1973-2025 : Le Plan Messmer, une réponse à la crise énergétique d’aujourd’hui.

Résumé: 

En 1973, face à la crise pétrolière, Pierre Messmer, Premier ministre visionnaire, lance un programme nucléaire audacieux qui propulse la France au rang de leader mondial de l’énergie nucléaire. 

En 2025, le nucléaire assure 69 % de l’électricité française (RTE France https://www.rte-france.com/actualites/production-electricite-francaise-atteint-plus-haut-niveau-depuis-5-ans), mais les politiques européennes de décroissance, prônant une réduction de la consommation énergétique, risquent de provoquer une crise : hausses de prix, pénuries, et fragilisation industrielle. 

Cet article retrace l’héritage de Messmer, analyse les défis de 2025, et plaide pour une relance nucléaire afin de garantir la souveraineté, la compétitivité, et un avenir durable.

1. Pierre Messmer et la crise pétrolière de 1973.

En octobre 1973, la guerre du Kippour déclenche un embargo de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), quadruplant les prix du pétrole. 

La France, dépendante à 75 % des importations énergétiques, voit son économie vaciller. Les industries énergivores, les ménages, et la stabilité nationale sont menacés. 

Dans ce contexte critique, Pierre Messmer, alors Premier ministre, transforme cette crise en opportunité.

Né en 1916, Pierre Messmer incarne une France audacieuse. 

Engagé dès 1940 dans les Forces françaises libres, il combat à Bir Hakeim, s’évade du Việt Minh en 1945, et reçoit la Croix de la Libération. Ministre des Armées (1960-1969), il développe la force de dissuasion nucléaire française, défiant les pressions américaines. 

En 1971, il devient ministre des Outre-mer, puis Premier ministre en 1972 sous Georges Pompidou. 

Face à la crise pétrolière, Messmer lance en mars 1974 le Plan Messmer, un programme nucléaire visant l’indépendance énergétique (Société Française d’Énergie Nucléaire https://www.sfen.org/rgn/le-plan-messmer-retour-aux-sources-du-parc-electronucleaire-francais/).

L’objectif est ambitieux : construire 80 réacteurs en 15 ans, avec une capacité de 50 000 MW d’ici 1980, pour produire 360 TWh en 1985 et 1 000 TWh en 2000. 

Le plan repose sur des réacteurs à eau pressurisée (PWR), importés de Westinghouse et adaptés par Framatome (aujourd’hui Orano). 

La standardisation des réacteurs permet une construction rapide, à un rythme de 6 à 7 unités par an, marquant un exploit industriel.

2. Le succès du Plan Messmer.

Le Plan Messmer fait de la France un leader mondial du nucléaire civil. 

Entre 1977 et 1999, 58 réacteurs sont mis en service, atteignant une capacité de 63 GW en 2024 (Works in Progress https://worksinprogress.co/issue/liberte-egalite-radioactivite/). Les sites emblématiques, comme Fessenheim, Gravelines, Tricastin, et Bugey, deviennent des piliers du système énergétique. 

Financé par des emprunts internationaux pour 228 milliards d’euros (valeurs 2010, Works in Progress https://worksinprogress.co/issue/liberte-egalite-radioactivite/), le programme stimule l’économie et renforce la souveraineté française.

Impacts énergétiques.

– Indépendance énergétique : 

Le taux passe de 26 % en 1973 à 51 % en 2021, stabilisé autour de 50 % en 2025 (Statistiques Développement Durable https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/bilan-energetique/fr/10-21-le-taux-dindependance-energetique).  

– Production électrique : 

En 2024, le nucléaire produit 361 TWh, soit 69 % du mix énergétique, suivi par l’hydroélectrique (13 %) et l’éolien (9 %) (RTE France https://www.rte-france.com/actualites/production-electricite-francaise-atteint-plus-haut-niveau-depuis-5-ans). 

Les estimations pour 2025-2026 prévoient 350-370 TWh (EDF https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/journalistes/tous-les-communiques-de-presse/estimation-de-production-nucleaire-en-france-pour-2025-2026-et-2027).  

Impacts économiques.

Le programme crée plus de 100 000 emplois, dynamise EDF et Framatome, et favorise les exportations technologiques. 

Le coût moyen de construction, environ 1,17 million d’euros par MW (Works in Progress https://worksinprogress.co/issue/liberte-egalite-radioactivite/), reste compétitif face aux énergies renouvelables intermittentes. 

Entre 1974 et 2000, il permet d’économiser des centaines de milliards d’euros en importations pétrolières.

Structure du programme.

Le plan est déployé en séries standardisées :  

– CP0: 6 unités (1977-1979).  

– CP1: 18 unités (1980-1985).  

– CP2: 10 unités (1983-1988).  

– P4/P’4: 20 unités de 1 300 MW (1984-1994).  

Source : Société Française d’Énergie Nucléaire https://www.sfen.org/rgn/le-plan-messmer-retour-aux-sources-du-parc-electronucleaire-francais/)  

Graphique 1 : Évolution de la capacité nucléaire installée (1977-2024).  

Description : Un graphique linéaire montrant la croissance de la capacité nucléaire installée en France de 1977 (début du Plan Messmer) à 2024. 

L’axe des abscisses représente les années (1977, 1985, 1994, 2000, 2024), et l’axe des ordonnées la capacité en GW (de 0 à 70 GW). 

La courbe monte rapidement de 1977 à 1994 (construction des 58 réacteurs), puis se stabilise autour de 63 GW jusqu’en 2024. 

Une annotation souligne la contribution du Plan Messmer à la capacité actuelle. 

Données : Works in Progress https://worksinprogress.co/issue/liberte-egalite-radioactivite/).

Le Plan Messmer en chiffres. 

– Réacteurs construits : 58 unités (1977-1999) (Société Française d’Énergie Nucléaire https://www.sfen.org/rgn/le-plan-messmer-retour-aux-sources-du-parc-electronucleaire-francais/)).  

– Capacité installée: 63 GW en 2024.  

– Investissements: 96 milliards d’euros pour la construction, 228 milliards au total (valeurs 2010) (Works in Progress https://worksinprogress.co/issue/liberte-egalite-radioactivite/).  

– Production 2024: 361 TWh (Zonebourse https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/production-da-electricite-nucleaire-en-baisse-mercredi-en-france-ce7c5ed3de8afe2d).  

– Emplois: 100 000 créés.  

– Impact environnemental: Réduction de 20-30 % des émissions de CO2.

3. 2025 : Les défis de la décroissance et des nouveaux besoins.

En 2025, l’Europe fait face à une crise énergétique potentielle, exacerbée par des politiques de décroissance prônant une réduction volontaire de la consommation énergétique. 

Ces politiques, bien que motivées par des objectifs écologiques, risquent de fragiliser l’économie et la stabilité sociale, alors que les besoins énergétiques croissent.

Les risques de la décroissance.

– Contraction économique: 

Une étude du Leibniz Institute prévoit une baisse de 14 % de l’activité économique en Allemagne d’ici 2030 en raison des restrictions énergétiques, avec une chute de 20 % dans les secteurs comme la chimie et la métallurgie (IWH Halle https://www.iwh-halle.de/publikationen/detail/energy-transition-and-the-economy). 

Le rapport McKinsey Global Institute anticipe une perte de 4 % des emplois globaux, équivalant à une contraction industrielle de 18-20 % (McKinsey https://www.mckinsey.com/featured-insights/future-of-work/the-future-of-work-in-europe).  

– Hausse des prix : 

L’Union Française de l’Électricité (UFE) prévoit une augmentation de 50 % des prix de l’électricité d’ici 2035 (0,23-0,30 €/kWh contre 0,17 € en 2022) dans un scénario à 50 % de nucléaire (O2toit https://o2toit.fr/nos-actualites/economies-d-energie/evolution-prix-electricite-2030-nos-conseils-pour-faire-face-aux-previsions-2/). 

Une sortie totale du nucléaire entraînerait un surcoût de 20-30 % (Fournisseurs Électricité https://www.fournisseurs-electricite.com/contrat-electricite/prix/evolution).  

– Pénuries énergétiques: 

La fermeture de 15 GW de capacités nucléaires en Allemagne depuis 2011 augmente les risques de blackouts, comme en 2022 lors de la crise ukrainienne (Clean Energy Wire https://www.cleanenergywire.org/factsheets/how-germanys-and-frances-climate-policies-and-greenhouse-gas-emissions-compare).

Nouveaux besoins énergétiques.

L’essor de l’intelligence artificielle (IA), des data centers, et de l’hydrogène accroît la demande. 

En France, la consommation des data centers pourrait passer de 3-4 TWh en 2023 à 20-30 TWh d’ici 2030, et l’Europe vise 100-150 TWh (AIE Electricity 2024 https://www.iea.org/reports/electricity-2024)). 

Globalement, les data centers et l’IA pourraient représenter 945 TWh en 2030 (RTE Futurs énergétiques 2050 https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilans-electriques-nationaux-et-regionaux).

La situation en France en 2025.

Malgré son leadership nucléaire, la France fait face à des défis :  

– Production: 

En janvier 2025, le nucléaire produit 38,8 TWh (RTE France https://www.rte-france.com/eco2mix/la-production-delectricite-par-filiere). 

Les canicules, comme en août 2025, réduisent ponctuellement la production (ex. : -500 MW à Bugey 3) (Zonebourse https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/production-da-electricite-nucleaire-en-baisse-mercredi-en-france-ce7c5ed3de8afe2d).  

– Projets: 

L’EPR de Flamanville 3 (1,65 GW) sera opérationnel à l’automne 2025 (Société Française d’Énergie Nucléaire https://www.sfen.org/rgn/pleine-puissance-epr-flamanville-3-repoussee-fin-automne/). 

Six EPR2 sont annoncés, et Nuward (SMR) et ITER (fusion) progressent.  

– Contraintes: 

La fermeture de Fessenheim (2020) et la loi visant 50 % de nucléaire d’ici 2035 marquent un virage. 

Le Grand Carénage (50 milliards d’euros d’ici 2030) pèse sur EDF.

Tableau 2 : Mix énergétique français en 2025.

Source : RTE France https://www.rte-france.com/actualites/production-electricite-francaise-atteint-plus-haut-niveau-depuis-5-ans). 

Graphique 2 : Comparaison des prix de l’électricité (2022 vs. 2035). 

Données : O2toit https://o2toit.fr/nos-actualites/economies-d-energie/evolution-prix-electricite-2030-nos-conseils-pour-faire-face-aux-previsions-2/), Fournisseurs Électricité https://www.fournisseurs-electricite.com/contrat-electricite/prix/evolution).

La France énergétique en 2025. 

– Mix énergétique: 

69 % nucléaire, 13 % hydroélectrique, 9 % éolien (RTE France https://www.rte-france.com/actualites/production-electricite-francaise-atteint-plus-haut-niveau-depuis-5-ans).  

– Production nucléaire: 

361 TWh en 2024, 350-370 TWh estimés en 2025 (EDF https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/journalistes/tous-les-communiques-de-presse/estimation-de-production-nucleaire-en-france-pour-2025-2026-et-2027).  

– Consommation totale: 

449,2 TWh en 2024 (RTE France https://www.rte-france.com/eco2mix/la-consommation-delectricite-en-france)).  

– Défis: 

Fermetures (Fessenheim), canicules, Grand Carénage.

4. Les leçons du Plan Messmer pour 2025.

Le Plan Messmer montre qu’une crise peut être transformée en opportunité. 

En 1973, il a libéré la France de sa dépendance pétrolière, réduit les émissions, et renforcé sa souveraineté. 

En 2025, face aux risques de la décroissance et aux besoins croissants, cet héritage est une source d’inspiration.

Pourquoi la décroissance est risquée.

Les politiques de décroissance, prônées par des économistes comme Timothée Parrique (Seuil, Ralentir ou périr https://www.seuil.com/ouvrage/ralentir-ou-perir-timothee-parrique/9782021508093), visent à réduire la production et la consommation pour alléger l’empreinte écologique. 

Cependant, elles ignorent les besoins des industries modernes et des technologies émergentes. 

La stagnation de la consommation électrique à 450 TWh depuis 2000 reflète une désindustrialisation partielle (RTE France https://www.rte-france.com/eco2mix/la-consommation-delectricite-en-france). 

Sans nucléaire, la France risque :  

– Dépendance énergétique: 

Une réduction à 50 % du nucléaire d’ici 2035 augmenterait les importations et les prix de 20-30 % (Fournisseurs Électricité https://www.fournisseurs-electricite.com/contrat-electricite/prix/evolution)).  

– Perte de compétitivité: 

Les industries énergivores pourraient décliner, aggravant le chômage.  

– Instabilité sociale: 

Les hausses de prix menacent le pouvoir d’achat.

Comparaison internationale.

La Chine, avec 50 réacteurs et un objectif de 150 GW d’ici 2035, investit massivement dans le nucléaire. 

L’Allemagne, en abandonnant le nucléaire, dépend du gaz russe et des renouvelables intermittents, causant des hausses de prix de 20 % en 2022-2023 (Clean Energy Wire  https://www.cleanenergywire.org/factsheets/how-germanys-and-frances-climate-policies-and-greenhouse-gas-emissions-compare).

L’opportunité de l’IA et de l’hydrogène.

Le nucléaire, à 40-50 €/MWh, est idéal pour alimenter l’IA, les data centers, et l’hydrogène vert, essentiel pour décarboner l’industrie lourde.

Graphique 3 : Croissance de la consommation des data centers (2023-2030).  

Une annotation souligne le rôle du nucléaire pour répondre à cette demande. 

Données : AIE Electricity 2024 https://www.iea.org/reports/electricity-2024).

5. Vers une relance Messmérienne.

Pour éviter une crise énergétique et tirer parti des opportunités de 2025, la France doit relancer une stratégie nucléaire ambitieuse :  

– Investissements: 

Accélérer les six EPR2 et Nuward. Prolonger le Grand Carénage (50 milliards d’euros d’ici 2030).  

– Standardisation: 

Réduire les coûts via des designs uniformes.  

– Souveraineté: 

Renforcer le leadership nucléaire civil et militaire.  

– Innovation: 

Soutenir ITER et l’hydrogène vert.

Tableau 3 : Comparaison des coûts de production énergétique.  

Source : Fournisseurs Électricité https://www.fournisseurs-electricite.com/contrat-electricite/prix/evolution). 

Conclusion.

En 1973, Pierre Messmer a transformé une crise pétrolière en triomphe énergétique. 

En 2025, face aux risques de la décroissance et aux besoins croissants de l’IA et de l’hydrogène, son héritage appelle une relance nucléaire. 

En combinant investissements, standardisation, et innovation, la France peut garantir sa souveraineté et sa compétitivité. 

L’audace de Messmer reste la clé pour un avenir durable.

Sources: 

– Société Française d’Énergie Nucléaire : Plan Messmer https://www.sfen.org/rgn/le-plan-messmer-retour-aux-sources-du-parc-electronucleaire-francais/  

– Works in Progress : Coûts nucléaires https://worksinprogress.co/issue/liberte-egalite-radioactivite/

– RTE France : Bilan électrique 2024 https://www.rte-france.com/actualites/production-electricite-francaise-atteint-plus-haut-niveau-depuis-5-ans 

– AIE : Electricity 2024 https://www.iea.org/reports/electricity-2024 

– IWH Halle : Impact économique https://www.iwh-halle.de/publikationen/detail/energy-transition-and-the-economy 

– O2toit : Prix électricité 2035 https://o2toit.fr/nos-actualites/economies-d-energie/evolution-prix-electricite-2030-nos-conseils-pour-faire-face-aux-previsions-2/ 

– Fournisseurs Électricité : Projections https://www.fournisseurs-electricite.com/contrat-electricite/prix/evolution  

– Clean Energy Wire : Comparaison France-Allemagne https://www.cleanenergywire.org/factsheets/how-germanys-and-frances-climate-policies-and-greenhouse-gas-emissions-compare  

– Zonebourse : Production 2024 https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/production-da-electricite-nucleaire-en-baisse-mercredi-en-france-ce7c5ed3de8afe2d 

– Statistiques Développement Durable : Indépendance énergétique https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/bilan-energetique/fr/10-21-le-taux-dindependance-energetique

– EDF : Estimations 2025-2027 https://www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/journalistes/tous-les-communiques-de-presse/estimation-de-production-nucleaire-en-france-pour-2025-2026-et-2027 

– Seuil : Ralentir ou périr https://www.seuil.com/ouvrage/ralentir-ou-perir-timothee-parrique/9782021508093  

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