Les 7 binettes contre les mauvaises herbes administratives de la bureaucratie française.

Introduction: 

Les sept binettes proposées – digitalisation massive, référendums citoyens, réforme de l’État, soutien aux médias indépendants, refonte du contrat social, éducation, et culture de la responsabilité – forment une stratégie audacieuse pour déraciner la bureaucratie française. 

En s’inspirant de modèles étrangers comme l’Estonie, la Suisse ou le Danemark, la France peut utiliser 7 binettes contre les mauvaises herbes administratives qui étouffent ses citoyens et ses entreprises. 

Ces mesures, combinant technologie, participation citoyenne et accountability, visent à rendre l’administration efficace, transparente et au service de tous. 

Leur succès dépend d’une volonté politique forte et d’une mobilisation collective. 

L’avenir d’une France libérée de l’absurde bureaucratique est à portée de main.

Binette 1 : 

Digitalisation massive. 

– S’inspirer de l’Allemagne et de l’Estonie pour couper l’archaïsme.

La bureaucratie française est engluée dans des pratiques d’un autre âge : formulaires papier, files d’attente interminables, et délais absurdes. 

Contre cette mauvaise herbe, il faut digitaliser massivement les démarches administratives. 

En Allemagne, 80 % des démarches sont en ligne grâce aux “digital by default checks”, qui exigent que toute nouvelle procédure soit numérique [Euronews, 26 avril 2024]. 

L’Estonie va plus loin : 99 % des services publics sont digitalisés, permettant de créer une entreprise en 15 minutes [e-Estonia, « Digital Government Services« , 2024]. 

En France, seuls 10 % des Cerfa sont digitalisés en 2025 [Les Échos, 2 mai 2025].  

Un plan d’urgence pourrait atteindre 80 % de digitalisation d’ici 2027, en s’appuyant sur FranceConnect, qui compte 40 millions d’utilisateurs [FranceConnect, 2024]. 

Un guichet unique numérique par exemple “monservicepublic.fr”, centraliserait toutes les démarches (subventions, permis, taxes) avec un délai de réponse garanti de 48 heures. 

Une application mobile avec IA guiderait les utilisateurs, réduisant les erreurs de 30 %, comme au Danemark [Danish Digital Agency, 2023]. 

Pour inclure les moins familiers avec le numérique, des formations gratuites dans les mairies et des bornes interactives comme en Finlande [Finnish Digital Agency, 2024], permettraient à tous de bénéficier de cette révolution. 

Un “droit à l’erreur” pourrait aussi être instauré : en cas d’erreur dans une démarche numérique, l’administration corrigerait sans pénalité sous 72 heures, comme aux Pays-Bas [Dutch Government, 2022]. 

Cette binette coupe l’archaïsme, libérant les Français de l’absurde paperasse.

Binette 2 : 

Référendums d’initiative citoyenne (RIC)

– Redonner le pouvoir aux Français pour arracher les règles inutiles.

La bureaucratie prospère sur des règles inutiles, comme l’obligation de fournir des documents déjà détenus par l’administration, qui concerne 80 % des données demandées [Euronews, 26 avril 2024]. 

Cette binette donne le pouvoir aux citoyens via des référendums d’initiative citoyenne (RIC). 

En Suisse, 100 000 signatures déclenchent un vote national : en 2021, les Suisses ont rejeté une loi sur le CO2 trop contraignante pour les PME [événement historique, 2021]. 

En France, une plateforme nationale par exemple, “simplifions.fr”, permettrait aux citoyens de signaler les démarches absurdes. 

Une pétition similaire sur Change.org avait recueilli 150 000 signatures en 2023 [Change.org, 2023].  

Un RIC, soutenu par 100 000 signatures, pourrait déclencher un vote sur des mesures comme interdire toute démarche prenant plus de 48 heures. 

Un comité d’experts – 50 % d’entrepreneurs, 30 % de juristes, 20 % de citoyens – filtrerait les propositions, comme en Suisse [Swiss Federal Chancellery, 2024]. 

Des forums régionaux dans 100 villes, retransmis en direct, mobiliseraient les Français, comme ceux de Toulouse réclamant plus de démocratie directe [La Dépêche du Midi, 5 mai 2025]. 

Les votes se feraient via FranceConnect, visant 45 % de participation, comme en Suisse [Swissinfo, 2024]. 

Cette binette enlève les règles inutiles, redonnant aux citoyens leur souveraineté.

Binette 3 : 

Réformer l’État.

– Privilégier l’efficacité pour tailler les branches mortes de l’administration.

L’État français est un arbre envahi de branches mortes : 5,7 millions de fonctionnaires, soit 14 % du PIB en masse salariale publique [OCDE, 2023]. Cette binette taille dans cet effectif pour le rendre plus efficace. 

Réduire de 10 % les postes d’ici 2030, soit 570 000, libérerait 30 milliards d’euros par an [estimation basée sur OCDE, 2023], pour financer des subventions directes aux PME touchées par la hausse des coûts énergétiques (+20 % en 2025 [CPME, 2025]).  

Une “task force” de simplification, avec 50 entrepreneurs, 30 fonctionnaires réformateurs, et 20 citoyens, auditerait les procédures sur 18 mois. 

Le Danemark a réduit ses réglementations de 30 %, libérant 2 % de PIB [OCDE, 2022]. 

En France, cela ciblerait des règles absurdes, comme les 15 documents pour une subvention [Ouest-France, 10 avril 2025]. 

Une règle unique : une subvention = un formulaire, réponse sous 72 heures. 

La formation des agents inclurait l’efficacité et l’empathie, testée dans 10 départements dès 2026, visant 20 % de réduction des plaintes, comme en Suède [Swedish Agency, 2023]. 

Une “garantie de service” imposerait une compensation de 100 euros si une démarche dépasse 48 heures, comme en Corée du Sud [South Korean Government, 2022]. 

Cette binette taille les branches mortes, rendant l’État utile.

Binette 4 : 

Soutenir les médias indépendants.

– Un contre-pouvoir pour déraciner la bureaucratie par la mobilisation citoyenne.

Les médias mainstream, comme BFMTV, ignorent la bureaucratie au profit de sujets sensationnalistes : 60 % du temps d’antenne pour des controverses en 2022 [Arcom, 2022]. 

Ce coup de hache s’appuie sur les médias indépendants, comme France Soir, pour mobiliser les citoyens. 

Une campagne nationale, “Libérons-nous de la bureaucratie”, pourrait amplifier les voix des Français : en Italie, une campagne similaire a supprimé 500 réglementations [Euronews, 15 octobre 2024].  

En France, des témoignages vidéo sur YouTube, TikTok, des pétitions et une série de podcasts par exemple “Les oubliés de la bureaucratie”, et des débats publics dans différentes villes mobiliseront la jeunesse. 

Cette binette déracine la bureaucratie par une mobilisation massive.

Binette 5 : 

Repenser le contrat social. 

– Une convention citoyenne pour couper les racines de l’absurde.

La bureaucratie est une mauvaise herbe enracinée dans un contrat social perverti. Cette binette propose une convention citoyenne de 150 Français tirés au sort pour rédiger un nouveau pacte administratif, soumis à référendum. 

En France, cette convention fixera des principes : aucune démarche ne devrait prendre plus de 48 heures, et aucun document déjà détenu ne serait demandé.  

Composée de 50 entrepreneurs, 50 citoyens, et 50 fonctionnaires réformateurs, elle travaillerait six mois, avec des débats retransmis sur YouTube, comme en Suisse [WeCollect, 2024]. 

Les citoyens voteraient en ligne via FranceConnect, visant 10 millions de participants, comme en Irlande [Irish Times, 2018]. 

Le référendum de 2026 inclurait des mesures précises : limiter à trois documents par démarche, ou imposer une amende à l’administrateur ou bureaucrate pour tout retard. 

Un “observatoire de la simplification” veillerait à l’application, comme en Nouvelle-Zélande, où les coûts administratifs ont baissé de 25 % en cinq ans [New Zealand Productivity Commission, 2023]. 

Cette binette couperait les racines de l’absurdité hors de contrôle. 

Binette 6 : 

Éducation et sensibilisation. 

– Former une génération pour empêcher les mauvaises herbes de repousser.

Pour empêcher la bureaucratie de repousser, il faut éduquer les générations futures. 

Ce coup de hache propose des cours d’éducation civique dès le collège sur la bureaucratie, ses dérives, et les moyens de la réformer. 

En Finlande, un programme pilote a réduit les plaintes administratives de 20 % en formant les jeunes [Finnish Ministry of Education, 2023]. 

En France, un programme similaire pourrait être déployé avecdes études de cas et des simulations de simplification.  

Des campagnes de sensibilisation, via des spots télévisés et des réseaux sociaux, encourageraient les Français à signaler les démarches absurdes. 

Un hashtag ape exemple #StopBureaucratie, s’inspire de #FixTheSystem au Royaume-Uni (800 000 personnes [UK Government, 2023]). 

Des concours scolaires récompenseraient les meilleures idées de simplification, avec des prix comme en Norvège, où 300 propositions ont été adoptées [Norwegian Ministry of Education, 2024]. 

Cette binette empêcherait les mauvaises herbes de repousser, formant une génération consciente et engagée.

Binette 7 : 

Créer une culture de la responsabilité.

– Sanctionner l’inefficacité pour éradiquer l’absurde.

Enfin, une culture de la responsabilité doit être instaurée. 

Cette binette propose une “charte de service public” : toute démarche doit être traitée sous 48 heures, sous peine de sanctions. 

En Australie, un tel système a réduit les délais de 40 % [Australian Public Service Commission, 2023]. 

En France, les agents responsables de retards recevraient des amendes tandis que les services exemplaires recevraient une prime de 2 000 euros, comme au Canada [Canadian Public Service Agency, 2024]. 

Un “médiateur de la simplification”, nommé pour cinq ans, recueillerait les plaintes des citoyens et proposerait des ajustements, comme aux Pays-Bas, où 50 000 plaintes ont été traitées en 2023 [Dutch Ombudsman, 2023]. 

Cette binette éradiquera l’inefficacité, rendant l’administration responsable face aux citoyens.

Conclusions: 

Ces sept binettes – digitalisation, RIC, réforme de l’État, médias indépendants, nouveau contrat social, éducation et responsabilité – offrent une feuille de route. 

En combinant technologie, démocratie directe et accountability, la France peut bâtir une administration moderne, efficace et au service des citoyens.

La démocratie sous tutelle : l’ère des Juges-Rois

Article publié sur France Soir : https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/la-democratie-sous-tutelle-l-ere-des-juges-rois

Ou quand les juges prennent le pouvoir…

Imaginez une démocratie où vos votes, vos représentants et vos lois sont systématiquement remis en question, non par un débat public ou un scrutin, mais par des décisions prises dans des bureaux feutrés par des juges non élus.

Ce scénario, qui pourrait sembler dystopique, est pourtant une réalité croissante dans de nombreux pays, du Brésil à la France en passant par les États-Unis et la Hongrie.

L’idée fondatrice de la séparation des pouvoirs, pilier de nos systèmes démocratiques, vacille sous l’influence d’un pouvoir judiciaire qui s’arroge des prérogatives dépassant son rôle traditionnel.

Explorons cette dérive inquiétante, baptisée ici « l’ère des juges-rois », à travers des exemples concrets, des chiffres et une analyse des conséquences pour la souveraineté populaire.

Le principe de la séparation des pouvoirs menacé ?

Montesquieu, dans L’Esprit des Lois (1748), posait un principe clair : « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Le législatif (les élus du peuple) fait les lois, l’exécutif (le gouvernement) les applique, et le judiciaire (les juges) les interprète et sanctionne leur non-respect.

Cette répartition garantit que nul ne domine, protégeant ainsi la liberté individuelle et la volonté collective.

Mais que se passe-t-il quand le judiciaire empiète sur les deux autres pouvoirs ? Lorsqu’un juge peut bloquer une loi votée par un parlement ou ordonner des mesures qui relèvent de la politique nationale, la balance des pouvoirs s’effrite.

Cette tendance, observable à travers des cas concrets, transforme la démocratie en une sorte de « judiciocratie », où les juges deviennent des acteurs politiques majeurs, souvent au détriment du peuple.

Des exemples concrets de la montée des juges-rois – Salvador, N. Bukele & la Cour Suprême.

Nayib Bukele, président du Salvador, a souvent évoqué les obstacles que la Cour suprême posait à son gouvernement avant les réformes de 2021.

Selon lui, les juges de la Chambre constitutionnelle ont bloqué systématiquement ses initiatives, notamment sur des questions comme la gestion de la pandémie de COVID-19 et la lutte contre la criminalité.

Il a expliqué que ces magistrats, qu’il qualifiait d’activistes et de corrompus, rendaient des décisions contraires à la volonté populaire et paralysaient son administration, l’empêchant de « gouverner efficacement« .

Par exemple, en 2020, la Cour avait jugé inconstitutionnelle une ordonnance de confinement strict qu’il avait imposée, ce qu’il a dénoncé comme une ingérence judiciaire nuisant à la sécurité publique.

Pour surmonter cela, Bukele a adopté une stratégie politique claire : il a appelé le peuple salvadorien à voter massivement pour son parti, Nuevas Ideas, lors des élections législatives de février 2021.

Il a présenté cette élection comme un référendum sur son leadership, demandant une majorité au Congrès pour « libérer le pays des entraves judiciaires ».

Avec une popularité écrasante, son parti a remporté 56 des 84 sièges, lui donnant une super majorité. Dès le 1er mai 2021, jour de l’installation de la nouvelle Assemblée, les députés ont voté pour destituer les cinq juges de la Chambre constitutionnelle et le procureur général, arguant qu’ils avaient outrepassé leurs fonctions et sapé la gouvernance.

Bukele a justifié cette action en disant : « Le peuple a parlé, et nous nettoyons la maison », soulignant que cette démarche respectait les mécanismes constitutionnels via le pouvoir législatif élu démocratiquement.

Pour lui, c’était la seule façon de briser l’immobilisme et de « rendre le pouvoir au peuple » face à une élite judiciaire qu’il accusait de protéger ses propres intérêts. Sur X il conseille à Musk et Trump de faire de même.

Les États-Unis et les juges fédéraux corrompus bloquant les accès à certains départements

Elon Musk, comme chef du Department of Government Efficiency (DOGE), a ciblé des juges fédéraux qui ont entravé ses efforts pour accéder à des systèmes gouvernementaux sensibles ou réduire les effectifs fédéraux.

Par exemple, après une décision du juge Paul Engelmayer, de la Cour fédérale de Manhattan, le 8 février 2025, bloquant temporairement l’accès de DOGE aux systèmes de paiement du Département du Trésor (contenant des données comme les numéros de Sécurité sociale), Musk a écrit sur X : « Un juge corrompu protège la corruption. Il doit être destitué MAINTENANT !»

Il a accusé Engelmayer de protéger des intérêts bureaucratiques au détriment des contribuables qui veulent de la transparence.

Musk a aussi évoqué un « coup judiciaire » contre la démocratie, amplifiant ses attaques contre le système judiciaire.

Donald Trump, de son côté, a repris ces accusations lors d’une conférence de presse le 11 février 2025 à la Maison Blanche, aux côtés de Musk.

Il a visé le juge John McConnell, de Rhode Island, qui, le 10 février, a ordonné à son administration de débloquer des milliards de dollars en subventions fédérales gelées, malgré un précédent arrêt.

Trump a déclaré : « Des juges hautement politiques, comme McConnell, ralentissent notre agenda. C’est difficile de croire qu’un juge puisse dire ‘on ne veut pas que vous fassiez ça. »

Le vice-président JD Vance a également contribué et le 9 février 2025, sur X, il a écrit : « Si un juge disait à un général comment mener une opération militaire, ce serait illégal. Les juges ne peuvent pas contrôler le pouvoir légitime de l’exécutif. »

Bien qu’il n’ait pas nommé de juge spécifique, son commentaire visait clairement Engelmayer, dont la décision contre DOGE avait suscité la colère de Musk. Vance a ainsi critiqué la partialité du pouvoir judiciaire.

D’autres alliés républicains ont suivi. Le sénateur Tom Cotton d’Arkansas a qualifié Engelmayer de « hors-la-loi » sur ABC News le 10 février, affirmant que ses décisions étaient un abus de pouvoir contre la volonté de Trump.

Le député Jim Jordan, président du Comité judiciaire de la Chambre, a défendu Musk sur CNN le même jour, arguant que DOGE « exécute la volonté du présiden t» et que les juges bloquant ces efforts outrepassent leur rôle.

Un cas supplémentaire concerne la juge Tanya Chutkan, à Washington, qui, le 18 février 2025, a refusé d’émettre une injonction immédiate contre DOGE pour ses licenciements massifs dans les agences fédérales.

Bien que sa décision n’ait pas été un blocage direct, Musk l’a critiquée sur X, affirmant : « Même quand ils ne bloquent pas, ils remettent en cause le peuple. C’est ridicule ! »

Ces critiques s’inscrivent dans une stratégie plus large : Musk et Trump présentent les juges comme des obstacles à leur vision de « restauration » du gouvernement pour le peuple et par le peuple, les accusant de corruption et de partialité.

Musk avait déjà demandé le 12 février « une vague immédiate de destitutions judiciaires », tandis que Nayib Bukele, président du Salvador et admirateur de Musk, a soutenu cette idée sur X : « Si vous n’écartez pas les juges corrompus, vous ne pouvez pas réparer le pays. »

Brésil : Alexandre de Moraes

Alexandre de Moraes, juge de la Cour suprême du Brésil et ancien président du Tribunal supérieur électoral (dont les irrégularités électorales sous sa direction sont aussi innombrables), est au cœur de controverses pour abus de pouvoir.

Des milliers d’irrégularités depuis des années telles que des ordonnances de censure sans procédure légale claire, notamment le blocage de comptes sur les réseaux sociaux de citoyens et de personnalités politiques, ont été réalisées sans justification publique détaillée.

Il est accusé d’outrepasser la Constitution brésilienne, en particulier l’article 5 garantissant la liberté d’expression, le droit à un procès équitable avec l’accès aux documents, en ordonnant en plus des arrestations (notamment celle du congressiste Daniel Silveira enfermé encore aujourd’hui depuis plus de 2 ans, et qui avait dénoncé les liens d’Alexandre de Moraes avec les narcos trafiquants du Primeiro Comando da Capital pour qui Alexandre avait travaillé dans une entreprise de logistiques à São Paulo) et perquisitions sans preuves solides ou en s’appuyant sur des rapports techniques douteux.

Différents audios ont aussi révélé qu’il demandait à ses employés « d’être créatifs » dans la persécution contre notamment Eduardo Bolsonaro, député fédéral et fils du Président Jair Messias Bolsonaro.

En août 2024, le juge Alexandre de Moraes, membre du Tribunal Suprême Fédéral (STF) brésilien, a ordonné la suspension de la plateforme X au Brésil.

Cette décision, prise dans le cadre d’une enquête sur des « milices numériques » accusées de propager des  » fake news « , a été un choc : en une nuit, 20 millions d’utilisateurs brésiliens ont perdu accès à un réseau social majeur.

Moraes a justifié cette mesure par la nécessité de protéger la démocratie contre la prétendue désinformation (elle a bon dos), visant les Bolsonaristes.

Concrètement, Moraes a agi sans attendre une loi du Congrès ou une décision de l’exécutif. Il a imposé des amendes de 50 000 reais (environ 8 500 euros) par jour à toute entité tentant de contourner le blocage via des VPN, et a même ordonné la saisie de fonds de Starlink, la société d’Elon Musk, pour garantir le paiement d’amendes liées à X.

Cette intervention directe dans la sphère publique et privée dépasse largement le rôle d’un juge : elle illustre une politique de censure active et de persécutions, dictée par un seul homme.

En France – le Conseil constitutionnel et la loi sur le séparatisme.

En France, un exemple marquant, même si de nombreux pourraient être cités, est la censure partielle de la loi renforçant le respect des principes républicains (dite « loi séparatisme ») en août 2021.

Votée par l’Assemblée nationale et le Sénat pour lutter contre l’islamisme radical, cette loi prévoyait des mesures comme la fermeture administrative de lieux de culte ou la surveillance accrue des associations.

Mais le Conseil constitutionnel, composé de neuf membres nommés (dont d’anciens présidents de la République), a retoqué plusieurs articles, jugés soit disant contraires à la liberté d’association ou à la présomption d’innocence.

Par exemple, l’article 12, qui permettait de dissoudre une association pour des motifs élargis, a été annulé, au grand dam du gouvernement et d’une partie de l’opinion publique favorable à un durcissement sécuritaire.

Cette décision a été perçue comme une ingérence dans une politique votée par des élus représentant 67 millions de Français, soulignant le pouvoir du Conseil à imposer sa vision contre celle du législateur.

Hongrie – La Cour constitutionnelle face à Orban.

En Hongrie, Viktor Orban, réélu en 2022 avec une majorité écrasante (53 % des voix), a vu plusieurs de ses réformes bloquées par la Cour Constitutionnelle ou par les pressions judiciaires européennes.

En 2020, la Cour a invalidé une loi limitant les droits des ONGs financées par l’étranger, sous prétexte qu’elle violait les principes de l’Union européenne.

Cette décision a été renforcée par une condamnation de la Cour de justice de l’UE en juin 2020, imposant à Budapest des amendes de plusieurs millions d’euros.

Les juges, qu’ils soient nationaux ou supranationaux, ont agi comme des arbitres politiques, contredisant un gouvernement soutenu par une majorité électorale.

Cela illustre une tutelle judiciaire qui transcende les frontières, où des institutions comme la CJUE deviennent des outils de discipline contre les États jugés « déviants » de certains intérêts…

Union européenne – Le « Bouclier de la démocratie » et la censure numérique.

Le Digital Services Act (DSA), entré en vigueur en 2024, illustre une autre facette de cette judiciarisation.

Ce règlement européen impose aux plateformes numériques (Google, Meta, X) de supprimer les contenus jugés « illégaux » ou « nuisibles » sous peine d’amendes pouvant atteindre 6 % de leur chiffre d’affaires mondial !

En pratique, ce sont souvent des juges ou des autorités administratives qui décident de ce qui est « nuisible », comme en Allemagne où des posts sur X critiquant la politique migratoire ont été bloqués en 2023 suite à des plaintes judiciaires.

Il est crucial et urgent de rétablir le contrôle des pouvoirs pour que la voix du peuple soit respectée et non censurée par une technocratie non élue.

Résumé des mécanismes de cette dérive judiciaire.

Tout d’abord intervient la nomination et indépendance des juges. Au Brésil, les juges du STF sont nommés par le président et confirmés par le Sénat, mais servent jusqu’à 75 ans, échappant à tout contrôle populaire direct. En France, le Conseil constitutionnel inclut des figures comme Laurent Fabius, ancien Premier ministre, nommé en 2016 par François Hollande, ce qui soulève des questions sur leur neutralité politique. Aux États-Unis, les juges de la Cour suprême, nommés par le président et confirmés par le Sénat, sont inamovibles, renforçant leur pouvoir hors du temps électoral.

Ensuite intervient une interprétation extensive des lois ou à « géométrie variable » parfois plaçant erronément certaines règles au rang de lois. Les juges s’appuient souvent sur des textes vagues (« sécurité publique« , « désinformation») pour justifier des interventions. Par exemple, Moraes a utilisé l’article 142 de la Constitution brésilienne, qui garantit le rôle des forces armées dans l’ordre public, pour enquêter sur des civils, et c’est une lecture très controversée.

Enfin, les pressions internationales interférent. Dans l’UE, la CJUE et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) imposent des décisions qui lient les juges nationaux. En 2021, la Pologne a été condamnée à payer 1 million d’euros par jour pour avoir maintenu une chambre disciplinaire des juges, un exemple de tutelle supranationale.

Des conséquences directes et tangibles pour la démocratie se font sentir

  • La démocratie est en danger avec l’érosion de la souveraineté populaire – En France, une enquête IFOP de 2022 montrait que 62 % des Français estimaient que leurs votes comptaient moins face aux décisions des juges ou des technocrates européens. Au Brésil, les manifestations pro-Bolsonaro de 2023 ont dénoncé Moraes comme un « dictateur en toge », reflétant un rejet populaire de cette emprise judiciaire.
  • L’utilisation de la justice comme d’une arme à des fins d’appareil entraine une judiciarisation de la politique 
    En 2024, le parti Rassemblement National a vu plusieurs de ses propositions (comme la restriction de l’immigration) retoquées par des tribunaux administratifs avant même leur adoption, freinant l’élan d’une majorité parlementaire potentielle. 
    Aux États-Unis, les batailles juridiques autour des lois électorales (ex. Vote par correspondance en Pennsylvanie, 2020) montrent comment les juges influencent directement les résultats électoraux.
  • Cela se traduit par une perte de confiance dans les institutions – Selon un sondage Pew Research de 2023, seulement 43 % des Américains faisaient confiance à la Cour suprême, contre 67 % en 2000. – En Hongrie, les décisions pro-UE de la Cour constitutionnelle sont perçues par 55 % des électeurs (sondage Nézőpont, 2022) comme une trahison des intérêts nationaux.
  • Et une polarisation sociale importante avec des discriminations perçues
    Les décisions judiciaires, souvent tranchées, exacerbent les clivages. 
    Après Dobbs v. Jackson, des manifestations ont éclaté dans 40 États américains, tandis qu’au Brésil, la censure de X a ravivé les tensions entre Bolsonaristes et Lulistes.

Analyse historique et philosophique

Historiquement, cette montée des juges évoque le rôle des parlements sous l’Ancien Régime en France. Avant 1789, ces cours de justice s’opposent au roi en refusant d’enregistrer des édits royaux, jouant un rôle quasi-législatif. Aujourd’hui, les juges jouent un rôle similaire face aux gouvernements élus, mais avec une légitimité moindre, car ils ne sont pas issus du suffrage.

Philosophiquement, Hannah Arendt, dans « Condition de l’homme moderne » mettait en garde contre un pouvoir qui échappe à la délibération publique. 

Les juges-rois incarnent cette dérive : leurs décisions, prises dans l’ombre des prétoires, remplacent le débat démocratique par des arrêts irrévocables. Rousseau, dans « Du contrat social », aurait vu dans cette tutelle une violation du principe de la volonté générale, supplantée par une élite autoproclamée.

Quelles solutions concrètes pour rééquilibrer le pouvoir entre les élites et le peuple – diminuer la fracture

Commençons par ce qui devrait être de fait : des nominations plus démocratiques. En France, on pourrait envisager une élection partielle des membres du Conseil constitutionnel par les citoyens ou les parlementaires, comme en Suisse où les juges fédéraux sont élus par l’Assemblée fédérale. Au Brésil, limiter le mandat des juges du STF à 10 ans (contre une retraite à 75 ans actuellement) ramènerait un contrôle temporel.

Proposons des référendums sur les grandes décisions, tout en ne répliquant pas le référendum sur le traité de Lisbonne. Inspiré par le modèle suisse, un référendum pourrait être organisé sur des arrêts majeurs (ex. censure de X au Brésil ou du séparatisme en France), redonnant la parole au peuple. En 2021, 73 % des Français soutiennent cette idée (sondage Odoxa).

Une nécessaire clarification des compétences judiciaires. Une réforme constitutionnelle pourrait limiter les interventions du judiciaire dans les affaires politiques. Par exemple, au Japon, la Cour suprême ne peut invalider une loi qu’avec une majorité des deux tiers, rendant ses interventions rares.

Et avant tout une totale transparence et responsabilité accrue. Le droit à la transparence est un des droits fondamentaux qui a été fortement capturé ces dernières années. La publication des délibérations des juges (comme au Canada pour certaines décisions) ou instaurer des auditions publiques avant leur nomination renforcerait leur légitimité. En 2023, seulement 28 % des Brésiliens savaient comment Moraes avait été nommé (sondage Datafolha).

Sauver la démocratie ou accepter la tutelle ?

L’ère des juges-rois n’est pas une fatalité, mais un avertissement. Du Brésil, où Moraes bloque les réseaux sociaux, à la France, où le Conseil constitutionnel redessine les lois, en passant par les États-Unis et l’UE, le pouvoir judiciaire s’impose comme un acteur dominant, souvent au détriment des urnes.

Cette judiciarisation galopante menace la souveraineté populaire, transforme les citoyens en spectateurs et polarise les sociétés.

Pour inverser cette tendance, il faut réaffirmer la primauté du législatif, redonner du pouvoir aux élus et aux peuples, et limiter les juges à leur rôle d’arbitres, non de décideurs.

Sinon, la démocratie risque de n’être plus qu’un souvenir, remplacée par une oligarchie en robe noire, où la loi supplante la liberté.

Les exemples concrets abondent, les chiffres parlent, et l’histoire nous avertit : il est temps de réagir avant que les juges-rois ne deviennent pas les seuls souverains.

Antoine Bachelin Sena est sur x.com\antoinebachelin Retrouvez ses livres sur https://antoinebachelinsena.com/2024/02/16/livres/

Audience de la Chambre des représentants lors de la commission juridique sur le “complexe industriel de la censure”, le 12 février 2025.

Voici l’article ici sur France Soir :

https://www.francesoir.fr/politique-monde-societe-justice/le-complexe-industriel-de-la-censure-une-menace-mondiale-la-liberte

Les journalistes des ‘Twitter Files’, Matt Taibbi et Michael Shellenberger, témoignent aux côtés de la journaliste canadienne Rupa Subramanya sur la campagne de censure de l’administration Biden et d’autres menaces contre la liberté d’expression.

Sommaire :

– Introduction du terme “complexe industriel de censure”.

– Personnages clés.

– Introduction de Jim Jordan (représentant du congrès élu dans l’état de l’Ohio et président de la commission des affaires juridiques).

– Intervention de Rupa Subramanya.

– Intervention de Matt Taibi.

– Intervention de Michael Schellenberger.

« La lutte des membres de cette bureaucratie virtuelle pour le pouvoir » expliquée par Olavo de Carvalho nous fait penser au scandale récent de l’USAID.

Chapitres 249 & 250 du « Cours de Philosophie » d’Olavo de Caravalho.

Chapitre 249 : Les principaux enjeux des sciences sociales.

Chapitre 250. Phénoménologie du pouvoir.

249) Les principaux enjeux des sciences sociales.

Les commentateurs et les politologues ont l’habitude d’échouer lamentablement dans leurs prédictions. En effet, ils ont affaire à un ensemble d’outils qui n’est pas adapté à la situation actuelle, même s’il aurait pu fonctionner à d’autres moments.

Il faut donc aborder le problème du fondement des sciences sociales et essayer de savoir quelle est la connaissance de la société humaine et quels doivent être les instruments perceptifs et conceptuels qui permettent d’appréhender ce qui s’y passe.

Durkheim définit le fait sociologique, dans le livre “Les règles de la méthode sociologique”, de telle manière que les intentions subjectives des êtres humains ne comptent pour rien, comme si tout se résumait à des structures qui agissent sur les personnes sans aucune intentionnalité de leur part. 

Karl Marx traite l’histoire en termes de structures impersonnelles, et au moment où vous arrivez à Braudel, il n’y a plus de personnages, juste des concepts généraux, des statistiques, etc. Les forces historiques apparaissent comme des divinités avec une volonté propre au-delà des intentions des individus concrets impliqués. 

En réalité, personne n’a jamais observé une force impersonnelle agir, nous ne pouvons identifier certaines constantes que lorsque nous voyons des personnes agir, et alors un concept général peut être créé. 

Ce qu’il faut faire, c’est chercher une action réelle et concrète, dans la lignée du nominalisme portugais, qui a également influencé Gilberto Freyre.

La première question qui se pose est de savoir qui est le véritable personnage de l’Histoire. Quand on parle «d’Histoire du Brésil», en réalité le Brésil n’est pas un personnage mais le décor où se déroule l’Histoire. Même si nous pensons au Brésil en termes d’identité politico-juridique, cela a déjà changé plusieurs fois, sans continuité. 

Si l’on admet que c’est l’Histoire des classes sociales, comme chez Marx, en réalité celles-ci ne se rencontrent ni ne se coordonnent pour agir, même si certains dirigeants disent qu’ils agissent au nom des classes. Pire encore, si l’on parle de l’intérêt de la classe, par exemple, quel serait l’intérêt de la bourgeoisie ?

Chaque bourgeois a son intérêt propre, qui peut être opposé à celui des autres bourgeois, mais il est possible de créer un artifice et de définir l’intérêt de la bourgeoisie non pas en termes de besoins matériels réels de la bourgeoisie mais en termes de besoins supposés avec l’antagonisme qu’il aurait par rapport aux intérêts du prolétariat. 

À son tour, l’intérêt du prolétariat n’est pas non plus défini substantiellement, mais comme une opposition logique aux intérêts de la bourgeoisie. 

Les communistes pensaient que le prolétariat voulait prendre le contrôle des entreprises, mais quand, au XIXe siècle, il y a eu une montée du prolétariat, il s’est détourné du communisme et ne voulait que de meilleurs salaires, la sécurité sociale, etc.

Si les prédictions historiques fondées sur des entités anonymes échouent lamentablement, on ne peut pas non plus dire que l’Histoire n’est composée que d’actions individuelles, car une action n’est historique que lorsqu’elle transcende la durée de la vie humaine. 

Ainsi, le mystère de cette première question s’approfondit, car le sujet agent de l’Histoire ne peut être ni une entité fantomatique (nations, classes, groupes) ni l’individu humain.

La deuxième question consiste à essayer de savoir ce qu’est l’action historique. 

Une action purement personnelle, comme prendre une douche, n’a pas la même portée qu’une action comme aller travailler, qui implique plus de personnes. 

Et cela, à son tour, n’a pas la portée d’une action historique, qui peut changer le destin de sociétés entières.

Une troisième question concerne la nature du pouvoir. 

Toute action efficace suppose le phénomène du pouvoir, il faut donc partir ici d’une phénoménologie du pouvoir, et aborder les questions qui se présentaient à nous dans l’ordre inverse.

250) Phénoménologie du pouvoir.

La façon la plus simple de définir le pouvoir est comme possibilité concrète d’action.

Dire que c’est une possibilité concrète signifie que nous avons déjà les moyens d’action nécessaires ou que nous pouvons facilement les avoir, donc ce n’est pas une simple possibilité hypothétique (absence d’empêchements). 

Par exemple, nous avons le pouvoir de déplacer une table. Mais le pouvoir politique n’est pas seulement une possibilité d’action individuelle, il requiert un transfert du sujet d’action. Le pouvoir politique est donc la possibilité concrète de déterminer les actions d’autrui.

Il existe trois manières d’agir sur les tiers. 

La forme la plus évidente est la menace d’agression ou de punition, qui s’exerce naturellement contre un animal domestique ou un enfant, et à laquelle on ne peut jamais vraiment renoncer. Le second moyen d’influence est la promesse d’un bénéfice. 

Le premier moyen est assez efficace et immédiat, mais nous devons avoir un pouvoir coercitif suffisant pour l’exercer. 

La seconde dépend des intérêts et de la libre décision du subordonné. 

Un troisième moyen d’agir sur les tiers repose sur la persuasion et la fascination, plus précisément sur l’utilisation du langage pour modeler la vision du monde de l’autre afin qu’il agisse dans les limites que nous lui avons prescrites, étant donné qu’ils ne peuvent en concevoir d’autres. 

Au premier moyen d’influence (menace) correspond le pouvoir politico-militaire, au second (promesse de bénéfice) correspond le pouvoir économique financier et au troisième (convaincre) correspond le pouvoir intellectuel-spirituel.

À ces trois modalités de pouvoir correspondent trois couches ou classes sociales aux incarnations historiques différentes et aux degrés d’influence différents. 

En Occident, la classe militaire a été décisive après le démembrement de l’Empire romain, créant des poches de résistance aux évasions barbares et donnant plus tard naissance à la féodalité, d’où émerge la figure du roi, vue comme primus inter pares.

Plus tard, une partie de la noblesse a commencé à avoir une activité distincte de l’armée, s’engageant dans des activités commerciales, financières (renforcées par la découverte par les banques de la possibilité d’effet de levier) et immobilières.

Puis, au Moyen Âge, commence l’influence du pouvoir économique et financier, normalement attribué à la bourgeoisie mais qui commence réellement comme une activité des nobles. 

Ce pouvoir a fini par supplanter le pouvoir féodal, mais ce fut une évolution qui a duré plusieurs siècles.

Le pouvoir du roi augmentait également, ce qui entraînait la nécessité d’une organisation centrale et cela provoqua une dispute entre le roi et l’aristocratie. 

C’est à partir de là qu’est née la bureaucratie professionnelle, qui était un moyen d’ascension pour la petite bureaucratie urbaine qui possédait quelques compétences administratives ou comptables. L’aristocratie resta sans activité car, surtout en France, le roi avait sa bureaucratie professionnelle et son armée. 

Mais comme l’aristocratie avait toujours le droit de percevoir des impôts dans ses domaines, elle pouvait devenir une classe de loisir. 

Un phénomène particulier lié à la bureaucratie s’est produit, dérivé du fait qu’il y avait trop de candidats pour le nombre de places disponibles. 

Ainsi, une bande de plébéiens a fait des études pour entrer dans la bureaucratie mais n’a pas pu trouver de place, et ce sont ces individus relativement alphabétisés qui formeront la classe révolutionnaire par excellence.

La formation d’armées professionnelles signifie que les militaires sont devenus des fonctionnaires, c’est-à-dire que le pouvoir militaire a cessé d’être un pouvoir en soi et est devenu un instrument de la bureaucratie d’État, qui est à son tour soutenu par les capitalistes. Ensuite, l’apothéose du pouvoir financier se crée lorsqu’il subalterne le pouvoir militaire. Le pouvoir financier est un pouvoir d’attraction mais n’intimide ni ne détruit personne. L’argent n’est pas un pouvoir en soi, il n’a pas le potentiel de tuer, il n’a le pouvoir d’attirer que par la promesse de bénéfices, agissant indirectement à travers un processus compliqué plein d’ambiguïtés psychologiques.

L’une de ces ambiguïtés, étudiée par Aleksandr Zinoviev dans le livre “La réalité du communisme”, se retrouve dans l’exemple d’une entreprise. 

Elle doit maîtriser une technologie correspondant au produit qu’elle propose, elle doit connaître les marchés, etc. 

Mais, à l’intérieur, les gens essaient de monter dans la hiérarchie, et pour cela il faut aussi une technologie – on peut dire une technique politique –, qui entre facilement en conflit avec d’autres technologies s’il n’y a pas de facteur fédérateur. 

Avec la montée du pouvoir financier, toute une ligne d’action a gagné en pertinence visant à monter en bureaucratie, qu’elle soit privée ou étatique ou même virtuelle (ceux qui sont là et qui n’ont pas encore réussi à entrer). 

Cet élément de tension qui existe dans la société capitaliste atteint son apothéose dans la société socialiste, où il y a une lutte entre la technique politique et la technique économique. 

Ce n’est qu’au sein du Parti qu’il est possible de gravir l’échelle sociale. 

Cela n’a aucun sens de voir le processus d’accession au pouvoir comme un dérivé du processus économique, qui est le processus d’efficacité capitaliste, car le processus d’accession au pouvoir est complètement différent. 

Beaucoup de gens croient qu’une économie faible fait tomber la classe politique, ce qui peut arriver dans une démocratie, mais dans un système fortement socialiste, la structure du pouvoir est très robuste, car elle découle d’un jeu politique perfectionné, qui peut coexister avec une économie défaillante.

La bureaucratie virtuelle est composée de journalistes, d’écrivains, d’orateurs, de propagandistes, d’enseignants, de prêtres, etc. C’est de cette classe que sortent les intellectuels modernes. C’est une immense classe sans pouvoir direct, avec les compétences nécessaires pour gravir les échelons de la bureaucratie mais sans les compétences nécessaires pour accomplir une fonction économique productive. 

Ainsi, ses membres ne peuvent s’élever dans la vie que par l’activité politique. 

À partir du XVIIIe siècle, cette classe a commencé à créer une littérature pour légitimer sa propre ascension, prétendant généralement agir au nom de l’humanité ou au nom des pauvres et des opprimés. 

Évidemment, lorsque ces personnes domineront la société, les activités économiques, industrielles, commerciales vont décliner et la conséquence est une baisse du niveau de vie. Avec la création des universités modernes, au XIXe siècle, la bureaucratie virtuelle s’est encore accrue, et on considère aujourd’hui que le progrès consiste à augmenter de plus en plus cette classe, qui ne produit rien mais est qualifiée pour l’activité politique, quoique sans avoir encore le pouvoir. 

La lutte des membres de cette bureaucratie virtuelle pour le pouvoir devient de plus en plus constante, chacun parlant au nom de la population en général ou comme s’il était un représentant de l’humanité, mais ce qu’ils font, c’est marcher sur tout le monde. 

251) Le sujet de l’Histoire.

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