimères des idéologies révolutionnaires.

Face à cela, une résistance s’impose, ancrée dans une vision métaphysique : reconnaître que nous ne sommes pas de simples pions dans un rêve utopique, mais des êtres dotés d’une dignité éternelle. La révolution, avec ses ambitions étriquées, ne mérite que mépris face à l’immensité de l’éternité divine.

Parler depuis notre immortalité ?
Les commentateurs politiques, géopolitologues et stratèges, enfermés dans leurs grilles d’analyse conventionnelles, peinent à percevoir cette guerre souterraine qui se joue dans les esprits et les cultures.

En puisant dans la philosophie classique, la théologie chrétienne et une observation lucide de notre temps, nous devons élargir notre perspective. Notre mission n’est pas seulement de nous défendre contre les assauts révolutionnaires – un danger secondaire – mais de refuser d’inverser la hiérarchie des valeurs, de ne pas réduire l’existence humaine à une lutte terrestre.

C’est là notre force : parler depuis notre immortalité, une fois pleinement reconnue.

Un mot coquille, un mot magique : DÉMOCRATIE, Un mot capable de déclencher des guerres.


Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/un-mot-coquille-un-mot-magique-democratie-un-mot-capable-de-declencher-des

Citant à tout bout de champ LA DÉMOCRATIE, nous, hommes modernes, sommes à l’opposé de la vision philosophique de la démocratie athénienne. Connaissons-nous en fait sa véritable histoire ?

Ce sujet devenu un véritable dogme, un mot coquille : la démocratie.

C’est une notion souvent extrêmement floue et que personne n’ose remettre en question, car il s’agit d’un mot magique capable de déclencher des guerres. Ce concept a bouleversé un système de pensée et a été présenté comme l’aboutissement de l’histoire humaine – rien de moins ! 

Pouvons-nous parler de vraie démocratie sans biais et sans un imaginaire collectif faussé et fantasmé tant dans sa forme antique que dans sa version moderne ?

Faisons ensemble durant cet article une réflexion tranquille et sincère : une enquête ou une tentative modeste de recoller les morceaux pour comprendre cette référence devenue incontournable en matière de gouvernance.

À tel point de revêtir une dimension quasi religieuse que critiquer la démocratie semble interdit ou blasphématoire ou un attentat verbal au soi-disant fragile et jeune État démocratique de droit : celui qui s’y risque s’expose à une sorte de « mort civique ». Personne ne se hasarde à suggérer que la démocratie pourrait comporter des erreurs ou qu’elle a besoin d’autres ingrédients.

La démocratie est vénérée comme une norme universelle avec même des États historiquement non démocratiques qui s’y sont convertis récemment.

Prenons l’exemple du Bhoutan, ce petit royaume himalayen de 600 000 habitants, dirigé par une dynastie héréditaire depuis des siècles, qui a en 2008, a adopté une constitution démocratique. Avec le roi qui a nommé son principal collaborateur comme Premier ministre.

En se dotant de cette constitution, le Bhoutan a fait allégeance à un système planétaire. Aujourd’hui, il reste probablement moins de quatre États au monde qui ne se réclament pas de faire partie du club démocratique.

La démocratie est partout, et pourtant, elle n’est nulle part

En vérité, les grands penseurs de la démocratie eux-mêmes– Machiavel, Montesquieu, Rousseau, Kant, Tocqueville – ne croyaient pas que le peuple soit capable de gouverner.

  • Montesquieu, par exemple, estimait que le peuple pouvait au mieux choisir de bons gouvernants – une idée qu’il théorise à une époque où la démocratie moderne n’existait pas encore, s’inspirant de l’Antiquité.
  • Tocqueville, qui a étudié la démocratie américaine, une des premières démocraties modernes, va plus loin : selon lui, le peuple n’est même pas capable de sélectionner correctement ses dirigeants.

La conception courante de la démocratie – le pouvoir exercé par le peuple – ne correspond pas à la réalité, car il existe en fait une forme de « mensonge démocratique ». Le peuple gouverne-t-il, s’il ne prend pas au final factuellement les décisions politiques ?

Dans nos sociétés modernes, vastes, complexes et techniques, les choix – qu’il s’agisse de fiscalité, d’investissements industriels ou de stratégies militaires (comme choisir entre sous-marins nucléaires ou missiles) – échappent totalement au peuple.

Prenons l’exemple de la Corée du Sud : au sortir de la guerre, ce pays sous-développé est devenu une puissance mondiale grâce à une décision politique forte, celle de miser sur la construction navale.

Une telle orientation, qui a mobilisé toute une nation, n’a pas été décidée par le peuple, mais par ses gouvernants, et ni vous ni moi ne serions capables de définir une stratégie aussi pointue. Alors, dire que « laa démocratie, c’est le peuple qui gouverne » est une illusion et un paradoxe.

Et de plus, ceux qui admettent intimement que le peuple ne gouverne pas – des démocrates convaincus, pour la plupart – restent attachés à l’idée de démocratie. Aujourd’hui, nos élites récitent leur « crédo démocratique » tout en étant intimement persuadées que le peuple est inapte à diriger et elles se considèrent comme les seules à savoir ce qu’il faut faire. Qu’est-ce que cette souveraineté signifie vraiment ?

La question du régime politique est, au départ, philosophique et relative au bien commun

Nous pouvons commencer un raisonnement en utilisant une règle de discernement définie ainsi : « ne fais pas d’une petite règle une vérité éternelle, et ne prends pas une grande vérité pour quelque chose d’intouchable. »

Le gouvernement est un moyen, pas une fin.

Jean Rousset, dans « Les Fondements de la cité », compare les abeilles, soumises aveuglément à leur organisation, aux hommes qui sont différents, car capables de modifier les lois et aussi les structures sociales.

L’homme, par son libre arbitre, doit réaliser sa vocation politique.

Comparons philosophiquement les principes des systèmes politiques : la démocratie athénienne versus la moderne car leurs bases anthropologiques et métaphysiques diffèrent profondément.

À Athènes, seuls les citoyens – environ 5 % de la population – formaient le « peuple », excluant esclaves et étrangers (les métèques, comme Aristote lui-même).

Grâce à différentes sources (Platon, Aristote, mais également des recensements comme celui de Démétrius de Phalère), nous savons qu’au IVe siècle avant J.-C., 20 000 citoyens sur 100 000 habitants se réunissaient sur la colline de la Pnyx pour décider.

Aujourd’hui, réunir 60 millions de Français est physiquement impossible : la différence d’échelle est évidente.

L’autre distinction est morale : la démocratie moderne se veut laïque (concept que nous allons questionner dans d’autres articles), fondée sur le droit et le contrat social (que nous allons questionner plus loin dans cet article).

À Athènes, la morale est liée à une éthique et à une vision sacrée : Périclès, par exemple, a utilisé le trésor de Delos pour rebâtir les temples de l’Acropole.

  • Chez Aristote, l’homme, « animal politique », se réalisait dans le fait d’être actif, de participer et de débattre,
  • Dans la société moderne, le citoyen est passif, isolé et otage d’une convention artificielle au-dessus de lui s’incarnant comme une toute puissance.

Ce qu’ont en commun la démocratie athénienne et la démocratie moderne, c’est que la démocratie reste le pouvoir d’une élite.

Platon la définissait comme « le gouvernement de l’élite sous la pression de la foule ».

À Athènes, les grandes familles (Alcmaéonides, Cimonides) dominaient et manipulaient le peuple, tout comme aujourd’hui, nos élites, souvent technocrates, échappent au contrôle populaire. Mais si le peuple ne peut trancher des questions techniques, les dirigeants et experts devraient rendre des comptes, ce qui n’est pas le cas.

Les origines épicuriennes de la souveraineté populaire

Épicure, redécouvert au début du XVe siècle grâce à des manuscrits comme ceux de Lucrèce, propose une vision où le cosmos n’est pas régi par une loi divine ou une finalité naturelle imposée de l’extérieur. Pour lui, tout découle d’un chaos originel : des atomes s’entrechoquent au hasard dans le vide et ce hasard engendre des formes de vie qui se combinent en monstres et évoluent. Cette théorie, préfigure Darwin par son caractère évolutif et le monde, selon Épicure, s’explique par lui-même, sans transcendance ni créateur.

Ce rejet d’une loi surnaturelle éclaire la notion de souveraineté populaire avec le peuple qui ne reçoit aucune règle d’une instance extérieure ou divine.

Les penseurs démocratiques, influencés par cette idée, refusent l’existence d’une loi universelle inscrite dans l’ordre du monde et Épicure est le pionnier de cette rupture.

Il affirme que la réalité n’a pas d’étiquette ou de catégorie prédéfinie, ni même de finalité imposée, puisque le monde est un flux, un assemblage d’atomes, et que l’homme est libre dans ce chaos.

Dans cette vision, le monde évolue constamment, et la stabilité ne vient pas d’un ordre éternel, mais d’une décision humaine temporaire. C’est une rupture radicale avec la philosophie classique – Platon, Aristote, ou plus tard les scolastiques comme Saint Thomas d’Aquin – qui postule un ordre naturel ou divin préexistant.

Pour ces derniers, Dieu a créé un monde structuré regroupant des espèces définies et une hiérarchie finalisée, et le rôle du roi ou du gouvernant est de respecter cet ordre. 

Il s’agit d’être un « bon jardinier » de la nature humaine, veillant à ce que les lois humaines s’alignent sur l’harmonie cosmique et le droit, dans cette optique, a une profondeur métaphysique qui reflète une vérité objective et claire.

De l’individualisme au contrat social

Cette pensée alimente la démocratie moderne à travers une autre distinction fondamentale qu’est la conception de l’homme.

Chez Aristote, l’homme s’épanouit dans la cité – couple, famille, rue, village, nation étant des étapes de cette réalisation. Mais chez les modernes, l’homme est d’abord un individu isolé, ou si vous voulez une autre image, « un atome social ».

Hobbes, dans son Léviathan, décrit l’homme comme étant un « loup pour l’homme » et l’état de nature pour lui étant celui où règne la guerre de tous contre tous.

On a l’impression certaines fois que notre immense et froide société moderne est devenue une construction artificielle avec un contrat inconsciemment signé pour garantir la sécurité.

Rousseau nuance cette idée avec la « volonté générale » selon laquelle l’individu, individualiste par nature, devient social en adhérant à ce pacte, qui le transforme.

Mais ce contrat reste hautement paradoxal et c’est pourquoi je disais plus haut dans cet article que ce contrat est inconsciemment signé ou autrement dit : personne ne signe librement !

Naître en démocratie, c’est être soumis sans choix à ce contrat social – et devoir payer des impôts, par exemple, même sans jamais aller voter. On ne peut en sortir, contrairement à l’accord classique et les révolutionnaires ont même exploité cette logique pour exclure ceux qui rejettent le contrat, les privant d’humanité au nom du progrès.

Le Léviathan et la violence démocratique

Hobbes incarne cette vision froide et qui nous rend passifs avec sa description du Léviathan, inspiré d’un monstre biblique – un serpent symbolisant le chaos ou le diable –, ce qui n’est pas anodin.

Hobbes défend quand même cet État absolu, plus fort que les individus, et Cromwell, autre figure de cette pensée, montre la brutalité de ce système monstrueux en Irlande, en massacrant et asservissant au nom d’une République naissante.

Cromwell préfigure ainsi une violence inhérente à l’idéologie démocratique.

Cette logique de société atomisée et d’un État fort naît d’une philosophie sans lois naturelles et affaiblissant les communautés organiques (couples, familles, rues, villes, nations). Il ne reste que des individus qui ne sont plus que des grains de sable malléables.

La démocratie moderne, via la loi, tente de forcer les individus grains de sable à se fédérer. Mais plus elle s’étend, intégrant de diverses populations, plus elle devient rigide et trébuchante.

L’état d’urgence en France en 2016 illustre parfaitement ce mécanisme où l’État devient policier pour prévenir la guerre civile, sous couvert du « pacte républicain » – un avatar du contrat social.

Cette force brutale, démocratique, loin d’être une dérive, est dans son ADN : pour unifier des atomes sociaux, elle exige un pouvoir centralisé et oppressif.

Cette dynamique détruit les structures naturelles en formant un chaos sans socles où les familles, les rues, les villages et les nations s’effritent, remplacées par une masse informe d’individus grains de sable.

C’est ainsi que la matière sociale se disloque, engendrant un chaos inédit.

Dans le même temps, l’idéologie aveuglante du progrès démocratique non questionnable nie toute hiérarchie objective des valeurs et fait de l’homme (quel homme ?), le seul arbitre du bien et du mal. Comme dans la promesse du serpent au jardin d’Éden (« vous serez comme des dieux »), il dessine ses propres lois, mais sans ancrage, s’égare.

Les communautés naturelles – couples, familles, quartiers, villes, nations, sont aujourd’hui attaquées et doivent être démantelées pour laisser place à un monde plus « ouvert et plus universel ».

C’est le discours dominant des médias mainstream globalistes : les communautés seraient un obstacle à une société rationnelle.

Les droits de l’homme (quel homme ?), deviennent notre nouvelle métaphysique

Mais, cette nouvelle métaphysique n’est pas enracinée dans une réalité singulière.

L’être humain n’existe qu’à travers des appartenances concrètes – un couple, une famille, un quartier, une patrie, une histoire, des héritages.

Or, aujourd’hui, cette incarnation est sacrifiée au profit d’un cosmopolitisme abstrait, s’appuyant sur cette idéologie de l’individualisme née à la Renaissance : en réduisant l’homme à un individu détaché, on aboutit fatalement à un universalisme qui nie les différences.

La démocratie moderne, en s’alliant au mondialisme, rejette par principe toutes frontières, singularités et histoires nationales et ce projet ne date pas d’aujourd’hui.

Dès le Moyen Âge, des penseurs, souvent en conflit avec la papauté, imaginent une gouvernance supranationale.

Pierre Dubois, légiste de Philippe le Bel, propose au XIIIe siècle une confédération des royaumes contre Boniface VIII et plus tard, en Hongrie, un projet similaire avec Marsile de Padoue se revendique comme le pionnier de la souveraineté populaire tout comme au XVIIe siècle, Sully, sous Henri IV, rêve d’un « État des nations ».

Ces idées culminent avec les Lumières, puis la Société des Nations au XXe siècle.

Chaque fois, il s’agit de dépasser les pouvoirs locaux et celui de l’Église, au profit d’une autorité universelle !

Le cosmopolitisme, incarné par Érasme

L’adage « Je suis citoyen du monde, de tous les pays et d’aucun » –, va de pair avec cette ambition universelle proclamée et le cosmopolite, indifférent aux nations, se voit comme une élite détachée, profitant d’un monde uniformisé.

Cette vision s’oppose à la métaphysique biblique de la dualité de Dieu et de l’homme, pour adopter un monisme où tout se fond dans un cosmos unique.

Nous soulignons donc que ce débat de la démocratie est non seulement politique, mais religieux et métaphysique.

Rousseau a dit qu’on ne peut déléguer la souveraineté populaire et a critiqué l’utopie démocratique. Pour lui, la souveraineté populaire, indivisible et non délégable, ne fonctionne que dans une démocratie directe à petite échelle.

Dès l’origine, Rousseau perçoit les contradictions internes de la démocratie : elle promet un pouvoir au peuple, mais finit par le confisquer.

Certains, attachés à la nation face au mondialisme, s’inspirent de lui pour prôner des « petites patries », mais philosophiquement, le contrat social nous arrache déjà à l’histoire et aux communautés enracinées, projetant l’homme dans une abstraction hors-sol.

Peut-on être démocrate et chrétien ?

Historiquement, la souveraineté populaire naît chez des théologiens dissidents, comme Marsile de Padoue, un franciscain exilé au XIVsiècle à la cour de Louis de Bavière, en conflit avec Jean XXII. Dans un débat sur l’élection de l’empereur du Saint-Empire, il soutient que le pouvoir vient du peuple, non du pape, une idée reprise par le Jésuite Suárez contre l’Église anglicane.

Après 1789, des chrétiens cherchent à réconcilier foi et République avec Félicité de Lamennais qui plaide pour cette union et Grégoire XVI, dans l’encyclique Mirari Vos (1832), la rejette.

Dès 1791, Pie VI, dans le « Quod Aliquantum », avait critiqué la Révolution pour son rejet de l’ordre naturel, et cette opposition domine le XIXe siècle : « Liberté et égalité sont absurdes ; les enfants naissent soumis, et tous doivent obéir à Dieu. »

Léon XIII marque un tournant et dans « Au milieu des sollicitudes » (1892) et « Rerum Novarum » (1891), il reconnaît les régimes établis, y compris la République, sous réserve qu’ils ne contreviennent pas à la loi divine.

Il affirme que la légitimité des régimes dépend de leur conformité à l’ordre naturel. Inspiré d’Aristote, il admet une forme de démocratie enracinée dans une métaphysique transcendante, distincte de la version moderne issue des Lumières.

Mais le mouvement démocrate-chrétien, né de ces textes, dérive vite avec Marc Sangnier et le Sillon qui prônent une égalité évangélique, même si Pie X, en 1910, condamne cette assimilation, réaffirmant que la souveraineté populaire contredit la doctrine catholique.

Après la Seconde Guerre mondiale, Jacques Maritain, financé par les Américains et soutenu par de Gaulle, publie « Christianisme et démocratie » en 1942.

Il soutient que les Lumières prolongent la chrétienté, une thèse en fait diffusée pour rallier l’opinion contre Pétain. Ambassadeur à Rome, ami de Paul VI, Maritain influence Vatican II, qui entérine la liberté religieuse et un rapprochement avec la démocratie moderne. Ce compromis dilue le christianisme et aujourd’hui, la « démocratie chrétienne » est en perte d’identité.

Une démocratie chrétienne peut exister, mais en dehors du contrat social.

Cela implique une société organique, fondée sur le couple, la famille et les corps intermédiaires, comme la subsidiarité, et non un face-à-face entre l’individu et l’État.

Et la Révolution de 1789, avec son jacobinisme, a écrasé ces structures organiques et naturellement ancrées au profit d’une abstraction centralisatrice.

Concluons en poussant à différentes réflexions

Une démocratie à grande échelle, avec des millions d’individus, est-elle viable ? Rousseau a dit que la souveraineté ne se délègue pas sans se perdre.

À l’échelle étatique moderne, nous avons tous observé les dérives de la bureaucratie, de l’excès de régulations, du totalitarisme, du despotisme mondialiste – plutôt qu’à une liberté nationale alignée à celle du citoyen.

La démocratie moderne est devenue un « monstre tyrannique froid », qui en plus de cela a le pouvoir de redéfinir la morale via ses institutions, qui deviennent ensuite sacrées et inamovibles.

Voici donc la question clé de l’enfermement idéologique démocratique et les plus grands des despotes à renverser sont nos idées.

La démocratie sous tutelle : l’ère des Juges-Rois

Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-democratie-sous-tutelle-l-ere-des-juges-rois

Ou quand les juges prennent le pouvoir…

Imaginez une démocratie où vos votes, vos représentants et vos lois sont systématiquement remis en question, non par un débat public ou un scrutin, mais par des décisions prises dans des bureaux feutrés par des juges non élus.

Ce scénario, qui pourrait sembler dystopique, est pourtant une réalité croissante dans de nombreux pays, du Brésil à la France en passant par les États-Unis et la Hongrie.

L’idée fondatrice de la séparation des pouvoirs, pilier de nos systèmes démocratiques, vacille sous l’influence d’un pouvoir judiciaire qui s’arroge des prérogatives dépassant son rôle traditionnel.

Explorons cette dérive inquiétante, baptisée ici « l’ère des juges-rois », à travers des exemples concrets, des chiffres et une analyse des conséquences pour la souveraineté populaire.

Le principe de la séparation des pouvoirs menacé ?

Montesquieu, dans L’Esprit des Lois (1748), posait un principe clair : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Le législatif (les élus du peuple) fait les lois, l’exécutif (le gouvernement) les applique, et le judiciaire (les juges) les interprète et sanctionne leur non-respect.

Cette répartition garantit que nul ne domine, protégeant ainsi la liberté individuelle et la volonté collective.

Mais que se passe-t-il quand le judiciaire empiète sur les deux autres pouvoirs ? Lorsqu’un juge peut bloquer une loi votée par un parlement ou ordonner des mesures qui relèvent de la politique nationale, la balance des pouvoirs s’effrite.

Cette tendance, observable à travers des cas concrets, transforme la démocratie en une sorte de « judiciocratie », où les juges deviennent des acteurs politiques majeurs, souvent au détriment du peuple.

Des exemples concrets de la montée des juges-rois – Salvador, N. Bukele & la Cour Suprême.

Nayib Bukele, président du Salvador, a souvent évoqué les obstacles que la Cour suprême posait à son gouvernement avant les réformes de 2021.

Selon lui, les juges de la Chambre constitutionnelle ont bloqué systématiquement ses initiatives, notamment sur des questions comme la gestion de la pandémie de COVID-19 et la lutte contre la criminalité.

Il a expliqué que ces magistrats, qu’il qualifiait d’activistes et de corrompus, rendaient des décisions contraires à la volonté populaire et paralysaient son administration, l’empêchant de « gouverner efficacement« .

Par exemple, en 2020, la Cour avait jugé inconstitutionnelle une ordonnance de confinement strict qu’il avait imposée, ce qu’il a dénoncé comme une ingérence judiciaire nuisant à la sécurité publique.

Pour surmonter cela, Bukele a adopté une stratégie politique claire : il a appelé le peuple salvadorien à voter massivement pour son parti, Nuevas Ideas, lors des élections législatives de février 2021.

Il a présenté cette élection comme un référendum sur son leadership, demandant une majorité au Congrès pour « libérer le pays des entraves judiciaires ».

Avec une popularité écrasante, son parti a remporté 56 des 84 sièges, lui donnant une super majorité. Dès le 1er mai 2021, jour de l’installation de la nouvelle Assemblée, les députés ont voté pour destituer les cinq juges de la Chambre constitutionnelle et le procureur général, arguant qu’ils avaient outrepassé leurs fonctions et sapé la gouvernance.

Bukele a justifié cette action en disant : « Le peuple a parlé, et nous nettoyons la maison », soulignant que cette démarche respectait les mécanismes constitutionnels via le pouvoir législatif élu démocratiquement.

Pour lui, c’était la seule façon de briser l’immobilisme et de « rendre le pouvoir au peuple » face à une élite judiciaire qu’il accusait de protéger ses propres intérêts. Sur X il conseille à Musk et Trump de faire de même.

Les États-Unis et les juges fédéraux corrompus bloquant les accès à certains départements

Elon Musk, comme chef du Department of Government Efficiency (DOGE), a ciblé des juges fédéraux qui ont entravé ses efforts pour accéder à des systèmes gouvernementaux sensibles ou réduire les effectifs fédéraux.

Par exemple, après une décision du juge Paul Engelmayer, de la Cour fédérale de Manhattan, le 8 février 2025, bloquant temporairement l’accès de DOGE aux systèmes de paiement du Département du Trésor (contenant des données comme les numéros de Sécurité sociale), Musk a écrit sur X : « Un juge corrompu protège la corruption. Il doit être destitué MAINTENANT !»

Il a accusé Engelmayer de protéger des intérêts bureaucratiques au détriment des contribuables qui veulent de la transparence.

Musk a aussi évoqué un « coup judiciaire » contre la démocratie, amplifiant ses attaques contre le système judiciaire.

Donald Trump, de son côté, a repris ces accusations lors d’une conférence de presse le 11 février 2025 à la Maison Blanche, aux côtés de Musk.

Il a visé le juge John McConnell, de Rhode Island, qui, le 10 février, a ordonné à son administration de débloquer des milliards de dollars en subventions fédérales gelées, malgré un précédent arrêt.

Trump a déclaré : « Des juges hautement politiques, comme McConnell, ralentissent notre agenda. C’est difficile de croire qu’un juge puisse dire ‘on ne veut pas que vous fassiez ça. »

Le vice-président JD Vance a également contribué et le 9 février 2025, sur X, il a écrit : « Si un juge disait à un général comment mener une opération militaire, ce serait illégal. Les juges ne peuvent pas contrôler le pouvoir légitime de l’exécutif. »

Bien qu’il n’ait pas nommé de juge spécifique, son commentaire visait clairement Engelmayer, dont la décision contre DOGE avait suscité la colère de Musk. Vance a ainsi critiqué la partialité du pouvoir judiciaire.

D’autres alliés républicains ont suivi. Le sénateur Tom Cotton d’Arkansas a qualifié Engelmayer de « hors-la-loi » sur ABC News le 10 février, affirmant que ses décisions étaient un abus de pouvoir contre la volonté de Trump.

Le député Jim Jordan, président du Comité judiciaire de la Chambre, a défendu Musk sur CNN le même jour, arguant que DOGE « exécute la volonté du présiden t» et que les juges bloquant ces efforts outrepassent leur rôle.

Un cas supplémentaire concerne la juge Tanya Chutkan, à Washington, qui, le 18 février 2025, a refusé d’émettre une injonction immédiate contre DOGE pour ses licenciements massifs dans les agences fédérales.

Bien que sa décision n’ait pas été un blocage direct, Musk l’a critiquée sur X, affirmant : « Même quand ils ne bloquent pas, ils remettent en cause le peuple. C’est ridicule ! »

Ces critiques s’inscrivent dans une stratégie plus large : Musk et Trump présentent les juges comme des obstacles à leur vision de « restauration » du gouvernement pour le peuple et par le peuple, les accusant de corruption et de partialité.

Musk avait déjà demandé le 12 février « une vague immédiate de destitutions judiciaires », tandis que Nayib Bukele, président du Salvador et admirateur de Musk, a soutenu cette idée sur X : « Si vous n’écartez pas les juges corrompus, vous ne pouvez pas réparer le pays. »

Brésil : Alexandre de Moraes

Alexandre de Moraes, juge de la Cour suprême du Brésil et ancien président du Tribunal supérieur électoral (dont les irrégularités électorales sous sa direction sont aussi innombrables), est au cœur de controverses pour abus de pouvoir.

Des milliers d’irrégularités depuis des années telles que des ordonnances de censure sans procédure légale claire, notamment le blocage de comptes sur les réseaux sociaux de citoyens et de personnalités politiques, ont été réalisées sans justification publique détaillée.

Il est accusé d’outrepasser la Constitution brésilienne, en particulier l’article 5 garantissant la liberté d’expression, le droit à un procès équitable avec l’accès aux documents, en ordonnant en plus des arrestations (notamment celle du congressiste Daniel Silveira enfermé encore aujourd’hui depuis plus de 2 ans, et qui avait dénoncé les liens d’Alexandre de Moraes avec les narcos trafiquants du Primeiro Comando da Capital pour qui Alexandre avait travaillé dans une entreprise de logistiques à São Paulo) et perquisitions sans preuves solides ou en s’appuyant sur des rapports techniques douteux.

Différents audios ont aussi révélé qu’il demandait à ses employés « d’être créatifs » dans la persécution contre notamment Eduardo Bolsonaro, député fédéral et fils du Président Jair Messias Bolsonaro.

En août 2024, le juge Alexandre de Moraes, membre du Tribunal Suprême Fédéral (STF) brésilien, a ordonné la suspension de la plateforme X au Brésil.

Cette décision, prise dans le cadre d’une enquête sur des « milices numériques » accusées de propager des  » fake news « , a été un choc : en une nuit, 20 millions d’utilisateurs brésiliens ont perdu accès à un réseau social majeur.

Moraes a justifié cette mesure par la nécessité de protéger la démocratie contre la prétendue désinformation (elle a bon dos), visant les Bolsonaristes.

Concrètement, Moraes a agi sans attendre une loi du Congrès ou une décision de l’exécutif. Il a imposé des amendes de 50 000 reais (environ 8 500 euros) par jour à toute entité tentant de contourner le blocage via des VPN, et a même ordonné la saisie de fonds de Starlink, la société d’Elon Musk, pour garantir le paiement d’amendes liées à X.

Cette intervention directe dans la sphère publique et privée dépasse largement le rôle d’un juge : elle illustre une politique de censure active et de persécutions, dictée par un seul homme.

En France – le Conseil constitutionnel et la loi sur le séparatisme.

En France, un exemple marquant, même si de nombreux pourraient être cités, est la censure partielle de la loi renforçant le respect des principes républicains (dite « loi séparatisme ») en août 2021.

Votée par l’Assemblée nationale et le Sénat pour lutter contre l’islamisme radical, cette loi prévoyait des mesures comme la fermeture administrative de lieux de culte ou la surveillance accrue des associations.

Mais le Conseil constitutionnel, composé de neuf membres nommés (dont d’anciens présidents de la République), a retoqué plusieurs articles, jugés soit disant contraires à la liberté d’association ou à la présomption d’innocence.

Par exemple, l’article 12, qui permettait de dissoudre une association pour des motifs élargis, a été annulé, au grand dam du gouvernement et d’une partie de l’opinion publique favorable à un durcissement sécuritaire.

Cette décision a été perçue comme une ingérence dans une politique votée par des élus représentant 67 millions de Français, soulignant le pouvoir du Conseil à imposer sa vision contre celle du législateur.

Hongrie – La Cour constitutionnelle face à Orban.

En Hongrie, Viktor Orban, réélu en 2022 avec une majorité écrasante (53 % des voix), a vu plusieurs de ses réformes bloquées par la Cour Constitutionnelle ou par les pressions judiciaires européennes.

En 2020, la Cour a invalidé une loi limitant les droits des ONGs financées par l’étranger, sous prétexte qu’elle violait les principes de l’Union européenne.

Cette décision a été renforcée par une condamnation de la Cour de justice de l’UE en juin 2020, imposant à Budapest des amendes de plusieurs millions d’euros.

Les juges, qu’ils soient nationaux ou supranationaux, ont agi comme des arbitres politiques, contredisant un gouvernement soutenu par une majorité électorale.

Cela illustre une tutelle judiciaire qui transcende les frontières, où des institutions comme la CJUE deviennent des outils de discipline contre les États jugés « déviants » de certains intérêts…

Union européenne – Le « Bouclier de la démocratie » et la censure numérique.

Le Digital Services Act (DSA), entré en vigueur en 2024, illustre une autre facette de cette judiciarisation.

Ce règlement européen impose aux plateformes numériques (Google, Meta, X) de supprimer les contenus jugés « illégaux » ou « nuisibles » sous peine d’amendes pouvant atteindre 6 % de leur chiffre d’affaires mondial !

En pratique, ce sont souvent des juges ou des autorités administratives qui décident de ce qui est « nuisible », comme en Allemagne où des posts sur X critiquant la politique migratoire ont été bloqués en 2023 suite à des plaintes judiciaires.

Il est crucial et urgent de rétablir le contrôle des pouvoirs pour que la voix du peuple soit respectée et non censurée par une technocratie non élue.

Résumé des mécanismes de cette dérive judiciaire.

Tout d’abord intervient la nomination et indépendance des juges. Au Brésil, les juges du STF sont nommés par le président et confirmés par le Sénat, mais servent jusqu’à 75 ans, échappant à tout contrôle populaire direct. En France, le Conseil constitutionnel inclut des figures comme Laurent Fabius, ancien Premier ministre, nommé en 2016 par François Hollande, ce qui soulève des questions sur leur neutralité politique. Aux États-Unis, les juges de la Cour suprême, nommés par le président et confirmés par le Sénat, sont inamovibles, renforçant leur pouvoir hors du temps électoral.

Ensuite intervient une interprétation extensive des lois ou à « géométrie variable » parfois plaçant erronément certaines règles au rang de lois. Les juges s’appuient souvent sur des textes vagues (« sécurité publique« , « désinformation») pour justifier des interventions. Par exemple, Moraes a utilisé l’article 142 de la Constitution brésilienne, qui garantit le rôle des forces armées dans l’ordre public, pour enquêter sur des civils, et c’est une lecture très controversée.

Enfin, les pressions internationales interférent. Dans l’UE, la CJUE et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) imposent des décisions qui lient les juges nationaux. En 2021, la Pologne a été condamnée à payer 1 million d’euros par jour pour avoir maintenu une chambre disciplinaire des juges, un exemple de tutelle supranationale.

Des conséquences directes et tangibles pour la démocratie se font sentir

  • La démocratie est en danger avec l’érosion de la souveraineté populaire – En France, une enquête IFOP de 2022 montrait que 62 % des Français estimaient que leurs votes comptaient moins face aux décisions des juges ou des technocrates européens. Au Brésil, les manifestations pro-Bolsonaro de 2023 ont dénoncé Moraes comme un « dictateur en toge », reflétant un rejet populaire de cette emprise judiciaire.
  • L’utilisation de la justice comme d’une arme à des fins d’appareil entraine une judiciarisation de la politique 
    En 2024, le parti Rassemblement National a vu plusieurs de ses propositions (comme la restriction de l’immigration) retoquées par des tribunaux administratifs avant même leur adoption, freinant l’élan d’une majorité parlementaire potentielle. 
    Aux États-Unis, les batailles juridiques autour des lois électorales (ex. Vote par correspondance en Pennsylvanie, 2020) montrent comment les juges influencent directement les résultats électoraux.
  • Cela se traduit par une perte de confiance dans les institutions – Selon un sondage Pew Research de 2023, seulement 43 % des Américains faisaient confiance à la Cour suprême, contre 67 % en 2000. – En Hongrie, les décisions pro-UE de la Cour constitutionnelle sont perçues par 55 % des électeurs (sondage Nézőpont, 2022) comme une trahison des intérêts nationaux.
  • Et une polarisation sociale importante avec des discriminations perçues
    Les décisions judiciaires, souvent tranchées, exacerbent les clivages. 
    Après Dobbs v. Jackson, des manifestations ont éclaté dans 40 États américains, tandis qu’au Brésil, la censure de X a ravivé les tensions entre Bolsonaristes et Lulistes.

Analyse historique et philosophique

Historiquement, cette montée des juges évoque le rôle des parlements sous l’Ancien Régime en France. Avant 1789, ces cours de justice s’opposent au roi en refusant d’enregistrer des édits royaux, jouant un rôle quasi-législatif. Aujourd’hui, les juges jouent un rôle similaire face aux gouvernements élus, mais avec une légitimité moindre, car ils ne sont pas issus du suffrage.

Philosophiquement, Hannah Arendt, dans « Condition de l’homme moderne » mettait en garde contre un pouvoir qui échappe à la délibération publique. 

Les juges-rois incarnent cette dérive : leurs décisions, prises dans l’ombre des prétoires, remplacent le débat démocratique par des arrêts irrévocables. Rousseau, dans « Du contrat social », aurait vu dans cette tutelle une violation du principe de la volonté générale, supplantée par une élite autoproclamée.

Quelles solutions concrètes pour rééquilibrer le pouvoir entre les élites et le peuple – diminuer la fracture

Commençons par ce qui devrait être de fait : des nominations plus démocratiques. En France, on pourrait envisager une élection partielle des membres du Conseil constitutionnel par les citoyens ou les parlementaires, comme en Suisse où les juges fédéraux sont élus par l’Assemblée fédérale. Au Brésil, limiter le mandat des juges du STF à 10 ans (contre une retraite à 75 ans actuellement) ramènerait un contrôle temporel.

Proposons des référendums sur les grandes décisions, tout en ne répliquant pas le référendum sur le traité de Lisbonne. Inspiré par le modèle suisse, un référendum pourrait être organisé sur des arrêts majeurs (ex. censure de X au Brésil ou du séparatisme en France), redonnant la parole au peuple. En 2021, 73 % des Français soutiennent cette idée (sondage Odoxa).

Une nécessaire clarification des compétences judiciaires. Une réforme constitutionnelle pourrait limiter les interventions du judiciaire dans les affaires politiques. Par exemple, au Japon, la Cour suprême ne peut invalider une loi qu’avec une majorité des deux tiers, rendant ses interventions rares.

Et avant tout une totale transparence et responsabilité accrue. Le droit à la transparence est un des droits fondamentaux qui a été fortement capturé ces dernières années. La publication des délibérations des juges (comme au Canada pour certaines décisions) ou instaurer des auditions publiques avant leur nomination renforcerait leur légitimité. En 2023, seulement 28 % des Brésiliens savaient comment Moraes avait été nommé (sondage Datafolha).

Sauver la démocratie ou accepter la tutelle ?

L’ère des juges-rois n’est pas une fatalité, mais un avertissement. Du Brésil, où Moraes bloque les réseaux sociaux, à la France, où le Conseil constitutionnel redessine les lois, en passant par les États-Unis et l’UE, le pouvoir judiciaire s’impose comme un acteur dominant, souvent au détriment des urnes.

Cette judiciarisation galopante menace la souveraineté populaire, transforme les citoyens en spectateurs et polarise les sociétés.

Pour inverser cette tendance, il faut réaffirmer la primauté du législatif, redonner du pouvoir aux élus et aux peuples, et limiter les juges à leur rôle d’arbitres, non de décideurs.

Sinon, la démocratie risque de n’être plus qu’un souvenir, remplacée par une oligarchie en robe noire, où la loi supplante la liberté.

Les exemples concrets abondent, les chiffres parlent, et l’histoire nous avertit : il est temps de réagir avant que les juges-rois ne deviennent pas les seuls souverains.

Antoine Bachelin Sena est sur x.com\antoinebachelin Retrouvez ses livres sur https://antoinebachelinsena.com/2024/02/16/livres/

Le citoyen-spectateur & la démocratie télévisée.

Voici le lien de mon article paru sur France Soir.

«Acceptez la démocratie», par Jair Messias Bolsonaro.

Appelé à donner son avis, le peuple a choisi l’ordre, le progrès, le patriotisme, la liberté économique et d’expression et le respect des familles et des religions.

Le vent de la démocratie souffle avec une direction et un sens bien définis.

En Argentine, au Brésil et aux États-Unis, la majorité des électeurs choisissent des candidats, des partis et des programmes de droite.

Certains analystes et politologues, mal à l’aise avec les décisions populaires souveraines, tentent de présenter nombre de ces mouvements comme s’il s’agissait d’un déplacement «vers le centre».

Ce n’est pas du tout cela. Faites simplement attention aux propositions récemment approuvées lors des élections.

Là où le peuple est appelé à donner son avis, la majorité choisit l’ordre, le développement, le progrès, la liberté économique, la liberté d’expression, le respect des familles et de la religion, le patriotisme. Ce sont les drapeaux que nous, à droite, brandissons depuis des années, même sous de graves menaces autoritaires.

Rien ne peut contenir la vague conservatrice. Ni la censure, ni les annulations, ni le boycott économique, ni la persécution policière, ni les longues peines de prisons arbitraires et injustes.

La résistance et la résilience de la droite ont une raison très simple : nos drapeaux, même attaqués par la majorité des médias et de leurs journalistes, expriment les sentiments et les désirs les plus profonds de la majorité de la société. Et aucune mesure administrative ou répressive ne peut inverser cette tendance.

Car, lorsqu’une idée gagne l’âme du peuple, il est inutile de tenter de la tuer simplement par la violence.

La tendance est de nous accuser d’être des ennemis de la démocratie. Mais ceux qui ont du mal à accepter la démocratie sont ceux de gauche, lorsque la majorité des gens choisissent des voies différentes de celles qu’ils souhaiteraient. Il suffit de voir la réaction de la gauche face à ses défaites.

Lorsqu’ils le peuvent, comme au Venezuela, ils fraudent simplement le résultat électoral. Dans le cas contraire, comme c’est le cas aujourd’hui avec le retour victorieux du président Donald Trump à la Maison Blanche, ils réclament auprès de leurs adversaires de droite d’avoir permis qu’il se présente aux élections.

Ce sont eux qui se présentent comme des «démocrates», des «sauveurs» autoproclamés de la démocratie; une démocratie qu’ils piétinent quand ils le peuvent. De plus, ils vivent dans une réalité parallèle, isolés dans leurs bulles, séparés du peuple et des travailleurs qu’ils prétendent représenter.

Ils sont incapables de comprendre qu’il n’est pas possible, sauf dans une dictature absolue, d’empêcher la manifestation de la volonté populaire, dont les dirigeants ne sont que les porteurs. S’ils suppriment un leader, un autre apparaîtra.

C’est ainsi que sont apparus des dirigeants capables de canaliser et d’exprimer la volonté majoritaire du peuple ! En ce moment même, lors de nos élections pour les maires et les conseillers municipaux, les hommes et les femmes de droite ont envahi démocratiquement, par la force du vote, l’arène politique, dans un tsunami d’affirmation populaire comme jamais vu auparavant.

Nos cadres, dans les différents partis, surgissent par dizaines, voire centaines. Et où sont les nouveaux cadres de la gauche ? Est-ce que quelqu’un sait ? Quelqu’un a vu quelque-chose? Ils ne sont nulle part. Le scénario de gauche est celui du vieillissement et de la désolation.

Même leurs porte-paroles, moins déconnectés de la réalité, le reconnaissent. Cela se produit pour une raison simple : le jardin de la politique ne fleurit que lorsqu’il est irrigué par la volonté populaire.

Lorsqu’une force politique se déconnecte du sentiment de la majorité, il est inévitable qu’elle dépérisse. Il se peut même qu’elle résiste un temps au prix de la répression et d’une utilisation éhontée des budgets publics, mais son sort est scellé. Cette force est vouée à devenir inutile, voire à disparaître. À combien d’anciennes puissances de la scène politique avons-nous vu cela arriver ?

Chacun fait ses propres choix. Nous, à droite, si injustement accusés d’«extrémisme», continuerons à persévérer sur la voie que nous avons toujours défendue, celle de la liberté et de la démocratie, entendues comme gouvernement du peuple.

Nous continuerons à nous efforcer d’écouter les gens et d’être connectés aux désirs les plus profonds de la société, même lorsque ceux-ci ne trouvent pas de place dans les mécanismes traditionnels de formation de l’opinion publique.

Et nous travaillerons avec la sérénité et l’obstination de ceux qui luttent chaque jour pour un avenir meilleur pour les personnes, les familles et notre Brésil.

Jair Messias Bolsonaro.

De Bobbio à Bernanos. Texte de 1999 restant éternel avec les innombrables leçons du professeur Olavo de Carvalho.

Le 6 de juin 1999 par Olavo de Carvalho à Sao Paulo.São Paulo).
(Traduit par Henri Carrières et Armand Grabois)

Le XXe siècle a commencé avec la proclamation presque universelle, après une succesion d’expériences totalitaires dont le bilan se monte à presque 200 millions de morts, que nous ferions mieux d’apprendre définitivement à nous intéresser à la démocratie.

Pour la première fois dans les temps modernes, l’Humanité semble être arrivée à un accord. Quoiqu’il y ait encore des dictatures un peu partout, l’idée de dictature a perdu toute crédibilité intelectuelle, et l’on croit, avec un optimisme assez platonique, que ce qui disparaît du ciel des idées devrait tôt ou tard disparaître de ce bas monde.

Et, quoique personne n’attribue aux démocraties actuelles la vertu de la perfection, il y a un consensus général que Norberto Bobbio a résumé en une sentence lapidaire: “La seule solution pour les malheurs de la démocratie, c’est un surplus de démocratie”.

Mais cette formule est-elle celle d’un consensus ou celle d’un problème?

🔹En premier lieu, que signifie “plus de démocratie”? Un libéral croit que c’est moins d’intervention de l’État dans l’économie; un social-démocrate croit que c’est plus de secours de l’État aux pauvres ou défavorisés. Ainsi, non seulement on réédite la vieille confrontation entre capitalisme et socialisme, tous les deux sous le nom de démocratie, mais on arrive finalement à un cul-de-sac, puisque pour réaliser la première alternative il faudrait accroître le contrôle étatique sur la vie privée (pour le moins afin que l’État, dépourvu de son fardeau économique, acquière de nouvelles fonctions qui légitiment son existence), et pour réaliser la seconde il faudrait augmenter les impôts et gonfler la bureaucratie étatique jusqu’à paralyser l’économie et paupériser encore plus le pauvres.

🔹En deuxième lieu, il y a de bonnes raisons de douter que “plus de démocratie” soit encore de la démocratie. La démocratie n’est pas comme un pain, qui croît sans perdre l’homogénéité: à mesure qu’elle s’étend, sa nature change jusqu’à se convertir en son contraire. L’exemple le plus caractéristique — mais, certes, pas unique — est ce qui se passe avec la “démocratisation de la culture”. En un premier moment, démocratiser la culture c’est distribuer généreusement aux masses les soi-disant “biens culturels”, autrefois réservés, dit-on, à une élite. En un deuxième moment, on exige que les masses aient aussi le droit de décider ce qui est et ce qui n’est pas un bien culturel. Alors, la situation se renverse: offrir aux masses les biens de l’élite n’est plus pratiquer la démocratie: c’est insulter le peuple. Les couches populaires, affirme-t-on, ont droit à “leur propre culture”, dans laquelle la musique rap peut être préférable à Bach. L’intellectualité se livre alors à toute sorte de théorisations afin de prouver que les biens supérieurs autrefois convoités par la masse n’ont pas, en fin de compte, plus de valeur que tout ce que la masse possédait déjà avant de les conquérir. Et, quand l’ancienne différence entre culture d’élite et culture de masses semble finalement rétablie sous le nouveau et réconfortant prétexte de la relativité, les intellectuels se révoltent encore plus, car il découvrent que tous les biens, égalisés par l’universel rélativisme, sont devenus de pures marchandises sans valeur propre: Bach est devenu fond sonore pour les campagnes publicitaires de culottes et le rap, grâce au marché du disque, a créé une nouvelle élite de millionaires, cyniques et arrogants comme ne l’aurait osé être l’ancienne élite. Un processus identique se répète dans les domaines de l’éducation, de la morale et même de l’économie, où chaque nouvelle fournée de bénéficiaires du progrès s’accroche à ses nouveaux privilèges avec une avarice et une violence inconnue des élites plus anciennes: le fascisme a surgi parmi les nouvelles classes moyennes créés par la démocratie capitaliste, et la “Nomenklature” soviétique, la plus jalouse des classes dominantes qui n’ait jamais existé dans ce monde, est née de l’ascension de soldats et d’ouvriers dans la hiérarchie du Parti.

🔹En troisième lieu, on a peut-être le danger le plus grave: un consensus en faveur de la démocratie n’est constructif qu’en apparence, car la démocratie, par définition, consiste à se passer de tout consensus. Démocratie n’est pas concorde: c’est une manière intelligente d’administrer la discorde. Et la clameur universelle pour “plus de démocratie”, dans la mesure même où elle s’affirme comme un consensus, donne des signes de ne plus pouvoir supporter aucune voix discordante.

Ainsi, il y a des raisons pour craindre que, si le XXe siècle a commencé par demander des dictatures et s’est terminé par exiger la démocratie, le nouveau siècle finisse par suivre le parcours dans le sens précisément inverse.

Car, comme disait Bernanos, la démocratie n’est pas l’opposé de la dictature: elle en est la cause.