Introduction : Le Fantôme de l’Élite qui ne Meurt Jamais.
Au cœur de l’histoire brésilienne, il existe une lignée invisible de pouvoir qui s’entrelace comme les racines d’un arbre centenaire, nourrie par le sol fertile du café et arrosée par le sang de révoltes populaires étouffées.
Cette élite oligarchique, née dans les salons secrets de la Burschenschaft Paulista et forgée sous les gouvernements de Prudente de Moraes, Campos Sales et Rodrigues Alves, n’est pas une simple relique du passé.
Elle est encore présente aujourd’hui, s’adaptant comme un virus à de nouveaux hôtes : le pouvoir judiciaire, les médias et l’establishment économique.
Aujourd’hui, en octobre 2025, cette même fraternité « völkisch » — tribale, excluante et vorace — s’est unie dans une chasse impitoyable contre Jair Bolsonaro, l’ancien président qui a osé défier son monopole.
Condamné à 27 ans de prison pour une prétendue « intrigue golpiste », Bolsonaro n’est pas seulement un homme ; il est le symbole d’une menace existentielle pour cette élite qui commande le Brésil depuis plus d’un siècle, le détruisant au nom de l’« ordre ».
Cet article expose cette généalogie sombre, révélant comment les barons du café d’autrefois se sont métamorphosés en seigneurs du STF et des banques, perpétuant un cycle de domination qui va de la Vieille République à l’ère Lula.
La Burschenschaft Paulista : Le Berceau du Coup d’État Élitaire.
Tout a commencé dans les années 1830, lorsque le professeur allemand Julius Frank a fondé la Burschenschaft Paulista — ou simplement « Bucha » —, une société secrète inspirée des corporations étudiantes libérales d’Allemagne post-napoléonienne.
Réunissant juristes, entrepreneurs et politiciens de la Faculté de Droit de São Paulo, cette fraternité adoptait des rituels initiatiques, des serments de secret et une rhétorique républicaine qui masquait des intérêts de classe.
Loin d’être un mouvement populaire, la B.P. était un réseau d’influence pour l’élite caféière paulista, qui voyait dans la monarchie un obstacle à son ascension.
C’est de là qu’est né le coup d’État du 15 novembre 1889 : un complot entre libéraux paulistes, militaires mécontents et oligarques, qui a proclamé la République sans aucun soutien des masses.
Le peuple exploité dans les plantations de café, n’a été qu’un spectateur d’une transition qui a échangé l’empire contre un régime encore plus excluant, où le vote censitaire et frauduleux garantissait le contrôle des élites rurales.
Cette articulation golpiste n’était pas accidentelle.
Les « buchas » — comme Prudente de Moraes et ses alliés — cultivaient une identité « völkisch », terme qui évoque le nationalisme tribal allemand, mais ici adapté à une vision provinciale et raciste : le Brésil comme extension du latifundium paulista, où le progrès était synonyme d’exportations de café et d’immigration européenne pour le « blanchiment » de la nation.
L’abolition de l’esclavage en 1888, sans réforme agraire, a laissé des millions d’ex-esclaves à la dérive, tandis que l’élite célébrait la « liberté » qui ne bénéficiait qu’à elle-même.
Le coup d’État de 1889 n’était donc pas une révolution démocratique, mais un auto-coup oligarchique, dont les cicatrices — inégalité abyssale et instabilité politique — persistent jusqu’à aujourd’hui.
Le Contexte Macroéconomique de la Vieille République : Dépendance et Colonelisme.
La Vieille République (1889-1930) a hérité de la monarchie une économie monoculturelle, avec le café représentant plus de 50 % des exportations.
Mais le nouveau régime, instable, a affronté immédiatement la crise de l’Encilhamento (1890-1891) : une bulle spéculative qui a généré une inflation galopante, des faillites et un endettement externe.
Les prix internationaux du café ont chuté, forçant le Brésil à contracter des prêts comme le Funding Loan de 1898, négocié avec des banques anglaises.
Cette dépendance externe a fomenté le « coronelisme » : des caciques ruraux manipulaient les élections avec le « vote de cabresto », contrôlant les masses en échange de miettes.
La « politique café-com-leite » — alternance du pouvoir entre São Paulo (café) et Minas Gerais (lait et minerai) — a cristallisé cette domination, excluant le Nord, le Nord-Est et les classes urbaines émergentes.
Économiquement, la période a été de stagnation pour les masses : tandis que les barons du café accumulaient des fortunes, l’analphabétisme frôlait les 70 %, et des révoltes comme Canudos (1896-1897) étaient écrasées comme « barbarie fanatique ».
La Constitution de 1891, libérale sur le papier, élargissait le vote censitaire, ne bénéficiant qu’à 1 % de la population.
Cette structure macroéconomique n’était pas un accident ; c’était le fondement d’une élite qui voyait l’État comme extension de ses plantations, priorisant les exportations sur l’industrialisation ou l’inclusion sociale.
C’est l’ADN de cette dépendance qui explique la fragilité brésilienne actuelle : un pays exportateur de matières premières, avec un indice de Gini supérieur à 0,5, où l’agronégocio — héritier direct des caféiculteurs — dicte des politiques contre les réformes agraires.
Prudente de Moraes, Campos Sales et Rodrigues Alves : « Völkisch » Plutôt que des Gentilshommes.
Romantisés comme des stabilisateurs de la République, Prudente de Moraes (1894-1898), Campos Sales (1898-1902) et Rodrigues Alves (1902-1906) étaient en réalité les architectes d’un autoritarisme oligarchique.
Tous paulistes, caféiculteurs et « buchas », ils incarnaient le « völkisch » : une loyauté tribale à la fraternité caféière, au-dessus de tout projet national inclusif.
Prudente, le premier président civil après la turbulente « République de l’Épée » (Deodoro et Floriano), est célébré pour avoir restauré l’ordre.
Mais son « ordre » était répression : massacres à Canudos, où 20 000 sertanejos ont été exterminés, et fomentation du coronelisme via la « politique des gouverneurs », qui échangeait un soutien fédéral contre des fraudes électorales. Comme oligarque, il a élargi le vote censitaire, excluant 90 % des Brésiliens, et utilisé l’armée pour écraser les grèves ouvrières.
Loin d’être un héros, Prudente était le gardien völkisch de la B.P., voyant le peuple comme une menace à l’hégémonie paulista.
Campos Sales a continué et amplifié la fracture.
Sa « Politique des Gouverneurs » a centralisé le pouvoir chez les caciques, garantissant des fraudes comme le « vote de cabresto ». Économiquement, le Funding Loan a stabilisé les finances, mais a imposé une austérité qui a coupé les dépenses sociales, bénéficiant aux créanciers anglais et aux caféiculteurs.
Son ministre des Finances, Joaquim Murtinho, a priorisé le café sur le peuple, ignorant les révoltes paysannes.
Campos était l’icône même du tribalisme : défenseur de l’élite paulista, qui voyait la nation comme sa propriété privée.
Rodrigues Alves a poursuivi le cycle avec des réformes urbaines à Rio — le « Rio Nouveau » de Pereira Passos —, mais la Révolte du Vaccin (1904) a éclaté contre des mesures coercitives qui modernisaient la capitale pour les exportations, tandis que l’intérieur pourrissait dans le féodalisme.
Il a encouragé l’immigration européenne pour une main-d’œuvre bon marché dans les plantations, renforçant le PRP (Parti Républicain Paulista), qui contrôlait 25 % des électeurs.
Son gouvernement était un cynisme oligarchique : progrès cosmétique pour l’élite, inégalité pour les masses.
Cette triade n’était pas composée de « gentilshommes » ; ils étaient völkisch exclusivistes, qui ont transformé la République en « république des colonels », priorisant la stabilité caféière sur la démocratie.
La Genèse de l’Élite Oligarchique : Du Café à l’Agronégocio Moderne.
En institutionnalisant le café-com-leite depuis 1894, Prudente, Campos et Alves ont créé une élite endogame, avec des liens familiaux qui transcendent les régimes. Leurs descendants — familles comme les Matarazzo et les Prado — ont évolué vers l’agronégocio, contrôlant des terres (46 % du territoire national), des banques et des partis comme le PSDB et le MDB.
Cet héritage explique le sous-développement : dépendance externe, concentration de revenus (le 1 % le plus riche détient 28 % de la richesse) et clientélisme, métamorphose du colonelisme en lobby ruraliste.
Des coups d’État comme celui de 1930 (déposition de Washington Luís, paulista), 1964 et l’impeachment de 2016 font écho à 1889 : les élites renversent des leaders populaires pour restaurer l’« équilibre ».
Cette structure a détruit le Brésil : industrialisation frustrée, dette externe chronique et inégalités qui alimentent l’instabilité.
Jusqu’en 2025, l’agro — héritier des barons — bloque les réformes, perpétuant un cycle völkisch où le peuple est le perdant éternel.
L’Élite Unie contre Bolsonaro : La Persécution comme Continuité Historique.
Aujourd’hui, en 2025, cette élite — désormais « judiciairisée » et médiatique — s’unit pour détruire Bolsonaro, l’outsider qui a brisé le monopole en 2018. Condamné à 27 ans et 3 mois de prison en régime fermé le 11 septembre 2025, pour « intrigue golpiste » après les élections de 2022, Bolsonaro est victime d’une chasse qui rappelle les massacres de Canudos : sélective, brutale et justifiée comme « défense de la démocratie ».
Le STF, sous Alexandre de Moraes, a imposé des mesures de précaution en juillet 2025 — détention domiciliaire, bracelet électronique et interdiction de communication —, basées sur des délations d’ex-aides et des fuites sélectives. Le PGR (procurador geral da república), aligné sur le lulisme, a détaillé des « preuves » que les bolsonaristes qualifient de farce, renforçant la thèse de persécution politique.
Car c’est précisément cela : une opération de la PF (Polícia Federal), le 18 juillet 2025, contre Bolsonaro et ses alliés, expose aux yeux de tous l’effondrement judiciaire, avec des restrictions sans même une accusation formelle !
Cette union de l’élite paulista — tucanos, MDB et establishment économique — contre Bolsonaro fait écho au völkisch historique.
Temer, ex-président et figure tucana, loue Moraes comme « inflexible » et qualifie les sanctions de Trump (tarifs sur l’acier et l’aluminium en août 2025) d’« erreur », révélant la terreur de l’élite face au risque économique.
Doria, ex-gouverneur paulista et rival bolsonariste, est vu comme mentor indirect, avec l’« élite metacapitaliste » derrière la créature Moraes.
José Dirceu, pétiste, admet que la droite a embrassé Tarcísio de Freitas (gouverneur paulista) pour 2026, marginalisant Bolsonaro.
La condamnation, rétroactive à 2019, vise à le rendre inéligible, avec également Eduardo Bolsonaro exilé aux États-Unis.
Sur les réseaux, le récit est clair : Bolsonaro « a ouvert les yeux du peuple sur la cleptocratie oligarchique », désormais alliée au « communisme de Lula ».
Des posts sur X dénoncent 68 jours de « prison illégale », avec Charlie Kirk lui-même exposant le « coup judiciaire » du STF comme totalitaire.
L’élite financière, représentée par les médias globalistas Globo et Estadão, ignore les sanctions américaines, feignant la normalité tandis que les exportations souffrent.
Les héritiers des caféiculteurs — ruralistes au Congrès — soutiennent indirectement, via le blocage à l’amnistie.
Eduardo Bolsonaro réclame l’amnistie comme « seul remède », alertant que sans elle, la « température » explosera.
Cette persécution n’est pas isolée ; c’est une continuité.
Comme Prudente a écrasé Canudos pour protéger le café, Moraes « enterre vivant » Bolsonaro pour sauvegarder le système.
La famille souffre : Michelle pleure, la fille de 14 ans est dévastée, tandis que le septuagénaire de 70 ans, après 11 chirurgies depuis une tentative d’assassinat au couteau, dépérit.
Les sanctions de Trump, via la Loi Magnitsky, pressent, mais l’élite résiste, priorisant son bunker paulista.
Conclusion : Rompre le Cycle ou Périr.
De la Bucha au bracelet de Bolsonaro, l’élite oligarchique a tissé une toile qui étouffe le Brésil.
Prudente, Campos et Alves ont planté les graines ; leurs héritiers récoltent le pouvoir, détruisant la Nation au nom de la tribu.
Bolsonaro, avec ses failles, représente la rupture — et pour cela, la chasse contre lui et sa famille.
Pour rompre le cycle, il faut une amnistie générale, étendue et sans restriction en plus d’une réforme judiciaire, ou le völkisch triomphera, perpétuant la destruction.
Le peuple, éveillé en 2018, doit choisir : soumission ou révolution pacifique. L’histoire jugera les élites.