Poème «Sable rédempteur»

Sur la plage tropicale, le sable murmure, 
Roi déchu, les yeux bandés par l’écume, 
Il quête son royaume sous l’éclat du soleil, 
Couronnant d’écume blanche les vagues éphémères, 
Ses grains dansent, légers, sur la peau de la mer.

Ô sable, orphelin des marées oubliées, 
Tu n’es là pour personne, et pourtant tu chantes, 
Comme un sourire d’écume qui revient sans fin. 
Tes doigts de silice caressent l’horizon, 
Apaisant la fièvre d’un monde assoiffé.

Sable, jamais le même sous les pas des amants, 
D’été en été, ton visage s’effrite, 
Sable brûlant, fiancé des ombres marines, 
Le crépuscule allume un feu de corail, 
Ses flammes dansent sur l’écume et le sel.

Ô sable, pèlerin des marées infinies, 
Miraculeux, tu portes les rires des enfants, 
Les coquillages brisés, berceaux de l’écume, 
Les amants d’aujourd’hui ne fuient plus vers le sud, 
Mais sculptent des châteaux sous un ciel de cristal.

Sable, cinéma muet des vagues en exil, 
Complainte sans voix sous les étoiles perdues, 
À peine un éclat de lune sur la mer d’azur, 
À peine un crabe fuyant dans l’ombre des dunes, 
Quand les oiseaux crient leur faim de lumière.

Sable aux reflets d’or, reine des vents salés, 
Tes cheveux de silice s’envolent dans la brise, 
Ton peuple de pêcheurs s’agenouille à tes vagues, 
Il te murmure une tendresse brûlante et sauvage, 
Avant que la mer ne te livre à l’oubli.

Tu t’en vas, pieds nus, sur le rivage ardent, 
Chassé par les marées, tourbillon de l’écume, 
Reconnais-tu ici le paradis promis ? 
Un vieux pêcheur remue ses filets usés, 
Les reliques d’un rêve que la mer a noyé.

N’as-tu pas deviné l’éclat sous l’horizon, 
Par-delà les embruns et les voiles fanées, 
Le feu des goyaviers dans l’ombre des palmiers, 
Le chant de la vague sous le soupir des vents, 
Sable, lumière vive des amours naufragés ?

Sable, pollen doré des dunes endormies, 
Lune pulvérisée dans le cœur des poètes, 
Rumeur des vagues où dansent les sirènes, 
Quel enfant des tropiques s’embarque vers l’écume, 
À travers la lumière oblique du couchant ?

Sable, cerisier d’or des rivages perdus, 
Rends-nous la clarté des premiers jours du monde, 
Un oiseau se pose au bord des vagues salées, 
Mais il n’est plus pour nous de délivrance ici, 
Que ce vertige doux où la mer agonise.

Laisser un commentaire