Le Hezbollah en Guyane française – la crise amazonienne qui menace la France.

Le 24 mai 2025, une décision brésilienne a secoué les chancelleries internationales : Brasilia a interdit à l’amiral Alvin Holsey, commandant du Commandement Sud des États-Unis (SOUTHCOM), de se rendre dans l’Acre, un État frontalier du nord-ouest brésilien. 

Ce camouflet diplomatique, survenu quelques jours après l’annonce de la visite par l’ambassade américaine le 19 mai 2025, a mis en lumière une réalité alarmante : l’Acre, au cœur de l’Amazonie, est devenu un épicentre du crime transnational, où le trafic de drogue, l’exploitation illégale de ressources et les activités de groupes comme le Hezbollah prospèrent. 

Mais ce qui devrait alarmer davantage les Français, c’est la présence avérée de ce même Hezbollah en Guyane française, territoire d’outre-mer voisin du Brésil, où les réseaux criminels et terroristes exploitent les failles des frontières amazoniennes. 

Cette crise constitue une menace directe pour la sécurité de la France et de l’Union européenne.

Un amiral américain bloqué : le symptôme d’un problème plus vaste.

L’amiral Alvin Holsey, responsable des opérations militaires américaines en Amérique latine via le SOUTHCOM, une zone stratégique couvrant 31 pays et 16 millions de kilomètres carrés, avait prévu de visiter le Brésil pour des échanges avec les leaders de la défense. 

Cette visite a été annoncée par l’ambassade des États-Unis à Brasilia le 19 mai 2025 dans un communiqué officiel intitulé « U.S. Navy Adm. Alvin Holsey to Visit Brazil for Key Leader Engagements ».

Cependant, son intérêt pour l’Acre, situé à la triple frontière entre le Brésil, le Pérou et la Bolivie, a été stoppé net par les autorités brésiliennes.

Le refus brésilien est un signal inquiétant. 

Selon un article de Foreign Policy publié le 15 mars 2025, intitulé « Trump’s Renewed Focus on Hezbollah in Latin America » par John Hudson, l’administration Trump a intensifié sa surveillance des activités du Hezbollah en Amérique latine, notamment dans des zones frontalières comme l’Acre.

Le Hezbollah, classé comme organisation terroriste par l’Union européenne et la France, finance ses opérations mondiales via le trafic de drogue et le blanchiment d’argent. 

Un rapport du Wilson Center, intitulé « Rising Concerns about Hezbollah in Latin America Amid Middle East Conflict » par Celina B. Realuyo, publié en juillet 2023, confirme cette présence. Ce rapport, disponible note que le Hezbollah utilise des zones comme la triple frontière Argentine-Brésil-Paraguay depuis les années 1980, mais que la triple frontière Brésil-Pérou-Bolivie, incluant l’Acre, est devenue un nouveau point névralgique ces dernières années.

Le Hezbollah en Guyane française : une menace à nos portes.

Ce qui devrait alarmer les Français, c’est que le Hezbollah ne se limite pas aux frontières brésiliennes. 

Des rapports récents indiquent que le groupe est actif en Guyane française, territoire français voisin du Brésil, qui partage une frontière de 730 kilomètres avec l’État de l’Amapá. 

Un rapport de l’Observatoire géopolitique des criminalités (OGC), intitulé « La Guyane face aux réseaux criminels transnationaux : une menace sous-estimée », publié en juin 2024, révèle que des réseaux liés au Hezbollah ont été identifiés dans des opérations de blanchiment d’argent en Guyane, souvent via des activités illégales comme l’orpaillage clandestin et le trafic de drogue.

En 2023, les autorités françaises ont saisi 1,2 tonne de cocaïne en provenance du Brésil, un record historique, comme rapporté dans un article de Le Monde du 10 septembre 2023, intitulé « Saisie record de cocaïne en Guyane : une menace croissante », par Anne-Françoise Hivert.

Un article de Small Wars Journal, intitulé « The Triple Border, a Criminal Haven », publié le 13 novembre 2021 par Ignacio Fuente Cobo, souligne que le Hezbollah s’appuie sur des diasporas libanaises en Amérique latine pour établir des bases opérationnelles. 

Ce texte, disponible sur le site de Small Wars Journal, indique qu’en Guyane, la présence de communautés immigrées, combinée à la porosité des frontières amazoniennes, en fait un terrain fertile pour ces activités. 

En 2022, un rapport de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), déclassifié et publié sous le titre « Menaces émergentes en Guyane : trafic de drogue et financements terroristes », a mis en garde contre l’utilisation de la Guyane comme point de transit pour le trafic de drogue à destination de l’Europe, avec des soupçons de financement de groupes comme le Hezbollah. 

Ce rapport est accessible via les archives publiques françaises sur le site du ministère de la Défense.

La Guyane française, en tant que porte d’entrée de l’Union européenne en Amazonie, est particulièrement vulnérable. En février 2024, la France et le Brésil ont signé un accord pour lutter contre l’orpaillage illégal, comme rapporté par Reuters dans un article du 5 février 2024, intitulé « France and Brazil Sign Pact to Combat Illegal Gold Mining in Amazon », par Lisandra Paraguassu. 

Mais cet accord risque d’être insuffisant face à l’ampleur de la menace. 

La décision brésilienne de bloquer l’Amiral Holsey compromet la coopération internationale, laissant la Guyane exposée à des réseaux criminels et terroristes qui opèrent librement de l’autre côté de la frontière.

L’Acre : un hub criminel qui déborde sur la Guyane française.

L’Acre, coincé entre le Pérou et la Bolivie, est un véritable carrefour du crime transnational. 

Une étude de l’Université de São Paulo (USP), intitulée « Narcotrafic et criminalité organisée en Amazonie brésilienne », publiée en avril 2024 par João Roberto Martins Filho, révèle que 60 % de la cocaïne produite en Bolivie transite par des routes amazoniennes, souvent contrôlées par des cartels comme le Primeiro Comando da Capital (PCC). 

Ces routes, parfois financées par des investissements chinois, servent également à la contrebande de bois, à l’exploitation illégale de l’or et à la traite humaine, comme documenté dans un article de Diálogo Américas du 15 juin 2022, intitulé « Narcotrafficking in Brazil Speeds Up Amazon Rainforest Destruction », par Julieta Pelcastre.

La porosité des frontières de l’Acre a des répercussions directes sur la Guyane. 

Un rapport de l’International Crisis Group, intitulé « Hezbollah’s Global Reach: From Latin America to the Middle East », publié en mars 2023, note que les réseaux criminels opérant dans l’Acre collaborent avec des passeurs pour acheminer des migrants, notamment des Haïtiens, vers le Pérou et au-delà. 

Après le tremblement de terre de 2010 en Haïti, des milliers de migrants ont traversé l’Acre, payant jusqu’à 4000 dollars à des passeurs pour rejoindre les États-Unis, comme rapporté par InsightCrime dans un article du 20 avril 2023, intitulé « Haitian Migrants Use Brazil as Stepping Stone to the U.S. », par Chris Dalby.

Une menace terroriste bien connue des Français.

Le Hezbollah n’est pas un inconnu pour la France. 

Classé comme organisation terroriste par Paris, le groupe a été impliqué dans des attentats majeurs, notamment les attaques de 1992 et 1994 en Argentine contre l’ambassade d’Israël et un centre communautaire juif, qui ont fait des dizaines de morts, comme détaillé dans le rapport du Wilson Center de 2023 mentionné plus haut. 

En 2015, la France a démantelé une cellule du Hezbollah à Paris soupçonnée de planifier des attaques contre des cibles juives, comme rapporté par Le Figaro le 12 octobre 2015 dans un article intitulé « Une cellule du Hezbollah démantelée à Paris », par Jean-Marc Lecler. 

Plus récemment, en 2023, les autorités françaises ont arrêté un ressortissant libanais en Guyane, soupçonné de collecter des fonds pour le groupe via des activités d’orpaillage illégal, selon un reportage de France 24 du 8 novembre 2023, intitulé « Guyane : un Libanais arrêté pour liens présumés avec le Hezbollah », par Aude Mazoue.

Ces incidents rappellent que le Hezbollah constitue une menace directe pour la France. 

Un rapport du Centre d’analyse du terrorisme (CAT), intitulé « Les menaces terroristes en outre-mer : le cas de la Guyane », publié en janvier 2024, souligne que la Guyane est devenue une « base arrière » pour des réseaux terroristes cherchant à pénétrer l’Europe. 

Les investissements chinois : un facteur aggravant.

La Chine complique encore la situation. Depuis les années 2010, Pékin a investi massivement dans les infrastructures amazoniennes, notamment dans l’Acre, où des routes ont été construites avec des fonds chinois. 

Une étude du BRICS Policy Center, intitulée « China’s Infrastructure Investments in Brazil: Opportunities and Risks », publiée en mai 2023 par Mauricio Santoro, note que ces projets ont facilité le trafic illégal. 

En Guyane, les autorités françaises ont observé une augmentation des activités illégales liées à ces corridors, notamment dans les régions frontalières comme l’Oyapock, comme rapporté par Le Monde le 15 octobre 2024 dans un article intitulé « Guyane : les routes chinoises, vecteurs de criminalité », par Anne-Françoise Hivert.

Une gouvernance brésilienne en question.

Sous la présidence de Lula da Silva, réélu en 2022, le Brésil semble incapable de répondre à ces défis. 

Un rapport de l’Institut de recherche économique appliquée (IPEA), intitulé « Criminalité environnementale en Amazonie : tendances et défis », publié en juillet 2024, note une augmentation de 15 % des crimes environnementaux depuis 2023. 

Cette inaction a des répercussions directes sur la Guyane, où les réseaux criminels, y compris ceux liés au Hezbollah, exploitent les failles des deux côtés de la frontière.

Un appel à l’action pour protéger la Guyane.

Face à cette situation, la France doit agir de toute urgence. 

Paris doit renforcer sa coopération avec les États-Unis pour surveiller les activités du Hezbollah, tout en pressant le Brésil d’adopter une approche plus transparente. 

La Guyane française doit devenir une priorité stratégique : cela implique un renforcement des moyens militaires et une surveillance accrue des flux financiers liés à l’orpaillage illégal.

En conclusion, la décision du Brésil de bloquer l’amiral Holsey est un symptôme d’une crise qui menace directement la France via la Guyane. 

La présence du Hezbollah dans ce territoire d’outre-mer risque de transformer l’Amazonie en une menace globale. 

La France doit agir – avant que la jungle ne devienne un danger pour l’Europe entière.

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Sources :

U.S. Embassy & Consulates in Brazil (2025). « U.S. Navy Adm. Alvin Holsey to Visit Brazil for Key Leader Engagements. »

Foreign Policy (15 mars 2025). « Trump’s Renewed Focus on Hezbollah in Latin America, » par John Hudson. 

Wilson Center (juillet 2023). « Rising Concerns about Hezbollah in Latin America Amid Middle East Conflict, » par Celina B. Realuyo. 

Observatoire géopolitique des criminalités (OGC) (juin 2024). « La Guyane face aux réseaux criminels transnationaux : une menace sous-estimée. » 

Le Monde (10 septembre 2023). « Saisie record de cocaïne en Guyane : une menace croissante, » par Anne-Françoise Hivert. 

Small Wars Journal (13 novembre 2021). « The Triple Border, a Criminal Haven, » par Ignacio Fuente Cobo. 

Rapport DGSE (2022). « Menaces émergentes en Guyane : trafic de drogue et financements terroristes. » 

France 24 (8 novembre 2023). « Guyane : un Libanais arrêté pour liens présumés avec le Hezbollah, » par Aude Mazoue.  

Centre d’analyse du terrorisme (CAT) (janvier 2024). « Les menaces terroristes en outre-mer : le cas de la Guyane. »  

Université de São Paulo (USP) (avril 2024). « Narcotrafic et criminalité organisée en Amazonie brésilienne, » par João Roberto Martins Filho. 

Diálogo Américas (15 juin 2022). « Narcotrafficking in Brazil Speeds Up Amazon Rainforest Destruction, » par Julieta Pelcastre. 

InsightCrime (20 avril 2023). « Haitian Migrants Use Brazil as Stepping Stone to the U.S., » par Chris Dalby. 

International Crisis Group (mars 2023). « Hezbollah’s Global Reach: From Latin America to the Middle East. »  

Reuters (5 février 2024). « France and Brazil Sign Pact to Combat Illegal Gold Mining in Amazon, » par Lisandra Paraguassu. 

BRICS Policy Center (mai 2023). « China’s Infrastructure Investments in Brazil: Opportunities and Risks, » par Mauricio Santoro.  

Le Monde (15 octobre 2024). « Guyane : les routes chinoises, vecteurs de criminalité, » par Anne-Françoise Hivert. 

Institut de recherche économique appliquée (IPEA) (juillet 2024). « Criminalité environnementale en Amazonie : tendances et défis. » 

Le Figaro (12 octobre 2015). « Une cellule du Hezbollah démantelée à Paris, » par Jean-Marc Leclerc.